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3,59

sur 264 notes
Un drôle de livre que j'ai dévoré !
Une construction complexe, des personnages qui demeurent une énigme, une histoire solide mais difficile à démêler. Et puis aussi une famille bizarre, déglinguée. Passer d'un personnage à l'autre s'avère en outre parfois un peu vertigineux, et j'ai été séduit par une certaine virtuosité romanesque et une écriture intéressante.
Je ne suis pas sûr d'avoir tout bien compris, mais je suis certain d'avoir eu sous la main un livre riche et original. On est plus proche, si l'on voulait avoir un idée approximative du Dennis Lehanne de Shutter Island que du Harlan Coben de....choisissez celui que vous voulez (en plus c'est le même !).
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Une douce lueur de malveillance, de Dan Chaon, est un roman puissant, déroutant et dérangeant. La trame principale se déroule entre novembre 2011 et avril 2014, mais ce n'est pas aussi simple. La progression de l'intrigue n'est pas du tout linéaire. Ainsi, trois des onze parties sont constituées de retours en arrière : été 1978, juin 1983 et automne 1983 ; ces trois parties racontent le drame qui a marqué d'une manière ou d'une autre tous les protagonistes, et qui continue à influencer leur présent, qu'ils en soient conscients ou non. Si l'on excepte ces trois retours en arrière, les parties sont formées de chapitres en général courts qui utilisent des retours en arrière, des sauts dans le futur, des accélérations ou des ralentissements dans le déroulement du temps. De plus, on remarque très vite des bizarreries typographiques : une phrase qui commence par une esperluette, une autre qui n'a pas de point (elle n'est d'ailleurs pas finie, mais vous pouvez la terminer vous-même), des espaces beaucoup plus larges que la norme. Si, comme moi, vous feuilletez un livre pour savoir, par exemple, combien de parties le composent, vous aurez remarqué que le texte se présente sous différentes formes : courriels, SMS, en deux ou trois colonnes… Dans cinq des onze parties, un narrateur à la troisième personne intervient pour raconter cette terrible histoire. Dans les six autres parties, nous connaîtrons les faits ( ?) par les voix de trois différents narrateurs à la première personne : Dustin, le « héros », Aaron, un de ses fils, et Russell, son « frère adoptif ». Mais là encore, ce n'est pas si simple… Par exemple, dans le texte présenté en colonnes dans la partie VII, le même personnage, Aaron, s'exprime à la première personne dans la première colonne, se parle à lui-même (tu) dans la deuxième, et raconte les faits comme un narrateur omniscient dans la troisième. L'effet produit est tout à fait surprenant : alors que les événements sont la plupart du temps distillés à petites doses, ici, on a l'impression de tout apprendre en même temps, comme si le narrateur voulait tout dire à la fois. La lectrice que je suis s'est trouvée déstabilisée, ne sachant plus que croire ni à quel narrateur se fier. C'est d'ailleurs, je crois, une des particularités de ce livre : aucun des narrateurs n'est fiable !

Le premier chapitre (pages 13 et 14) raconte comment le corps d'un jeune homme noyé remonte à la surface, et présente ensuite le personnage principal : Dustin Tillman, marié, deux enfants, psychologue, qui mène une vie tranquille. Mais le lecteur sait déjà qu'il s'agit d'une apparence ; Dustin est un être angoissé : il émane du monde, pense-t-il depuis longtemps, « une douce lueur de malveillance ». Ce jour-là, il reçoit à son cabinet un coup de fil de sa cousine Kate. Les dix-huit chapitres suivants (27 pages) déstructurent le temps et révèlent dans le désordre et en partie seulement certains éléments, parfois incertains, parfois contradictoires. le narrateur suit la pensée de son personnage et nous propose les souvenirs comme ils viennent à l'esprit de Dustin. Kate appelle au sujet de Russell (Rusty), son frère adoptif, mais il faudra attendre le chapitre 7 pour connaître les motifs de l'appel. On apprend petit à petit que le père, la mère, l'oncle et la tante de Dustin ont été assassinés début juin 1983. En grande partie à cause du témoignage de Dustin et de Kate, et à cause de son passé difficile, Rusty a été condamné pour ces meurtres. Or un test ADN vient de l'innocenter et il a été libéré de prison ; c'est pour annoncer la nouvelle à Dustin que Kate a appelé. Aqil Ozorowski patiente dans la salle d'attente du cabinet pour voir Dustin qui l'a déjà reçu plusieurs fois. C'est un ancien flic (en congé maladie ? viré ?), qui a répertorié 7 disparitions de jeunes étudiants morts noyés avec une grande quantité d'alcool dans le sang, et qui a remarqué une bizarre coïncidence dans les dates des décès. Nous sommes page 26, à la treizième page du roman, et les bases de cette foisonnante intrigue sont posées.

