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3,85

sur 397 notes
Je dois être hermétique à Ted Chiang. J'ai tenu 3 nouvelles et j'ai arrêté les frais. C'est long, lent et difficilement compréhensible en tout cas pour moi.
Heureusement que j'ai vu le film de Denis Villeneuve (que j'ai beaucoup aimé) parce que sinon ma compréhension de la nouvelle dont est tiré le film aurait été proche de zéro.
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Ted Chiang développe dans huit nouvelles différents pans scientifiques dans un univers souvent de science-fiction où l'Homme cherche à accroître ses connaissances, au prix généralement de son bonheur...

Écrites entre 1990 et 2002, ces huit nouvelles ne se ressemblent pas tout en montrant d'innombrables similitudes, l'auteur utilisant beaucoup la science en toile de fond avec toutefois des champs d'application variés.
A l'exception de la première nouvelle La tour de Babylone (qui fait franchement penser à L'Alchimiste de Paolo Coelho, avec une belle fable joliment écrite qui montre comment l'homme ne peut s'empêcher d'être curieux, d'avoir cet esprit de conquête de l'inconnu, ce qui au final se retourne contre lui), ou de L'Enfer, quand Dieu n'est pas présent, presque toutes les autres sont archi-scientifiques.
Dans Comprends, on se retrouve avec deux personnages devenus surhommes grâce à un nouveau médicament. Mais à force de tout comprendre et tout percevoir, non seulement la paranoïa va s'installer mais en plus ils en voudront toujours plus, y compris le Pouvoir avec un grand P afin de "régler les problèmes du monde". Sachant que c'est ce que disent toujours les gens au début avant de goûter vraiment au privilège de décision ultime, Chiang critique vraisemblablement 1 : le besoin inexorable d'explorer l'inconnu et de repousser les limites, au risque de ne pas en être capable/digne ou que la Nature et/ou Dieu ne l'autorisent pas (concept similaire dans La Tour de Babylone) ; 2 : la conquête du pouvoir pervertit immanquablement les Hommes. Mais l'histoire est quand même longue pour ce qu'elle est, et la fin assez dure à appréhender et ridicule avec ces deux ennemis qui se livrent des batailles à la milliseconde.
La nouvelle Division par zéro développe tellement un concept et des citations mathématiques durs à suivre quand c'est pas ton rayon qu'on peut avoir beaucoup de mal à apprécier son contenu en tant que lecteur. Une femme qui tente de se suicider parce qu'elle vient de comprendre une équation dont personne jusque-là n'avait encore réellement compris les implications, ça paraît un peu extrême. Quand j'ai montré à Jules l'équation en question, vu que c'est son rayon à lui, il n'a pas du tout été subjugué, la connaissant d'ailleurs déjà, et a ajouté qu'elle n'avait rien de bien extraordinaire non plus. En outre, en tant que nouvelle, l'histoire finit encore en queue de poisson. Bof bof...
Puis on arrive enfin à L'histoire de ta vie, la nouvelle portée sur grand écran sous le titre Arrival (Premier Contact, Denis Villeuneuve, 2016), l'histoire qui a fait acheter à Jules ce bouquin pour sa p'tite femme parce qu'il pensait que c'était un roman et non un recueil de nouvelles. Comme les autres, celle-ci se base sur fond de science-fiction mais s'attarde plutôt sur la science linguistique, qui là est carrément mon rayon à moi. Alors forcément, j'ai trouvé ça beaucoup plus intéressant que le reste, mais il est fort probable que ça ennuie tous ceux qui ne connaissent rien à la linguistique, la grammaire ou la formation et l'apprentissage des langues en général. A ce sujet, c'est d'ailleurs une nouvelle très frappante dès le départ grâce à l'association inopinée des temps du passé et du futur dans une même phrase. On comprend passée la moitié que Louise voit l'avenir grâce à son apprentissage de l'Heptapod B, qui transcrit un moyen de compréhension du monde en simultané alors que les humains le font de manière chronologique. le résultat n'est pas aussi puissant que le film, pas aussi beau, mais la science développée est passionnante. Dans cette nouvelle, il est aussi question de la notion philosophique du libre arbitre : existe-t-il encore si on sait d'avance ce qui va nous arriver ?
Et après cet interlude de sciences-humaines, on retourne avec 72 lettres aux sciences dures avec la biologie et la médecine mélangées aux sciences sociales avec la démographie et l'esprit de survie. Cette histoire complètement aberrante développe l'idée que toute race a un nombre de réplication fini, ce qui signifie qu'à terme il y aura extinction. Et bien évidemment, il se trouve que le genre humain est en danger avec seulement une centaine d'années encore devant lui. Dans cette nouvelle, les scientifiques tentent d'inscrire sur des embryons qu'ils veulent faire pousser dans des matrices des précisions pour allonger la durée de vie et plus ou moins modifier le code génétique, précisions qui sont inscrites comme sur un Golem dans la religion juive. Honnêtement, c'est une histoire fourre-tout, avec des automates, une réinterprétation de la légende du rabbin Loew, des embryons "imprimés", des linguistes qui permutent et créent des nomenclatures, de la biologie fictive... Avec tout ça, on peut interpréter franchement ce qu'on a envie d'interpréter...
Après ça, je n'ai pas pu lire les trois dernières nouvelles, assez exaspérée par le style mais aussi les sujets. Dieu a souvent un rôle primordial dans une grande majorité de ces nouvelles, et les thèmes sont presque constamment les mêmes, assez vieux et répétitifs de nos jours, 20 à 30 ans plus tard. Ce qui est fort dommage, c'est que la toile de fond très scientifique ne soit pas forcément accessible à tous.
Dans mon édition en anglais, on trouve en fin d'ouvrage des notes de l'auteur sur l'origine de chacune de ces nouvelles. Si majoritairement ses idées sont bonnes et donnent des bases très intéressantes à ses histoires, Chiang nous montre aussi à quel point il est facile d'un peu tout mélanger, au point de terminer avec des histoires dignes de certains épisodes tirés par les cheveux, souvent ridicules et archi stéréotypés d'Au-delà du réel, le remake de 1995 de Twilight Zone. J'espère que vous aurez compris avec ça que ce n'est pas un compliment…
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Un recueil de nouvelles toutes plus brillantes les unes que les autres. Ted Chiang a un talent fou pour prendre une idée qui l'intéresse, l'examiner sous tous ses angles en la poussant jusqu'à l'extrême, de manière à la fois érudite et très accessible.

