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Hélène Fournier (Traducteur)
EAN : 9782226472717
Albin Michel (28/02/2024)
3.78/5   40 notes
Résumé :
Au volant de son camping-car, accompagné de Flip, son fidèle pitbull, Will Bear sillonne les routes d'une Amérique ravagée par les coupures de courant et envahie de drones géants. En tant que mercenaire itinérant, il accomplit sous de multiples identités diverses missions, parfois au péril de sa vie : assassinats, pose d'explosifs, transport de prisonniers... Mais sa bonhommie naturelle et ses microdoses quotidiennes de LSD l'aident à garder le sourire.

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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Will est heureux. Ou, en tout cas, ne se demande pas s'il ne l'est pas. Il sillonne les États-Unis à bord de son camping-car l'Étoile du Berger, customisé selon ses goûts, où il conserve tous ses souvenirs. Il est accompagné de son chien Flip, un pitbull qu'il a sauvé plus jeune et qui lui est fidèle. Il a un boulot qui n'est peut-être pas reluisant, mais lui permet de vivre et l'occupe. Sa vie est bien organisée et se déroule sans réel accroc. Jusqu'au moment où le téléphone sonne. Et là, tout dérape.

Forcément, quand l'auteur nous met d'emblée dans la tête d'un personnage qui dit « je », on a tendance à prendre son parti, à le trouver sympathique et à lui pardonner ses quelques défauts. Mais dans ce roman, Dan Chaon ne nous fait pas un cadeau. Car Will, on le découvre très rapidement, n'est pas un enfant de choeur. Son emploi est tout sauf bienveillant : le « care », très peu pour lui. En fait, il exécute les missions que lui confie son employeur, la Value Standard Enterprises, quelle qu'en soit la nature. Cela consiste essentiellement en des convoyages. D'objets, mais aussi d'êtres humains. Et ces derniers ne sont pas nécessairement consentants. Il suffit de voir comment Liandro, son passager dans les chapitres d'ouverture, réagit à son voyage. Et on comprend peu à peu que Will n'a pas d'état d'âme quant à son job. Sauf peut-être quand il a dû transporter un bébé. Et encore. Cela jette un certain doute sur la confiance qu'on peut lui accorder. Or, toute l'histoire passe par ses yeux, son esprit. Nous sommes liés à Will, pour le meilleur et pour le pire. Mais cela n'est pas désagréable, car cet homme est facile à suivre, facile à vivre. Et c'est ce qui surprend. Tout coule, même dans les problèmes.

Peut-être est-ce une conséquence des drogues que Will ingère tout au long de la journée. Pas en grandes quantités, mais de façon continue. Pour tenir sur la route. Car il roule, Will, il roule beaucoup : « Il est aussi dangereux d'être trop éveillé que trop fatigué être légèrement hors de son corps, comme si on se suivait et qu'on surveillait de près ce qui se passe. » Un peu comme nous, lecteurices, qui suivons Will à travers ses déplacements.

Comme je l'ai lu voilà seulement quelques petits mois, cela m'a fait penser à la joie que j'avais ressentie à la lecture des passages de voyage dans L'affaire Crystal Singer d'Ethan Chatagnier. Les déplacements y ont cette même tonalité, ont créé chez moi la même envie de prendre la route et de traverser ces vastes espaces. Alors que je déteste les longs voyages. Ils sont forts, ces auteurs. Et surtout Dan Chaon qui envoie son Will à travers tout le pays. Il faudrait d'ailleurs relire le roman avec une carte pour découvrir la distance énorme parcourue. Les milles s'enchainent dans des paysages variés, attirants pour le personnage malgré leur vétusté. Car Will n'aime pas les hôtels de luxe, les restaurants huppés. le vieux diner un peu crasseux a ses préférences. Comme le motel posté le long des routes où l'on peut se garer devant sa chambre. Et les descriptions de ces États-Unis de l'avenir sont dans ce même ordre d'idée. Tout semble partir en miettes. C'est par le décor que la SF prend ses aises dans ce récit. Pas de façon pesante et intrusive. Non, plutôt par petites touches par-ci par-là. Là, des robots publicitaires qui longent les routes et brandissent des panneaux, publicitaires ou revendicatifs. Ici, des tempêtes « de papillons » qui s'écrasent sur les parebrises et sur les routes, les rendant quasi impraticables. Ailleurs des « terroristes canadiens » qui font exploser des bombes IEM sur une portion du territoire et paralysent une partie de la circulation. Dans certaines villes, des couvre-feux difficiles à faire respecter tant l'armée manque de bras. Partout, des caméras qui photographient, filment, archivent la présence, les actions de tout le monde. Et les conservent dans des bases de données. Un avenir inquiétant, vraiment.

