AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Nord-Est (17)

Toi, Tayna, on dirait que pour ce qui est de soigner les blessures, tu sais t'y prendre, dit Garri.
Ça dépend.
T'aurais pas appris à faire le médecin, au moins ? demande Garri.
Non. J'ai seulement aidé à accoucher des femmes. Et c'était il y a bien longtemps.
C'est déjà ça, dit Emmet.
Alors c'était ton métier, avant ? demande Garri.
Disons que je commençais juste à l'apprendre. Mais je travaillais aussi avec mon frère et ça aussi, ça me prenait du temps. Il avait une imprimerie à lui.
Sûr que c'est pas la même chose, fait Garri.
Il y a des jours où je mettais des enfants au monde, et d'autres fois, c'étaient des livres, dit Tanya avec légèreté.
Ah, c'est drôlement bien de mettre des choses au monde, lance Emmet.
Commenter  J’apprécie          70
Il finit par faire volte-face et remonte vers la brèche. Dans le sens de la montée, en l’absence d’appuis stables, son allure est laborieuse et les cailloux continuent à dégringoler.
Il les rejoint enfin, reprend son souffle.
Il y a un pierrier qui démarre là, juste dessous, il dit. Un sacré morceau. D’un seul tenant jusqu’en bas, on dirait.
Il souffle encore.
C’est raide, mais on doit pouvoir descendre dedans. Le remonter, ce serait même pas la peine d’y penser. Mais le descendre, ça doit pouvoir se faire. La taille et le grain des cailloux paraissent bons.
De toute façon, y’a pas d’autre possibilité, il ajoute après un instant. Et les plaines, ça dit quoi ?
Bof, fait Jamarr.
Commenter  J’apprécie          180
Garri attrape la lampe qu’il a gardée à portée de main. Emmett a saisi le petit carnet de Saul et l’a ouvert sur ses cuisses. Il dirige dessus le faisceau puissant de la lampe.

Poème pour la femme à moitié effacée, commence Emmett d’une voix forte. T’entends ça, Jamarr ?
Silence ;
Il poursuit, sur le même ton.

Poème pour la femme à moitié effacée
J’aimerais que mon poème s’efface aussi bien que cette femme sur la photo
En laissant derrière lui la lumière fossile d’une tempe claire,
L’ondulé d’une chevelure pareille à celle d’une comète, Le grain deviné d’une peau diaphane,
L’étincelle toute proche d’un regard absent, La saillie d’un visage en creux,
En somme, la palpitation invincible de ce que l’on pourrait croire à jamais vaincu.

Emmett s’est tu. Ses doigts caressent le carnet de Saul.
T’entends ça, Jamarr ? il crie d’une voix pour passer au-delà de l’émotion qui l’étrangle un peu. Hein, t’entends ça ?

Tayna pose à son tour la main sur le carnet de Saul.

Ses doigts effleurent ceux d’Emmett. T’as bien fait de lire ça, elle dit. Sacré Saul, murmure Garri.
Commenter  J’apprécie          132
Le haut du dos à l'abandon contre son sac, bras repliés derrière la nuque, il observe le ciel pur. D'abord avec nonchalance, dans l’inconscience des scintillements innombrables. Puis, avec une acuité nouvelle, et grandissante.
Contre cette multitude affolante, ses pensées ricochent.
Croisant peut-être, à l’instant même, celles d'Emmett, solidaires de son regard écarquillé tendu vers les étoiles. Celle du vieux cheval, et qu'il sait désormais retrouver sans peine. Celles aussi qu'il s'est choisies pour se souvenir mieux des cœurs qui ont battu aux côtés du sien , et qui ont compté pour lui.
Commenter  J’apprécie          61
L’océan des nuages est un sang visqueux et pâle écoulé partout dans les veines du paysage. Il vient échouer, deux ou trois cent mètres en dessous, sur le rempart tortueux formé par les parois et couvre les basses vallées. Au loin, d’autres montagnes pointent, comme les saillies d’un archipel. L’air est immobile. Le froid nocturne se dissipe déjà et, depuis le givre matinal de la veille, c’est une saison entière qui semble avoir passé.
Au-dessus du couvert des brumes, le ciel est pur et clair. Les oiseaux d’altitude, accenteurs, traquets motteux, merles de roche, se tiennent aux aguets d’une lumière plus franche qui gonflera bientôt leur chant.
Commenter  J’apprécie          40
La lumière de l'aube franchit à peine le seuil étroit de l'abri en pierre.
A l'intérieur, les objets et les visages demeurent indistincts. Tenus encore par un demi-sommeil, les corps étendus commencent à s'ébrouer, avec mesure, sans vouloir renoncer tout à fait à l'engourdissement confortable arraché sur le tard à la cohorte interminable des heures nocturnes.
Dehors, des écoulements en goutte-à-goutte percutent des surfaces variées, terre mouillée, minéral, pièces de bois ou de métal, renvoyant des sons de toutes sortes, entrelaçant leurs figures rythmiques.
Il a cessé de pleuvoir.
Commenter  J’apprécie          30
Même en descente, cette marche leur pose un effort physique qui finit par user les muscles autant que les nerfs. À force d’arracher leurs pas à cette mêlasse minérale, les cuisses deviennent brûlantes. Les cailloux se glissent dans leurs souliers et suscitent, par instants, des douleurs vives. (page 175)
Commenter  J’apprécie          220
C’est une figure simple et élégante. Un carré enfermant un cercle dans lequel s’inscrit un triangle équilatéral. Dans l’angle inférieur gauche du carré est gravé un M majuscule. (page 171)
Commenter  J’apprécie          170
Je me demande ce que ça peut bien signifier, tous ces dessins gravés, dit Tayna.
On saura sans doute jamais, dit Ruslan. On peut seulement imaginer. C’est donc ça. (page 101)
Commenter  J’apprécie          220
La pente se redresse. Les pins se raréfient ; ils se rabougrissent aussi, leurs formes torturées témoignent de la rudesse des conditions durant la saison froide. Un peu plus haut, le végétal abandonne ses ultimes bastions et le décor devient minéral, si ce n’est quelques coussins d’androsaces nichés encore ici et là, entre les pierres. (page 88)
Commenter  J’apprécie          254






    Lecteurs (107) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3663 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}