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Citations sur Les larmes noires sur la terre (94)

Moe tout entière n'est qu'un étrange cri de douleur qui se calme peu à peu, d'un côté l'âme qui sombre et de l'autre le corps qui guérit, et peut-être est-ce ce qui la révolte le plus que tout, elle ne veut pas que le temps la guérisse, repliée sur son chagrin comme sur un ultime trésor, tordue, recroquevillée, si elle se redresse, elle ira mieux elle en est sûre - veut pas.
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Qui a eu un jour l’idée de cette étonnante et terrifiante filière de recyclage, donner une deuxième vie – et quelle vie ! – à ces vieilles guimbardes, personne ne s’en souvient. Quelle société ruinée a oublié qu’elle s’était bâtie sur des générations d’entraide et de solidarité, quelles églises ont baissé les bras, quels hommes sont nés, pour qu’un tel projet voie le jour ? Les pauvres, ils n’en veulent plus. Ont assez de leurs problèmes de chaque jour. Quelque chose s’est forgé en eux, la vague conviction que tout est justifié et que l’on n’y peut rien, le sentiment coupable et soulagé d’être à l’abri, la colère envers ceux à qui ils doivent la création de ces lieux pour lesquels il faut payer encore un peu plus de taxes. D’une certaine façon, ils admettent que c’est mérité et, même si c’est trop facile, pensent tout bas que les autres, ceux qui vivent là-bas, n’avaient qu’à travailler.
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Voilà, ce n'est qu'un enfant mort. Peut-être est-ce le premier que tu vois de ton existence, oui bien sûr, je le devine dans tes yeux, tu croyais qu'un enfant est éternel, nous le croyons tous avant qu'ils ne trepassent, parce que l'ordre des choses voudrait que les parents ne connaissent jamais la mort de leurs petits, mais il n'y a pas d'ordre dans le monde, pas de chronologie, pas d'obligation - et pas de justice.
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Être oubliee: un rêve qu'elle commence en achetant un cheval de trait et une roulotte, une impulsion venue de nulle part, ahurissante, elle n'aime ni les voyages ni les chevaux.
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Et cette horrible impression de ne pas être à sa place, seule parmi tous, non elle n'est pas comme eux, ne ressemble pas à ces loqueteux aux yeux fous, aux doigts en forme de griffes pour attraper ou chaparder, aux bouches qui ne savent s'ouvrir que sur les injures. Elle ne veut pas devenir l'un de ces êtres résignés et féroces : elle a sa fierté, elle, sa discipline, ses cheveux lavés même au savon, la tête haute, et ce regard sans aménité qu'elle porte sur eux les autres.
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(parlant d'Ada, la vieille Afghane)

Après ce sera plus simple. Ou du moins le croyait-elle. La leçon lui servira : il ne faut jamais écouter les rumeurs.

Alors Oui, partir vers l'ouest.
Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'on ne veut pas d'elle, là-bas en France.
Moscou n'est pas une passerelle mais un point d'arrêt, une place immense où les hommes s'usent à survivre devant les frontières fermées de l'Europe.
La seule façon de sortir de Russie est illégale ; la seule façon d'entrer en France est illégale. Entre les deux, le parcours ressemble à l'enfer.
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Les pauvres, ils n'en veulent plus. Ont assez de leurs problèmes de chaque jours. Quelque chose s'est forgé en eux, la vague conviction que tout est justifié et que l'on n'y peut rien, le sentiment coupable et soulagé d'être à l'abri, la colère envers ceux à qui ils doivent un peu plus de taxes. D'une certaine façon, ils admettent que c'est mérité et, même si c'est trop facile, pensent tout bas que les autres, ceux qui vivent là-bas, n'avaient qu'à travailler.
Moe elle aussi devant la télévision a vu les reportages, à côté de Rodolphe qui commentait les images en beuglant : "Bande de cas soc, d'assistés, qu'ont ruinés l'pays, valent pas mieux. Tous avec leurs sales gueules",qu'il disait, et il tapait sur l'épaule de Moe. "Regarde, mais regarde ! que t'aurais envie d'être leur voisin ? Ils sont bien où ils sont. Saloperie de pauvres".
_Mais tout de même, protestait-elle tout bas, tout de même, vivre là-dedans.
_eh bien ? Des bagnoles ? Y'a pire !
Et il montrait l'écran en riant trop fort, "et celui-là qu'est dans une merco, tu crois pas que c'est de la chance, ça, Une Mercedes, allez".
Moe repensait à la ville bourdonnante comme un immense terrain vague, des milliers de gens, et ces terribles habitations aux peintures cloquées pour les abriter : des allignements de voitures brisées posées sur cales, des rues entières bordées d'automobiles embouties, boîte ou moteur cassé, par quartier minuscules, et elle murmurait encore : "Mais ça, c'est une casse ça, ce n'est pas un endroit pour vivre, on ne vit pas dans des voitures, non".
Le rire de Rodolphe encore...
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La place est saturée de corps et d'odeurs, peaux blanches, mates et noires, femmes enveloppées de tuniques bariolées...
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Ce n'est pas toujours facile de manger à sa faim. Chez nous, on a un principe, on met tout en commun, les pénuries et les bonnes nouvelles, par exemple quand il y en a une qui revient avec des œufs pour faire des galettes.
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Faut pas regretter. C'est sa grand-mère qui disait ça. Pas de regrets, pas de remords, puisque de toute façon c'est trop tard...
Autant aller de l'avant. Regarder en arrière, écoute-moi bien, ça sert à rien.
Elle disait aussi : "Faut réfléchir avant. Y a que ça."
Et ça Moe l'a oublié, noyé dans sa cervelle.
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