Citations sur Les Détectives du Yorkshire, tome 3 : Rendez-vous avec .. (34)
Aller à l’église n'était pas un critère d'innocence .
Samson resta sur place un instant, le moteur de la moto grondant sous lui. Un sentiment de malaise grandissant pesait sur ses épaules. Il y avait dans cet endroit quelque chose d'anormal. Quelque chose d'inquiétant que percevaient nettement ses sens exacerbés. Il resta un moment à scruter la façade nue de la maison puis laissa son regard dériver au-delà, vers le bouquet d'arbres sur le côté de la carrière.
Quelqu'un les observait, il l'aurait juré.
Ça paraissait insoluble. Pourtant, il devait bien y avoir des réponses. Le problème était juste qu'ils n'abordaient pas les choses sous le bon angle.
- Cours ! S'écria Samson, alors qu'une masse noire tout en muscles et en poils jaillissait de la porte ouverte.
Un rottweiler !
Et il n'avait pas l'air content de les voir.
L'hiver tenait fermement les vallons du Yorkshire dans ses griffes. Les arbres tendaient leurs ramures dénudées vers le ciel, le givre matinal couvrait encore la terre, et de derrière la fenêtre, le potager paraissait endormi. Il n'y restait plus que quelques choux ébouriffés et, sous la couche blanche, le sol était dur comme la pierre. Fidèle à sa réputation, le mois de février était terriblement rigoureux.
Ils prirent place autour de la table en pin, Calimero s'installant sur la carpette devant le feu, comme chez lui. Samson attendit patiemment que Delilah ait fini de mettre les Hardacre au courant des dernières nouvelles concernant la ferme où elle avait grandi, sur les hauteurs de Bruncliffe, que Will avait maintenant charge de cultiver. De discuter des ventes de bestiaux. Du prix des moutons cette année. Du temps. De l'augmentation de la criminalité en milieu rural. Tout cela se devant d'être débattu devant une tasse de thé et de grosses tranches de cake aux fruits, avant que soit abordé le véritable but de la visite. Inutile de s'énerver pour le temps qui filait. Samson savait que c'était comme ça que les choses se passaient ici, dans les Vallons.
Elle eut honte de la rapidité avec laquelle elle s'était laissé influencer par la rumeur. Par la mise en garde que lui avait murmuré à l'oreille un homme qu'elle venait tout juste de rencontrer, et qu'elle avait prise pour parole d'évangile. Fermant les yeux sur les preuves qu'elle détenait personnellement - les derniers mois passés à travailler aux côtés de Samson - pour accorder du crédit aux propos de Frank Thistlethwaite. Propos fondés sur quoi, au juste ? Ils n'avaient même pas servi ensemble dans la police.
Celui-ci eut un sourire, se rappelant le jour où le grand Gabriel
Thistlethwaite était entré à l'Anvil. Les clients avaient manqué
s'étouffer avec leur bière en voyant un policier haut gradé en
uniforme s'approcher du bar. C'était délibéré, le port de l'uniforme.
De même que sa façon de saluer Samson : comme un proche qui
aurait eu des connexions dans la police. En agissant de la sorte,
Gabriel l'avait marqué aux yeux des buveurs. Suspicieux de nature,
ils ne portaient dans leur coeur ni les flics, ni les employés du pub qui
entretenaient des liens avec eux.
L'ancien bookmaker était d'humeur radieuse par cette belle
journée. On aurait pu croire qu'une vie entière s'était écoulée depuis
les sinistres événements qui avaient endeuillé la maison de retraite.
Samson observait les quatre amis et s'émerveillait de leur résilience.
Ils en avaient vu des vertes et des pas mûres et, malgré tout, ils
étaient là à rire et à se chambrer gentiment, à profiter des plaisirs
que la vie leur octroyait.
En serait-elle capable ? Parviendrait-elle à trouver une femme à
un homme aussi peu soucieux de son hygiène personnelle et qui
avait du sexe opposé une vision digne du dix-neuvième siècle ?
Existait-il seulement une femme sur terre qui veuille bien d'un tel
époux ?