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EAN : 9782381980485
104 pages
L'Arche Editions (03/02/2023)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Qui sont-elles, ces femmes mineures enfermées sous le contrôle de l’État dans un centre éducatif en 2023 ou sous le contrôle de l’Église dans un internat du Bon Pasteur en 1957 ?
Sara, 15 ans et demi ; Vanessa, 14 ans ; Cindy, 16 ans ; Dakota, 13 ans et demi ; Gisèle, 18 ans. Dans leurs affaires, à la fouille, des écouteurs, des échantillons de parfum, quelques pièces, des mouchoirs, un smartphone ou un Scoubidou. Le quotidien est réglé et les cigarettes son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sociétal, engagé, lucide, ce récit choral, est la parole-née en littérature tant elle est spéculative et nécessaire.
« Peines mineures » jeunes filles à peine nées et déjà l'horizon sombre. Sans un effort surhumain: une peine mineure, elles ne pourront s'affranchir d'un passé et d'un présent à bout de souffle et lacéré. La mise à mort de la liberté.
Elles sont ici dans un centre éducatif fermé. « Stupéfiantes » Sara, Vanessa, Awa, Sakina, Billie, Cindy et Dakota, âgées de 13 ans 1/2 à 16 ans. Elles content, se délivrent, expliquent, se révoltent, n'osent plus croire en un lendemain meilleur. La délinquance, les faillites parentales, les foyers pour antre, tours de passe passe. Franchir la ligne jaune, même si.
« T'inquiète pas Sara, je sais que c'est dur, mais je sais que tu es courageuse. Quoi qu'il arrive tu sauras affronter ça ».
« On me ramène dans les cellules ; on me laisse fumer une cigarette dans le couloir, en attendant qu'un véhicule se libère pour mon transfert à l'établissement pénitentiaire ».
Vanessa : 14 ans, « je suis transférée de l'autre côté de la France. Dans un endroit fermé avec de gros grillages, au milieu d'un champ où il y a des vaches. Il y a un trou dans la haie. Je sais comment fuguer d'ici, je sais quand ». « La gare la plus proche est celle d'A. Sorti du train aucun panneau routier n'indique l'emplacement du centre éducatif fermé ». « Signe là s'il te plaît ».
L'arrivée au centre, et la barrière tombe. L'inventaire des affaires personnelles, changeant selon la personnalité, qui du petit carnet recouvert de stickers, un brouillon de lettre adressée à la juge par Sara,  « pardon de ne jamais prendre les bonnes décisions. Pardon de ne pas penser à l'avenir ». « Je dois payer pour ma violence ».
L'habitus carcéral, entre les consignes, les règlements, les amitiés ou disputes entre ces jeunes filles, parfois difficiles, tristes, démunies, violentes et sombres. Compter les jours, s'émanciper en silence et en sagesse, se soumettre, ensuite un stage en réinsertion: le Graal. Mineures et déjà si âgées. Comment se reconstruire lorsque l'image d'un père incestueux hante les nuits dans ce centre encore et pour longtemps. Abolir les vengeances. Dévorées de l'intérieur, effrontées souvent, vulnérables aussi, elles sont des funambules sur le fil tendu d'un lieu de justice et de lois à réapprendre. Comme un nouvel alphabet, une parole sacrée. « Dehors, c'est dur/ Prends-moi dans tes bras/ Et serre-moi fort ».
Paroles lianes, confidences, paroles sous surveillance, elles sont l'idiosyncrasie et l'épars qui s'assemblent dans un même mouvement, syllabe après syllabe. Entre les murs où sanglotent les regrets incompris encore.
Ce texte fondamental, écrit dans l'instant même, est vivant, crucial et percutant. L'intimité toute de pudeur et le respect pour elle, elles et ailes qui ont fauté. Recoller les morceaux, ensuite viendra le temps de franchir la clôture et de marcher pied-nus sur l'herbe pleine de rosée. L'espace entre ces mineures aux peines légères mais réelles, l'enfermement-punition, le verrou sur le coeur. Renaître.
Dans l'internat du Bon Pasteur à la fin des années 50, c'est un autre versant. La réhabilitation par la religion et l'éducation forgée selon les diktats de religiosité. Dans cette ère, la délinquance n'avait pas la même prononciation. On se demande si les Soeurs n'étaient pas sadiques, véritablement des ogresses, l'oppression avant tout. Remettre la jeunesse d'équerre. « Au Bon Pasteur nous redressions les fugueuses, les apaches, les crapuleuses, les prostituées, les errantes, les perverses, les voleuses, les rebelles, les insoumises, les invaincues, les hystériques, les vagabondes, les opposantes, les butées ».
Filles mal nées, « ni caractérielles, ni des traînées ». La malchance d'être du mauvais côté. La normalité, le conformisme, se fondre dans le rang d'une société qui montre du doigt les filles-mères, les amoureuses, les révoltées, les robes trop courtes et les regards farouches. Un pas de côté et on t'enferme. « Je vais lâcher les chiens dans la cour, au lit mesdemoiselles ». « Gisèle est envoûtée. Notre mission est de la redresser ».
« Peines mineures » de Sonia Chiambretto est collecte et devoir. Ce livre a un impact considérable sur nos consciences. L'acuité au garde à vous. Il est un outil pour les juges et les avocats (tes), les éducateurs (trices)… Un livre essentiel, politique, la parole libérée. Un livre de salut et d'utilité publique. « Peines mineures » est né d'une version scénique écrite. le langage en pleine lumière. La parole vraie des jeunes filles du centre éducatif fermé qui ont toujours confié leurs paroles pour Sonia Chiambretto. Publié par les majeures Éditions L'Arche « Des écrits pour la parole ». L'oralité en diapason.
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Un livre choc, une oeuvre construite avec des témoignages, dans des formes très libres. La parole est donnée à des personnes qui, d'habitude, ne l'ont pas. Un récit nécessaire pour comprendre un petit peu la réalité et le quotidien de ces jeunes filles qui arrivent en centres éducatifs fermés. J'aurais aimé en lire plus et, pourquoi pas, avoir une partie un peu plus de contexte historique, politique... J'irai chercher cela dans d'autres ouvrages mais je vous conseille tout de même fort chaleureusement celui-là !
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Poésie documentaire sur l'enfermement carcéral d'adolescentes dont nous entendons ici colère, parcours cabossé, la très grande vivacité face à l'inflexible d'un système qui, hier comme aujourd'hui, les condamne et les relègue. Par un patient travail de l'oralité, par une versification de ce quotidien documenté, son abrupt prise de langue qui en dit tant, par aussi la froideur administrative qui fort mal tente de légitimer cet enfermement, Peines mineures donne à entendre cette jeunesse trop souvent invisible. Avec empathie, sans fard pourtant, Sonia Chiambretto signe un livre témoignage sur l'échec que représente cet enfermement, sur la nécessité de transmettre la parole.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Sara, 15 ANS 1/2
  
