J'ai éprouvé une nouvelle déception en lisant cette première aventure de l'inspectrice Renée Ballard, nouvelle héroïne des romans de
Michael Connelly. Au fil des ans, la production de l'écrivain – j'ose le terme – devient de plus en plus stéréotypée dans les figures imposées du genre et prisonnière d'une technicité qui sert plus à camoufler le manque d'inspiration qu'à donner une impression de réalisme au lecteur.
En attendant le jour repose sur l'élucidation de deux affaires, l'une où il y a surenchère de cruauté, et l'autre, surenchère d'assassinats. de ce fait, Renée Ballard va mettre en oeuvre une énergie décuplée, travaillant nuit et jour, la plupart du temps seule. D'ailleurs, son coéquipier est trop plan-plan pour elle (il fait ses heures, sans plus), elle n'aime pas son superviseur, ni d'ailleurs la plupart des flics. Hormis quelques étreintes énergiques et hygiéniques, elle se passe très bien des autres comme de sommeil. Comparés à elle, Harry Bosch est un joyeux luron et Mickey Haller un bon vivant, limite fêtard.
J'ai eu le sentiment que
Michael Connelly, malgré tous ses efforts, ne parvient pas à camper un personnage pour lequel on ressentirait un peu d'empathie. Il a beau lui coller un chien sauvé d'un vilain SDF et une grand-mère fan de glisse, elle demeure une sorte de cyborg défoncée au paddle.
Quant à l'intrigue, convenue pour l'affaire n°1, et tordue au-delà du vraisemblable pour l'affaire n°2, elle avance grâce à la mécanique connellienne bien connue.
Si on se demande pourquoi les polars scandinaves se sont taillé un tel succès ces dernières années, on a ici la réponse en creux : ils apportent un vrai regard sur la société au lieu d'agiter des épouvantails fatigués.