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3,38

sur 166 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un livre très court, noir , pessimiste, fulgurant, lu d'une traite.
Il conte le dégoût d'un homme blessé, au bord de l'effondrement, qui refuse avec force de léguer à sa petite fille âgée de vingt- et un mois, un monde qu'il juge déshumanisé !

Le narrateur, jeune veuf, " psychologue "dans un hôpital est en fait baptisé du nom de "hyène " , surnom donné dans le petit cercle où il exerce ........
En fait , il est chargé , avec un collègue qui ne brille pas par sa finesse, d'annoncer aux familles la mort d'un proche lors d'un accident et d'obtenir leur accord : "une demande particulière " afin de prélever sur leurs corps de multiples organes nécessaires à la vie d'autres personnes ........
Il déteste ce nom qui lui fait mal jour et nuit.
Son métier le dégoûte ainsi que la bêtise et la haine de son collègue, la vulgarité et la superficialité de ses contemporains.
Il porte un regard sans complaisance sur les lâchetés et les impostures de cette société , son indifférence glacée.
Bouleversé par l'attitude d'une mére qui vient d'apprendre la mort de sa fille , il comprend peu à peu qu'il ne peut abandonner son enfant , fragile et innocent .Tout au long , diatribe ironique et désabusée, le lecteur retiendra les dernières phrases d'une infinie douceur et les images d'amour et de tendresse dédiées à sa fille !
Ce roman fort et poignant , ce cri de détresse d'un homme qui se libère, au style fluide, nous plongeant dans l'univers des dons d'organe, sans complaisance, sans cynisme et voyeurisme porte, au final , des paroles d'espoir et de rédemption.........
Je connais Philippe-Claudel, Lorrain, rencontré plusieurs fois lors de conférences à propos de ses oeuvres.
J'avais acheté ce petit livre en poche, et oublié de le lire, bien rangé dans ma bibliothèque.

J'aime beaucoup cet auteur éclectique !
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« Nous sommes des hyènes. C'est le surnom que l'on nous a donné dans le petit cercle où nous exerçons. Je déteste ce nom. Il me fait mal jour et nuit. Notre tâche consiste à préparer les familles dont un des membres vient de décéder à accepter une demande particulière. Nous leur apprenons sa mort et dans le même temps ou presque nous tentons d'obtenir l'autorisation de prélever sur son corps de multiples organes. »
Le narrateur travaille dans un service hospitalier très particulier : il est chargé d'essayer d'obtenir des autorisations de prélèvement d'organes sur des personnes décédées afin que ceux-ci puissent être greffés sur des malades à qui ils vont offrir une seconde vie.
Oui mais voilà : quelqu'un vient de mourir, et l'on imagine bien la difficulté qui consiste à enchaîner l'annonce de la mort d'un proche et la question du don.
Cette demande peut sembler incongrue, voire déplacée : comment oser bousculer ainsi une famille ébranlée par la perte d'un être cher ?
Et pourtant elle est essentielle !
Plus de 20 000 malades en France sont en attente de greffe, et chaque année, 900 décèdent faute de greffon.
La loi est simple : il vous suffit d'informer vos proches de votre volonté de donner vos organes. Pensez-y : là où vous serez ils ne vous serviront plus à rien, alors qu'ils peuvent changer la vie de plusieurs personnes, chaque donneur sauvant en moyenne trois vies.
Moi, j'aime cette idée de se dire qu'à sa mort on peut sauver des vies.
Mais, revenons à nos moutons... ou plutôt à notre livre.

Voilà une lecture à déconseiller en cas de déprime : le personnage principal est désabusé, amer et cynique.
Dans un texte fulgurant qui s'apparente à un long cri de rage et de douleur, il hurle son désespoir et son dégoût de la société contemporaine... l'envie de tout abandonner est proche.
Seul fil, ténu mais vital, qui le retient encore : sa fille de vingt-et-un mois à qui ces mots s'adressent. Mais l'amour d'un père, veuf inconsolable, suffira-t-il à le sauver ? : "Que ta petite main est belle mais trop petite il me semble pour retenir la mienne."

Quelle force dans ce roman d'à peine un peu plus d'une centaine de pages !
Un texte percutant et plein d'humanité, un des premiers écrits de Philippe Claudel qui démontre déjà tout son talent d'écrivain.
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C'est un homme qui parle à sa fille, elle n'a que 21 mois. Il lui décrit le monde à travers sa propre perception et ce n'est pas beau à entendre. Il faut dire qu'il en a une vision assez pessimiste. C'est sombre, à ne pas lire si vous êtes dépressif mais c'est très bien écrit et finalement assez vrai suivant comme on regarde ces faits qu'il nous relate et auxquels on s'est habitué peu à peu.
Le titre évoque cela, "J'abandonne", son état d'esprit face aux monde et à ses concitoyens, son dégoût de la vie. On comprend au fil de la lecture pourquoi il en est arrivé là, c'est vrai qu'il a des circonstances atténuantes.
Si vous le lisez, ne vous arrêtez pas, allez-y d'une traite, à peine une centaine de pages mais qui, je le pense, ne vous laisseront pas indifférent.
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Le narrateur est un homme perdu, d'un pessimisme incroyable, prêt à perdre la vie. La mort rôde dans ce livre à chaque page, mort volontaire ou involontaire. L'intrigue se déroule en huis clos, dans l'enceinte d'un hôpital. Des retours en arrière permettent d'aérer un récit sombre et de laisser apparaître d'abord en filigrane puis intensément un amour filial salvateur. On retrouve dans ce livre (écrit en 2001) un peu de la désespérance de "Inhumaines", sans son absurdité.
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Un hôpital, à Paris.
Ce pourrait être n'importe où.