J'ai beaucoup aimé ce roman très travaillé tant sur la forme que sur le fond. Les protagonistes sont tous des êtres cabossés, malmenés par la vie, portant grandes ouvertes des blessures d'enfance. C'est assez effrayant de constater que chaque personnage en manipule d'autres, que ce soit pour se sortir d'une situation impossible, pour asseoir son pouvoir ou par pure malveillance. Le manque d'assurance de Dustin, son besoin de l'approbation des autres, son manque de confiance en sa propre mémoire, sa façon de « jouer » devant ses patients en font un personnage extrêmement tourmenté, dont la profonde insécurité « contamine » son fils cadet, Aaron. J'ai été touchée momentanément par l'un ou l'autre des personnages mais, alors que je le trouvais exaspérant au début, c'est finalement Aaron auquel je me suis attachée… Malgré toute sa noirceur, j'ai beaucoup aimé ce roman passionnant et très original.
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*Lecture recommandée par le Picabo River Book Club*

En attendant la fin de l'année, Une douce lueur de malveillance est pour le moment le meilleur roman étranger que j'ai pu lire cette année. Un véritable chef d'oeuvre littéraire !

Ce livre pourrait être comparé à un mélange entre deux atmosphères : celle du roman Les Lieux sombres (de Gillian Flynn) et celle du film Prisoners (de Denis Villeneuve). C'est un roman qui nous plonge lentement dans une atmosphère sombre, noire et angoissante; une atmosphère où sommeille une douce lueur de malveillance...

Cette lecture est à la fois fascinante et addictive, je vous recommande tout particulièrement de lire ce roman à la nuit tombée, lorsque le silence est omniprésent, lorsque tout semble calme et apaisé et où vous pouvez totalement vous immerger dans cette intrigue.

Un chef d'oeuvre. Oui, car c'est à la fois un roman noir palpitant, un page turner implacable mais aussi un texte très original : l'auteur joue avec nous, joue avec la forme, avec les mots, avec les espaces, les vides comme des non-dits que le lecteur doit combler. Je tiens ainsi à saluer le très beau travail de traduction d'Hélène Fournier qui nous permet de nous plonger dans ce récit inoubliable.

Ce roman repose sur le doute, sur le silence, les secrets, les mensonges, la folie et cette forme de malaise qui semble progressivement prendre de l'importance. On sent que le drame est inéluctable, que la vérité sera dite sans forcément être explicite, que la fin nous percutera de plein fouet et nous laissera ébahi, estomaqué, nous frappant en plein coeur: on ne sort jamais indemne d'un livre de Dan Chaon mais celui-ci est indéniablement son meilleur.

Le lecteur fera ainsi un grand voyage entre le passé et le présent, entre les différents protagonistes, entre les vérités divergentes jusqu'à un dénouement parfait.

