La couverture annonce d'emblée LE phénomène coréen à grands renforts de lettres capitales, elle étale les chiffres de ventes vertigineux tout en se vantant des nombreuses traductions… Cette accroche agressive a tendance à me faire fuir d'habitude, c'est d'ailleurs pour cela que je ne l'ai d'abord pas pris dans le catalogue NetGalley. Puis, en le voyant apprécié par de nombreux blogueurs et blogueuses, je me suis finalement laissée tenter par ce titre car il aborde un sujet qui me tient à coeur : la condition féminine.
J'étais d'autant plus intriguée que le roman se passe en Corée du Sud, patrie de l'autrice et de la narratrice. Cette dernière, Kim Jiyoung, est frappée par une curieuse maladie dans l'introduction puis l'autrice nous ramène à son enfance dans les années 80 avant de nous raconter toute la vie de cette coréenne écrasée par une société encore très patriarcale. Ainsi, le roman est divisé en six parties qui sont autant de tranches de vie de Kim Jiyoung, comme des instantanés de la condition des femmes en Corée du Sud hier et aujourd'hui. Si, comme moi, vous ne connaissez pas grand-chose du Pays du matin calme, vous allez être surpris à mon avis. Je ne me doutais pas d'une société coréenne aussi traditionnelle, je voyais ce pays assez ouvert, assez en avance sur la question des droits des femmes. Force est de constater que je me trompais et que les expériences de cette coréenne résonneront pour toutes les autres femmes. Ce roman a une terrible portée universelle, malheureusement !
Par exemple, le renoncement de Kim Jiyoung à son travail au profit de son enfant qui vient de naître est un exemple du livre auquel de nombreuses femmes de nos sociétés occidentales pourront facilement s'identifier. Tout au long du livre, de nombreuses situations vécues par Kim dans sa vie personnelle mais, surtout, dans les cadres scolaire et professionnel nous font bondir et mettent en exergue la puissance du patriarcat en Corée du Sud. Des années 80 à aujourd'hui, malgré quelques évolutions en termes d'opportunités de carrière et d'éducation, rien n'a vraiment changé pour les femmes concernant la répartition des tâches ménagères, la charge mentale, le plafond de verre ou encore le sexisme ordinaire et le harcèlement.
Tout cela, ce roman le met très bien en lumière, si bien que tout le monde devrait le lire : hommes ou femmes. En revanche, on n'ouvre pas ce livre pour le style, il ne s'affiche d'ailleurs pas comme un objet littéraire. En fait, ce livre est à mi-chemin entre le roman et le récit journalistique, il oscille en permanence entre fiction assumée et compte-rendu de données objectives. Loin de nous assommer de chiffres, l'autrice appuie toutefois ses propos par des statistiques intégrées au roman, nous livrant ainsi une véritable enquête documentée. Cela nous fait réfléchir et finalement, l'intrigue fictionnelle est reléguée au second plan. le ton neutre et détaché sans recherche de style littéraire propre colle donc parfaitement à la forme de cet ouvrage.
Alors que ce texte féministe est imprégné de la culture coréenne et évoque des événements propres au pays, la voix de Kim Jiyoung a une résonance universelle pour toutes les femmes, peu importe leur condition. Nous pouvons toutes au moins nous identifier à elle à un moment de son histoire, de ses épreuves. Chacune se reconnaîtra dans son envie de faire écouter sa voix, de s'affirmer dans une société dominée par la tradition, dans son combat pour s'épanouir dans son travail et surtout, dans son envie de réaliser ses rêves ! On ne le lit pas pour son style mais pour la façon de dénoncer ces petites et grandes oppressions. À mettre entre toutes les mains !
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