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EAN : 9784736006680
Chapitre.com - Impression à la demande (01/01/2014)
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Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si tout le monde connaît Chateaubriand pour ses romans, mémoires et essais, peu on lu ses poésies.
Avec cette quasi-intégrale poétique, on a aujourd'hui une idée plus précise de son talent de poète.
Immédiatement, on retrouve cette verve préromantique dominante, comme dans ses romans tel qu'Atala. L'auteur développant dans ses vers un attachement sentimental envers la nature, épanchement littéraire mélancolique déversant une ode d'amour intérieure ou les mots résonnent comme des liens charnels avec ce monde bucolique.
Cependant, si la nature transcende l'auteur, ses poèmes ont souvent un double sens, incluant délicatement les sentiments amoureux ou les regrets d'idylles absconses. L'amour et la nature se rejoignant souvent dans les prémices de rêves idéalisés chers aux romantiques.
Mais ne nous leurrons pas, au travers de cette versification parfois un peu naïve, se cache le diable et ses trublions diaboliques qui hantent Chateaubriand : le mal du siècle qui ronge toute une génération déçue par la révolution française, la nostalgie rêveuse asséchée par la raison triomphante et l'exil loin de la terre de ses ancêtres.
Les mauvaises langues diront que Chateaubriand c'est la droite qui chiale ou le conservatisme de salon qui refuse l'action…
Peut-être ?
Néanmoins, n'oublions pas les paroles de Victor Hugo lorsqu'il était jeune et inconnu : je serais Chateaubriand ou rien …
Tout un symbole que confirme cette anthologie poétique, Chateaubriand reste un des plus grands écrivains de son époque, maître incontesté de la rhétorique en matière bucolique, nostalgique, lyrique et mélancolique.

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
La Forêt

Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !
Prestiges de mon cœur ! je crois voir s’exhaler
Des arbres, des gazons une douce tristesse :
Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble encor m’appeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains !… Au bruit de ces ruisseaux,
Sur un tapis de fleurs, sur l’herbe printanière,
Qu’ignoré je sommeille à l’ombre des ormeaux !
Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ;
Ces genêts, ornements d’un sauvage réduit,
Ce chèvrefeuille atteint d’un vent léger qui fuit,
Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.
Forêts, dans vos abris gardez mes vœux offerts !
A quel amant jamais serez-vous aussi chères ?
D’autres vous rediront des amours étrangères ;
Moi de vos charmes seuls j’entretiens les déserts.
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LES TOMBEAUX CHAMPÊTRES.
élégie imitée de gray[1]


Londres, 1796.


Dans les airs frémissants j’entends le long murmure
De la cloche du soir qui tinte avec lenteur ;
Les troupeaux en bêlant errent sur la verdure ;
Le berger se retire et livre la nature
À la nuit solitaire, à mon penser rêveur
Dans l’orient d’azur l’astre des nuits s’avance,
Et tout l’air se remplit d’un calme solennel.
Du vieux temple verdi sous ce lierre immortel
L’oiseau de la nuit seul trouble le grand silence.
On n’entend que le bruit de l’insecte incertain,
Et quelquefois encore, au travers de ces hêtres,
Les sons interrompus des sonnettes champêtres
Du troupeau qui s’endort sur le coteau lointain.

