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4,11

sur 3401 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Juste après la guerre, Brodeck, survivant d'un camp, rentre chez lui. Quelque temps après un étranger arrive et survient le drame! Drame que Brodeck doit consigner dans un rapport. Sous sa plume vont surgir les souvenirs, mais aussi les confessions et on va découvrir, un peu dans le désordre, tout ce que la guerre a provoqué. C'est un livre très fort, très émouvant mais aussi sans concession sur la nature humaine. Les personnages sont un peu caricaturaux mais criant de réalisme. Une fiction très dure mais peut-être pas si fictive que ça ! Les êtres les plus faibles étant les premières victimes!
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Je crois que ce livre est étrange, ou plutôt assez inqualifiable et pourtant il n'en est pas moins de qualité. La façon dont tout est agencé, dont l'histoire est raconté est déjà différente de la plupart de livres, on passe du coq à l'âne en suivant les pensées de Brodeck et cela sans être le moins du monde perturbé ou perdu.
La plume est juste et belle, j'aime la façon dont Philippe Claudel dévoile le paysage, c'est une poésie qui vaut largement ce qui a du l'inspirer (les vallées Lorraines). Si vous saviez combien de passages j'ai noté, tant il sait saisir la nature de l'homme dans son bon côté, mais aussi et surtout dans l'ombre. Il nous fait découvrir ici ce que l'humain peut faire de pire, dans quelles circonstances, pourquoi d'après ces gens il fallait, par exemple, tuer quelqu'un. Mais il nous montre aussi que certains choses peuvent être dépassées.
Les personnages sont touchants (ou bien détestables). Brodeck, Fédorine et Emelia abimés par la vie, par les hommes surtout. Diodème, qui malgré sa trahison reste un homme que l'on ne peut détester. Pourquoi ? Peut-être parce que Brodeck lui pardonne sa trahison aussitôt celle-ci connue. La petite Poupchette, qui fait l'effet d'un insaisissable feu follet, quelques mots égrenés ça et là suffise à ce qu'on l'aime déjà cette petite enfant du malheur. L'Anderer, aussi appelé par d'autres noms. Intriguant, mais en même temps qui semble si doux et donc plutôt déplacé dans ce village (tout comme Brodeck).
Victime des hommes, d'un monde qui parait cent fois détraqué. C'est un livre triste, violent presque mais sans aucun doute possible, il est beau aussi, à sa manière.
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Un roman presque en forme de thriller pour dire à la fois l'horreur des camps et l'intolérance au quotidien.
Dans un lieu et une époque non précisés, mais que l'on peut deviner, un étranger est sauvagement assassiné sans que cela ne choque personne, sauf Brodeck, un rescapé des camps. L'occasion pour lui, narrateur, de revenir sur sa vie de paria, sur les moeurs d'un village où les petites haines ordinaires le disputent aux horreurs commises contre l'étranger...
Un roman à l'ambiance étrange, presque oppressante. Littérairement très réussi, un beau texte, plein de souffrance et d'humanité, tout en pudeur, presque en suspense.
Le style de Claudel est toujours parfait, ciselé. On regrettera peut-être quelques longueurs...
Un beau moment de littérature.
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J'ai terminé ma lecture du Rapport il y a quelques jours de cela, et croyez-moi, je n'en reste pas insensible. J'y ai trouvé une force et une humanité (ou inhumanité selon le point de vue) troublante. Chaque mot est une arme dans ce récit, une arme en joug contre la souffrance, la trahison, la faiblesse, la cruauté et l'intolérance. Ce qu'incarne Brodeck, le moment que nous traversons avec lui, c'est au-delà de ce que l'entendement peut suggérer. Pour autant, jamais il ne se défait de cette tâche d'écrire qu'on lui a incombé, supportant un poids de plus, pour alléger celui de la culpabilité de la masse ignorante. Je n'ai jamais autant compatis pour un personnage à mon souvenir. Dans ce chaos, il est celui qui ne veut pas oublier. Brodeck est la lumière lorsque tout est plongé dans le noir. Au final, le lecteur ignore ce qui s'est réellement passé ce fameux jour, parce que Brodeck aussi l'ignore, mais au final, nous en savons assez sur chacun, même sur celui qui n'est plus. Il était différent ; curieux, savant, exubérant, clairvoyant…trop…face au village, face au nombre qui s'englue dans l'absurdité de l'ignorance. Un moment de l'Histoire qui panse ses plaies et ou les consciences s'endorment. J'ai aimé, j'ai aimé les mots qui glissent seuls et la vérité qui s'en échappe subrepticement, à l'insu du lecteur. On comprend les nombreux prix attribués à ce récit. Lisez et relisez.
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Brodeck. le passé de Brodeck, si douloureux quand nous devons concevoir que ce sont des êtres humains semblables à nous, et que nous aurions pu être, qui sont à l'origine de tant de douleur. le village de Brodeck, mais combien faut-il de générations pour prétendre en être originaire? (réponse impossible, il faut juste ne pas être le dernier arrivé). Les amis de Brodeck, rien de moins acquis. La famille de Brodeck, mutilée, issue de nulle part, et sa seule raison de vivre. Au milieu de toute cette bassesse, Brodeck doit sceller son destin….

