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4,1

sur 3382 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le rapport de Brodeck est un roman français écrit par Philippe Claudel, qui a été félicité pour son oeuvre par le Prix Goncourt des lycéens, qu'il reçoit la même année que la sortie de son livre, en 2007.

C'est une histoire assez complexe que nous livre l'auteur. Brodeck, le personnage principal, est un antihéros, dans le sens c'est être ordinaire, éloigné du héros traditionnel, loin des valeurs et qualités qui peuvent les désigner. Brodeck, c'est un homme qu'on a beaucoup de mal à cerner. Il est calme, mystérieux, trop docile, très souvent effacé.

Ce livre nous plonge dans les affres de la seconde guerre Mondiale et en particulier, en plein camp de concentration. C'est dans l'un d'entre eux que se retrouve Brodeck, considéré comme un Anderer (c'est-à-dire « l'Autre », un étranger), il va côtoyer quotidiennement la mort, souffrir de malnutrition et connaître l'humiliation. Surnommé Chien Brodeck, c'est comme tel qu'il doit maintenant agir, perdant toute trace d'humanité. Revenu vivant de ce camp par un miracle incertain, Brodeck avoue sans honte que son avilissement lui aura sauvé la vie.

De retour dans son village d'accueil, auprès de sa femme, de son enfant et de sa fidèle servante, qu'il considère comme sa grand-mère, Brodeck retrouve aussi l'ensemble des habitants du bourg, qui ne pensaient pas le revoir un jour vivant. le monument au mort était d'ailleurs affublé de son nom. Passé l'étonnement, sa vie reprend le cours normal des choses, jusqu'au jour où, l'étranger qui se faisait accueillir par les villageois est subitement assassiné. Brodeck, ancien étudiant parisien, l'un des seuls hommes sachant lire et écrire, est chargé par le maire du village d'écrire un rapport complet sur les conséquences de la venue de l'Anderer et les raisons qui ont conduites à sa mort. Son récit, loin d'être objectif, raconte l'horreur, la trahison, la culpabilité, le rejet de l'autre, l'inhumanité dont peut faire preuve chaque homme… La mise en abîme du rapport avec le déroulé du récit lui-même est une prouesse littéraire que j'ai apprécié, qui apporte de la noirceur supplémentaire, bien qu'il faille quand même suivre attentivement le cours de l'histoire. Les retours en arrière sont constants, tantôt dans le camp de concentration, tantôt auprès de l'Anderer, avant de revenir dans le présent. On peut s'y perdre très facilement.

Quatre ans plus tôt, j'avais adoré La petite fille de Monsieur Linh, du même auteur, qui abordait des thématiques similaires : la guerre, l'exil forcé… Dans le rapport de Brodeck, je retrouve l'écriture qui m'avait tant plût dans le premier récit ; un style à la fois tendre, poétique, mais aussi dur et froid. Loin d'être larmoyant, il met en scène avec sobriété des personnages aux âmes bien chargées. Néanmoins, je suis restée un peu extérieure aux scènes qui se jouaient sous mes yeux, éloignée des fortes émotions que j'aurais aimé ressentir à la lecture de ce puissant récit.

Un récit original et fort sur l'inhumanité, qui conduit à la guerre, à l'exil forcé, à la corruption et questionne sur le rapport à l'autre. le style d'écriture est tragique, assez pesant, à la fois tendre, poétique, froid et détaché. du grand Philippe Claudel !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Voilà un livre à la couverture et au résumé étrange, qui ne laisse rien filtrer ou presque de ce qu'il contient. On ressent le malheur, un drame sous-jacent, la peur aussi...
Ce roman est celui de Brodeck, de sa vie.
On sent dès le début qu'il n'est pas considéré comme les autres au village, mais on ne sait pas trop si ses voisins le placent au-dessus du lot ou le considèrent comme le vilain petit canard. Ce point s'éclaircira par la suite...
On sait d'entrée qu'un drame terrible a eu lieu, vraisemblablement un assassinat collectif, on sent que Brodeck n'a pas envie de trmper dans cette histoire...

