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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les gueules noires font grise mine.
Allez ODP, au charbon. Non, ne sors pas ton barbecue et les merguez, ce n'est pas la saison, écoute plutôt Pierre Bachelet aussi souvent qu'un supporter lensois à écharpe pour te mettre un peu dans l'ambiance Germinalisée du dernier polar de Paul Colize.
Bon, on le sait, La terre, c'était le charbon, le ciel c'était l'horizon, et la Manche, côté météo, ce n'est pas folichon.
De la réalité à la friction, le dernier polar du romancier prend pour cadre la catastrophe minière du Bois du Cazier qui a fait 262 morts suite à un incendie, en 1956.
Comme nous ne sommes pas dans un roman-enquête à la Philippe « Zorro » Jaenada de 800 pages dopé de digressions, l'auteur fictionne (oui, j'invente des verbes) et met en scène le procès de deux rescapés italiens de la catastrophe.
Les deux hommes s'étaient réfugiés sous un wagonnet pour échapper au plat du jour à l'étouffée et avaient été retrouvés en compagnie de leur contremaître, mort, bleu, à point ou saignant, selon les goûts. Ils sont accusés de l'avoir refroidi, ce qui pouvait partir d'un bon sentiment lors d'un incendie.
Le procès de l'année s'ouvre en 1958 comme une pièce de théâtre dont le dénouement est connu dès le lever de rideau avec un casting uniquement masculin côté cour, deux accusés pas très optimistes et victimes des préjugés de l'époque sur les immigrés italiens.
Néanmoins, une jeune journaliste, jetée dans le grand bain pour s'y noyer, couvre les audiences pour un célèbre journal, et commence à douter de la culpabilité des présumés coupables.
Héroïne de ce roman, elle doit faire face à la misogynie de ses confrères pour exister et se faire entendre.
Paul Colize maîtrise à merveille son intrigue et il évite le piège habituel des romans de procès, souvent lents, répétitifs et aussi passionnants à lire que le code Pénal. Les joutes verbales entre l'avocat et le procureur brillent ici d'éloquence et l'enquête parallèle de la journaliste permet de prendre l'air entre deux audiences. Les chapitres ne sentent pas le renfermé.
Au-delà du suspense, le roman met en lumière à la lampe de mineur, les mauvais traitements subis par les ouvriers italiens, avec des petits noms bien stigmatisant comme « macaronis » et des conditions de vie à la Zola, l'opinion publique oubliant les « accords charbon » de 1946 entre la Belgique et l'Italie. Comme la Belgique manquait de main d'oeuvre, les locaux n'ayant plus trop la vocation pour mener une vie de taupe, l'Italie, en pleine reconstruction, envoya des dizaines de milliers de mineurs et en échange, elle recevait 200 kilos de charbon par mineur et par jour.
Le combat des femmes de l'époque pour se faire une place dans la société enrichit également le récit et le personnage de cette journaliste d'origine polonaise, Katarzyna, est très réussi car il oscille entre doutes et résilience.
J'apprécie beaucoup les romans de Paul Colize car sa plume ne bégaie pas. Il ne raconte jamais la même histoire. D'un polar à l'autre, il change d'époque et ne tombe pas dans la facilité du héros récurrent névrosé, divorcé, solitaire, insomniaque, incompris et imbibé.
Seul petit reproche, je trouve que l'humour, omniprésent dans ses premiers romans, s'évapore de plus en plus au fil de ses romans. le sujet ne s'y prêtait pas.
L'audience est levée.
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« Un jury est un groupe de douze personnes d'ignorance moyenne, réunies par tirage au sort pour décider qui, de l'accusé ou de la victime, a le meilleur avocat. » Herbert Spencer. ● En Belgique, en 1958, une journaliste, Katarzyna Leszczynska, qui a francisé son nom en Catherine Lézin, est invitée dans un restaurant chic de Bruxelles par son rédacteur en chef au Soir. Celui-ci, contre toute attente dans ce milieu machiste, veut lui confier, à elle qui s'occupe habituellement d'une rubrique féminine, la couverture du procès de Donato Renzini et de Francesco Ercoli, deux mineurs accusés de meurtre pendant la catastrophe minière de Bois du Cazier à Marcinelle en août 1956. ● C'est un roman de procès classique et très bien fait. le récit est parfaitement raconté, sans que les témoignages qui se succèdent soient ennuyeux, car chacun apporte une pierre à l'édifice et les rebondissements sont nombreux, jusqu'à la fin. ● de plus, la journaliste qui est sur l'affaire a elle-même une histoire complexe, qui n'est pas sans liens avec ce qui est raconté au procès. ● Les problèmes rencontrés par les immigrés italiens en Belgique dans les années 1950 sont bien restitués, de même que la phallocratie toute-puissante. Seule femme journaliste accréditée au procès, Catherine a bien du mal à faire son travail. ● On savoure les personnages antagonistes du procureur et de l'avocat des accusés et leur rhétorique, avec au milieu le président de la Cour. ● Un roman très agréable à lire que je recommande.
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Après l'excellent Back-up dont le style et l'intrigue m'avaient transporté, il me tardait de relire du Paul Colize et donc, je me suis jeté avec avidité sur ce nouvel opus.