J'ai hésité avant d'entamer ce livre, car des lectures antérieures, pourtant lointaines, m'ont déjà sufisamment choquée, blessée, traumatisée même pour que je n'ai ni l'envie ni le besoin de raviver ces souvenirs. Comme le dit Claudel “Raconter ne sert qu'à entretenir les plaies comme on entretient les braises d'un feu afin qu'à notre guise, quand nous le souhaiterons, il puisse repartir de plus belle”
C'est la magie de cette belle écriture qui m'a permis de traverser ce roman, poignant mais au combien désesperant. Nous ne sommes de nulle part, rien ne nous appartient, et tout peut basculer d'un jour à l'autre.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Brodeck a étudié, c'est donc lui que le village charge de rédiger un rapport. Des feuilles tapées la nuit ou le jour pour expliquer ce qui est arrivé à l'Anderer, les mois qu'il a passés en leur présence là en haut des montagnes. Il est père, mari d'une beauté devenue muette, fils d'une dame ancestrale.
Brodeck a aussi un jour pris le train, avec tant d'autres. Brodeck a été chien, Brodeck a vu, entendu, subi. L'on ne sait pas s'il a été le plus fort, le plus courageux ou le plus chanceux mais c'est lui qui toujours a voulu avancer pour découvrir un lendemain que l'on rêve meilleur.
Claudel nous embarque entre les mots, les pensées, les souvenirs de ce narrateur atypique. Une langue tantôt hachée, tantôt poétique, désarçonnante les 30 premières pages, redoutablement efficace passé le choc initial.
Un roman historique et introspectif qui ne laisse pas indemne.
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L'histoire est une sorte de fable dans laquelle l'auteur utilise le meurtre d'un étranger pour mettre ses assassins face à leurs responsabilités passées. Ces hommes qui, pour se protéger et préserver leur tranquillité ont, durant la guerre et sans état d'âme, livré deux des leurs aux occupants sous prétexte qu'ils n'avaient ni la même religion ni la même origine qu'eux. Ces hommes qui, pour se protéger et préserver leur tranquillité ont tué froidement cet étranger dont le seul tort a été de trop leur rappeler leurs faiblesses et leurs erreurs. Quelque soit la période, ils n'ont agit que dans leur propre intérêt mettant sciemment de côté le peu d'humanité qu'ils possédaient.

Parmi eux vit Brodeck. Homme tranquille et simple qui sera, malgré lui, le personnage central de ces histoires. Il est l'un des deux déportés. Mais le seul survivant. Et c'est lui que ces hommes, responsables de l'enfer qu'il a vécu dans les camps, ont désigné pour rédiger un rapport circonstancié sur les évènements ayant conduit à la disparition de cet étranger. Dans les deux cas, il accepte le cours des choses. Froidement et sans colère. Mais sans résignation non plus. Avec une pudeur subtile et une sensibilité touchante. Lui, la victime, sera celui qui fera montre de la plus grande bonté et de la plus sincère humanité dans ce village perdu au milieu des montagnes.