Dans ce champ où l’on voit l’herbe mélancolique
Flotter sur les sillons que forment ces tombeaux,
Les rustiques aïeux de nos humbles hameaux
Au bruit du vent des nuits dorment sous l’if antique.
De la jeune Progné le ramage confus,
Du zéphyr, au matin, la voix fraîche et céleste,
Les chants perçants du coq ne réveilleront plus
Ces bergers endormis sous cette couche agreste.
Près de l’âtre brûlant une épouse modeste
N’apprête plus pour eux le champêtre repas ;
Jamais à leur retour ils ne verront, hélas !
D’enfants au doux parler une troupe légère,
Entourant leurs genoux et retardant leurs pas,
Se disputer l’amour et les baisers d’un père.
Souvent, ô laboureurs ! Cérès mûrit pour vous
Les flottantes moissons dans les champs qu’elle dore ;
Souvent avec fracas tombèrent sous vos coups
Les pins retentissants dans la forêt sonore.
En vain l’ambition, qu’enivrent ses désirs,
Méprise et vos travaux et vos simples loisirs :
Eh ! que sont les honneurs ? L’enfant de la victoire,
Le paisible mortel qui conduit un troupeau,
Meurent également ; et les pas de la gloire,
Comme ceux du plaisir, ne mènent qu’au tombeau.
Qu’importe que pour nous de vains panégyriques
D’une voix infidèle aient enflé les accents ?
Les bustes animés, les pompeux monuments,
Font-ils parler des morts les muettes reliques ?

Jetés loin des hasards qui forment la vertu,
Glacés par l’indigence aux jours qu’ils ont vécu,
Peut-être ici la mort enchaîne en son empire
De rustiques Newtons de la terre ignorés,
D’illustres inconnus dont les talents sacrés
Eussent charmé les dieux sur le luth qui respire :
Ainsi brille la perle au fond des vastes mers ;
Ainsi meurent aux champs des roses passagères
Qu’on ne voit point rougir, et qui, loin des bergères,
D’inutiles parfums embaument les déserts.

Là dorment dans l’oubli des poètes sans gloire,
Des orateurs sans voix, des héros sans victoire :
Que dis-je ? des Titus faits pour être adorés.
Mais si le sort voila tant de vertus sublimes,
Sous ces arbres en deuil combien aussi de crimes
Le silence et la mort n’ont-ils point dévorés !
Loin d’un monde trompeur, ces bergers sans envie,
Emportant avec eux leurs tranquilles vertus,
Sur le fleuve du temps passagers inconnus,
Traversèrent sans bruit les déserts de la vie.
Une pierre, aux passants demandant un soupir,
Du naufrage des ans a sauvé leur mémoire ;
Une muse ignorante y grava leur histoire
Et le texte sacré qui nous aide à mourir.
En fuyant pour toujours les champs de la lumière.
Qui ne tourne la tête au bout de la carrière ?
L’homme qui va passer cherche un secours nouveau :
Que la main d’un ami, que ses soins chers et tendres,
Entrouvrent doucement la pierre du tombeau !
Le feu de l’amitié vit encor dans nos cendres.
Pour moi qui célébrai ces tombes sans honneurs,
Si quelque voyageur, attiré sur ces rives
Par l’amour de rêver et le charme des pleurs,
S’informe de mon sort dans ses courses pensives,
Peut-être un vieux pasteur, en gardant ses troupeaux,
Lui fera simplement mon histoire en ces mots :
« Souvent nous l’avons vu, dans sa marche posée,
Au souris du matin, dans l’orient vermeil,
Gravir les frais coteaux à travers la rosée,
Pour admirer au loin le lever du soleil.
Là-bas, près du ruisseau, sur la mousse légère,
À l’ombre du tilleul que baigne le courant,
Immobile il rêvait, tout le jour demeurant
Les regards attachés sur l’onde passagère.
Quelquefois dans les bois il méditait ses vers
Au murmure plaintif du feuillage et des airs.
Un matin nos regards, sous l’arbre centenaire,
Le cherchèrent en vain au repli du ruisseau ;
L’aurore reparut, et l’arbre et le coteau,
Et la bruyère encor, tout étoit solitaire.
Le jour suivant, hélas ! à la file allongé.
Un convoi s’avança par le chemin du temple.
Approche, voyageur ! lis ces vers, et contemple
Ce triste monument que la mousse a rongé. »
épitaphe.