Que se passerait-il si on construisait une tour assez haute pour toucher le ciel et peut-être ainsi atteindre Dieu ?
Si on devenait surintelligent ?
Si les théories pré-scientifiques sur la création de la vie et l'animation de la matière s'étaient avérées vraies ?
Ou encore si les anges de Dieu venaient vraiment nous visiter, provoquant miracles et accidents au sens bien difficile à interpréter ?

Dans une écriture limpide, Ted Chiang propose des réponses intrigantes qui nous laissent dans l'amusement et la réflexion un bon moment après refermé le livre.

Ma nouvelle préférée est "L'histoire de ta vie", dont s'est inspiré le film "Arrival". C'est la plus SF du recueil puisqu'elle traite du premier contact avec des extraterrestres, mais elle aborde en fait surtout avec une grande profondeur la question de la langue et de la communication entre deux visions du monde totalement différentes. le tout, dans une construction magistrale qui se termine sur une note très émouvante.
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J'avais absolument adoré le film Premier contact et un collègue m'a demandé si j'avais lu la nouvelle dont le film s'est inspiré. Quand j'ai répondu que je ne savais même pas qu'une nouvelle en était à l'origine, ni une ni deux, je me suis retrouvée avec cette anthologie dans les mains et wow. Alors, les nouvelles sont très, très diverses. Dans les sujets qu'elles abordent mais aussi dans le style et les idées qui sont présentées. du coup, ça me semble impossible de chroniquer cette anthologie sans m'attarder sur chacun des textes.

« La tour de Babylone », nouvelle éponyme donc, présente un univers où tout un village a entamé le projet un peu fou, il y a des siècles de cela, de construire une tour qui atteigne la voûte céleste afin de pouvoir la percer et y découvrir ce que Jéhovah leur réserve derrière. Un travail acharné, et l'on suit des mineurs qui entament l'association de cette tour afin d'être au sommet lorsque cette dernière atteindra la voûte, où ils devront creuser pour aller encore plus loin. Ted Chiang parvient, avec ses descriptions détaillées du ressenti des personnages et de la situation, à nous transmettre l'immensité de ce projet, voire à nous donner le tournis ! La fin est toute aussi inattendue que renversante, de quoi vriller le cerveau.

