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3,38

sur 166 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Emouvant, bien vu, vrai, mais too much.
J'ai eu du mal à retrouver la patte de Philippe Claudel dans ce presque premier roman, où toute sa vive sensibilité et son regard acéré sur la société s'exprime déjà mais avec moins de finesse et de retenue que dans ses oeuvres à suivre. On se reconnait tous dans ce mal-être d'une société qui a perdu le Nord, mais trop de pathos tue le pathos et j'ai eu un peu de mal à adhérer pleinement. Peut-être est-ce seulement de ma part une défense instinctive contre la déprime profonde que convoque ce court mais percutant roman.
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Deux hommes travaillent dans une clinique ou ils sont chargés d'annoncer les décès aux familles. L'un deux veuf, père d'une petite fille est au bord du gouffre.
Moi aussi, mon premier Claudel, d'une noirceur totale, l'écriture de Claudel est déjà en place pour les succès à venir. Style épuré, émotion à fleur de peau. Un court roman qui vous mets la tête sous l'eau. Touchant cri d'amour mais très déprimant .Prix France Télévisions.
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En ce matin de la Toussaint, je viens de choisir par pur hasard ce roman. Est-ce aussi un hasard qu'il arrive à la suite de ma critique de la veille de "Danse Noire" de Nancy Huston..auteur qui a pourfendu les philosophes du Désespoir ("Professeur de Désespoir") ?

"J'abandonne", j'abandonne ce monde de hyènes, ainsi le crie tout au long de ce roman ce jeune père. le temps de quelques heures, il est anéanti dans tout son être par la laideur du monde, par la violence, la bêtise des hommes...il lutte, se révolte, tombe à plusieurs reprises,la tête ensanglantée, ...et, reprend espoir, car il le faut, car il n'est pas seul...car sa petite fille l'attend.

Combien sommes-nous à avoir envie d'abandonner, en cette époque noire, suffocante sous l'étendard noir de Daesh ?

Mystères que la vie, mystères que ces hasards vécus du quotidien..qui nous font pourtant espérer et nous donnent l'énergie d'aller jusqu'au bout de la vie.
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Mon premier Claudel. J'ai été surprise par la noirceur du livre. Mais j'ai aimé la narration.
J'ai aimé les moments de joies (ceux qu'il passe avec sa fille) qui ponctuent cette ambiance et la rythme. J'ai aimé la touche d'espoir sur la fin.
Un livre condensé de talent et de sentiments.
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N°622– Janvier 2013.
J'ABANDONNEPhilippe Claudel - Éditions Balland.

L'auteur met en scène un homme simple, encore jeune mais veuf qui s'occupe comme il peut de sa fille de quelques mois. Pour vivre, il travaille à l'hôpital, mais par dans n'importe quel service. L'hypocrisie administrative lui donne le titre de psychologue mais, même si, pour exercer son emploi il faut une bonne dose de psychologie : Il est chargé d'annoncer aux familles la mort d'un proche à la suite d'un accident et d'obtenir leur accord pour prélever sur le cadavre des organes nécessaires à la vie des vivants. C'est sans doute pour cela qu'on les appelle « les hyènes », du nom de ces charognards qui attendent la mort de leurs proies pour se repaître de leurs restes.

Il a besoin de ce travail pour s'occuper de sa fille puisqu'elle n'a plus que lui au monde. Elle est toute sa vie et il voudrait qu'elle reste le plus longtemps possible dans le doux cocon de l'enfance ! Il la confie pourtant à cette baby-sitter un peu déjantée pour qui la vie se limite aux rave-parties, au piercing, à la drogue... Dans une société secouée par les difficultés économiques, avoir un travail de fonctionnaire, c'est à dire ne pas craindre le licenciement et le chômage est une sécurité à laquelle on tient. Après tout, même si, comme la plupart des gens, il n'a pas vraiment choisi ce métier, il est quand même plus sûr de le garder. Mais il vit mal ses fonctions et chaque chose dans son environnement, les mendiants dans la rue, les affiches publicitaires agressives, tout le bouleverse et son métier « lui fait mal ». Il est de plus en plus fragilisé par les événements et ce n'est pas ceux qui font son quotidien à l'hôpital qui vont lui rendre le moral.