En définitive, je ne peux que vous confirmer, que vous affirmer encore et encore que ce livre est un incontournable, que ce livre fait partie des titres les plus marquants de ma vie de lectrice, que c'est pour moi le meilleur roman de l'année.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Dustin, psychologue de métier, vit à Cleveland avec sa femme et ses deux fils. Il a réussi à trouver un équilibre malgré une adolescence bouleversée par le meurtre de ses parents. Mais son passé remonte à la surface lorsqu'il apprend que son frère adoptif Rusty vient d'être libéré de prison, innocenté par un test ADN : trente ans auparavant, Rusty avait été condamné pour le meurtre des parents, de l'oncle et la tante de Dustin, sur le témoignage de celui-ci. Peu après, Jill, l'épouse de Dustin, meurt d'un cancer. Tout s'écroule alors pour Dustin, qui se lance sous l'insistance d'un de ses patients dans une enquête obsédante autour d'un hypothétique serial killer. Cette enquête représente pour Dustin une distraction (bien que macabre !) qui détourne son attention de son triste quotidien.
D'emblée, le ton est donné par le titre du roman, excellemment traduit : l'oxymore rend bien l'idée d'une énergie négative latente sous l'apparente tranquillité des choses. Cette malveillance est ressentie à plusieurs reprises par Dustin, qui perçoit « un regard braqué sur son dos », « une présence qui ne [l']aime pas ». La malveillance est ressentie aussi par les deux fils de Dustin, Aaron et Dennis. Seront-ils eux aussi marqués par la malédiction familiale ? Les rites sataniques à la mode dans les années 80 évoqués dans le roman contribuent à rendre l'atmosphère sombre du roman.
La citation De La Fontaine choisie par l'auteur en exergue résume bien la difficulté d'échapper à son destin, son passé. Ce passé est présent tout au long du roman car on oscille en permanence entre le passé et le présent, qui nécessitent tous deux d'être élucidés.
le thème de la mémoire s'impose comme un des principaux sujets du roman. La mémoire est sélective : Dustin ne se souvient pas vraiment de la nuit du crime. C'est ce qui lui permet d'avancer dans la vie : « c'était apparemment en ne mémorisant rien qu'il semblait redevenir lui-même. » Mais pour combler les vides, les souvenirs peuvent être reconstruits, comme ceux que Dustin a créés au sujet de la culpabilité de Rusty, sous l'influence de sa cousine Kate. Car Dustin a toujours été quelqu‘un de malléable : en plus de sa cousine, Dustin a été dominé et manipulé par Rusty. Adulte, Dustin sera manipulé par son patient Aqil qui l'entraîne dans son enquête, véritable descente aux enfers. Grâce à ces souvenirs reconstruits, Dan Chaon entraine ses personnages et ses lecteurs aux frontières de la réalité. le point de vue le plus présent dans le roman est celui de Dustin ; mais pouvons-nous vraiment nous fier à quelqu'un d'aussi influençable que lui ? D'autant plus que l'auteur sème le doute sur la double-personnalité de Dustin ; son fils Aaron évoque même la schizophrénie de son père… L'idée de la dissociation est d'ailleurs associée à plusieurs personnages. Liée à un trouble psychologique chez Dustin, elle est causée par la prise de drogues pour son fils Aaron. Cette dissociation amène une rupture dans la forme du roman : à plusieurs reprises, les pages sont découpées en trois ou quatre colonnes ; cela permet à l'auteur de décrire une action sous différents points de vue correspondant aux « moi » divers du personnage. Un prodigieux effet de manche !
Autre exemple d'inventivité dans la forme : il y a des blancs dans le texte, correspondant aux blancs dans la pensée ou dans les phrases de Dustin, qui a tendance à laisser ses phrases en suspens. le choix de l'emploi des blancs à la place des points de suspension est une belle trouvaille.
Une douce lueur de malveillance est un sacré grand roman : la forme est originale, la psychologie des personnages est très approfondie, la construction est percutante grâce aux va et vient entre le passé et le présent et à la polyphonie des chapitres. On est pris par l'histoire et on a vraiment envie de savoir ce qu'il va advenir de ces personnages presque faits de chair. C'est un roman très sombre et déroutant, qui nous bouscule. La tension va crescendo, jusqu'au coup de théâtre final. Car bien sûr le mal n'est pas toujours là où l'on croit ! Normal pour un roman dont cette citation de Lao Tseu est un des mantras : « le Tao dont nous parlons n'est pas le vrai Tao. le nom qui peut être nommé n'est pas le vrai nom ». Dan Chaon joue avec nos nerfs jusqu'au bout. Un lumineux roman noir.
Un grand merci à Albin Michel, Terres d'Amérique et au #PicaboRiverBookClub de m'avoir permis de lire ce roman en avant-première.