« Comprends » s'intéresse à la surintelligence : en ramenant les personnes qui sont dans le coma, voire en arrêt cardiaque grâce à une nouvelle substance, les médecins se rendent compte que ces personnes – dont le narrateur fait partie – commencent à devenir de plus en plus intelligentes. Si le narrateur accepte d'être le cobaye d'expériences au début, il commence vite à s'ennuyer et à avoir des ambitions bien plus grandes.
Dès le début, on sent que ça ne va pas très bien se passer, l'auteur arrive à instaurer une ambiance très pesante, j'ai rapidement redouté ce qui allait passer par la tête du narrateur. Cette nouvelle est beaucoup plus « scientifique » que la première, dans le sens où il est question de chimie dans le cerveau, de calculs physiques et mathématiques hallucinants (qui m'ont perdu très rapidement, mais il n'est pas nécessaire de comprendre de quoi il s'agit pour apprécier l'histoire).

« Division par zéro » reste dans cette veine très « technique » puisqu'il est ici question de mathématiques. Enfin, pas seulement, mais on suit un couple dont la femme est une mathématicienne très réputée, et qui découvre un peu par hasard que toutes les mathématiques peuvent être remises en question. Cela aura une influence sur sa perception de la vie toute entière.

« L'histoire de ta vie » est la nouvelle qui a inspiré Premier contact ! On suit donc une linguiste recrutée par l'armée afin de communiquer avec les heptapodes, des extra-terrestres venus du jour au lendemain, sans qu'on ne sache pourquoi. Plus elle comprend leur langage écrit, plus sa perception du temps change, au point qu'elle parvienne à se souvenir du futur.
Cette histoire est plus centrée sur les personnages que les deux précédentes, un vrai plaisir à lire.

« Soixante-douze lettres » reprend le mythe du Golem de la religion hébraïque, dans laquelle chaque vie existe grâce à un mot qui donne du sens : c'est ainsi qu'on peut insuffler la vie à une statue d'argile. le personnage dont on suit l'histoire entend bien trouver le moyen d'utiliser des Golems pour en créer d'autres, ce qui ne lui attire pas que des amis puisque bien sûr, les humains qui font actuellement ce travail y perdraient beaucoup. Là-dessus s'ajoute une menace qui pèse sur l'humanité, et qui pourrait être contrée grâce à ses découvertes.
J'ai du mal à comprendre pourquoi je n'ai pas été emballée par cette nouvelle : les sujets m'intéressent complètement mais j'ai trouvé le traitement, l'écriture et l'intrigue très lourdes en descriptions, en fioritures qui rendent le tout plus confus que nécessaire. Dommage.

« L'évolution de la science humaine » est très courte, il s'agit d'un article scientifique imaginé à une période où des méta-humains auraient fait leur apparition sur Terre. Ces derniers auraient un système de compréhension et de communication de la recherche en science humaine drastiquement différent des simples écrits, ce qui rend la recherche inaccessible à toutes les personnes qui ne sont pas méta.
Il s'agit bien sûr d'un commentaire sur l'ère numérique où la recherche continue sous d'autres formes, des revues numériques aux bases de données. Mais je trouve la comparaison peu pertinente, puisqu'au contraire, la présence d'articles, livres, découvertes scientifiques (que ce soit en sciences humains ou techniques et médicales) en ligne permet au contraire un accès beaucoup plus « simple » pour mutualiser la recherche à travers le monde. Même si, effectivement, cela nécessite des maîtriser un minimum d'outils numériques…

« L'Enfer, quand Dieu n'est pas présent » suit le personnage de Neil Fisk dans un monde où, de temps en temps, des anges descendent sur Terre pour des « visitations » qui ont des conséquences diverses : certains connaissent des miracles, d'autres des malédictions ou simplement y trouvent la mort. Quand sa femme est témoin d'une de ces visitations la vie de Neil va changer et il va tout faire pour la rejoindre.
Le principe des anges qui se manifestent sur Terre et dont le pouvoir est si grand qu'il peut être mortel pour les humains, est très intéressant ! Il est rapidement fait mention d'anges déchus qui ne provoquent plus de visitations et pour lesquels j'aurai aimé en savoir plus, mais la nouvelle est déjà bien complète ainsi.