Ici dort à l’abri des orages du monde
Celui qui fut longtemps jouet de leur fureur.
Des forêts il chercha la retraite profonde,
Et la mélancolie habita dans son cœur.
De l’amitié divine il adora les charmes,
Aux malheureux donna tout ce qu’il eut, des larmes.
Passant, ne porte point un indiscret flambeau
Dans l’abîme où la mort le dérobe à ta vue ;
Laisse le reposer sur la rive inconnue,
De l’autre côté du tombeau.
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MILTON ET DAVENANT.


Londres, 1797.


Charles avoit péri : des bourreaux-commissaires,
Des lois qu’on appeloit révolutionnaires,
L’exil et l’échafaud, la confiscation…
C’étoit la France enfin sous la Convention.

Dans les nombreux suivants de l’étendard du crime
L’Angleterre voyoit un homme magnanime :
Milton, le grand Milton (pleurons sur les humains)
Prodiguoit son génie à de sots puritains ;
Il détestoit surtout, dans son indépendance,
Ce parti malheureux qu’une noble constance
Attachoit à son roi. Par ce zèle cruel,
Milton s’étoit flétri des honneurs de Cromwell.
Un matin que du sang il avoit appétence,
Des prédicants-soldats traînent en sa présence
Un homme jeune encor, mais dont le front pâli
Est prématurément par le chagrin vieilli,
Un royaliste enfin. Dans le feu qui l’anime,
Milton d’un œil brûlant mesure sa victime,
Qui, loin d’être sensible à ses propres malheurs,
Semble admirer son juge et plaindre ses erreurs.
« Dis-nous quel est ton nom, sycophante d’un maître,
Vassal au double cœur d’un esclave et d’un traître.
Réponds-moi. » — « Mon nom est Davenant. » À ce nom
Vous eussiez vu soudain le terrible Milton
Tressaillir, se lever, et, renversant son siège,
Courir au prisonnier que la cohorte assiège.

« Ton nom est Davenant, dis-tu ? ce nom chéri !
Serois-tu ce mortel, par les Muses nourri.
Qui, dans les bois sacrés égarant sa jeunesse.
Enchanta de ses vers les rives du Permesse ? »

Davenant repartit : « Il est vrai qu’autrefois
La lyre d’Aonie a frémi sous mes doigts. »

À ces mots, répandant une larme pieuse.
Oubliant des témoins la présence envieuse,
Milton serre la main du poëte admiré.
Et puis de cette voix, de ce ton inspiré
Qui d’Ève raconta les amours ineffables :
« Tu vivras, peintre heureux des élégantes fables ;
J’en jure par les arts qui nous avoient unis
Avant que d’Albion le sort les eût bannis.
À des cœurs embrasés d’une flamme si belle,
Eh ! qu’importe d’un Pym la vulgaire querelle ?
La mort frappe au hasard les princes, les sujets ;
Mais les beaux vers, voilà ce qui ne meurt jamais,
Soit qu’on chante le peuple ou le tyran injuste :
Virgile est immortel en célébrant Auguste !
Quoi ! la loi frapperoit de son glaive irrité
Un enfant d’Apollon ?… Non, non, postérité !
Soldats, retirez-vous ; merci de votre zèle !
Cet homme est sûrement un citoyen fidèle,
Un grand républicain : je sais de bonne part
Qu’il s’est fort réjoui de la mort de Stuart. »

« Non, » crioit Davenant, que ce reproche touche.
Mais Milton, de sa main en lui couvrant la bouche,
Au fond du cabinet le pousse tout d’abord,
L’enferme à double tour, puis avec un peu d’or
Éconduit poliment la horde jacobine.

Vers son hôte captif ensuite il s’achemine,
Fait apporter du vin, qu’il lui verse à grands flots.
Sème le déjeûner d’agréables propos :
De politique point, mais beaucoup de critiques
Sur l’esprit des Latins et les grâces attiques.
Davenant récita l’idylle du Ruisseau ;
Milton lui repartit par le vif Allegro,
Du doux Penseroso redit le chant si triste
Et déclama les chœurs du Samson agoniste.
Les poëtes, charmés de leurs talents divers,
Se quittèrent enfin en murmurant leurs vers.