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Voici un véritable OLNI, objet littéraire non identifié...Ce livre ne ressemble à aucun autre.
Il y a une histoire principale, celle de la famille de Dustin aujourd'hui,, ses deux fils, sa femme, la maladie, il y a une autre histoire, celle de la famille de Dustin avant, avec la mort de ses parents et l'accusation contre son frère adoptif, et derrière ces deux histoires, une nouvelle, avec des garçons assassinés....
Ce livre comporte de nombreuses parties, axées à tour de rôle sur une de ces trois histoires. A chaque partie, sa particularité stylistique. L'auteur alterne entre le calme du récit, l'agitation de l'esprit avec une mise en forme sous forme de colonne où les pensées s'entremêlent, l'action avec des SMS....
A priori tout cela pourrait paraître compliqué. Ce livre est-il exigeant ? Oui. Est-il complexe ? Non, l'auteur nous donne toutes les clés.

Dan Chaon a une plume tellement orginale...Merci à Albin Michel pour ce livre, et au Picabo River Book Club...
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J'ai du mal à commencer la rédaction de mon avis pour ce livre, parce qu'il est tellement riche, parce qu'il y a tellement à en dire que j'ai peur d'en dire trop, ou de ne pas réussir à partager ce qui fait la singularité de ce titre.
Il contient 527 pages. Rien n'est à retirer. Même, ce qui est intéressant, ce sont tous les non-dits, les silences, parfaitement matérialisés dans le texte sans en faire trop visuellement. Au lecteur de combler ses courts blancs, ses pauses, ses moments de silence et d'hésitation qui concernent à peu près tous les personnages.
Pourtant, les personnages se parlent, mais n'écoutent pas ce que disent les autres – même s'ils croient le faire. le personnage emblématique de cette situation c'est Dustin, que je qualifie de personnage principal sans prendre le risque de me tromper. Il mène une vie des plus ordinaires en apparence, marié, deux enfants. Seulement, ses parents, son oncle, sa tante ont été assassinés alors qu'il était enfant, et aujourd'hui, trente ans plus tard, le coupable désigné sort de prison, non parce qu'il a purgé sa peine, mais parce qu'il a été reconnu innocent. Au même moment, la femme de Dustin meurt, des suites d'un cancer qui l'a emportée très rapidement. Elle non plus n'arrivait à dire, à partager. Ne pas dire à ses enfants (pour sa maladie, pour les causes du décès de leurs grands-parents) faisait partie de ses choix – les conséquences, on peut les lire en partie dans l'après.
L'après, c'est l'illusion d'une vie qui continue, alors que Dustin est en décalage complet entre ce qu'il pense être sa vie et ce qu'elle est réellement. L'interrogation sur ce qui s'est vraiment passé la nuit où ses parents sont morts est là, latente : c'est davantage ce que Russel, son frère adoptif sorti de prison peut penser de lui et des autres – ses cousines Kate et Wave – qui le préoccupe que la recherche de la vérité. Il faudrait pour cela qu'il remette en cause ce qu'il a cru, ce qu'il a vu, ce qu'on lui a fait croire. Hier, comme aujourd'hui, les théories du complot fleurissent, et il est intéressant de se replonger dans ses années 80 pour voir et bien, celle qui dominait dans l'opinion publique à l'époque, et qui n'avait pas besoin des réseaux sociaux pour se répandre jusque dans les tribunaux.
A défaut d'enquêter sur son passé, à défaut d'en parler, Dustin se fait un nouvel ami, Aquil, policier mis sur la touche parce que… parce que là aussi, Dustin n'a pas le droit de savoir pourquoi Aquil ne fait plus vraiment partie des forces de police. En revanche, celui-ci, qui devient son nouvel (son seul ?) ami le fait à nouveau plonger dans une affaire de meurtres, dans une nouvelle théorie du complot moderne, et tous deux se constituent enquêteur en dilettante. Dustin se rend à peine compte qu'il a largement franchi les limites des relations patient/thérapeute. Il ne se rend pas compte non plus que son fils aîné s'est éloigné, que son fils cadet se drogue et sombre peu à peu. Tel un grand angoissé de la vie, il se recrée un monde, empruntant à ses propres thérapies pour tenter… de rationaliser ? de trouver un sens à ce qu'il ne comprend pas ? tant le décalage est grand entre ce qu'il perçoit et ce que les autres perçoivent de lui. Autour de lui, comme des satellites, la présence des absentes. Kate, d'abord, la seule avec laquelle il maintient un contact, Wave, la jumelle de Kate, est encore plus nébuleuse, puisqu'elle a choisi la fuite, l'isolement, une vie dans la crainte perpétuelle de… de quoi, au juste ? A quelle théorie du complot a-t-elle souscrit de son côté ?
Autre idée sous-jacente : la norme. Quelle norme ? Wave, adolescente, a déjà soulevé l'idée que ses parents ne sont pas dans la norme, qu'ils ne vivent pas comme les autres, et que l'accident du travail qui a coûté un bras à son oncle ne justifie pas leur mode de vie. Déjà, dans cette génération un peu particulière (les deux frères avaient épousé les deux soeurs) puisqu'elle avait coupé les liens avec les grands-parents : parents et enfant (en l'occurrence Kate et Wave) avaient une vision diamétralement opposée d'une seule et même personne – ou de la diversité des points de vue naît la richesse d'un récit.
Je prends des chemins de traverse pour ce récit, dont la chronologie n'est pas linéaire sans pour autant nous perdre. de même, l'auteur utilise des techniques de narration originale, non dans le seul souci de « faire vraie », mais pour augmenter la richesse de la narration.
Vous l'aurez compris, Une douce lueur de malveillance est un des livres les plus intéressants de cette rentrée littéraire 2018. N'hésitez pas s'il croise votre chemin.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Voilà un roman surprenant, à la construction étonnante tout en suggestion et ellipse, et totalement addictif. Sur une trame assez classique ( qui a tué la famille de Dustin et y a t-il un serial Killer de jeunes étudiants ?), l'auteur propose un récit sur la mémoire, les relations familiales, la résilience. C'est terriblement bien écrit et passionnant. Une réussite !
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Un roman sociétal, un thriller, un roman noir, un roman sur la famille… « Une douce lueur de malveillance » de Dan Chaon est tout à la fois et plus encore.

