AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782357207264
Editions Hervé Chopin (21/09/2023)
4.07/5   64 notes
Résumé :
Quais du Polar 2021 : Franck Thilliez, Michel Bussi, Nicolas Lebel, Olivier Truc, Alexandra Schwartzbrod et autres grands noms du polar jouent Devant Dieu et les hommes de Paul Colize. Le succès est total.
La pièce est aujourd'hui un roman qui paraît enfin en librairie.

" Le 8 août 1956 restera dans nos mémoires comme un jour qui a marqué l'histoire de notre pays d'une de ses pages les plus tragiques. "

Lorsqu'elle déjeune avec l... >Voir plus
Que lire après Devant Dieu et les hommesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
4,07

sur 64 notes
5
17 avis
4
10 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Les gueules noires font grise mine.
Allez ODP, au charbon. Non, ne sors pas ton barbecue et les merguez, ce n'est pas la saison, écoute plutôt Pierre Bachelet aussi souvent qu'un supporter lensois à écharpe pour te mettre un peu dans l'ambiance Germinalisée du dernier polar de Paul Colize.
Bon, on le sait, La terre, c'était le charbon, le ciel c'était l'horizon, et la Manche, côté météo, ce n'est pas folichon.
De la réalité à la friction, le dernier polar du romancier prend pour cadre la catastrophe minière du Bois du Cazier qui a fait 262 morts suite à un incendie, en 1956.
Comme nous ne sommes pas dans un roman-enquête à la Philippe « Zorro » Jaenada de 800 pages dopé de digressions, l'auteur fictionne (oui, j'invente des verbes) et met en scène le procès de deux rescapés italiens de la catastrophe.
Les deux hommes s'étaient réfugiés sous un wagonnet pour échapper au plat du jour à l'étouffée et avaient été retrouvés en compagnie de leur contremaître, mort, bleu, à point ou saignant, selon les goûts. Ils sont accusés de l'avoir refroidi, ce qui pouvait partir d'un bon sentiment lors d'un incendie.
Le procès de l'année s'ouvre en 1958 comme une pièce de théâtre dont le dénouement est connu dès le lever de rideau avec un casting uniquement masculin côté cour, deux accusés pas très optimistes et victimes des préjugés de l'époque sur les immigrés italiens.
Néanmoins, une jeune journaliste, jetée dans le grand bain pour s'y noyer, couvre les audiences pour un célèbre journal, et commence à douter de la culpabilité des présumés coupables.
Héroïne de ce roman, elle doit faire face à la misogynie de ses confrères pour exister et se faire entendre.
Paul Colize maîtrise à merveille son intrigue et il évite le piège habituel des romans de procès, souvent lents, répétitifs et aussi passionnants à lire que le code Pénal. Les joutes verbales entre l'avocat et le procureur brillent ici d'éloquence et l'enquête parallèle de la journaliste permet de prendre l'air entre deux audiences. Les chapitres ne sentent pas le renfermé.
Au-delà du suspense, le roman met en lumière à la lampe de mineur, les mauvais traitements subis par les ouvriers italiens, avec des petits noms bien stigmatisant comme « macaronis » et des conditions de vie à la Zola, l'opinion publique oubliant les « accords charbon » de 1946 entre la Belgique et l'Italie. Comme la Belgique manquait de main d'oeuvre, les locaux n'ayant plus trop la vocation pour mener une vie de taupe, l'Italie, en pleine reconstruction, envoya des dizaines de milliers de mineurs et en échange, elle recevait 200 kilos de charbon par mineur et par jour.
Le combat des femmes de l'époque pour se faire une place dans la société enrichit également le récit et le personnage de cette journaliste d'origine polonaise, Katarzyna, est très réussi car il oscille entre doutes et résilience.
J'apprécie beaucoup les romans de Paul Colize car sa plume ne bégaie pas. Il ne raconte jamais la même histoire. D'un polar à l'autre, il change d'époque et ne tombe pas dans la facilité du héros récurrent névrosé, divorcé, solitaire, insomniaque, incompris et imbibé.
Seul petit reproche, je trouve que l'humour, omniprésent dans ses premiers romans, s'évapore de plus en plus au fil de ses romans. le sujet ne s'y prêtait pas.
L'audience est levée.
Commenter  J’apprécie          998
« Un jury est un groupe de douze personnes d'ignorance moyenne, réunies par tirage au sort pour décider qui, de l'accusé ou de la victime, a le meilleur avocat. » Herbert Spencer. ● En Belgique, en 1958, une journaliste, Katarzyna Leszczynska, qui a francisé son nom en Catherine Lézin, est invitée dans un restaurant chic de Bruxelles par son rédacteur en chef au Soir. Celui-ci, contre toute attente dans ce milieu machiste, veut lui confier, à elle qui s'occupe habituellement d'une rubrique féminine, la couverture du procès de Donato Renzini et de Francesco Ercoli, deux mineurs accusés de meurtre pendant la catastrophe minière de Bois du Cazier à Marcinelle en août 1956. ● C'est un roman de procès classique et très bien fait. le récit est parfaitement raconté, sans que les témoignages qui se succèdent soient ennuyeux, car chacun apporte une pierre à l'édifice et les rebondissements sont nombreux, jusqu'à la fin. ● de plus, la journaliste qui est sur l'affaire a elle-même une histoire complexe, qui n'est pas sans liens avec ce qui est raconté au procès. ● Les problèmes rencontrés par les immigrés italiens en Belgique dans les années 1950 sont bien restitués, de même que la phallocratie toute-puissante. Seule femme journaliste accréditée au procès, Catherine a bien du mal à faire son travail. ● On savoure les personnages antagonistes du procureur et de l'avocat des accusés et leur rhétorique, avec au milieu le président de la Cour. ● Un roman très agréable à lire que je recommande.
Commenter  J’apprécie          560
La catastrophe de la mine « le Bois du Cazier » à Marcinelle, en Belgique, a eu lieu 7 ans avant ma naissance, mais durant toute mon enfance, j'en ai entendu parler. Cela reste un jour noir dans les annales de la Belgique. le 8 août 1956, 275 hommes sont descendus dans la mine, et à 8h10 du matin, à cause d'un wagonnet bloqué, un effroyable incendie a lieu. Les sauveteurs remontent et disent leur phrase fatidique : « Tutti cadaveri »…. (la plupart des mineurs étaient Italiens, appelés par les Belges quelques années auparavant pour remédier à la pénurie de candidatures).