C'est cette sensibilité et cette pudeur qui font de ce roman une réussite. le sujet est grave mais il est abordé sans amertume et sans rancoeur. L'auteur réussit à parler de la Seconde Guerre Mondiale et de la Shoah sans jamais les nommer. Et pourtant ces sujets sont omniprésents mais ils sont abordés tellement délicatement et intelligemment qu'il ne semble jamais nécessaire d'utiliser leurs sinistres appellations. Beau roman et belle façon de lutter contre l'oubli.
Lien : https://unecertaineculture.w..
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Philippe Claudel - «Le rapport de Brodeck», Stock, 2007 "Livre de poche" (ISBN 978-2-253-12572-3)

Philippe Claudel est né 1962 en Lorraine, l'une de ces contrées où le mot « guerre » a souvent pris hélas toute sa férocité.
Après "la guerre" (comme Camus dans "la peste", l'auteur ne précise pas de quelle guerre il s'agit, il y en eut tant et tant…), Brodeck, un rescapé des camps (la Shoah ?), rentre dans son village perdu dans des confins germanophones. le lieu n'est pas précisé, certains critiques (parisiens) ont inventé qu'il s'agirait d'un village perdu en Alsace-Lorraine (c'est vraiment méconnaître cette région par rapport aux éléments donnés dans le roman), pour moi je pencherais plutôt pour l'ex-empire d'Autriche, en Europe centrale, car certaines phrases concernant l'administration de ce lieu imaginaire sont carrément kafkaïennes.

Au début du récit (émaillé de nombreux retours en arrière), les hommes du village viennent de commettre un meurtre collectif en tuant "l'Anderer", (ce qui signifie "l'autre" en langues tudesques), celui qui était arrivé environ un an auparavant, venant de nulle part. Les hommes coincent Brodeck, perçu comme le seul intellectuel puisqu'il est allé faire des études "dans la grande ville", et le charge de rédiger un rapport de style administratif pour expliquer le meurtre et les disculper. Brodeck rédige ce rapport en tenant la chronique de son élaboration, ce qui constitue la trame du roman.

Au fil des pages, il se remémore le passé, ses études à "la capitale" (Vienne ???), la montée de la peste (le nazisme ? il y en eut tant d'autres, des pestes… allusion à Camus ?), sa déportation en camp de concentration, l'effet que produisit son retour, fort inattendu, sur la population du village, la survenue de l'Anderer. Dès le début, on se doute évidemment de la fin, de la fonction de révélateur que va assumer l'Anderer, mais cela n'ôte rien à la lecture car le récit est magistralement mené.

La description, toute simple, sans effet grandiloquent, de la cruauté humaine, est saisissante. L'auteur réalise le tour de force de restituer l'épouvante, dans ce qu'elle eut de pire lors de la Shoah, sans jamais mentionner spécifiquement "les juifs". le récit est parsemé de termes germaniques intelligemment explicités, ce qui est rarissime dans la littérature française d'aujourd'hui.
Un aspect : la description de la difficulté d'écrire, sans grands effets de manche, comme par exemple au début du chapitre XVI (voir citation).

Ce roman a remporté de nombreux prix (pour une fois, c'était vraiment justifié), dont celui du «Goncourt des lycéens». C'est un fait rarissime à souligner de la part d'un auteur contemporain : ce roman publié en 2007 peut effectivement être chaudement recommandé aux lycéens.
Une belle écriture.
Un beau livre.
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Ma critique ne sera que la énième.... Mais tant pis, je me lance. J'ai trouvé ce roman très sombre prodigieusement écrit. Philippe Claudel est capable de nous décrire un village, ses habitants et une situation plus que tendue sans jamais nommer le nom du lieu (seulement la capitale S.), sans situer l'action dans le temps!
En fait, c'est un récit sur les relations humaines, la réaction face à l'inconnu, la différence... le fait de ne nommer ni les lieux ni les temps dans ce roman le red intemporel, et de fait lui donne une portée encore plus grande !
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Pour moi, le rapport de Brodeck en audio est une expérience particulière. Assez difficile à suivre, le sujet assez dur et le texte passant du coq à l'âne demande beaucoup d'attention.
Sujet intéressant, bien raconté.
Une histoire qui ne laisse pas indifférent.
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