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Citations sur Mes apprentissages (12)

Le jour de notre première rencontre, Polaire était habillée comme une jeune fille, de bleu marine, ou de vert foncé. Ses fameux cheveux courts - non point noirs mais d'un châtain naturel -, elle les laissait repousser, et les nouait en catogan. Sauf le bistre des paupières, la gomme des longs cils merveilleux, un rouge un peu violacé sur les lèvres, elle n'était fardée que de son propre éclat intermittent, d'une lueur proche des larmes dans ses yeux sans bornes, d'un sourire étiré, douloureux, de toutes les vérités pathétiques qui démentaient son diabolique sourcil circonfexe, sa cheville irritante de chèvre, les sursauts d'une taille-serpent, et proclamaient lumineuses, humides, tendres, persuasives, que l'âme de Polaire s'était trompée de corps.
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Quel atelier qu'une geôle ! Je parle de ce que je connais : la vraie geôle, et le bruit de la clef tournée dans la serrure, et la liberté rendue quatre heures après. "Montrez-moi patte blanche..." Il me fallait, au contraire, montrer pages noircies. Ces détails de captivité quotidienne ne sont pas à mon honneur, j'en conviens, et je n'aime pas à faire figure de brebis. Mais le respect de la vérité saugrenue, et une saveur un peu gothique, leur assignent une place ici. Après tout, la fenêtre n'était pas grillagée, et je n'avais qu'à casser ma longe. Paix, donc, sur cette main, morte à présent, qui n'hésitait pas à tourner la clef dans la serrure.
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Je n'ai pu oublier ce logis obscurci de doubles vitres tintantes. Vert bouteille et chocolat, meublé de cartonniers déshonorants, imprégné d'une sorte d'horreur bureaucratique, il semblait abandonné. Sur les parquets gémissants, le moindre courant d'air allait chercher au profond de l'ombre, jusque sous le lit fatigué, et amenait au jour une neige grise, dont les flocons, comme certains nids légers, naissent d'enlacer à un crin, à quelques cheveux, à un brin de fil, une poussière qui ressemble à un plumage... Des piles de journaux jaunis défendaient les sièges ; des cartes postales allemandes erraient un peu partout, glorifiant le pantalon à ruban, la chaussette et la fesse... Le maître du logis eút trouvé mauvais que je m'attaquasse à ce désordre.
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"Tiens, dit M. Willy. Je croyais que je les avais mis au panier."
Il ouvrit un cahier, le feuilleta :
"C'est gentil..."
Il ouvrit un second cahier, ne dit plus rien - un troisième, un quatrième...
"Nom de Dieu ! grommela-t-il, je ne suis qu'un c..."
Il rafla en désordre les cahiers, sauta sur son chapeau à bords plats, courut chez un éditeur... Et voilà comment je suis devenue écrivain.
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La dignité, c'est un défaut d'homme.
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(...) J'ai des amis de trente ans qui ne m'ont jamais vu une larme aux cils...
"Vous, pleurer?" s'étonnent-ils. Ils me regardent en plein visage, par-dessus ou par-dessous leurs lunettes, imaginent avec effort, là, entre l'oeil et le nez, là, au coin de la bouche, le trajet de mes larmes... "Vous, pleurer? C'est trop drôle!" Ils en éclatent de rire, et moi aussi, car en somme les larmes publiques sont le fait d'une sorte d'incontinence, qu'on n'a pas le temps, lorsqu'elle vous saisit, de courir cacher derrière un pan de mur. Peut-être à cause de la peine que je me suis donnée pour les refouler, j'ai horreur d'elles.
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Ce qu'il faudrait écrire, c'est le roman de cet homme-là. L'empêchement est qu'aucun être ne l'a connu intimement. Trois ou quatre femmes tremblent encore à son nom - trois ou quatre que je connais. Puisqu'il est mort, elles cessent peu à peu de trembler. Quand il était vivant, j'avoue qu'il y avait de quoi.
Nous sommes assez nombreux à posséder chacun une petite idée personnelle de M. Willy. Ceux qui ne l'ont presque pas connu l'appellent : "le bon Willy". Ceux qui ont eu, d'un peu près, affaire à lui, se taisent. Anecdotes, références, je me suis forcée de parler de cet homme-là, quoique, comme dit Tessa, ce ne soit vraiment pas "un sujet de conversation". Mais son nom est lié à un moment, à un cas de la littérature moderne, et au mien.
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Je n'ai guère approché, pendant ma vie, de ces hommes que les autres hommes appellent "grands". Ils ne m'ont pas recherchée. Pour ma part je les fuyais, attristée que leur renommée ne les vît que pâlissants, soucieux déjà de remplir leur moule, de se ressembler, un peu roidis, un peu fourbus, demandant grâce en secret, et résolus à "faire du charme" en s'aidant de leurs petitesses, lorsqu'ils ne forçaient pas, pour éblouir, leur lumière de déclin.
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Vivre sans bonheur, et n'en point dépérir, voilà une occupation, presque une profession.
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 Mon petit, disait-elle, tu n’as pas l’air très dégourdie…Souviens-toi qu’il y a toujours dans la vie d’un homme même avare, un moment où il ouvre toute grande la main… »
Le moment de la passion ?
Non. Celui où tu lui tords le poignet. 
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