Et on lit, l'histoire décousue de l'Anderer, de Brodeck, de sa femme, du village, de la guerre, terrible, qui change les hommes en loups.
Et qui n'épargne personne.
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Un livre noir, pas un polar noir, non une histoire mêlant le passé lourd, infernal d'un personnnage, de sa famille, de son village et des habitants. Une tranche de vie sur plusieurs décennies, des instants pesants et parfois horribles, un meurtre et tout le contexte décortiqué pour justifier d'une histoire. Un livre qui vous prend, s'impose au lecteur, le prenant lui aussi pour témoin de cette folie d'un soir. Tous cherchent à vivre, à expliquer leurs choix, à rester dans le noir de cette montagne, de ce lieu quasi maudit.


Une tournure littéraire forte, portée par des mots justes.
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J'ai rencontré ce récit d'abord par la bande dessinée qui le met puissamment en valeur par le dessin noir et oppressant de Larcenet, me laissant forte impression et avec l'envie de me plonger dans le texte nu de P.Claudel.
Je suis un peu indécise au moment d'écrire cette critique du roman nu. En effet, j'ai trouvé ce livre profond, brillant, bien ficelé mais il m'a laissée extérieure, comme si je lisais le devoir très brillant d'un étudiant talentueux, mais avec un chouya d'artificiel et de précieux, qui, selon moi, enlève de l'émotion à une histoire qui devrait nous chambouler absolument.
En conclusion, un roman qui m'a laissée mitigée.
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Quelque part dans les montagnes, peu après la Seconde Guerre Mondiale, un petit village panse ses blessures dans le silence et l'oubli. Arrive l'Anderer, venu pour titiller les souvenirs enfouis. Lorsque celui-ci meurt dans des circonstances tragiques, c'est à Brodeck, revenu d'où on ne revient pas, que les hommes du village demandent de rédiger un Rapport sur cette affaire.
C'est un livre sombre, oppressant, emplis de personnages qui, s'ils portent tous leurs blessures et leur part d'humanité, sont aussi tous coupables d'un crime terrible.
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Quand, dans un village de montagne, probablement au sortir de la seconde guerre mondiale, débarque l'« Anderer » - c'est à dire l'Autre - la petite communauté est vite déstabilisée et tente de protéger son homéostasie. Un soir, dans l'auberge où a trouvé refuge cet homme, survient l'Ereigniës, un épisode inattendu et dramatique : « Ereigniës, c'est un mot curieux, plein de brumes, fantomatique, et qui signifie à peu près « la chose qui s'est passée ». C'est peut-être mieux de dire cela avec un terme pris dans le dialecte, qui est une langue sans en être une, mais qui épouse si parfaitement les peaux, les souffles et les âmes de ceux qui habitent ici » (p. 13). Les hommes rassemblés dans l'auberge missionnent alors Brodeck, lui qui a fait des études, de rédiger un rapport qui décrira le plus objectivement possible, sans fioritures, les faits, ce qui s'est vraiment passé ce soir-là. Peut-on rapporter un tel événement sans y mettre une part de soi, de son opinion personnelle ?