Paul Colize a choisi de placer l'histoire de son roman à l'intérieur de l'histoire réelle. En effet, il a imaginé le procès de 2 mineurs soupçonnés d'avoir tué leur « porion », leur contremaitre, en plein milieu de l'enfer sous terre. Ce procès a lieu en 1958, et une jeune journaliste du « Soir », un des grands quotidiens belges, est chargée par son patron de couvrir l'affaire. Nous suivrons pas à pas les actions, réactions et dires des différents protagonistes : les accusés, le procureur, l'avocat, le président, mais aussi les autres journalistes.

De plus, se mêle à cela le thème de la condition des femmes dans les années 50, encore cantonnées au rôle de maitresse de maison, dactylo ou domestique. Et je vous jure que les répliques de beaucoup d'hommes volent bien bas ! Quel irrespect, quel manque de considération !

Idem pour l'accueil des étrangers… Les Italiens étaient appelés les « Macaronis », et l'on se fichait de leur accent, de leur dégaine.

Au départ une pièce de théâtre lue par plusieurs écrivains (dont Franck Thilliez, Nicolas Lebel…), « Devant Dieu et les hommes » s'est transformée en roman criant de vérité et de psychologie, haletant au fil des pages et varié selon l'audition des témoins. Je n'ai pas pu le lâcher avant de l'avoir terminé !

Devant Dieu et les hommes, je remercie les éditions Hervé Chopin de me l'avoir envoyé dans le cadre de l'opération Masse critique.
Commenter  J’apprécie          379
Pas facile de relater un procès sans lasser le lecteur . Paul Colize a transformé la pièce de théâtre qu'il avait écrite en roman et c'est bien réussi grâce au personnage de Catherine Lézin, jeune journaliste, envoyée à Charleroi pour couvrir cet événement en 1958.

Autour de la catastrophe dans la mine le bois du Cazier à Marcinelle en Aout 1956, deux mineurs italiens sont accusés du meurtre de leur porion, sorte de contremaitre .

On en apprend beaucoup sur ces travailleurs italiens appelés quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale pour descendre dans les mines, ce que ne voulaient plus faire les belges. Attirés par un salaire honnête, par un hébergement correct et la possibilité de faire venir leur famille, ils ont bien déchanté, la réalité étant bien loin des promesses et l'hostilité de la population locale flagrante .

Pour Catherine Lézin, dont la famille a fui la Russie lorsqu'elle était adolescente et qui a francisée son nom , c'est un défi et une interrogation : promotion inespérée de son chef qui cantonnait jusqu'à présent les deux seules femmes de la rédaction du journal à des tâches subalternes ou piège ...

Elle veut réussir et a des atouts dans sa manche mais elle va trouver bien des crocs en jambe sur son chemin !