« Aimer ce que l'on voit : un documentaire » parle d'une invention, la calliagnosie. Cette dernière permet de ne plus « reconnaître » la beauté d'un visage : en effet, notre cerveau interprète les visages comme beaux ou laids et cela peut porter préjudices ou privilèges aux personnes. Pour effacer tout ça et lutter contre la discrimination, les publicités à outrance, la calliagnosie a été créée, elle permet de ne pas faire attention à la beauté ou la laideur des autres, ou de soi-même.
Tout l'intérêt de la nouvelle est dans les points de vue divers : celui d'une adolescente qui a vécu toute sa vie avec la calliagnosie et décide dès qu'elle le peut, à ses dix-huit ans, de l'arrêter ; celui de militants contre la calliagnosie (poussés par des lobbies de cosmétique ou autres) et également des gens qui s'y intéressent peu mais qui se retrouvent dans le débat qui anime le campus au sujet de la mise en place systématique ou non de la calliagnosie.

Dans cette édition, on trouve à la fin des commentaires de l'auteur sur chacune des nouvelles, ce que je trouve tout à fait précieux, et je pense qu'il est bienvenu de les placer à la fin, pour laisser les lecteur·rice·s libres dans leur découverte des textes, avec la possibilité d'en savoir plus ensuite.

Si vous aimez la science-fiction, nul doute qu'au moins une de ces nouvelles saura vous séduire =)
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Recueil de huit nouvelles multi primées (Nebula, Hugo, ...) d'un auteur à la plume rare.

Recueil que je qualifierai de Hard SF, mais sortant des sentiers battus. Pas d'IA, de singularité, de voyage supra-lumique, Ted Chiang nous invite au fil des textes dans les mathématiques, la linguistique, les sciences humaines et sociales. C'est de haut niveau, amenant à la réflexion.
Mais cela reste très théorique, pour exemple : "L'existence d'appareils basés sur la science métahumaine a engendré l'herméneutique orientée objet. On a d'abord tenté de décompiler ces appareils dans le but non de fabriquer des produits concurrents mais de saisir les principes physiques de leur fonctionnement. Technique la plus répandue, l'analyse cristallographique des nanodispositifs nous offre souvent des aperçus sur les processus de mécanosynthèse."
Tout n'est pas de cet acabit, bien que la majorité des textes restent techniques, à part les nouvelles "La Tour de Babylone", "Comprends" (qui m'a fait penser à Des fleurs pour Algernon) et dans une moindre mesure "Aimer ce que l'on voit" (ma préféré).

Il manque un côté « sense of wonder » dans ces nouvelles, un style assez froid qui a fait que j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser aux personnages et aux histoires
Certaines nouvelles sont empreintes de religiosité, et ce n'est pas mon sujet de prédilection.

Bref, l'auteur a du bagout, c'est bien écrit, mais je n'ai pas réussi à entrer dans les récits..
Mais si vous vous intéressez aux sujets précités et ne recherchez pas le divertissement, ce recueil pourra vous plaire.

Petit plus, le recueil se termine sur des notes de l'auteur, replaçant les nouvelles dans leur contexte de réalisation et leur but. Cela m'a grandement aidé.

Un film, Premier contact, va sortir à la fin de l'année, tiré de la nouvelle L'Histoire de ta vie

Lien : http://lechiencritique.blogs..
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4 - L'Histoire de ta vie (Story of Your Life) - trad. Pierre-Paul Durastanti

Louise Banks, linguiste réputée, est embauchée par le gouvernement (via les militaires) pour décrypter le langage des extra-terrestres qui viennent de débarquer sur Terre. Comment comprendre une langue à mille lieues de nos repères habituels, surtout quand on ne possède aucun modèle de référence ? Qu'attendent de l'Humanité ces êtres venus d'outre-espace ? Même si elle est aidée dans sa tâche par un physicien, le défi pour la linguiste est immense, mais tellement beau...