C'est dans ce pays en voie de décomposition que Will menait sa petite vie tranquille jusqu'à ce qu'un de ses téléphones normalement intraçables sonne. À l'autre bout du fil, une jeune femme qui prétend être sa fille. le grain de sable qui fait dérailler la mécanique bien huilée qui guidait les pas du personnage principal. le roman est une quête. Celle d'un possible père bien involontaire (on parle ici de don de sperme) pour une paternité ni désirée, ni imaginée. Mais qui s'installe dans son esprit et y prend une place de plus en plus considérable. D'ailleurs, on comprend pourquoi grâce aux nombreux retours en arrière qui évoquent la figure de la mère, très originale, mais vraiment pas agréable. le thème de la parentalité est très fortement traité dans ces pages.

Malgré toutes les alarmes qui clignotent dans l'esprit de Will, l'attrait est trop fort. Même si cela doit conduire à un vaste chaos. Jusqu'à une fin qu'on sait dès le début violente et douloureuse. Sanglante et définitive. Certains lecteurs ont trouvé les deux parties disproportionnées : une longue errance jusqu'à la vérité et une conclusion trop rapide. Je ne suis pas d'accord. Je ne pense pas nécessaire de s'appesantir sur le dénouement. C'est la recherche qui compte. C'est le cheminement. Et il est passionnant, sans temps mort.

Une fois de plus, merci à Gilles Dumay qui, sans le savoir, m'a donné envie de découvrir Somnambule. Je ne regrette aucune des pages lues et dévorées dans le même état que Will : porté par l'écriture et le récit, je suis allé au bout de ce roman pratiquement d'une traite. J'ai fait la route avec lui, à bord de l'Étoile du Berger, à côté de Flip, au milieu des décombres d'un pays en pleine déliquescence. Et je ne peux que vous conseiller de faire de même.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Dans un futur proche, Will Bear (ou un autre de ses neuf autres pseudonymes), la cinquantaine, sillonne les Etats-Unis à bord de son camping-car « l'Etoile du Berger » avec son pitbull Flip, un ancien chien de combat qu'il a sauvé de l'enfer. Il effectue des livraisons et des actions pour le compte d'une organisation criminelle dont nous ne saurons pas grand-chose, fumant un joint de temps en temps et prenant quotidiennement sa microdose de LSD. N'ayant pas été déclaré par sa mère à la naissance, il n'a aucune identité officielle. Dans un seau, à côté de lui, il a neuf téléphones intraçables, un pour chacune de ses identités. Or, un jour ses téléphones se mettent tous à sonner l'un après l'autre ; il finit par répondre et entend une voix féminine lui parler : son interlocutrice lui dit être sa fille biologique et lui propose qu'ils s'entraident… ● Si le début retient l'intérêt, je ne peux pas dire que j'ai été emballé par la suite qui part dans tous les sens et malgré cela réussit à être répétitive et lassante ! J'ai été tenté à plusieurs reprises d'abandonner… ● L'intrigue n'est pas vraiment maîtrisée, le récit se déploie au rythme des déplacements de Will comme dans un road trip sans but réel, et la fin est carrément décevante. ● Comme souvent dans ce genre de récit d'anticipation, l'avenir est vu de façon très sombre et sans grande originalité.
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Dans son précédent roman, Une douce lueur de malveillance, l'Américain Dan Chaon utilisait déjà le doute pour faire vibrer son lecteur jusqu'à la dernière page. Ce thriller machiavélique en forme de labyrinthe mémoriel utilisait aussi la légende urbaine et la théorie du complot pour parvenir à ses fins. Il semble donc tout naturel que l'auteur retrouve ces thématiques pour en livrer une nouvelle variation où cette fois encore la révélation finale a moins d'importance que le monde qui entourne son personnage principal, lui-même reflet d'une époque plongée dans le doute.
Somnambule, traduit par Hélène Fournier et toujours publié dans l'indispensable collection Terres d'Amérique d'Albin Michel, n'est pas un roman aussi tortueux que son illustre prédécesseur mais il risque tout de même de vous faire tourner la tête.

