Le prix Goncourt 2022 est décerné à Brigitte Giraud pour son roman "Vivre vite", publié le 24 août aux éditions Flammarion. le prix Renaudot, lui, est attribué à Simon Liberati pour son roman "Performance" paru chez Grasset.
Nos invitées pour en parler : Annabelle Guénéguès coordinatrice à l'action culturelle et à la communication pour les bibliothèques de Montreuil et Marie-Rose Guarniéri, libraire.
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Des policiers et des badauds s'attroupaient devant un long portail métallique, le mot "meurtre" revenait toutes les dix secondes. "Deux corps dans la maison, trois corps dans le jardin." Un policier apparut sur l'écran de CBS. Il ne portait pas d'uniforme, c'était un inspecteur qui s'adressait au micro du reporter :" Depuis que je travaille dans la police, je n'ai jamais vu une chose pareille." La voix du vieux Jim monta du sol en carreaux de ciment, Danny vit qu'il se tordait le cou pour regarder l'image noir et blanc de Sharon Tate sur la télé.
- C'est qui, cette fille ?
- Je sais pas, jamais entendu parler.
- Dommage qu'elle soit morte, elle était drôlement jolie. Je vais dire une bêtise...
- Ouais, vas-y, Jim.
- Les bécanes c'est comme les bonnes femmes plus elles sont vieilles, plus elles sont chiantes.
A force de laisser aller, Katie revenait à l’état animal, on ne savait plus si on avait affaire à une femme, un homme ou un bison. Son système pileux, qui faisait débander les cow-boys les plus queutards et les plus enragés pineurs des Straight Satans, brillait, soyeux comme des fanes ou un pelage de bête dans la lumière de la lampe de chevet.
Depuis quelque temps, les nouveautés mettaient un certain délai, plus long qu'autrefois, à me devenir familières. Cela participait d'une angoisse générale, j'arrivais moins bien qu'avant à m'accaparer les acquisitions récentes ou même les nouveaux visages qui m'entouraient.

L'air inspiré, dans le langage imagé et prophétique qui était le sien, Charlie commenta le retentissement extraordinaire du meurtre de Sharon Tate. En dépit d'une exécution hasardeuse, ce succès lui avait donné confiance. Comme disait Adolf Hitler : "On ne peut plus parler de hasard quand - en une seule nuit - le destin d'un pays est changé sous l'influence d'un homme." La certitude d'avoir créé une effervescence sociale durable et d'avoir bouleversé les certitudes de ceux qui l'avaient écrasé si longtemps dans leur système répressif lui donnait une force extraordinaire. Il était venu le temps où la Famille allait réveiller le monde pour le confronter à ses peurs profondes et libérer l'homme blanc de ses illusions en le rendant à la vie animale... La guerre raciale souhaitée par Charlie, né en 1934 dans une région hantée par le Ku Klux Klan, était le préalable du retour à la nature. Cette utopie négative formait la part la plus profonde et la plus ésotérique de son enseignement, un mélange de scientologie et d'un nietzschéisme sauvage. Pour cesser d'être esclave et redevenir "clair" comme les coyotes, l'homme devait tuer l'homme en lui.
Elle se leva, longue silhouette, d'une étroitesse de momie, toujours, comme naguère lorsqu'elle était encore ma belle-fille, enveloppée de ses multiples oripeaux, robe de chambre en soie, couvertures, caleçons divers qui lui donnaient l'air d'une folle chiffonnière ou d'un ermite à la Léautaud.
Ja:yne Mansfield n'était plus une actrice pin-up cheesecake, ni même une actrice blonde : entre 1962 et 1966, elle était devenue un monstre, un des freaks les plus spectaculaires de l'internationale du spectacle, elle vivait une existence comparable à celle d'une femme à barbe ou d'un Elephant Man qui aurait eu plusieurs dizaines de millions de fans. Avec le temps, les perruques et les scandales, les choses étaient devenues de plus en plus claires et, comme dans les grandes familles du cirque, ses enfants, ses maris et ses amants travaillaient dans le numéro et servaient à sa parade.
Charlie avait un esprit épris d'universel, mais tendu vers l'action plus que vers la méditation, et il se sentait finalement plus proche d' Adolf Hitler que de John Lennon. Le temps de l'art et des fleurs était passé, l'heure était au combat. Charlie se sentait fier, ce soir il avait lancé la Troisième Guerre mondiale, l'Armageddon de l'Apocalypse.
L’écriture d’EVA, ce travail d’élaboration d’une figure romanesque à partir d’une figure vivante que j’avais d’abord élaborée comme un personnage romanesque avant de la retrouver en réalité, me débarrassait de cette impression désagréable qui me prenait naguère lorsque l’objet de mes préoccupations me paraissait s’échapper de mon influence.
Aux basses heures de la nuit, le 29 juin 1967, sur un tronçon de la route US qui relie la ville de Biloxi à la Nouvelle Orléans, une Buick Electra 225 bleu métalisé, modèle 66, se trouva engagée dans une collision mortelle.
"Pourvu qu'elle me tue plutôt que je ne la perde". Telles étaient mes pensées en sentant sa personne près de moi, sa main dans la mienne.