Réussite totale pour cette BD (ou presque).
Un petit village à l'extrême de la Bretagne, sur lequel des promoteurs on jeté leurs filets et en face une poignée de bretons bien décidés à garder leur cadre de vie millénaire. La solution est quelque peu ..."facile" et peu "crédible", même pour un récit fantastique.
Qu'importe, puisque "ça marche" !
De nouveau un scénario qui tient la route : des personnages, des dialogues percutants et rugueux, chargés de sueur, de connivence pour ces paysans de la terre et de la mer, et emprunts de mépris et d'auto-satisfaction des investisseurs en croisière.
Le sujet c'est bien la protection du littoral, or en 1976 la loi n'était pas encore parue et donc il fallait lutter. Et le Château de Thoiry avec l'implantation d'un zoo dans son parc en 1968 a dû inspiré
Pierre Christin.
Scénario alliant finement le passé, au présent et au futur. le passé par les traces de la vie des aieux depuis les pierres dressées, en passant par le château fort, toujours sentinelle du port construit à ses pieds et aux pieds des vagues, le passé dont les valeurs sont transmises par les légendes, les fêtes traditionnelles, contes si bien assimilés que les personnages fabuleux font partie de la famille. le présent qui va obliger à reprendre un combat qui ne dit pas son nom pour assurer la continuté de cette histoire millénaire jusqu'au futur, qui va faire se redresser eux qui ne veulent pas abdiquer leur autonomie, leur mode de vie face aux pouvoirs financiers et politique.
Petite musique nostalgique que nous entendons en voyant nos villes, nos campagnes se modifiéer pour devenir plus attirantes pour ls touristes que nous sommes aussi par moment, crainte et angoisse de perdre nos caractéristiques patrimoniales.
Le dessin d'
Enki Bilal est maîtrisé : avec un trait simple, quelques hachûres, quelques cercles esquissés, il fait naître des visages bien identifiés, des postures, un mouvement, la rugosité d'une pierre, le froid d'un métal rouillé. de nouveau les paysages ont de la profondeur. Complètement mis en lumière par le coloriste
Dan Brown. Belle palette de gris bleu, de verts délicats, d'ocre doux déchirés par le jaune criard des engins de chantier. Grâce à ce subtil accord entre dessin et couleur, le lectuer ressent le brouillard qui égare la vue, insinue son humidité sous les vêtements et donne envie de se regrouper autour d'un verre ou de profiter d'un rayon de soleil sur la lande.