Si Jimmy Perez porte un nom à la consonance hispanique, il le doit à un lointain ancêtre accidentellement échoué sur les côtes inhospitalières des îles Shetland et qui a fait souche à Fair Isle, mondialement réputée pour ses jacquards. Jimmy est un flic calme, tranquille, qui connaît ses îles comme sa poche parce qu'elles constituent son patrimoine génétique entretenu par lui avec soin. Très tôt, il a appris à parler peu pour garder une part d'intimité dans un endroit où tout le monde se connaît, où les rumeurs, les légendes vont bon train, où l'on raconte sans fondement. Jimmy n'analyse pas le match avant de l'avoir joué. Il observe, il écoute.
Lorsque, après un vernissage à Biddista, rassemblant les oeuvres de Bella Sinclair et Fran Hunter, un estranger est découvert pendu, Jimmy va à son habituel train de sénateur jusqu'au moment où l'on dépêche sur les lieux un Invernois,
Roy Taylor, qui vient pour assainir la ville, comme dans les westerns qu'il regardait quand il était petit. Pressé comme le sont les citadins, il ne parvient pas à imposer son rythme à Jimmy, qui mène son enquête comme il entame sa relation toute neuve avec Fran, timidement, en réfléchissant, en ne voulant commettre aucune maladresse.
Blanc comme la nuit, titre qui rappelle que dans certaines contrées, en été, le soleil ne se couche pas, est un roman très agréable à lire, qui rompt avec l'urgence communément admise qu'il faut des rebondissements, du sang, des dialogues nombreux pour maintenir l'intérêt du lecteur. Il faut prendre son temps pour savourer les descriptions des paysages sauvages, des marées capricieuses, apprécier les changements météorologiques soudains, et tenter de comprendre la psychologie insulaire des membres de cette modeste communauté du bout du monde.