Il fallait vivre chaque jour comme s'il était le dernier - pas pour se faire peur, mais pour avoir le moins de regrets possible.
Il regardait les Forêts et cela lui faisait penser à un dessin à l’encre de Chine, cela lui faisait penser à des squelettes que quelqu’un aurait peints en noir avec la régularité et l’acharnement d’un être malade.
Augustine vieillissait doucement.Comme les arbres. La peau fripée pareil,noueuse, un peu plus tordue qu'avant, à cause de d'arthrose.
Ceux qui restaient, les vivants - humains, animaux, végétaux : c'étaient des miraculé s. Des trésors. Des choses tellement précieuses, qui valaient de l'or, même si l'or ne valait plus rien.
Il poursuivait son voyage comme on poursuit un rêve, ou une quête - en sachant qu'ils sont impossibles, mais qu'il est impossible également de les abandonner, parce qu'ils sont la seule chose qui reste.
Et lui, avec sa grande gueule, qui avait dit à qui voulait l’entendre qu’il aimait la solitude, qu’il en avait besoin, qu’il en avait désir. Mais ça, c’était avant. Avant d’être seul pour de vrai. C’était très différent de l’idée qu’il en avait eue.
C'étaient des fous, disait Mathilde.
C'étaient des hommes répondait-il.
C'étaient des égarés.
Il y en aurait d'autres.
La ville ensablée. La ville engluée, épaisse, opaque. Tout manquait d'air. Tout arrivait feutré et hurlant en même temps. Le bruit se heurtait au silence des grandes peurs.
Tout continuait cependant.
[...]
Mais ça ne se voyait pas que la nature crevait dans les villes. Ça ne faisait rien au macadam, rien aux réverbères. Ça ne changeait pas le chant des étudiants, ça ne changeait pas le bruit des klaxons. Ça n'atténuait pas les rires ni les cris, le grincement des portes qui s'ouvraient et celles qui se fermaient, pas le ronronnement du métro, pas les sonneries des port.
Ça ne modifiait pas la couleur du ciel - parce que personne ne le regardait. Il y avait trop de lumière devant. Des lueurs artificielles.
Qu'on éteigne [...]
Le monde comme une ampoule.
Corentin n'aurait jamais cru- Corentin qui pensait qu'Olive l'aimait. C'était donc ça, la vie : payer pour être aimé.
Mais ça ne se voyait pas que la nature crevait, dans la ville. Ca ne faisait rien au macadam, rien aux réverbères. Ca ne changeait pas le chant des étudiants, ça ne changeait pas le bruit des klaxons. Ca n'atténuait pas les rires ni les cris, le grincement des portes qui s'ouvraient et celles qui se fermaient, pas le ronronnement du métro, pas les sonneries des portables.