Si vous voulez une chronique plus complète sur cette novella, suivez le lien :
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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Il s'agit d'un recueil de nouvelles de l'excellent Ted Chiang.
Je dis excellent car il est arrivé à me faire apprécier cette science-fiction qui vous débite des termes incompréhensibles pour moi, des mots scientifiques que je ne saisis pas, et à me faire apprécier des histoires d'extra-terrestres sans Mulder ni même Scully !
Blague mise à part, les huit nouvelles ici rassemblées ont toutes un charme à leur manière, et je ne pourrais vous dire laquelle j'ai le plus appréciée.
Je ne sais pas si cela tient de l'écriture, de l'imagination, de la manière dont les choses sont amenées (un élément important dans le format de la nouvelle), de l'histoire elle-même, mais toutes ces nouvelles ont ce petit truc qui va vous les faire trotter dans votre tête. Et toutes vous font réfléchir.
Il est vrai qu'il est agréable de lire des histoires de pur divertissement, qui ne vous laissent rien dans le crâne et sont uniquement là pour vous faire passer un bon moment, mais c'est aussi agréable parfois de réfléchir sur notre condition, sur notre vie, sur le pourquoi on est là… sans trop se prendre la tête non plus aussi (je suis pas très douée pour la philo, Ys saura vous le confirmer ! ^_^). Bref, je vous conseille la lecture de ce recueil car vous y trouverez, c'est sûr, un intérêt pour vous. Que ce soit l'histoire de cette tour construite pour atteindre Dieu lui-même, ou l'histoire de ce logiciel qui vous empêche de voir la beauté et donc d'avoir des préjugés sur les autres, que ce soit ces extra-terrestres dont l'héroïne apprendra la langue ou ce type qui cherche à aimer Dieu pour mieux rejoindre sa défunte femme au paradis, voilà des voyages assurés vers un dépaysement total qui trouvera un écho en vous, quel qu'il soit !
Seul bémol, certaines nouvelles présentent quand même des éléments trop scientifiques pour moi qui ont ralenti ma lecture !
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Composé des 8 premiéres nouvelles de Ted Chiang, ce recueil me permet de découvrir l'auteur, et de me plonger dans son univers fascinant, fait d'idées géniales, qui semblent parfaitement adapté au format de la nouvelle. Alors, avant même de les détailler, je vous conseille de vous jeter sur ce livre si vous êtes à la recherche de quelque chose de surprenant !





01 - La tour de Babylone



A Babylone, La tour monte. La construction est presque achevée. Elle devrait permettre de creuser la voûte céleste et percer les secrets de Jéhovah !

Avec un texte d'une quarantaine de pages, l'auteur propose ici une histoire qui, sur de nombreux points, est assez abstraite, mais fort plaisante à lire tant elle semble receler de nombreux secrets. Et elle permet de découvrir une écriture pas forcément trés abordable, mais plaisante une fois acceptée !





02 - Comprends



Un homme a eu un grave accident qui l'a laissé dans un état grave. L'occasion pour que soit testé sur lui un traitement particulier le rendant plus intelligent. Rapidement, il se rend compte que cela fonctionne particulièrement bien sur lui et que le gouvernement va tenter de se servir de ses capacités. Alors il arrête le programme mais continue de trouver des doses à s'injecter...

Si on se pose constamment la question de savoir si cet homme n'en devient pas parano à force d'intelligence, la nouvelle s'avére savamment écrite et suffisamment intelligente pour convaincre !





03 - Division par zéro



Une femme met le doigt sur une théorie qu'elle parvient à démontrer et qui remet le sens même de la vie en question. En même temps, ce texte parle d'une obsession et d'une histoire d'amour, le tout dans des termes mathématiques. Un texte étonnant mais qui fonctionne asse bien, et se montre assez court.





04 - Histoire de ta vie



Adapté au cinéma par Denis Villeneuve sous le nom "Premier Contact", cette nouvelle est de grande qualité. Elle suit Louise, une femme qui va être contacté dans le cadre d'un premier contact avec une espéce extra-terrestre. Linguiste, elle va essayer de les comprendre. Et en même temps, elle nous conte l'histoire de sa fille. Et ce qui surprendra ceux qui n'ont pas vu le film (par ailleurs particulièrement bien adapté, avec les écarts nécessaires), c'es la façon dont cette partie est raconté. "Je me souviens de ce que tu feras". Il semble y avoir un problème de concordances des temps, mais tout s'explique dans la nouvelle. Et au final, on a à la fois une nouvelle "scientifique" (l'aspect linguistique) et une belle histoire sur les sentiments, sur l'amour. Une magnifique nouvelle !