Un narrateur nébuleux
Curieusement, Somnambule s'ouvre sur une constellation de noms regroupés sous le terme pompeux de « Nébuleuse brumeuse ».
Will Bear, William Baird, Bill Behr ou encore Billy Bayer, autant de pseudonymes pour un même homme qu'on appellera Will Bear par commodité et qui place déjà le lecteur dans une position délicate : le narrateur est-il fiable ?
En effet, Will révèle rapidement qu'il a bien des fardeaux à porter de son passé pour le moins tumultueux et qu'il fuit le présent devenu un enfer pour celui qui souhaite rester anonyme.
Sillonnant les États-Unis dans un camping-car au nom pour le moins cocasse d'« Étoile du Berger » (surnom ironique pour ce qui tient de maison à un personnage principal aussi paumé que Will), notre mercenaire se contente de livrer des paquets ici ou là contre rémunération.
Ces livraisons spéciales sont souvent de nature humaine et Will souhaite garder une certaine distance avec ce travail, préférant ignorer les conséquences de ses actes…
Pour l'aider dans cette tâche atypique, il peut compter sur un fidèle compagnon à quatre pattes nommé Flip, un pitbull sauvé de l'horreur des arènes de combat pour chien et depuis meilleur ami de notre narrateur.
Très vite, on comprend que Will a peur de tout ce qui pourrait le mettre à nu. Poursuivi par divers sectes, organisations secrètes et autres personnages peu recommandables, il a pourtant dans sa manche un atout qu'il compte bien garder précieusement : son anonymat.
Will prend en effet un soin tout particulier à ne pas exister, d'où cette « Nébuleuse brumeuse » qui fragmente jusqu'à son nom pour semer la confusion. Dan Chaon illustre le fantasme ultime de notre ère ultra-informatisée : n'être plus personne.
Pour renforcer cet effet, l'auteur américain compte aussi sur la pathologie psychiatrique révélée à demi-mots par Will mais aussi sur une autre grande marotte de notre siècle : la théorie du complot.

Au pays des complotistes, le paranoïaque est Roi
Si Somnambule incarne aussi bien notre temps, c'est parce qu'il repose en grande partie sur l'incertitude générée par le réel rencontrant le fantasme, autrement dit : la pullulation des théories du complot.
On comprend assez vite que le principal problème de Will n'est pas d'être complètement fou mais, au contraire, de vivre dans un monde devenu fou.
À bien des égards, le roman de Dan Chaon est un roman de science-fiction qui, comme toujours pour ce genre, reflète à merveille notre présent et ses grandes peurs.
Revenons un instant sur le cadre de Somnambule : Will traverse une Amérique en pleine déliquescence. Il y croise des milices, frôle la guerre civile, regarde les catastrophes climatiques du coin de l'oeil et compose avec les drones/robots omniprésents qui n'ont visiblement pas fini d'annihiler la vie privée du citoyen ordinaire.
Si le narrateur de Somnambule est incertain, le monde qui l'entoure l'est encore davantage. C'est certainement cela qui fait la force du roman de Dan Chaon : comprendre que son personnage n'est que le produit d'une Amérique paranoïaque, carnassière et finalement complètement folle.
Si l'on pense un instant que Will abuse un peu trop sur les menaces qui le cernent, on comprend progressivement qu'il n'a pas tout à fait tort et que la vérité se situe quelque part entre les deux extrêmes que sont le complotisme et le réel.
Lorsqu'il reçoit un appel d'une jeune femme prétendant être sa fille sur un téléphone portable qui n'est pas censé sonner pour lui rappeler un obscur don de sperme bien des années auparavant, l'histoire s'emballe et le lecteur est ferré : où se situe le vrai là-dedans ?