Beau roman , bien construit et écrit avec fluidité , l'ajout du personnage féminin évite de plomber le récit .
Un épisode véridique servant de trame comme souvent avec Paul Colize et qui dénonce une fois de plus les mirages qui attirent de pauvres gens qui sont ensuite exploités .
Et ça continue ...
Commenter  J’apprécie          317
Paul Colize relève le défi du roman de procès, souvent casse-gueule pour ne pas dire ennuyeux.
Mais le talent de l'auteur fait une nouvelle fois mouche, transposant le récit en 1958 à Charleroi alors que deux ans plus tôt, la Belgique a sans doute connu la pire catastrophe de son histoire. Plus de 250 mineurs sont morts dans l'incendie du site le Bois du Cazier situé à Marcinelle le 8 août 1956.
L'auteur fait donc acte de mémoire en rappelant à notre connaissance cette effroyable catastrophe mais va plus loin en tissant une fiction autour du supposé meurtre d'un contremaître par deux mineurs italiens lors de l'incendie.
Les deux survivants, Donato Renzini et Francesco Ercoli, ont déjà passé deux ans en prison lors de leur procès que va couvrir pour la première fois pour “Le Soir ” la jeune journaliste d'origine polonaise Catherine Lézin. C'est une véritable opportunité pour elle de montrer son talent dans cette rédaction essentiellement constituée d'hommes comme d'ailleurs l'ensemble des protagonistes participants au procès. Elle va ainsi découvrir le jeu de duettistes du procureur et de l'avocat de la défense qui se rendent coups sur coups. À travers les témoignages des accusés et de certains témoins elle va également prendre conscience de l'extrême pénibilité du métier de mineur comme de l'âpreté de leur existence. Sans parler de celle des italiens, très mal considérés par les belges bourrés de préjugés à leurs égards. Sont-ils coupables pour autant de ce crime pour lequel ils comparaissent ?

Si je ne suis pas à priori fan de ce genre de roman, l'auteur belge m'a fait changer d'avis.
Car à travers le procès qui se déroule à travers les yeux de Catherine Lezin, c'est d'autres sujets dont certains d'une actualité brûlante qu'il nous dévoile par la même occasion :
la place des femmes qui sont à l'époque dévolues aux tâches subalternes quand elles ont la chance de travailler.
la peur de l'étranger avec pour conséquences un racisme manifeste quand il n'est pas brutal
une productivité à tout crin sans aucune modération qui épuise les ouvriers avec comme contrepartie un salaire de misère et qui laisse quelques années plus tard les mineurs exsangues, déjà condamnés, les poumons noircis de poussière de charbon qu'ils ont ingurgité pendant leur labeur

Merci à Paul Colize d'avoir prêté sa magnifique plume à cette histoire émouvante et brillante de bravoure et de solidarité féminine. J'avoue moi aussi avoir écrasé quelques larmes lors de cette lecture où l'existence de deux hommes est en jeu.
Un procès qui fait oeuvre de témoignage et qui à travers lui, dit l'Histoire d'un pays et des femmes et hommes de toutes origines qui l'ont constitué.

Commenter  J’apprécie          231

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
— Dans cette salle de tribunal, le juge est un homme, les assesseurs sont des hommes, le procureur est un homme et l’avocat de votre mari aussi.

— Je sais.

— Ce n’est pas tout. Les douze jurés sont des hommes, les spectateurs sont majoritairement des hommes et les témoins qui ont été entendus sont tous des hommes.

Renata parut intriguée.

— Et alors ?

Katarzyna fit une courte pause avant de poursuivre.

— Moi, Renata, je suis une femme. Je vois, j’entends et je sens les choses autrement. Je ne crois pas ce policier. Ce qu’il a dit m’a heurtée. Je pense qu’il s’est passé quelque chose, autre chose, ou que tout n’a pas été dit, mais je ne sais pas quoi.
Commenter  J’apprécie          20
— « Avant de savoir, on ne sait pas. »

Il dévisagea un à un les membres du jury, à l’affût d’un assentiment tacite. Quelques-uns approuvèrent de la tête.

Elle nota qu’il savait conquérir un auditoire, à l’instar du procureur.

— Et quand les hommes ne savent pas, que font-ils ?

Il marqua une courte pause, comme s’il s’attendait à recevoir une réponse, puis embraya en haussant les épaules.

— Les plus sages avouent leur ignorance. Quelques téméraires avancent des hypothèses avec les réserves qui s’imposent. Je vous le concède. Mais que fait le plus grand nombre ?

Il se tourna vers le public et monta le ton.

— Ils supputent, mesdames et messieurs.
Commenter  J’apprécie          20
[...] Des montées d’angoisse continuaient à la tenailler. Les images du passé s’estompaient puis revenaient la tourmenter, telle une marée envahissante.
[...] Ni l’Église ni la psychanalyse ne pourraient venir à son secours. Elle seule pouvait exorciser le passé et se libérer de ses ruminations obsessionnelles.
Commenter  J’apprécie          40
Einstein a dit qu’il était plus difficile de détruire un préjugé que de détruire un atome.
Commenter  J’apprécie          120
Le lion est le roi de la jungle, il n’a peur de rien. Sauf de la lionne.
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Paul Colize (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Colize
Paul Colize propose la consigne d'écriture suivante : Je m'en souviendrai toute ma vie.
Textes écrits par B.P.L, Soufiane Baida, The Dark side T.M, Dédé et Moussa Billets d'écrits, un projet de la Compagnie Gambalo, de la Foire du livre de Bruxelles et de l'Adeppi, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en partenariat avec le Gsara ASBL et la Caap culture Adaptation et direction Nicolas Swysen Texte lu par Frédéric Clou
autres livres classés : littérature belgeVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (152) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2866 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..