  
  
  
Je rêve que je galope.

Je rêve que je galope à cheval dans une prairie.

Je rêve que je galope à cheval dans une prairie verdoyante. Je rêve. Je rêve que je galope à cheval dans une prairie verdoyante remplie de fleurs. Je rêve. Je rêve que je galope à cheval dans une prairie remplie de fleurs. Partout des fleurs. Et des pétales. Des milliers de pétales. Je rêve. Je rêve ; je rêve que je galope à cheval dans une prairie verdoyante remplie de fleurs et de pétales, des milliers de pétales, des pétales d'or, je rêve, je rêve que je galope dans la prairie remplie de pétales d'or, de l'or scintillant, des pétales qui brillent et que je suis poursuivie par une horde de gens qui ne me rattrape jamais. Je rêve. Je rêve que je galope, je galope, je galope, je galope dans la prairie remplie de fleurs et de pétales d'or, je rêve que je saute, je saute, je rêve que je saute la rivière qui descend, je rêve que j'éclate de rire, j'éclate de rire, je rêve que je suis poursuivie par une horde de gens qui ne me rattrape jamais. Je rêve, je rêve que je traverse la prairie scintillante, que je grimpe la montagne, je rêve que mon cheval déploie en grand ses ailes, que j'éclate de rire, que je m'envole, je rêve que j'éclate de rire, je vole, je vole, je vole, je vole, vole, je rêve que je vole
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Madame la juge,

Je n'ai pas grand-chose. Ma vie, oui, mais ma vie ne vaut pas grand-chose, même ma mère le pense. Je me sens incapable face à la vie. Je n'ai pas de père. Il y a mon beau-père. Il a été le meilleur père que je pouvais avoir. Je l'ai déçu plus d'une fois, pourtant il est toujours là pour moi. Ma mère me rejette, elle me déteste. Je sais qu'elle est en train de m'oublier. Je me sens seule. Ici, je suis un cas parmi tant d'autres . Les encadrants sont gentils mais ils parlent beaucoup trop. Les autres filles aussi, elles parlent beaucoup trop. Je veux dire à ma mère, pardon pour toutes les bêtises que j'ai faites et qui ont des conséquences. Pardon de ne jamais prendre les bonnes décisions. Pardon de ne pas penser à l'avenir. Je regrette.

Sara
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Videos de Sonia Chiambretto (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sonia Chiambretto
Soirée Performance & Signature - Tu me loves ? de Marion Poussier et Sonia Chiambretto Jeudi 17 novembre - 19h La Fab. Place Jean-Michel Basquiat 75013 Paris
Performance : Conception artistique & texte : Sonia Chiambretto Assistant : Pierre Itzkovitch Avec : Sonia Chiambretto, Déborah Dozoul, Julien Masson et Lawrence Davis. Administration de production : Fanélie Honegger Production : Compagnie le Premier Episode Co-production : La Fab., Théâtre Ouvert, Actoral, Les chichas de la pensée.
Le livre - Tu me loves ? (Filigranes éditions) rassemble des photographies de Marion Poussier et un texte inédit de Sonia Chiambretto. Ce montage sans filtre exotique met en lumière la question de l'amour chez les jeunes vivant dans les cités HLM des quartiers périurbains d'une ville moyenne en France. Dans une grande pudeur, les photographies saisissent des regards de filles et de garçons qui se tissent les uns aux autres, laissant entrevoir des liens secrets. de ces visages emprunts de douceur jaillit une langue brute et poétique qui invente dans le hors-champ de l'image une géographie amoureuse où viennent s'entrechoquer des jeux de désirs et de dominations, de normes et de transgressions. https://www.filigranes.com/livre/tu-me-loves/
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