C'est un véritable récit ethnographique qui nous est présenté, l'auteur nous proposant une peinture des moeurs d'habitants d'un village de montagne, récit mêlé d'une tournure dramatique.
Il s'agit d'une oeuvre qui m'a semblé très déroutante. le narrateur – en la personne de Brodeck – le reconnaît lui-même : les digressions sont multiples, les allées et venues entre passé et présent foisonnent :
« Il faut avouer que je suis bien désemparé. On m'a chargé d'une mission qui dépasse de très loin la capacité de mes épaules et celle de mon intelligence. Je ne suis pas avocat. Je ne suis pas policier. Je ne suis pas conteur. Ce récit, si jamais il est lu, le prouve assez, où je ne cesse d'aller vers l'avant, de revenir, de sauter le fil du temps comme une haie, de me perdre sur les côtés, de taire peut-être, sans le faire exprès, l'essentiel » (p. 142.)
Ces ruptures chronologiques sont perturbantes, le lecteur perd vite le fil de la narration et du rapport, plusieurs récits s'entremêlant dans la trame principale. Cela m'a troublée notamment au début du livre, puis je me suis habituée progressivement.
Brodeck, outre le fait de rédiger son rapport, nous fait le récit de son passé, notamment de l'épisode du camp dans lequel il a été interné pendant la seconde guerre mondiale (Philippe Claudel ne situe pas l'action dans le temps, pourtant on peut supposer d'après les événements qu'il décrit qu'elle se passe après la seconde guerre mondiale ; nous n'avons pas d'indication non plus sur le lieu de l'action : peut-être l'Alsace, étant donné le dialecte évoqué et la proximité de l'Allemagne ?). La narration des événements qui se sont déroulés dans le camp est pénible, très éprouvante, les images suggérées frappant par leur extrême violence. Peu à peu le lecteur entre dans la vie troublée de Brodeck et prend conscience de secrets tus jusque là. Nous saisissons les liens qui unissent les personnages principaux, Brodeck, Fédorine, la vieille femme qui l'a recueilli quand il était enfant et amené jusqu'à ce village, Emélia, son épouse, et Poupchette, l'enfant.
L'Anderer, c'est la figure de l'autre, celui qui réveille nos vieux démons, nos peurs enfouies au plus profond de nous-même, dans notre inconscient. Il va avoir un rôle de révélateur de la personnalité des villageois, dans ce qu'elle a de plus intime et de plus contradictoire. Ceux-ci ne vont pas supporter ce miroir tendu. La haine, l'incompréhension, l'ostracisme, le racisme affleurent jusqu'à éclore en l'Ereigniës dont Brodeck fera le rapport.
Une réflexion sur l'altérité qui révèle notre vrai visage, dans toute son ambivalence, qui suscite haine et rejet. Une réflexion empreinte de beaucoup de poésie, mais aussi d'une grande violence, d'une lecture à la fois agréable, mais aussi très déroutante.
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La lecture de ce roman n'est pas très facile et je pense qu'on n'en ressort pas indemne totalement. En effet le personnage de l'Anderer, "l'Etranger", très attachant et celui du narrateur paraissent les seuls humains de l'histoire face à une telle sauvagerie et barbarerie. Cette violence peut mettre le lecteur mal à l'aise et nous évoque sans peine les camps d'extermination de la Seconde Guerre Mondiale, les horreurs perpétrées sous différents prétextes, ici la différence de l'autre qu'il faut absolument éliminer. En revanche il y a beaucoup de suspense dans ce livre car on ne sait pas vraiment ce qui va arriver à l'Etranger, ni pourquoi et la "révélation" n'intervient qu'à la fin de l'oeuvre.
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Ce roman m'a laissé un avis mitigé.
D'une part, j'ai bien aimé le personnage de Brodeck. J'ai également apprécié ses souvenirs dans les camps de concentration. Et l'écriture est agréable.
L'intrigue en elle-même ne m'a pas emballé plus que ça, je ne me suis pas attaché plus que ça aux personnages et le roman ne m'as pas marqué.
Pourtant, la lecture n'a pas été désagréable. Bref, ce n'est pas un coup de coeur, mais je ne le déconseillerai pas pour autant!
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Un livre qui commence avec plein de mystères puis tout s'éclaire progressivement. Un roman très dur qui nous fait réfléchir sur la haine. Des moments très forts sur les camps de concentration, sur la trahison. Nous en sortons assommés et forcément différents.
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Honnêtement, je ne sais que penser de ce livre. On dirait que l'auteur veut nous emmener je ne sais où, mais il tient absolument à le faire sur 360 pages. Long, oui c'est long. 360 pages pour dire que l'horreur est dans les hommes (pas beaucoup de femmes dans ce livre ! ) du commun et n'attend qu'une chose, se réveiller ? Philippe Claudel vient de découvrir l'eau tiède et il tient vraiment à le partager ? Les descriptions sont bâclées, techniques. L'humanité est noire, noire , noire...Oui, oh ! Ca va on a compris !
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