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4,05

sur 375 notes
Une histoire émouvante portée par une belle écriture.
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un homme décide de revenir dans son village après le désastre. il s'est fixé comme but de récupérer une porte (je n'en dirais pas plus..) il va retrouver des anciens qui comme lui ont du fuir leur habitation. Ils se souviennent, se racontent. l'écriture est juste, belle, elle touche directe au coeur. la maladie, la mort mais aussi, des gestes simples, des regards, des silences, le texte renvoie par petites touches sensibles et pudiques à la solidarité des êtres touchés par le même mal. La mort plane à chaque page comme un nuage trop proche, trop bas. peut être faut il de telles catastrophes pour mieux faire ressortir les sentiments simples et forts qui nous unissent, malgré tout.
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Revenir pour les lieux d'un drame sans fanfare ni tambour, juste pour y accomplir ce qui doit être fait, revoir des amis, laisser la place au silence pour mieux communier avec eux que la catastrophe a laissés sur le bord de la route. Tel est l'objet de cet aller et retour qu'un homme va effectuer entre Kiev, la ville où il vit et travaille, et ce qui reste de la zone de la centrale nucléaire de Tchernobyl : une ville fantôme.
Je n'avais pas été séduite par le précédent opus d'Antoine Choplin. Celui-ci m'a enveloppée. Pourquoi ? J'ai du mal avec la lenteur, et le caractère contemplatif en littérature, en temps ordinaire. C'est que peut-être ce livre –là n'est pas tout à fait ordinaire…
Les silences en disent long ; l'écriture est simple en apparence, mais dans la sobriété se cache la richesse de ces populations sacrifiées, le martyre ce ces territoires détruits à vie.

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Encore une fois je suis tombée sous le charme d'Antoine Choplin !

J'ai découvert cet auteur avec le héron de Guernica, qui m'a bouleversée, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le retrouver avec La nuit tombée. Ce qui est d'autant plus étrange que je n'aime pas les livres où il ne se passe pas grand-chose, et ici, je dois admettre que c'est le cas ! Pas d'action et pourtant tout est intense : les sentiments, les ressentis, les émotions, les mots choisis !

Gouri retourne à Chevtchenko après le drame de Tchernobyl. Sur la route, il s'arrête faire une halte à Pripiat, chez Iakov et Vera, des amis qu'il n'a pas revus depuis deux ans. Tout survit à cet endroit où l'explosion de la centrale a tout dévasté, autant la nature que les hommes. Iakov est d'ailleurs très malade. Autour d'un repas, tous se remémorent les souvenirs d'avant le drame. Les amis et connaissances sont présents, la vodka coule à flot. La nuit et l'alcool les aident à se parler, à se raconter. A la nuit tombée, Gouri prendra la route, car il doit récupérer quelque chose à Chevtchenko, et ainsi tenir la promesse faite à sa fille. Mais il reviendra car c'est un homme de parole et il se doit d'exaucer une des dernières volontés de Iakov.

Ce roman est rempli d'humanité, de pudeur et d'amitié. L'écriture est fidèle à celle que l'on retrouve dans le héron de Guernica : Les silences sont lourds de sens. C'est un beau roman, particulier certes, mais tellement humain…

Lien : http://leslivresdagathe.over..
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Il y a des écrivains qui crient et d'autres qui chuchotent. Ceux-là seraient bien capables de se taire, s'ils pouvaient. Mais la littérature muette n'existe pas. Antoine Choplin est de cette race d'auteurs, jamais un mot plus haut que l'autre, des non-dits et des pudeurs qui expriment le fleur de peau et la souffrance. Un certain fatalisme, aussi. La nuit tombée parle de Tchernobyl sans jamais le nommer. Et de la zone interdite, fascinant no man's land où pourtant certains s'introduisent en douce comme des contrebandiers du souvenir. La nuit tombée, court roman, ne comporte que deux scènes principales : une soirée entre amis, à la lisière de la zone, où la vodka ravive la mémoire, et le retour d'un homme, accompagné d'un acolyte, dans le périmètre contaminé pour "voler" un objet qui lui est cher. Moins immédiatement séduisant que le héron de Guernica, plus gris, La nuit tombée tient par l'écriture économe et sobre de Choplin. Dans un monde qui survit à peine, il reste encore de la place pour les sentiments, pour un brin d'humanité et une rasade de fraternité.
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Il y a eu la vie à Tchernobyl.

«Après les derniers faubourgs de Kiev, Gouri s'est arrêté sur le bas-côté de la route pour vérifier l'attache de la remorque.»

Gouri part en moto vers la zone. La zone interdite de Tchernobyl.
Gouri est un ancien «volontaire» pour nettoyer le réacteur N°4 de la centrale.
«C'était tôt le matin, deux camions militaires sont arrivés ici au village. Une huitaine de gars sont descendus et le chef a pris la parole pour dire qu'ils recrutaient des hommes pour nettoyer la zone. Que s'engager pour ce travail, c'était ni plus ni moins faire son devoir de citoyen.» Ce seront les liquidateurs.

Ecrivain public à Kiev, il revient sur les lieux deux ans plus tard.
Il veut récupérer la porte de la chambre de sa fille.
«Il y a pas mal d'inscriptions dessus. Des choses que nous avions écrites ou dessinées, Ksenia et moi. Un peu de poésie, des mots comme ça.». Et les marques de la taille de Ksenia, à douze ans, à treize et demi, quatorze.
Gouri, sa femme et sa fille habitaient à Priapiat, près du square Pouchkine, pas loin de la centrale.
Aujourd'hui c'est une ville fantôme où dans les jardins brillent des taches violacées de césium, une sorte de jus qui suinte de partout et sombrent des oiseaux aveugles.