Se sentir exister
On suit comme un fil rouge les appels de Cammie, la supposée fille de Will, et toutes les théories autour de cette paternité inattendue.
Les mystères s'empile, les pistes s'accumulent mais ce qui va retenir l'attention de Dan Chaon là-dedans n'est pas la chose à laquelle on s'attend le plus de prime abord.
Car, oui, Somnambule construit son suspense sur l'identité véritable de Cammie et sur la véracité (ou non) de ce qu'elle révèle à Will et au lecteur.
Mais en filigrane, Dan Chaon semble moins intéressé par cette perte de repères que par la transformation de son personnage principal qui passe progressivement d'un anonyme complètement perdu dans un monde devenu instable à un père qui retrouve une fille qu'il n'a jamais fait qu'espéré en secret.
C'est un changement dans l'identité qui finit par recoller les morceaux et par réhumaniser Will, à le faire sortir du tourbillon de la folie et du doute pour lui fixer un ancrage émotionnel fort.
L'unification par l'amour paternel, en quelque sorte.
Le plus beau n'est pas tant les sacrifices qu'est prêt à consentir notre mercenaire parano que sa volonté de croire en une personne qui l'aime et qui le considère, en quelqu'un qui veut vraiment le connaître lui et pas l'un de ses multiples avatars.
Avec Somnambule, Dan Chaon révèle que la crise d'identité que subit notre société moderne n'est pas causée par l'ère hyper-informationnelle en elle-même mais par ses conséquences, par la superficialité qu'elle créée et la volonté d'exister à tout prix qu'elle engendre.
Au fond, qu'est-ce que le complotisme si ce n'est une façon de se démarquer de la masse et de montrer que l'on est soi-même différent, pas comme les autres ?
En captant la solitude profonde de Will et en arrivant à éplucher les couches de tristesse qui l'enserrent — de la mère maltraitante à l'amie d'enfance qui l'utilise — Dan Chaon comprend avant tout que c'est la sensation d'être écrasé par la complexité du réel et la masse des autres qui engendre notre monde devenu fou.
À moins que la cupidité des derniers lucides n'ait finalement raison des ruines et de l'avenir.

Plus facile d'accès mais aussi plus touchant et humain que son précédent roman, Somnambule illustre à merveille la capacité de Dan Chaon à croquer notre présent même en le transposant dans un futur où tout semble aller de travers. Captivant jusqu'au bout et émouvant sans prévenir.
Lien : https://justaword.fr/somnamb..
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Quelque part aux Etats-Unis, demain.
Will Bear ou William Baird ou Wilard Baier ou peu importe comment il se fait appeler en fonction des circonstances, est le « larbin » d'une organisation criminelle plutôt opaque.
Ses missions : convoyer quelqu'un ou quelque chose, brûler une habitation, tuer un gêneur à travers tous les Etats-Unis qu'il sillonne en tous sens à bord de son camping-car de luxe « L'étoile du berger » . Lui, échappe à tous les radars dans cette société violente, hyper connectée, hyper surveillée par des drones de tous genres. En effet, il n' »existe » pas officiellement, n'a pas de numéro de sécu, pas d'adresse, d'e-mail, de page Face book… Aussi est-il plutôt surpris quand, sur un de ses téléphones intraçables, il se retrouve en ligne avec une jeune femme qui se dit être sa fille biologique. Hors d'enfant, Biil, Will, Barry, n'en a pas.
Commence alors un road trip au cours duquel Blair, Wilton, Billy remontera le fil de ses souvenirs d'enfance notamment avec sa mère, souvenirs qu'il avait préféré oublier.
J'ai adoré le récit foutraque de ce type qui ira bien plus loin que ce qu'il pouvait imaginer. J'ai adoré ce personnage. Ce n'est pas un ange, loin de là mais ses états d'âme, ses pensées brouillonnes souvent d'une grande naïveté, son attachement à Flip, pitbull rescapé de combats de chiens, son humour décalé me l'ont rendu diablement attachant.
Une belle découverte.
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Will Bear erre un peu comme un Somnambule dans ce futur. Un Demain dystopique que Dan Chaon a choisi comme terrain de jeu pour raconter l'histoire de ce personnage étonnant.

