Brodeck est un homme fragile, brisé par la folie des hommes. Lorsqu'un drame, dont les contours restent flous au départ, survient dans son petit village isolé au milieu des montagnes, il se retrouve, bien malgré lui témoin des turpitudes de ses semblables.
Brodeck va mêler dans son témoignage sur les circonstances implacables qui ont mené à la catastrophe, le récit de son propre passé, violent et tourmenté.
Il est vraiment attachant, Brodeck, car rarement on croise des personnages aussi touchés par la vie et qui pourtant font preuve d'une telle résilience.
L'ambiance de ce roman a un côté mystérieux dû à l'absence de repère spatio-temporel, même si on comprend rapidement que l'auteur situe son récit au lendemain de la seconde guerre mondiale, quelque part à proximité de la frontière allemande.
Il n'empêche. On a peu de repères concrets et cela confère un caractère assez universel à l'histoire que l'on pourrait aisément transposer en d'autres lieux, à d'autres dates. Et qui rappelle au lecteur que le mal peut se retrouver partout, tout le temps.
Et tout cela réalisé avec une grande finesse.
Philippe Claudel sait parfaitement suggérer sans imposer, instiller sans forcer. L'histoire se met en place doucement, se dévoile peu à peu, dans toute son horreur. Ce rythme donné par l'auteur donne une forme d'inéluctabilité à l'histoire et à son dénouement, une tension bien présente qui donne le frisson au lecteur.
Un bien beau roman, qualifié de fable par certain, et assurément, il en possède toute la poésie et la justesse.