Il m'aura seulement fallu 36 heures pour en venir à bout et j'ai retrouvé avec plaisir ce style fluide et cette découpe par chapitres courts qui donnent du rythme à la lecture ! L'histoire nous emmène cette fois à Marcinelle en 1958 quelques mois après la catastrophe du Bois du Cazier. Un procès pour meurtre, du racisme et de la misogynie en sont les ingrédients...

Bref un excellent moment malgré l'âpreté des débats et la toile de fond bien triste !




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L'auteur, le livre (320 pages, 2023) :
Le belge Paul Colize (que l'on connait déjà) continue d'explorer avec finesse et intelligence le passé et l'histoire de son pays.
Devant Dieu et les hommes fut d'abord une pièce de théâtre (un faux procès joué au festival Quai du polar à Lyon en 2021) mais jamais éditée. Il fallut l'insistance de ses pairs pour que Paul Colize en transcrive un roman, en y ajoutant un personnage qui sera notre guide dans le procès : une journaliste, une femme dans un monde d'hommes (nous sommes en 1958).

le contexte :
Une sombre tragédie : le 8 août 1956, une explosion et un incendie ravagent la mine de Marcinelle, au Charbonnage du Bois du Cazier. Il n'y aura que quelques rescapés et plus de 260 mineurs y laisseront la vie.
Il y avait une majorité d'italiens parmi ces mineurs : à cette époque, les Charbonnages belges avaient littéralement "acheté" des travailleurs à l'Italie qui peinait à se remettre de la guerre.

On aime beaucoup :
❤️ On aime la façon dont Paul Colize nous transporte en 1958 à Charleroi : sa prose toujours très visuelle rend parfaitement compte des moeurs de l'époque, du machisme ambiant, du racisme envers les italiens (avec les bars interdits aux chiens et aux macaronis), des conditions épouvantables d'exploitation des mineurs (un esclavage moderne), des circonstances du drame, ...
❤️ On se passionne pour le procès imaginé par l'auteur, aux allures de polar rythmé par de courts chapitres qui rendent la lecture addictive, ménageant le suspense alors même que pour les deux italiens accusés, le verdict semble plié d'avance.
❤️ On apprécie la place faite aux femmes dans ce récit. Des femmes qui n'avaient pas la vie bien facile à cette époque : qu'elles fuient les armées en guerre, qu'elles essaient de tenir leur foyer aux côtés de leur mineur de mari ou qu'elles tentent de se faire une place dans la rédaction d'un grand journal.

L'intrigue :
Plutôt que de retracer le long et fastidieux procès de l'accident, Paul Colize imagine un autre procès, celui de deux rescapés, deux mineurs italiens, accusés d'avoir profité du terrible accident pour assassiner leur Kapo, leur porion, un salopard notoire.
Notre guide au tribunal sera une jeune journaliste d'origine polonaise (comme l'auteur) dont les parents ont fuit les armées russes en 1944.
Notre guide journaliste est encore tourmentée par de sombres images de son passé (ses parents polonais ont fui les armées russes) : un traumatisme qui va bientôt entrer en résonnance avec le drame du Bois de Cazier.
Pour celles et ceux qui aiment les mineurs.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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1958, Charleroi, une femme, parmi une multitude d'hommes, entre pour assister à un procès. Elle n'est pas là par hasard mais envoyée par le journal qui l'emploie. Deux ans auparavant, une catastrophe minière a fait plus de 250 morts et au milieu de celle-ci, deux gueules noires transalpines, accusées d'avoir profité du drame pour liquider un supérieur. Une opportunité pour Katarzyna de se faire un nom dans la jungle masculine.