Le CV de cet homme ne prête pas à la sympathie, de prime abord, sans mauvais jeu de mots, lui le mercenaire au service d'énigmatiques patrons, qui accepte toutes les missions, des plus anodines aux plus violentes. Un « sans visage », caché sous de multiples fausses identités, et qui ne reste jamais en place.

Son comportement ne joue pas vraiment en sa faveur non plus, drogué, un brin dérangé. Et pourtant, l'attachement va se faire avec le lecteur, par sa réelle bonhommie en décalage avec ses actions, et par un fait de vie qui va changer sa perception de qui il est.

Un appel téléphonique modifie le fil de son existence, cette course perpétuelle sans objectif, sans raison véritable. Une jeune femme qui se présente comme sa fille biologique va chambouler sa raison d'être. Ce n'est pas rien quand on est quelqu'un de naturellement obsessionnel, pour ne pas dire perturbé…

A l'image de son protagoniste principal, le livre est assez particulier, décalé, un peu chien fou. Ça tombe bien, Will est accompagné d'un pitbull victime de stress post-traumatique. D'une certaine manière les deux cherchent à se sortir de cette violence endémique qui a caractérisé leurs deux vies passées.

L'auteur est lui-même un peu en roue libre. Sans doute est-ce volontaire, même si ça a un peu déstabilisé le lecteur que je suis, moi qui aime quand les intrigues sont davantage carrées.

Dans ce récit, il faut se laisser porter au gré des humeurs et des souvenirs de Will. Il a des raisons d'être agité. La rencontre à distance de sa mystérieuse progéniture l'incite à se remémorer sa propre enfance, particulièrement traumatique. Quand on est l'engeance d'une mère tyrannique et carrément folle, ça n'aide pas à se construire.

Pourquoi placer cette histoire dans ce futur proche ? Il faudrait le demander clairement à l'auteur, mais le fait de l'avoir écrit durant la pandémie du COVID a dû influencer son écriture. Qui a découlé sur ce souhait de présenter cette Amérique alternative, en déliquescence.

L'intrigue est à voir comme un jeu de piste, un road trip où l'écrivain s'amuse à citer les 50 états du pays à travers cette aventure picaresque futuriste. Où le récit tourne au drame mais non sans un humour omniprésent. Un ton décalé, à l'image de la manière de penser et de parler de Will.

Deux parties dans ce roman, entre les premiers échanges père / fille et la tournure que prend l'action ensuite. Avec un auteur qui jette de nombreuses idées sur les pages, sans sembler trop choisir la voie qu'il souhaite prendre. A l'image de la fin, assez expéditive.

Cet homme, donneur de sperme, qui subitement s'amourache d'une fille chimérique qui reste secrète dans leurs échanges téléphoniques, est touchant. le voir fantasmer sa relation de père, et le pousser à changer de vie, tourne à une quête d'identité qui est le grand intérêt de ce livre.