Pourtant il n'est pas laid et pas non plus indifférent aux femmes. Il pourrait refaire sa vie, comme on dit, mais il perd de plus en plus les pédales et met en parallèle sa vie à lui et celle de cette femme encore jeune, veuve, qui vient de perdre la fille unique de 17 ans. Comme le dit son collègue, il prend peut-être trop sur lui. Apparemment, en ce qui concerne celui qui travaille avec lui, il est loin de tout cela. Il prend cet emploi comme un gagne-pain, loin des états d'âme. Il est même, d'une certain façon, très professionnel, c'est à dire froid et insensible dans l'exécution de sa tâche. Et puis, du côté personnel, il est plutôt superficiel, ne s'encombre pas de détails, pour lui son univers c'est les matchs de foot, les conversations salaces, les apparences hypocrites et la machine à café. C'est à peu près tout.

Et puis tout d'un coup, parce qu'il est en face de cette femme qui pleure, cette femme qui a perdu sa fille qu'elle ne reverra plus, qui est tout d'un coup l'image de tout ceux qui ont perdu un proche, il pète les plombs, porte le deuil de tous les morts, en veut à son collège d'être aussi primaire et obnubilé par ce sale métier, veut se donner la mort, revit à son tour le moment où on lui a annoncé qu'un drame s'était produit lors de la naissance de sa fille et qu'il fallait qu'il vienne à la clinique.... Celui qui lui a annoncé cela faisait le même métier que lui. La vie sera peut-être la plus forte ?

Comme pour beaucoup d'écrivains, j'ai rencontré Philippe Claudel par hasard. Après tout la publication, les librairies et les bibliothèques sont faites pour cela. J'apprécie chez lui le style fluide qui m'engage à poursuivre mon parcours de lecteur, même si ici je n'ai pas vraiment ressenti du plaisir à cette lecture, à cause du thème choisi peut-être ?
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Claudel Philippe, "J'abandonne", Balland, 2000 (ISBN 978-2-7158-1312-0)

Lu pratiquement d'une seule traite : fulgurant.
Un récit mené par le narrateur à la première personne "je", mais mélangeant constamment trois strates. En italiques, la narration d'une situation professionnelle difficile, puisque le narrateur est une "hyène" officiant en compagnie d'un collègue : "Notre tâche consiste à préparer les familles dont un des membres vient de décéder à accepter une demande particulière. Nous leur apprenons sa mort et dans le même temps ou presque nous tentons d'obtenir l'autorisation de prélever sur son corps de multiples organes". Cette fois, les voilà confrontés à une mère dont la fille de 17 ans vient d'être tuée par une voiture en plein Paris.

En caractères usuels se mélangent deux autres strates. L'une relate les propos imaginaires que le narrateur tient en esprit à sa fille de 21 mois, qui vient de venir au monde en provoquant le décès de sa mère ; cette narration se mélange avec l'autre strate, celle dans laquelle il tente de justifier le fait de mettre au monde un enfant dans cette société, la nôtre, tombée aussi bas dans la vulgarité insondable et la violence endémique, incarnée le plus souvent dans ses altercations avec son collègue ou ses échanges avec la baby-sitter clouée dans ses préjugés de "jeune fille libérée branchée".