Une femme.
Deux hommes.
Elle, est en deuil. Ils viennent de lui annoncer le pire, l'innommable, sa fille de 17 ans a succombé à un accident de la circulation.

Les deux hommes, ce sont des "hyènes". Ils convoquent. Assénent. Votre fille est morte. Ensuite, ils attendent le moment. Celui où l'autre, le survivant, consent à donner les organes du cadavre. de son enfant.

Sauf que.

Sauf que l'un des deux hommes est veuf depuis peu. Papa maintenant seul d'une petite fille de 21 mois.
Seul dans cette vie vulgaire, violente, superficielle, où il doit lutter pour trouver les ressources de survivre.

A ça d'abandonner.
Son métier.
Ses efforts.
La vie.

Un livre comme un cri de détresse. D'amour fou. Et c'est tout un.
Porté par une plume qui, décidément, n'en finit pas de m'envouter.
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le narrateur est psychologue dans un hôpital et strictement affecté à obtenir le consentement des proches des décédés pour prélever des organes aux fins de transplantation. Et il n'en peut plus. Car non seulement ce travail le dégoûte mais sa femme est morte il y a moins de deux ans et il ressent aussi avec de plus en plus d'acuité le déchéance de la société dans lequel il vit. Tout cela l'amène vers des pensées suicidaires malgré l'amour incommensurable qu'il porte à sa petite fille de vint et un mois.Ce livre est en fait un énorme cri du coeur d'un homme totalement désemparé entraîne dans une spirale dépressive. Un peu ardu à lire car Claudel enchaîne rapidement les scènes disparates sans aucune transition. Mais l'écriture est tellement juste et touchante, le propos tellement poignant, qu'on passe facilement par-dessus cette embûche.
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Atmosphère obscure, lourde et violente. Violence de l'écriture de Philippe Claudel, mais surtout violence de son personnage, contre le destin, contre la société, contre son entourage, contre sa vie... contre lui-même. Il doit abandonner, s'abandonner, mais le peut-il vraiment ? Il n'est pas seul et c'est au final l'amour qui le sauve. L'amour de sa fille, pour sa fille, qui seul peut lui donner cet élan vital.

Sans doute pas le meilleur roman de Philippe Claudel mais une lecture plaisante, prenante, une immersion dans l'univers du don d'organes, sans complaisance mais sans cynisme ni voyeurisme.
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le narrateur est une « hyène », c'est-à-dire qu'il est chargé par un hôpital d'annoncer dans les familles la mort d'un de leurs proches afin de leur extirper le consentement d'utiliser le corps en vue de greffes d'organes. Il s'agit donc souvent d'êtres jeunes frappés par un accident. Il a un collègue très spécialisé et tous deux sont très différents. le narrateur est dégoûté par son métier (il n'avait qu'à pas le faire!) et le monde tel qu'il est : la vulgarité reconnue et partagée, la bêtise, la haine ordinaire. C'est un Don Quichotte moderne, incompris par son collègue, bien intégré au système et supporter de football (un peu cliché : un supporter de foot est forcément vulgaire...)
Le récit est en quelque sorte en deux tons : d'une part les considérations, les réflexions et les « aventures » du narrateur, et de l'autre la description d'une femme en face de lui qui vient de perdre sa fille de 17 ans, avec son chagrin, sa douleur, ses réactions dans lesquelles le narrateur veuf depuis peu revoit sa propre douleur face au monde et sa seule douceur fragile, sa petite fille de 21 mois.
On assiste alors à une narration très originale à plusieurs voix, échos de ceux qui souffrent de la mort d'un des leurs, l'horreur moderne où la jeunesse est rendue servile au mercantilisme. Seule oasis possible, le vrai que l'on retrouve dans cette douleur qui ne triche pas et les êtres auxquels on se raccroche malgré tout. Pour le narrateur, la femme meurtrie se confond alors avec sa petite fille qu'il a peur de confronter au monde hostile, par un subtil effet de miroir : je vois ma douleur dans celle de l'autre.
La fin d'une absolue cohérence montre le narrateur qui rend son collègue si fou de haine qu'il finit par prendre un coup et s'évanouit, soutenu par la femme en ayant le désir de ne vivre rien que pour sa fille. Ensemble superbe au style ciselé. Claudel sait mêler humour (un passage truculent de langage « jeune ») et drame (description psychologique de la souffrance face à la mort).
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Un livre court, qui se lit rapidement, mais qui laisse bien plus longtemps des traces en vous.
Philippe Claudel est décidement un auteur qui compte dans le paysage littéraire contemporain. Plus je le lis, plus je souhaite continuer à découvrir son oeuvre.
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...ce livre vous "remue"...
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