05 - Soixante-douze lettres



Une nouvelle fois, il y un aspect scientifique poussé dans cette nouvelle, mais aussi un intérêt certain pour la religion. Ici, un homme créé des "noms" qui permettent de faire fonctionner des automates. Une chose classique mais ses noms attirent l'attention des grandes sociétés du milieu. En effet, les dernières études ont montrés que l'espèce humaine s'éteindrait sous plus ou moins 5 générations. Alors comment empêcher cette stérilité à venir ?

Et de là une histoire tout à fait crédible et assez fascinante qui traite avec justesse de politiques, de social, de sciences, et de religions. le résultat est une fois de plus excellent !





06 - L'évolution de la science humaine



Pour le coup, cette trés courte nouvelle (à peine 3 pages !) ne m'a pas totalement convaincu. Tel un article de journal fictif, on trouve ici un retour sur ce qui a mené à une science "métahumaine". J'ai un peu de mal à comprendre le but de tout cela. L'auteur précise cependant l'avoir écrit pour un journal, ce qui expliquer pas mal de chose.





07 - L'enfer, quand Dieu n'est pas présent !



La femme de Neil est morte lors d'une visitation. C'est à dire quand un ange s'est rendu sur Terre. Ces visitations soignent, mais causent également du tort. Et si certain décident de prendre chaque événement, même négatif, comme un signe positif de Dieu, Neil n'y parvient pas.

Une nouvelle fois, la religion est au coeur de cette nouvelle bien écrite et qui questionne sur le principe même de foi, et tout ce qu'on peut attribuer au divin !





08 - Aimer ce que l'on voit : un documentaire



Dans un futur probablement proche, il existe un nouveau procédé : la calliagnosie. Constatant que les gens considéré comme "laid" ont moins de chances dans la vie, ce procédé empêche qui que ce soit l'utilisant de juger l'aspect esthétique du visage d'une personne. Présentée à la maniére d'une suite d'entretien, cette nouvelle aborde alors tout le côté, à la fois éthique, mais aussi morale, de ce procédé, et les réactions que cela pourrait entrainer. Une nouvelle fois, c'est passionnant et fascinant !
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La tour de Babylone est un recueil de nouvelles de science-fiction, dans lesquelles le mot science prend vraiment toute sa signification. Maitrisant parfaitement ses sujets, Ted Chiang pousse à l'extrême les mathématiques, la biologie, la génétique, l'informatique, la linguistique, et bien d'autres domaines encore, comme la religion, dans des scénarios plus étonnants les uns que les autres, pour le plus grand plaisir du lecteur (du mien en tous cas !).

La tour de Babylone, c'est également le titre de la première de ces nouvelles, l'une de mes préférées. Une belle entrée en matière avec l'histoire de ce mineur qui passe des années à monter en haut d'une tour d'une hauteur inimaginable, afin de creuser la voûte du ciel et permettre ainsi d'élever la tour jusqu'à leur Dieu, nommé Jéhovah. Un vrai coup de coeur. Mais toutes ces nouvelles ont leur propre personnalité, leur propre charme, et j'ai été complètement absorbée par leur lecture. le plus effrayant étant que la science évolue de telle manière de nos jours, qu'on peut sans peine imaginer que tout ceci ne sera plus de la fiction dans un avenir plus ou moins proche... Et c'est effrayant !

Alors certes on souhaiterait que l'auteur soit plus prolixe et nous écrive un peu plus que 8 nouvelles en 11 ans, mais on lui pardonne très facilement ce léger défaut quand on voit à quel point ces nouvelles sont abouties, étonnantes et passionnantes, voire visionnaires. Merci Ted Chiang !
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Ma rencontre avec Ted Chiang s'est d'abord faite au cinéma, par le biais de l'adaptation de l'une de ses nouvelles ; adaptation qui deviendra l'un de mes plus gros coups de coeur SF au cinéma ces dernières années. Il fallait donc que je m'intéresse de plus près aux textes de Ted Chiang, et c'est désormais chose faite.

Pour les profanes, Ted Chiang est informaticien, et nouvelliste SF à ses heures perdues. Si l'on peut difficilement le qualifier de prolifique - moins d'une vingtaine de nouvelles en trente ans et… c'est tout ! -, le bonhomme est tout de même parvenu durant sa carrière à remporter presque plus de trophées que n'a eu de vies Billie Milligan (et c'est vraiment beaucoup).