Petite genèse de ce livre basé sur des faits réels et notamment le drame du Bois de Cazier. Il a d'abord vu le jour sous la forme d'une pièce de théâtre interprétée par des auteurs de polars et jouée à l'occasion de salons du genre. A ce titre, j'ai eu l'occasion de la voir au salon du polar de Templemars. le texte est remanié pour y introduire le personnage de la journaliste. Question de commodité, puisque tel quel le texte de la pièce ne serait pas d'un grand intérêt littéraire. Mais surtout cela permet d'avoir d'une part un regard de l'extérieur ainsi qu'une narration et d'autre part d'introduire d'autres thématiques qui viennent compléter ou renforcer celles déjà présentes.

Devant Dieu et les hommes, expression judiciaire fort à propos, dans ce qui est à l'origine un huis clos lors d'un procès. Dieu juge en détenteur des secrets qu'il est, les hommes statuent en fonction de leurs intimes convictions. Différence de taille qui introduit aussi une certaine subjectivité : un délit de sale gueule, une orientation verbale d'un des intervenants, une absence lors d'une phrase clé, et la décision bascule du mauvais côté. Ici plusieurs ingrédients sont réunis pour orienter la décision dès le départ : les accusés sont des macaronis (surnom fleuri des migrants italiens) avec une maîtrise approximative du français déjà connus pour de petits délits commis dans la Botte, le tout agrémenté de griefs envers la victime. Coupables parfaits pour une justice aveugle ? Mais voilà, dame Justice manie le glaive et la balance, enfin plutôt par le truchement de ses serviteurs prêts à argumenter pour défendre ou accuser. C'est ainsi que le lecteur est convié à une joute verbale de belle tenue entre avocat et procureur, arbitré par un président du siège intègre et ferme. L'auteur sait toutefois éviter l'écueil des romans sur un procès, il contourne les lenteurs et répétitions éventuelles par l'enquête menée par la journaliste ainsi que les interventions réflectives de l'un des accusés. Paul Colize insère la notion de lutte des classes dans ce palais, non seulement par les pauvres bougres justiciables mais aussi par les avocats. le procureur étant un bourgeois à particule face à l'avocat défenseur de l'opprimé. Ce sera d'ailleurs mon seul bémol, par rapport à la pièce, Paul, en dressant les portraits des deux, incite le liseur à tendre plus d'un côté que de l'autre, or on ne doit juger que sur des faits et uniquement des faits comme il le rappelle d'ailleurs en début d'ouvrage.

Le bouquin permet aussi d'appréhender la vie de mineur, un peu à la manière d'un Zola mais avec les quelques évolutions techniques de ce milieu du 20ème siècle. S'ajoute à cela la notion de migration volontaire ou non et surtout les conditions d'accueil de cette population, main d'oeuvre corvéable à l'envi et traitée moins bien que le corniaud errant, ça pue la xénophobie et renvoie vers un présent qui ne cesse de dériver.

Mais ce livre est surtout l'occasion d'une mise en lumière féminine. Un survol de la condition de la femme dans ces fifties où elle est encore cantonnée au rôle de ménagère maternelle sans esprit au service d'un mari omnipotent. Cela se reflète dans les postes occupés où ces citoyennes de seconde zone sont cantonnées à des activités mineures, où les moqueries sont légions dès qu'elles tentent de s'élever doutant ainsi des capacités intellectuelles. Une chape gangrenant aussi les tribunaux, occultant ainsi un point de vue : « Dans cette salle de tribunal, le juge est un homme, les assesseurs sont des hommes, le procureur est un homme et l'avocat de votre mari aussi.
— Je sais.
— Ce n'est pas tout. Les douze jurés sont des hommes, les spectateurs sont majoritairement des hommes et les témoins qui ont été entendus sont tous des hommes.
Renata parut intriguée.
— Et alors ?
Katarzyna fit une courte pause avant de poursuivre.
— Moi, Renata, je suis une femme. Je vois, j'entends et je sens les choses autrement. […] ».

Katarzyna alias Catherine Lézin permet aussi à Paul Colize de faire référence à son propre passé, un petit rappel d'Un Long Moment de Silence et de cette Pologne tant ballotée.