Écrit au présent, pour ancrer ce futur ici et maintenant, le roman se lit avec curiosité, porté par cette écriture libre, à la fois déroutante et créative. Dan Chaon joue la partition d'un futur désenchanté, mais c'est surtout le chant d'un homme et d'un possible père qui donne tout son sens à ce road trip Somnambule.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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critiques presse (6)
LeFigaro
19 avril 2024
En utilisant une trame narrative légèrement dystopique, l'écrivain américain signe un roman puissant sur le désir de paternité. Avec une bienvenue pincée d'humour.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
18 mars 2024
Un mercenaire sillonne les Etats-Unis en plein chaos, au volant de son mobile home. Lorsqu'une jeune femme prétendant être sa fille le contacte, son itinéraire criminel bien balisé vole en éclats. Signé d'un grand d'Amérique, un roman dystopique halluciné qui mérite bien son nom de « Somnambule ».
Lire la critique sur le site : LesEchos
Marianne_
13 mars 2024
Dans « Somnambule », Dan Chaon mêle dystopie et roman noir et nous éclaire – d’une lueur certes sombre mais très lucide aussi – sur le destin des sociétés postmodernes.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Marianne_
13 mars 2024
Dans « Somnambule », Dan Chaon mêle dystopie et roman noir et nous éclaire – d’une lueur certes sombre mais très lucide aussi – sur le destin des sociétés postmodernes.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Culturebox
11 mars 2024
L'américain Dan Chaon, auteur de "Parmi les disparus", un recueil de nouvelles, et de "Une douce lueur de malveillance", joue cette fois avec les codes du roman noir et de la dystopie, et nous entraîne dans un monde dominé par la violence et la technologie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
08 mars 2024
Un malfrat écume l’Amérique à bord d’un camping-car. Sa vie bascule lorsqu’il reçoit un appel étonnant. Noir et virtuose.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Les gens sont fous, voilà ce que je veux dire. Du moins, la plupart d'entre eux. Il est tellement plus facile de tuer que de connaître le tourment de l'empathie, et jusqu'au bout nous ne pourrons pas nous empêcher de nous diviser en tribus, même quand nous ne serons plus qu'une poignée. Même le jour du Jugement dernier, nous calculerons nos profits et nos pertes et penserons gaiement à ce que nous accumulerons le lendemain.
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ANUS HORRIBILIS

- J’ai besoin d’être dépanné. Je me trouve sur l’Interstate 480 au sud-est de Cleveland, à environ cinq cents mètres à l’ouest de la sortie 24. Je pense être le seul camping-car de luxe sur cette partie de l’autoroute. Il s’appelle l’Étoile du Berger.
– D’ac. Je devrais être là dans moins d’une heure. »

Mais deux heures plus tard, je l’attends toujours. Les véhicules recommencent à rouler – une seule file, pare-chocs contre pare-chocs, du dix à l’heure au mieux – et ça me rappelle ce film d’horreur où un savant fou veut créer un mille-pattes humain.

Alors il kidnappe des gens et les attache les uns aux autres par un acte chirurgical, anus contre bouche contre anus contre bouche, etc., et j’ignore quelle était sa motivation, mais regarder cette triste cavalcade de véhicules morts-vivants récemment ressuscités me fait penser à ce pauvre mille-pattes humain.




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A FAIRE GOUTER A POUTINE

Plongez un buvard imprégné de 100 microgrammes d’acide dans une mignonnette de vodka de 150 millilitres, secouez-la et conservez-la environ quarante-huit heures dans un endroit sombre et frais jusqu’à ce qu’il se dissolve.

J’aime prendre ce qu’on appelle une microdose tous les deux ou trois jours. Juste quelques gouttes à l’aide d’une pipette, peut-être un cinquième d’une cuillère à café.

C’est une expérience infra-perceptuelle : vous en remarquez à peine les effets au quotidien, mais ça vous aide vraiment à faire ressortir ce qu’il y a de merveilleux à être vivant, et à oublier un instant ce qu’il y a d’horrible.

Voilà une technique de survie très appréciable. Quel délice de pouvoir momentanément se foutre de tout !




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À l'heure actuelle, pratiquement chaque individu se bricole sa propre version de la réalité qui dépend des médias, des sites Internet et des influenceurs YouTube à qui il a décidé de faire confiance, et donc, par principe, je me contente d'écouter les gens avec une oreille attentive en espérant qu'il y a un fond de vérité au coeur de leurs croyances.
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... et je me dis que ça doit être pratique d'avoir un visage pareil - tout comme, jadis, j'avais trouvé pratique de jouer le rôle d'un péquenot jovial et bavard sans réaliser que lorsqu'on joue un personnage suffisamment lontemps on finit par le devenir.
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Vidéo de Dan Chaon
La Grande Librairie Rencontre avec l’un des romanciers les plus prometteurs de sa génération : l’écrivain américain Dan Chaon à l’occasion de la sortie de son nouveau roman « Une douce lueur de malveillance », publié aux éditions Albin Michel.
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