J'ai vu de mes yeux vu les affiches auxquelles l'auteur fait allusion au début du récit, arborant ce slogan "Bigard met le paquet", je suis tout autant que lui resté interloqué par cette "pornographie de la bêtise" autorisée (par quelles instances ?) à s'étaler copieusement sur les murs du métro, sur les flancs des autobus, sur bon nombre d'autres supports publicitaires. J'entends dans le RER ou le métro parler (hurler) dans leurs téléphones portables tous ces jeunes gens "libérés" et "branchés", bardé(-e)s de piercing et de tatouages, usant de ce pitoyable langage d'une pauvreté affligeante, si bien retranscrit ici. J'ai été, moi aussi, surpris une fois, en sortant de mon travail, par l'une de ces randonnées à roller autorisée à traverser le centre de Paris, gigantesque serpentin guidé par des individus asexués, fier(-e)s de se montrer ainsi engoncés dans des combinaisons stéréotypées moulant leurs formes acquises à grands coups de séances en "fit-ness" clubs et "bronzing centre". Comme tous les joyeux habitants de la noble région d'Ile de France (l'une des plus riches du monde), je vois quotidiennement ces mendiantes tsiganes lourdement enjuponnées quêtant en utilisant un enfant endormi traversant leurs bras, affalées dans les couloirs nauséabonds du métro. Plus souvent que l'auteur, sans doute, puisque travaillant dans le 93, je côtoie ces autres jeunes-femmes volontairement enfouies dans leurs voiles noirs, dissimulant jusqu'à leur regard. J'ai lu dans la presse bon chic bon genre ("le Monde" en est le fleuron) les déclarations aussi imbéciles que lénifiantes de nos philosophes à la BHL au sujet de la guerre en ex-Yougoslavie, la relation des altercations entre "supporteurs" dans les stades de foot ou encore le meurtre de Corinne Caillaux. J'ai connu l'époque où le "spoutnik" fut vécu comme un miracle de la science en marche et j'ai alimenté mes enfants avec les albums de "Petit ours brun".

Ô ces coïncidences ! Ce matin, sur le siège du RER, j'ai trouvé, abandonné là par une lectrice qui venait de descendre de la rame, un numéro de la revue "Voici" (édité par Prisma Presse, du groupe Gruner+Jahr), l'un des fleurons de la vulgarité, de la bêtise, de l'ignominie de la presse dite féminine actuelle. Que des femmes lisent ces torchons les salissant elles-mêmes en dit long sur la déchéance morale de nos sociétés...

Force m'est cependant d'admettre que je participe moi-même à ce phénomène : pour ne prendre qu'un exemple, j'ai acheté ce récit de Philippe Claudel dans un de ces sinistres hypermarchés Leclerc incluant un "point culture" qui signe la mort de la petite librairie installée non loin de là…

Un livre sur notre époque, avec en plus le style et l'écriture de Philippe Claudel…
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Un homme veuf et son collègue dans le servive "accuei!" d'une clinique parisienne, pour annoncer le déces, la mort aux parents de la personne défunte.
Les deux collègues sont trop différents l'un par rapport à l'autre pour en arriver à s'injurier et se tabasser pendant le travail.
De la fraicheur aussi dans l'histoire avec les images de l'enfant de 2 ans qui vit avec son papa, l'un des deux collègues.
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Un roman court qui se lit en moins de deux heures, écrit par une plume soignée et surtout qui ose dénoncer sans se préoccuper des conséquences. Par ce roman, Philippe Claudel remet en question notre société actuelle, qui ne sait plus faire preuve d'humanité. Il pointe du doigt la violence et la laideur de celle-ci, grâce à son narrateur, jeune père de 30 ans.

Dans cette oeuvre, les personnages n'ont pas d'identités, l'immersion pour les lecteurs est donc total.
Un texte assez sombre, mais que l'enfant du narrateur vient dissiper à de nombreuses reprises.

Le seul bémol de cette oeuvre est sa fin: personnellement je ne l'ai pas saisit. Peut-être était-ce le but recherché par l'auteur, néanmoins c'est à cause d'elle que ce livre n'a pas été un coup de coeur.

Un roman intéressant que je ne recommande pourtant pas à tous les lecteurs: il faut un certain recul, une ouverture d'esprit et surtout des bagages pour ressentir ce texte. Je ne le conseil pas non plus lors des petites déprimes!
Lien : https://yesagainonemorepage...
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Je ne connaissais pas cet auteur et n'avais jamais lu de livre traitant ce sujet de "hyène". Je ne suis pas comblée totalement, néanmoins je vais lire d'autres livre de cet auteur ainsi le découvrir davantage.
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Récit court et violent sur un homme qui a perdu sa femme à la naissance de sa fille. Comment il hait le monde dans lequel il vit et comment il hait son métier : convaincre les gens de donner les organes de leur être cher qui vient de mourir. Un livre fort mais trop pessimiste pour moi.
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