Paul Colize est un écrivain qui sait me toucher non seulement par sa plume émouvante et brillante mais aussi par sa constance à manier, dans le romanesque, des faits réels et un angle de vue sociologique. Ici, à nouveau il intègre des petites histoires dans la grande Histoire, piqure de rappel nécessaire pour d'une part tenter de ne plus commettre les mêmes erreurs et d'autre part ne juger autrui que sur des actes et non des supputations. L'audience est levée.
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je découvre la plume de Paul Colize avec son dernier roman en date Devant dieu et les hommes . C'est lecture agréable, avec une belle plume, une intrigue addictive , portée par des thématiques prenantes .
Même si je me demande encore comment qualifié ce roman : polar judiciaire ? roman noir ?
1956 , en belgique, une jeune journaliste qui a du mal à se faire une place au sein de son journal, le milieu étant très très machiste , se voit , à sa surprise , offrir une chance de faire ses preuves par son patron ,et part couvrir à un procès qui fait grand bruit : celui de deux mineurs , italiens, accusés d'avoir profité d'une catastrophe minière pour tuer leur patron.
Nous assistons à ce procès avec elle, et si dans certains romans, ça peut être ennuyeux voire laborieux, ici je l'ai suivi avec plaisir, car très accessible niveau technicité ( pas de langage hyper juridique ) , et les joutes verbales entre le procureur et l'avocat de la défense sont un de ce roman . un procès qui fait la part belle à la thématique de la xénophobie et à la condition difficile des mineurs , qui risquent leurs vies pour pas grand chose.
au fil du procès, se dévoile aussi la vie de l'héroïne, et un aspect de cette vie en particulier m'a particulièrement touchée . Difficile d'éprouver autre chose que de la sympathie et de l'empathie pour Catherine .
Par contre, il ne faut pas s'attendre à un suspens de dingue. La fin est très / trop classique, je m'attendais à une révélation / rebondissement ... à défaut ,elle reste sympathique .
A noter que l'histoire ce ce livre apporte une touche d'originalité, puisqu'à l'origine, il s'agit d'une pièce de théâtre jouées par des auteurs de polars tels que Thilliez, Bussi, Lebel. J'aurai bien voulu être parmi les spectateurs !!!
En tout cas, ce fut une lecture fluide, qui me donne envie de continuer la découverte de l'auteur , et j'ai de quoi faire, j'en ai même quelques uns qui attendant sagement leur tour dans ma pal . Un essai transformé
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Paul Colize, dans son nouveau roman Devant Dieu et les hommes, nous rappelle un évènement qui s'est produit dans les années 50 : un incendie dans une mine à Marcinelle et qui causa la mort de plus de 200 mineurs.
En s'inspirant de faits réels, l'auteur nous fait assister au procès de deux mineurs, non pas soupçonnés, mais carrément accusés d'avoir profité de la catastrophe pour tuer leur contre-maître, surnommé le Kapo par les hommes de son équipe.
Ce roman est très intéressant et pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la catastrophe en elle-même, racontée par ceux qui y ont survécu, par les épouses qui ont attendu des jours entiers que tous les corps soient remontés, espérant les vivants, pleurant déjà leurs morts.
Le procès ensuite. Pour les amateurs de polars judiciaires, les interrogatoires, les plaidoiries, les témoignages sont autant de démonstrations d'une justice qui condamne avant de juger car ces mineurs, italiens débarqués à la mine souvent très jeunes, parlant à peine français, sont surtout coupables d'un délit de faciès. Ils ne comprennent pas certaines questions délibérément compliquées par le procureur, leurs réponses approximatives interprétées. Comme encore parfois de nos jours. du racisme à l'état pur.
On ne sait ce qui est le plus touchant dans ce roman : le décès des mineurs ou ce procès de deux victimes de la mine et de la machine judiciaire.
Beaucoup de dialogues, peu de descriptions, en font un roman qui se lit très rapidement.
Une bonne surprise pour moi qui n'avait pas encore lu de livre de Paul Colize.
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Bonne lecture avec ce roman noir mettant également en avant un fait réel qui a eu lieu en Belgique en 1956, la catastrophe de la mine du Bois du Cazier à Marcinelle. Je dois dire que je n'avais jamais entendu parlé de cette catastrophe et donc ce roman a été instructif de ce côté là, on ressent que l'auteur a passé du temps à y faire des recherches pour écrire son récit, celui-ci étant écrit, au départ, comme une pièce de théâtre et à ensuite été écrit sous forme de roman.

Nous sommes donc plongé au coeur d'un procès de 2 mineurs italiens accusés du meurtre de leur supérieur. J'ai apprécié la plume de l'auteur (que je découvrais pour la première fois) qui m'a transporté dans cette salle d'audience, j'avais l'impression d'y être présente également. Les mots techniques sont compréhensibles et les chapitres ne sont pas trop longs, ce qui donne une lecture fluide sans longueur. J'ai apprécié découvrir les différents personnages (accusés, journalistes (j'ai adoré Katarzyna), avocat, procureur...) et leur témoignage, on se met à enquêter nous même d'une certaine façon, en se posant la question de savoir si Donato Renzini et Francesco Ercoli sont coupables ou pas.

