Citations sur La patience du diable (213)
Les secrets d'une âpre vérité: la mort vidait de toute personnalité ceux qui avaient vécu, elle les transformait en objets, elle les chosifiait. La chair devient viande, les noms numéros, les plaies indices, et les corps carcasses. L'être devenait souvenir. Dissous dans le néant, il n'en restait que des fantômes ravivés par nos mémoires.
Mais en si peu de temps, dans un tel contexte, les esprits les plus fragiles ne savaient plus résister. La violence appelant la violence. Le modèle de société autrefois sécurisant était ébranlé, les barrières tombaient, les interdits avec. C'était un appel inconscient à se laisser aller. A se faire emporter par l'élan. Pris dans la violence, quand on n'a plus rien à perdre, pourquoi s'y refuser ? Pourquoi empêcher la libération ? L'explosion devenait irrémédiable.
Il sait qu'il a pour lui notre nature versatile, nos doutes et la direction qu'a prise notre société. Tout ce qu'il a à faire, c'est semer ses graines et attendre. La patience du diable, mademoiselle, c'est sa meilleure arme contre nous !
Pour que je me souviens, il affirme que le diable n'a pas besoin de se montrer avec ses pieds fourchus et ses cornes pour contaminer les hommes., il lui suffit de répandre quelques graines de violence et laisser les esprits les plus faibles propager le doute et le chaos. Il explique que le mal est une épidémie propre à l'homme et que c'est lui, et lui seul, qui en est le porteur.
- Eh bien, si je comprends sa mécanique, il fantasme que nous ne sommes que de la viande, j'ignore comment et pourquoi, mais c'est son obsession. Les êtres humains sont juste de la viande, et il veut nous voir comme nous sommes. C'est pour ça, je suppose, qu'il écorche ses victimes. On n'a trouvé nulle part le corps de la fille.
Une moitié de lune était encore accrochée dans le ciel bleu du matin, comme un bijou de la nuit oublié par une aube trop pressée.
L’humanité avait longtemps cru aux vertus de l’alchimie en cherchant à transformer du plomb en or alors que l’unique alchimie de ce monde était plus cruelle. L’amour se transformait en une souffrance incommensurable sitôt que la mort le faisait passer dans son alambic sinistre. Le néant résiduel pour témoigner de la substance même de l’amour.
il paraissait à peine la trentaine sous un certain éclairage mais aussi bien le double à d’autres moments. La drogue, la rue et tous les excès en général brouillaient les signes du temps sur lui, les entremêlaient.
Les croyances, les mythes et l'imaginaire collectif finissent toujours par l'emporter sur les souvenirs.
Pour comprendre les démons du monde, il fallait explorer leurs ténèbres. Et ce voyage ne s’effectuait pas sans risques.