Cependant, fatigué de ses longues misères.
Le peuple soupiroit pour les lois de ses pères :
Il rappela son Roi ; les crimes réfrénés
Furent par un édit sagement pardonnés.
On excepta pourtant quelques hommes perfides.
Complices et fauteurs des sanglants régicides :
Milton, au premier rang, s’étoit placé parmi.

Dénoncé par sa gloire, au toit d’un vieil ami
Il avoit espéré trouver ombre et silence.
De son sort, une nuit, il pesoit l’inconstance :
D’une lampe empruntée à la tombe des morts
La lueur pâlissante éclairoit ses remords.
Il entend tout à coup, vers la douzième heure.
Heurter de son logis la porte extérieure ;
Les verrous sont brisés par de nombreux soldats.
La fille de Milton accourt ; on suit ses pas.
Dans l’asile secret un chef se précipite :
Un chapeau de ses yeux venant toucher l’orbite
Voile à demi ses traits ; il a les yeux remplis
De larmes qu’un manteau reçoit dans ses replis.
Milton ne le voit point : privé de la lumière,
La nuit règne à jamais sous sa triste paupière.

« Eh bien ! que me veut-on ? dit le chantre d’Adam.
Parlez : faut-il mourir ? » — « C’est encor Davenant,)
Répond l’homme au manteau. Milton soudain s’écrie :
« Ô noire trahison ! moi qui sauvai ta vie ! »

« Oui, » repart le poëte interdit, rougissant,
« Mais vous êtes coupable et j’étois innocent.
Ferme stoïcien, montrez votre courage !
Mon vieil ami, la mort est le commun partage :
Ou plus tôt, ou plus tard, le trajet est égal
Pour tous les voyageurs. Voici l’ordre fatal. »

La fille de Milton, objet rempli de charmes,
Ouvre l’affreux papier qu’elle baigne de larmes :
C’est elle qui souvent, dans un docte entretien.
Relit le vieil Homère à l’Homère chrétien
Et des textes sacrés interprète modeste,
À son père elle rend la lumière céleste
En échange du jour qu’elle reçut de lui.
Au chevet paternel empruntant un appui.
D’une voix altérée elle lit la sentence :
« Voulant à la justice égaler la clémence,
Il nous plaît d’octroyer, de pleine autorité,
À Davenant, pour prix de sa fidélité,
La grâce de Milton. Charles. » Qu’on se figure
Les transports que causa la touchante aventure.
Combien furent de pleurs dans Londres répandus
Pour les talents sauvés et les bienfaits rendus !
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LES MALHEURS DE LA RÉVOLUTION.


Paris, 1813.


Sors des demeures souterraines,
Néron, des humains le fléau !
Que le triste bruit de nos chaînes
Te réveille au fond du tombeau.
Tout est plein de trouble et d’alarmes :
Notre sang coule avec nos larmes ;
Ramper est la première loi :
Nous traînons d’ignobles entraves ;
On ne voit plus que des esclaves :
Viens ; le monde est digne de toi.

Ils sont dévastés dans nos temples
Les monuments sacrés des rois :
Mon œil effrayé les contemple ;
Je tremble et je pleure à la fois.
Tandis qu’une fosse commune
Des grandeurs et de la fortune
Reçoit les funèbres lambeaux,
Un spectre, à la voix menaçante,
A percé la tombe récente
Qui dévora les vieux tombeaux.

Sa main d’une pique est armée :
Un bonnet cache son orgueil ;
Par la mort sa vue est charmée :
Il cherche un tyran[1] au cercueil.
Courbé sur la poudre insensible,
Il saisit un sceptre terrible
Qui du lis a flétri la fleur,
Et d’une couronne gothique
Chargeant son bonnet anarchique.
Il se fait roi de la douleur.
Voilà le fantôme suprême,
François, qui va régner sur vous
Du républicain diadème
Portez le poids léger et doux.
L’anarchie et le despotisme,
Au vil autel de l’athéisme,
Serrent un nœud ensanglanté,
Et s’embrassant dans l’ombre impure,
Ils jouissent de la torture
De leur double stérilité.

