Nous vivons tous dans des vérités locales. Tout ce que nous pensons est de circonstance. Le prétexte définit non seulement la nature de la pensée mais aussi celle du monde ; sans doute d’abord celle du monde.
En faisant de la souffrance une vocation, les saints ont écarté d’emblée la tragédie, de sorte qu’on peut seulement les dire grands, et médiocres.
Nourries de tant d’amours inaccomplies, pour mieux soutenir notre élan vers d’autres mondes et d’autres éternités, comme nos solitudes sont fortes !
Il n'y a aucune raison de ne pas être triste. La tristesse est liée à la nature, de telle sorte qu'elle précède l'homme.
Parmi ceux qui refusent la vie et ne peuvent l’aimer, tous l’ont aimée un jour ou ont voulu l’aimer.
Ce qui me distingue des autres : moi, je suis mort d’innombrables fois, quand eux ne l’ont jamais été.
Pourquoi faudrait-il aimer l’homme qui marche dans la vie d’un pas ferme ? A-t-il besoin de notre amour ? Plus il y a d’hommes satisfaits de leur condition sur terre, plus ma quantité d’amour diminue.
Chaque fois que les limites du cœur dépassent celles du monde, nous entrons dans la mort par un excès de vie.
Une pierre, une fleur, un ver sont bien plus que toute la pensée humaine. Les idées n’ont fait ni ne feront jamais rien naître, pas même un atome. […] Il aurait fallu que les idées soient enceintes, fatales et vibrantes ; qu’elles mettent au monde, qu’elles menacent et qu’elles tremblent.
D’où vient la profondeur de l’amour si ce n’est de la négation de la connaissance ? Ce qui est plat dans la connaissance devient absolu en amour.