Sur son chemin il va rencontrer des survivants. Ils vont raconter, se raconter la catastrophe. Ils vont chanter, au son de l'accordéon, ivres de vodka et de souvenirs le temps…d'avant l'événement.
Véra, Piotr, Pavel, Ivan, Leonti, Kousma, Vassili, Svetlana et les autres.
Et Iakov qui se meurt.
«Le visage est méconnaissable. Il a perdu ses cheveux et la peau du crâne est diaphane. Laissant voir en plusieurs endroits l'épaisse saillie des veines. L'un de ses yeux est presque fermé, comme celui d'un boxeur après un combat. Les joues sont creuses, les lèvres curieusement retroussées, les mâchoires crispées.»

Son précédent livre «Le héron de Guernica» m'avait enchanté.
L'histoire de Basilio, un jeune peintre autodidacte qui peint les hérons cendrés des marais de Guernica. La guerre d'Espagne, Picasso…
Toujours tout en retenue, écrivain économe, pudique, presque magique mais tellement généreux avec le lecteur.
Cette nuit tombée m'a séduit.
L'écriture de Choplin, teintée d'atticisme, jette comme un sort sur le lecteur.
Il nous charme avec ses mots légers, ses courtes phrases lestées d'adjectifs trop qualificatifs.
L'ombre des mots, discrète, à peine visible, invisible presque, déborde d'émotions, nous arrache des larmes, nous prend aux tripes.
L'ombre du drame nous tient le fil à la page.
Merci Monsieur Choplin.

«Sans bon sentiment, l'on ne fait que mauvaise littérature.» écrivait Gide.

«Je suis allé plusieurs fois sur le toit avec lui. Il voulait toujours mettre un ou deux coups de pelle de plus que les autres. Il dépassait les quarante secondes à chaque coup.»

Tchernobyl, 25 ans après : de 25 000 à 125 000 morts et plus de 200 000 invalides, et pour les populations exposées à la contamination un bilan qui sera selon les estimations de 14 000 à plus de 985 000 morts à travers le monde.

Mais ce livre vous en dira beaucoup plus que ces chiffres…
C'est le pouvoir de la littérature.
Lien : http://lesangnoir.wordpress...
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Un homme, Goury veut retourner seul sur sa moto dans la zone interdite autour de Tchernobyl ! Ce voyage, deux ans après les événements, encore interdit par les autorités est l'occasion de retrouver ceux qui sont restés sur place et  d'évoquer  le drame, le désastre humain et de la nature. Goury qui semble un des seuls qui ait travaillé au nettoyage de la zone et à en être sorti indemne veut retourner dans son ancien appartement pour rechercher quelque chose...

Ce livre sombre, à l'écriture très sobre mais percutante est particulièrement bouleversant d'humanité et d'angoisse. Cette écriture évoque des images fortes que l'on ne peut oublier ...
Lien : http://bibliothequedechalipe..
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«La lumière est douce, tamisée par les bois de bouleaux et de résineux qui encadrent la route. Un semblant de voile, moins qu'une brume, paraît ainsi jeté sur le paysage, et on peut en distinguer le grain dans l'air. Il est plus de quatre heures, il ne tardera pas à faire froid.»

Gouri devenu écrivain public à Kiev où il vit avec Teresa sa femme et leur fille Ksenia, s'achemine vers la zone interdite autour de la centrale de Tchernobyl au volant de sa moto à laquelle est accrochée une remorque. Il veut retourner à Pripiat, là où il vivait avec sa famille avant la catastrophe.
Il s'arrête en soirée, chez Eva et Iakov à Chevtchenko, village contaminé et déserté proche de la zone interdite. Deux ans se sont écoulés depuis son départ. «On dirait que rien n'a changé ici» Et pourtant ici règne le silence, les maisons sont abandonnées et d'étranges phénomènes ont lieu mais il est vrai que les rares habitants qui continuent à y vivre le font dans un climat d'irréalité. Les souvenirs d'un temps révolus remontent et la vie se poursuit malgré les risques. Ils ne peuvent pas se faire à l'idée que leur monde soit devenu interdit. Ceux qui ont été contraints au départ ont du mal à l'admettre.

Désespoir ou élégance ? Gouri se pose la question et la pose à ceux qui l'écoutent réunis autour de lui chez Iakov, lui qui a composé un poème par jour depuis la catastrophe..... «Quelques mots chaque jour, oui un poème si on veut, comme un petit crachat de ma salive à moi dans le grand feu. Et ce sera comme ça tous les jours que Dieu me donnera.» :

« La bête n'a pas d'odeur

Et ses griffes muettes zèbrent l'inconnu de nos ventres

D'entre ses mâchoires de guivre

Jaillissent des hurlements

Des venins de silence

Qui s'élancent vers les étoiles

Et ouvrent des plaies dans le noir des nuits

Nous voilà pareils à la ramure des arbres

Dignes et ne bruissant qu'à peine

Transpercés pourtant de mille épées

A la secrète incandescence.»

Un texte intense qui touche car même au milieu d'un monde contaminé, ce petit groupe d'hommes et de femmes reste digne et maintient la vie qui continue à palpiter comme cette bougie tremblotante à la fenêtre de la chambre de Iakov qui accueille Gouri au retour de son expédition à Priapat. Un texte plein d'humanité, à la beauté fragile et tragique.
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