L’échafaud, la torche fumante,
Couvrent nos campagnes de deuil.
La Révolution béante
Engloutit le fils et l’aïeul.
L’adolescent qu’atteint sa rage
Va mourir au champ du carnage
Ou dans un hospice exilé ;
Avant qu’en la tombe il s’endorme,
Sur un appui de chêne ou d’orme,
Il traîne un buste mutilé.

Ainsi quand l’affreuse Chimère[2]
Apparut non loin d’Ascalon,
En vain la tendre et foible mère
Cacha ses enfants au vallon.
Du Jourdain les roseaux frémirent :
Au Liban les cèdres gémirent,
Les palmiers à Jézerael,
Et le chameau, laissé sans guides,
Pleura dans les sables arides
Avec les femmes d’Ismael.

Napoléon de son génie
Enfin écrase les pervers ;
L’ordre renaît : la France unie
Reprend son rang dans l’univers.
Mais, géant, fils aîné de l’homme,
Faut-il d’un trône qu’on te nomme
Usurpateur ? Mal fécondé,
L’illustre champ de ta victoire
Devoit-il renier la gloire
Du vieux Cid et du grand Condé ?

Racontez, nymphes de Vincenne,
Racontez des faits inouïs[3],
Vous qui présidiez sous un chêne
À la justice de Louis !
Oh ! de la mort chantre sublime[4],
Toi qui d’un héros magnanime
Rends plus grand le grand souvenir,
Quels cris aurois-tu fait entendre.
Si, quand tu pleurois sur sa cendre.
Ton œil eût sondé l’avenir ?

Le vieillard-roi dont la clef sainte
De Rome garde les débris
N’a pu, dans l’éternelle enceinte,
À son front trouver des abris.
On peut charger ses mains débiles
De fers ingrats[5], mais inutiles,
Car il reste au juste nouveau
La force de sa croix divine,
Et de sa couronne d’épine,
Et de son sceptre de roseau.

Triomphateur, notre souffrance
Se fatigue de tes lauriers ;
Loin du doux soleil de la France
Devois-tu laisser nos guerriers[6] ?
La Duna, que tourmente Éole,
Au Neptune inconnu du pôle
Roule leurs ossements blanchis,
Tandis que le noir Borysthène
Va conter le deuil de la Seine
Aux mers brillantes de Colchis.

À l’avenir ton âme aspire ;
Avide encore du passé,
Tu veux Memphis ; du temps l’empire
Par l’aigle sera traversé.
Mais, Napoléon, ta mémoire
Ne se montrera dans l’histoire
Que sous le voile de nos pleurs :
Lorsqu’à l’admirer tu m’entraînes,
La liberté me dit ses chaînes,
La vertu m’apprend ses douleurs.
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LES ALPES OU L’ITALIE.


1822.
Donc reconnoissez-vous au fond de vos abîmes
Ce voyageur pensif,
Au cœur triste, aux cheveux blanchis comme vos cimes,
Au pas lent et tardif ?

Jadis de ce vieux bois, où fuit une eau limpide,
Je sondois l’épaisseur.
Hardi comme un aiglon, comme un chevreuil rapide,
Et gai comme un chasseur.

Alpes, vous n’avez point subi mes destinées !
Le temps ne vous peut rien ;
Vos fronts légèrement ont porté les années
Qui pèsent sur le mien.

Pour la première fois, quand, rempli d’espérance,
Je franchis vos remparts.
Ainsi que l’horizon, un avenir immense
S’ouvroit à mes regards.

L’Italie à mes pieds, et devant moi le monde,
Quel champ pour mes désirs !
Je volai, j’évoquai cette Rome féconde
En puissants souvenirs.

