La vie de Julien est comme suspendue depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui ont coûté la vie à son père. le mystère de ces attentats ronge Julien depuis plusieurs années, il ne parvient pas à se remettre à vivre sans pour autant se résoudre à rentrer en France. Aussi, il finit par accepter la proposition de l'auteure célèbre Carolyn
Gerritsen afin de devenir le précepteur de son fils, Ryan, un jeune homme d'une vingtaine d'années lui aussi en déroute. Il part pour Los Angeles, s'installe à la ville de
Blue Jay Way. Il ne réalise pas encore qu'il a mis les pieds dans un panier de crabes, tissé de faux semblants. Mais tout dérape lorsque Ashley, la belle-mère de Ryan, à peine plus âgée que lui, disparaît.
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Blue Jay Way » n'est pas seulement un polar, c'est un roman très dense qui évoque de nombreux sujets. L'auteur interroge les attentats du 11 septembre. Il brosse également un portrait au vitriol de la jet-set de Los Angeles, dépeint une jeunesse à la gueule de bois perpétuelle et à la sexualité débridée. Ainsi, ce roman se fait aussi étude de moeurs. Il faut ajouter à cela la trajectoire personnelle de Julien, qui n'a plus aucune prise sur son existence. On aborde aussi divers types de psychose au travers de deux histoires parallèles développées au fil du roman, qui se rejoignent à la toute fin.
Le polar prend le dessus à la moitié du roman environ, et tout s'accélère dans les 150 dernières pages durant lesquelles j'ai eu beaucoup de mal à interrompre ma lecture. Ce final alambiqué offre plusieurs rebondissements et le fin mot de l'histoire est laissé à la libre appréciation du lecteur
Le narrateur évolue dans un monde de mensonges et d'illusions, quoi de plus normal dans la capitale du cinéma ? La littérature est également présente puisque certains personnages écrivent. Ces deux arts permettent à l'auteur de jouer avec les frontières de la fiction et du réel, le narrateur étant en quête perpétuelle de vérité. A quel point nos vies sont-elles mises en scène ? Pouvons-nous écrire notre propre histoire ? En tout cas, ces faux-semblants créent une atmosphère pesante, une méfiance qui contribue à la tension du roman.
Julien est un personnage complètement paumé qui multiplie les erreurs de jugement. Il n'est pas franchement admirable, mais il n'est pas détestable non plus. Ce qui le sauve à mes yeux, c'est une sorte d'innocence, il ne pense jamais à mal et n'élabore aucune stratégie. Il a peur que le monde cesse de tourner, enrage de ne pas comprendre ce qui est arrivé à son père et s'évade dans la boisson et le sexe irréfléchi. Il est le témoin d'une histoire sur laquelle il n'a aucune prise. Autour de lui gravitent la grinçante Carolyn, son ex-mari Larry, producteur à succès et sa nouvelle femme Ashley, Ryan et ses amis plus étranges les uns que les autres, son avocat Curtis qui veille sur la petite bande.
J'ai retrouvé avec plaisir la « patte » de
Fabrice Colin, un style agréable qui n'en fait pas trop, avec régulièrement de petites envolées lors desquelles sa plume se fait poétique, notamment lors de descriptions. Ici, cette belle écriture côtoie des passages plus crus, en particuliers sexuels, un registre adapté au milieu dans lequel évolue le narrateur. A quoi bon enjoliver un monde et une existence qui n'ont rien d'admirable ?
Ainsi, j'ai été convaincue par ce polar d'un auteur que j'admire de plus en plus. Je n'ai pas non plus adoré, car le milieu dépeint n'est pas ma tasse de thé. «
Blue Jay Way » n'est pas un roman facile, il est dense, il faut s'y accrocher pour en saisir toute l'épaisseur, mais il vaut le détour. C'est un bon roman autour du mensonge et de l'illusion. Je continuerai ma découverte de
Fabrice Colin avec «
La malédiction d'Old Haven » ou «
La fin du monde » que je possède, et j'ai aussi très envie de lire son dernier polar «
Ta mort sera la mienne ». Et vous ?
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