Dustin Tillman a une vie ordinaire. Il est marié à Jill et a deux fils : Dennis et Aaron. Il a la quarantaine, un cabinet dans la banlieue de Cleveland où il exerce la profession de psychologue. Il fait, ainsi, partie de la classe moyenne américaine.

Mais qui est vraiment Dustin, derrière cette façade d'opérette ?
Plusieurs drames vont changer en profondeur cet homme.

Pendant sa pré-adolescence, à treize ans, son père et sa mère, son oncle et sa tante (Lucky et Vicki) sont sauvagement assassinés sur leur lieu de villégiature. Les enfants dormaient, eux, dans un camping-car. le meurtrier serait Rusty Bickers.

Rusty, quatorze ans, a été adopté par les parents de Dustin. Lui-même avait huit ans. Rusty a vécu beaucoup d'épreuves : il a perdu ses parents, placé dans plusieurs foyers (sans succès) et victime de mauvais traitements. Au début, il est vrai qu'il reporte sa haine sur son demi-frère.
Rusty va être condamné à la perpétuité pour ces meurtres et passera trente ans en prison. Il est reconnu coupable sur la fois des dires de Dustin et Kate, sa cousine jumelle. Il est aussi jugé d'office par ses soit disant pratiques de rites sataniques. Beaucoup de préjugés planent dans cette condamnation.

Depuis ce quadruple meurtre, Dustin l'avoue : il est confronté à ses fantômes. Depuis ce jour, il n'est plus sûr de la version qu'il a donnée aux enquêteurs.
Car au jour d'aujourd'hui, Rusty est libéré. Grâce à des tests ADN, il est totalement innocenté.
Dusty n'est pas rassuré par cette libération. Est-ce que Rusty ne va pas vouloir se venger ?

Mais ce qui va provoquer la chute en enfer de Dusty, c'est le cancer de sa femme, Jill et sa mort brutale.
Il va complètement perdre pied. Il va tomber sous l'influence d'un de ses patients, Aqil Ozorowski, policier en congés maladie. Celui-ci est obnubilé par des morts d'adolescents par noyade qu'il attribue à un serial killer et à des rites sataniques.