L'ensemble de ses 17 premières nouvelles a été publié dans deux recueils : La Tour de Babylone - auquel nous nous intéressons aujourd'hui-, en 2002, et Expiration, en 2019. Autant clarifier tout de suite : on est ici dans ce qu'on appelle de la "hard-SF", c'est-à-dire une science-fiction plausible, documentée, qui propose une exploration des potentialités souvent passionnante, mais écrite avec à peu près autant d'émotions qu'une thèse de 857 pages sur la cohomologie quantique. Sentimentaux, passez votre chemin ! Encore que…

Si l'on décide de prendre un peu de hauteur, derrière l'aspect scientifique parfois dense (le mot est faible) de ses nouvelles, on sent poindre les obsessions de Chiang pour des thématiques foncièrement humaines : le libre arbitre et le rapport de l'humain aux intelligences artificielles.

Son premier recueil s'ouvre sur La Tour de Babylone (1990), joli conte philosophique dans lequel on peut s'interroger sur le sens de la vie. L'aspect scientifique est - pour une fois - en retrait, et la plume se fait presque poétique, rendant cette introduction à l'univers de Chiang très agréable à lire.

La nouvelle suivante, Comprends (1991), avec l'histoire d'un homme qui reçoit un traitement expérimental permettant de décupler ses capacités intellectuelles, évoque Des Fleurs pour Algernon. Mais là où le chef-d'oeuvre de Daniel Keyes est une merveille d'écriture, véhiculant énormément d'émotions, la nouvelle de Chiang, plus froide, essaie d'explorer les choix offerts à ceux qui se verraient dotés d'un potentiel intellectuel hors normes. Moins émouvant mais brillant et absolument passionnant.

Dans la troisième nouvelle, Division par zéro (1991), Chiang nous présente une mathématicienne dont les conclusions l'amènent à remettre en cause les fondements des mathématiques… et donc de sa vie. Encore là, on effleure le grand texte, simplement limité par cette écriture toujours trop froide pour s'attacher à ce personnage dont toutes les croyances volent en éclat.

Arrive ensuite le chef-d'oeuvre de ce recueil. Enfin… ce qui aurait dû être le chef-d'oeuvre du recueil, avec une plume plus humaine. Dans L'histoire de ta vie (1998), une linguiste, en entrant au contact d'une intelligence extraterrestre, découvre une nouvelle forme de langage qui chamboule totalement sa perception de la langue et du temps. La question posée ici est bouleversante, mais passe légèrement au second plan face aux interrogations scientifiques de Chiang. Un grand texte, néanmoins, sublimé par un immense film (coeur sur toi, Denis Villeneuve)

Soixante-douze lettres (2000) nous propose une réflexion à la fois scientifique et religieuse passionnante quoique peut-être un peu simpliste - étonnamment - quant à son approche sociétale.

Après un très court et anecdotique L'évolution de la science humaine (2000), l'avant dernière nouvelle - L'enfer, quand Dieu n'est pas présent (2002) - embrasse pleinement la question religieuse et interpelle sur la foi et le poids des croyances dans la vie des pratiquants (ou non).

Enfin, le recueil se termine par Aimer ce que l'on voit : un documentaire (2002), très chouette exploration de la question du paraître et des implications d'une technologie qui permettrait d'inhiber la perception de la beauté. Plus abordable scientifiquement, cette dernière nouvelle offre une conclusion formidable à un premier recueil aussi hétéroclite qu'exigeant.

Ted Chiang est fait pour toi si… tu aimes les maths, les ordinateurs, les robots, la physique quantique et les équations différentielles stochastiques. Un peu moins si tu es plus câblé "empathie et sentiments", encore que l'auteur a tendance à s'humaniser au fil des ans. Au final, ne pas lire Ted Chiang, ce serait surtout passer à côté de réflexions qui, si la forme peut parfois rebuter, sont toutes absolument passionnantes.

J'ai aimé :

- Certaines idées de génie

- Certaines nouvelles proches du chef-d'oeuvre

- de vraies réflexions scientifiques, éthiques et sociales, avec les questions du libre arbitre et du rapport de l'humain à la science en fil conducteurs.

J'ai moins aimé :

- Une écriture souvent très froide qui peut rebuter

- L'aspect scientifique qui prend parfois trop le pas sur les émotions
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