Du Tasse une autre fois je revis la patrie :
Imitant Godefroi,
Chrétien et chevalier, j’allois vers la Syrie
Plein d’ardeur et de foi.

Ils ne sont plus ces jours que point mon cœur n’oublie,
Et ce cœur aujourd’hui
Sous le brillant soleil de la belle Italie
Ne sent plus que l’ennui.

Pompeux ambassadeurs que la faveur caresse,
Ministres, valez-vous
Les obscurs compagnons de ma vive jeunesse
Et mes plaisirs si doux ?

Vos noms aux bords riants que l’Adige décore
Du temps seront vaincus,
Que Catulle et Lesbie enchanteront encore
Les flots du Bénacus.

Politiques, guerriers, vous qui prétendez vivre
Dans la postérité,
J’y consens : mais on peut arriver sans vous suivre,
À l’immortalité.

J’ai vu ces fiers sentiers tracés par la Victoire,
Au milieu des frimas.
Ces rochers du Simplon que le bras de la Gloire
Fendit pour nos soldats :

Ouvrage d’un géant, monument du génie,
Serez-vous plus connus
Que la roche où Saint-Preux contoit à Meillerie
Les tourments de Vénus ?

Je vous peignis aussi, chimère enchanteresse.
Fictions des amours !
Aux tristes vérités le temps, qui fuit sans cesse,
Livre à présent mes jours.

L’histoire et le roman font deux parts de la vie,
Qui si tôt se ternit :
Le roman la commence, et lorsqu’elle est flétrie
L’histoire la finit.
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Vidéo de François-René de Chateaubriand
INTRODUCTION : « Il est assez probable que les pages intitulées Pensées, Réflexions et Maximes seront une révélation pour bien des gens, — même pour ceux qui connaissent très suffisamment leur Chateaubriand [1768-1848]. de cela il y a de fort bonnes raisons. Ces pages sont assez courtes ; elles n'ont jamais été publiées, que je sache, séparément ; elles ont paru, pour la première fois, très tardivement, entre 1826 et 1831, quand l'auteur donna chez le libraire Ladvocat, la première édition de ses Oeuvres complètes. […] Et cependant, ces Pensées, — dont l'origine exacte nous échappe, — sont pour la plupart fort remarquables ; et il est évident, pour qui sait lire, qu'il n'eût tenu qu'à Chateaubriand d'en grossir considérablement le nombre, et de se faire une juste place, à côté, et probablement au-dessus de son ami Joubert [1754-1824], parmi les Moralistes français. […] » (Victor Giraud.)
« Le chant naturel de l'homme est triste, lors même qu'il exprime le bonheur. Notre coeur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs. » (Oeuvres complètes de M. le Vicomte de Chateaubriand, tome XVIII, Paris, Pourrat frères, 1836, p. 119.)
CHAPITRES : 0:00 — 1. ; 0:45 — Introduction ; 1:09 — 7. ; 2:11 — 18. ; 2:46 — 20. ; 3:10 — 27. ; 3:23 — 30. ; 3:38 — 31. ; 3:51 — 36. ; 4:06 — 38. ; 4:25 — 49. ; 5:09 — 62. ; 5:40 — 64. ; 5:55 — 68. ; 6:48 — 69. ; 7:05 — Générique.
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Chateaubriand, Pensées, réflexions et maximes, suivies du Livre XVI des Martyrs, édition nouvelle par Victor Giraud, Paris, Bloud & Cie, 1908, 68 p.
IMAGE D'ILLUSTRATION : https://ia800109.us.archive.org/23/items/EST95RES_P8B/BSG_EST95RES_P8B.jpg
BANDE SONORE ORIGINALE : Carlos Viola — Immortal Beloved Immortal Beloved by Carlos Viola is licensed under an Attribution-NonCommercial 3.0 Unported (CC BY-NC 3.0) license. https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/immortal-beloved
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