« Une douce lueur de malveillance » est un roman foisonnant : des personnages et des époques qui se croisent. Dan Chaon a osé une construction atypique pour son livre. Il fait en sorte que les nombreux chapitres et les nombreux événements s'enchaînent avec une grande fluidité.
Il prend le temps de creuser ses personnages, au bord du gouffre. Il les fait évoluer. Il prend le temps de la réflexion sans nuire à l'efficacité du récit, haletant. Il est la voix de ces personnes ordinaires, mais abimées par la vie.

L'auteur aborde le sujet de la mémoire et de la transformation d'un jugement. Dans ce roman, des mensonges mais surtout des oubliés volontaires ou pas vont causer la condamnation à tort de Rusty.
Dustin l'avoue lui-même : depuis tout petit, il est perturbé. Il a du mal à reconnaître la réalité de ce qui est rêvé. le roman traite des failles de cette mémoire et donc de la mémoire sélective.
Dan Chaon emprunte à la littérature noire l'idée que la réalité ne soit connue que par une seule personne. Or c'est faux. Cette réalité est partagée entre tous les protagonistes ne voyant pas une scène de la même manière.

« Il (Dennis) pense à la façon qu'avait son père de s'arrêter au milieu d'une phrase, d'hésiter au milieu d'un mot, comme si une personne invisible l'interrompait.
Tous les souvenirs qu'il se remémore lui semblent désormais ternis et laids. Tout à coup le passé se dérobe, se trouve défiguré, et les souvenirs se sont transformés en un truc qu'il ne reconnaît pas, un truc malveillant. » (page 523).

A travers l'histoire de cette famille bancale, Dan Chaon nous parle d'une Amérique ne se regardant plus en face, gobant tout sur le plan politique - faits divers - problèmes sociaux - emplois - addictions à des drogues de plus en plus dures. Elle croit encore aux légendes urbaines très en vogue dans les années 70 avec les tueurs en série. La religion se mêle au satanisme…
Depuis une quarantaine d'année, les Etats-Unis sont malades de la violence. Ce pays est devenu paranoïaque et schizophrène. Les personnages du livre sont le reflet de tout cela.

J'ai pris un réel plaisir à lire « Une douce lueur de malveillance ». J'ai cru, au début de ma lecture, que ce livre serait un vrai labyrinthe. Oh que non ! La prouesse de Dan Chaon est de nous accompagner dans ce dédale sans aucune volonté de nous perdre. Et ceci est rendu possible par une écriture et une construction du roman intelligentes et totalement maîtrisées.
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A priori, je vais dans le sens contraire de toutes les critiques que j'ai pu lire jusqu'à présent.... Je suis désolée mais je n'ai pas accroché du tout avec ce livre...
Une histoire tragique d'une famille décimée, un fils adoptif un peu à part, condamné suite aux témoignages de son frère et de sa cousine. Des secrets perceptibles racontés à travers ce frère accusateur qui est devenu adulte et qui mène une enquête avec un de ses patients sur une série de morts qui se voudrait être, peut-être, une série de meurtres...
Une plongée dans l'obscurité, dans la noirceur, une base d'histoire à laquelle j'aurai adoré adhérer mais il me manquait un petit quelque chose pour vraiment partir dans cette lecture...
Une deuxième lecture peut-être...?
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Comment qualifier ce roman ? Thriller psychologique? roman policier psychologique ? La chose qui est certaine, c'est que ce livre est unique. Unique de par sa structure, de par la mise en page, de par l'écriture, etc. Bref, un roman très très intéressant et qui nous garde prisonnier jusqu'à la fin ….

Dustin, thérapeute, apprend que son frère adoptif Russel, est innocenté après 30 ans de prison, pour le meurtre de sa tante, son oncle et de ses parents. Assez bouleversante comme nouvelle ! Son monde s'écroule peu à peu et il doit trouver le meurtrier …. Ça semble peut être banal comme histoire mais “attachez vos tuques ! “.
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