Et puis il y a thèmes et sujets abordés, tel que la discrimination, la place de la femme, le racisme, la xénophobie, le machisme, la vie après guerre ou encore les conditions des mineurs, mais avec également une jolie touche de solidarité féminine. Tous ces éléments on rendu l'histoire prenante et remplis d'émotions diverses.

C'était donc une bonne lecture (sur une histoire terrible), je lirais très sûrement d'autres romans de l'auteur.

Je remercie Babelio pour la Masse Critique et la maison d'édition pour l'envoi de ce livre.
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En 1958 être femme journaliste n'est pas quelque chose d'habituel.
En plus, se voir chargée par le plus grand quotidien belge de suivre un procès d'assise qui doit trancher sur la culpabilité de deux mineurs immigrés italiens qui auraient profité de la cohue sous terre lors de la catastrophe du Bois du Cazier pour tuer leur chef n'est à priori pas tâche aisée dans un milieu très phallocrate ...

C'est une histoire bien ficelée qui nous questionne sur nos préjugés à travers un procès rondement mené, où chaque intervenant fait pencher la balance tantôt à droite tantôt à gauche, le procureur et l'avocat marquant tour à tour des points devant notre journaliste vite dépassée par les événements selon sa direction.

C'est une bonne lecture +++

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Katarzyna Leszczynska (qui signe Catherine Lézin pour rendre « lisible » son patronyme d'origine polonaise) est encore une jeune journaliste lorsque son rédacteur en chef lui fait une proposition surprenante : couvrir pour son journal, Le Soir, l'ouverture du procès de Marcinelle qui débute une semaine plus tard.
Surprenante, car en 1958, le journalisme, comme beaucoup d'autres domaines, et pas seulement à Bruxelles, est une affaire d'hommes. Autre particularité : son patron lui demande de s'immerger sur place — « on en apprend plus en dehors du palais de justice qu'en salle d'audience » — sans consulter le dossier de l'affaire. On en découvrira donc les tenants et aboutissants en même temps qu'elle.

La mise en place tranquille distille sobrement les éléments du dossier. En voyant arriver la foule des premiers jours, on sait que deux « classes » vont s'affronter : celle des « responsables » locaux et celle des ouvriers étrangers aux accents italiens. L'auteur prend habilement son temps tout en maintenant le rythme de nos découvertes : la teneur du procès d'un côté, la personnalité de Katarzyna et sa qualité de femme dans un monde régi par les hommes de l'autre.

Et donc, de quoi s'agit-il ? Donato Renzini et Francesco Ercoli, deux mineurs, sont accusés du meurtre de Gustave Fonck, un porion, leur supérieur, qui a eu lieu après une catastrophe survenue dans la mine. Les deux prévenus nient les faits qui leur sont reprochés.
La catastrophe s'est déroulée deux ans plus tôt, le 8 août 1956. Un wagon de charbon mal engagé dans l'ascenseur — la « cage » — alors que celui-ci remontait vers la surface a provoqué un enchaînement d'accidents qui ont conduit à un incendie. Dans la mine de Marcinelle, considérée comme dangereuse, il y avait ce jour-là 275 hommes au fond, 262 ne revirent jamais le jour. Parmi les rescapés, les deux accusés, qui eurent la vie sauve en se protégeant sous un wagonnet retourné. Lorsqu'on les découvrit enfin, on ramassa au même endroit le cadavre du porion Gustave Fonck… La suite fut évidente et les conclusions hâtives.

Sans doute le procédé n'est pas nouveau, mais il est efficace lorsque, comme ici, il est subtilement mené. Nous voilà dans la peau des jurés, accompagnés par le regard de la jeune journaliste. Les témoignages s'enchaînent à la barre au fil des audiences. C'est l'occasion d'évoquer le sort réservé aux immigrés italiens, les conditions de logement ou de travail des mineurs, et comment une justice aveuglée peut s'abattre sur des hommes sans défense. Mais en suivant les audiences avec Katarzyna, figure centrale du roman, Paul Colize introduit un personnage féminin puissant qui, en menant son propre combat pour une reconnaissance sociale tout en portant le lourd fardeau de son passé, vient renforcer encore le propos et apporter un souffle supplémentaire. le choc des deux « intrigues » n'en est que plus retentissant.

Comme toujours, la fluidité est au rendez-vous. C'est un vrai plaisir de se laisser porter par cette plume légère sur des sujets aussi graves.
Il faut également souligner le travail sur la langue et ce mauvais français parlé par les immigrés italiens qui témoignent de ce qu'ils ont vécu, si bien qu'on identifie sans problème la teneur du chapitre (souvent court chez Paul Colize) qui s'ouvre. Et ça fonctionne bien mieux que n'importe quel accent.
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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