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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je tiens Conrad pour un des plus grands auteurs. Il est, selon moi, la quintessence de l'écrivain au sens le plus noble du terme, déployant toujours un style remarquable de finesse allié à une fluidité totale, parvenant à donner vie à des personnages parfaitement ciselés. « le nègre du Narcisse » ne va pas démentir cette opinion, même si ce roman m'a moins plu que d'autres de l'auteur.

« le nègre du Narcisse » m'a moins séduite que les autres romans de Conrad que j'ai lus. Il faut dire que la barre était sacrément haute. Je considère notamment « le coeur des ténèbres » comme un des romans les plus immenses jamais écrits. Dans « le nègre du Narcisse », il m'a manqué un brin d'émotion pour emporter totalement mon adhésion. Mais, si mon enthousiasme est tempéré, il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un très bon roman d'aventure maritime. Et que dire de l'écriture de Conrad si ce n'est qu'encore une fois elle m'a émerveillée. J'ai tout particulièrement été frappée par la partie du récit dans laquelle l'auteur narre la tempête essuyée par le Narcisse. Quel formidable épisode. Rarement une tempête aura été décrite avec tant de précision tout en étant lyrique. Cette partie du roman est terriblement immersive. Rien que pour ça, le roman vaut d'être lu. Et cette partie s'étend sur beaucoup de pages, pour le plus grand bonheur du lecteur. Quant aux personnages, ils sont encore une fois remarquablement composés.

« le nègre du Narcisse » n'est pas le meilleur roman de Conrad mais c'est tout de même une grande oeuvre que je recommande à tous les amateurs de récits maritimes.
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Ce livre est un témoignage précieux d'un monde disparu, supplanté à la fin du XIXe siècle par les bateaux à vapeur: celui des grands voiliers marchands. Conrad nous embarque sur le Narcisse de Bombay à Londres, de l'Océan indien à l'Océan atlantique, entre tempête apocalyptique et calme plat mortel. L'aspect documentaire est remarquable. le vocabulaire iodé du marin: gaillard d'arrière, écoutille, lisse, épontilles, beaupré, guindeau, manchon d'écubier, vergues ou dunette, pique la langue du lecteur et le fait tanguer au rythme de la houle. Plus qu'un roman d'aventure, "Le Nègre du Narcisse" est une ode aux hommes de mer. Conrad excelle dans des descriptions à couper le souffle et dans de magnifiques portraits de personnages des micro-sociétés qu'étaient ces navires: le vieux marin, le cuisinier, le bosco (le second, figuré par le personnage magnifique de Baker), le charpentier, le capitaine bien sûr.
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C'est davantage l'histoire du bateau que celle du nègre et des autres matelots, un voilier quittant Bombay pour l'Angleterre en doublant le cap de Bonne-Espérance. L'équipage fait corps avec le bateau qui est donc la vedette principale du roman de Conrad, son troisième et premier sur le milieu maritime. La mer, on la prend dans la gueule à chaque page et, lorsque la tempête se déchaîne, elle prend la dimension épique qui séduit les amateurs des livres de mer. Les personnages dégagent aussi une force et une profondeur des caractères qui confère encore plus de grandeur au Narcisse. Très beau texte de Conrad.
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Quelle belle surprise que ce roman choisi ... parce qu'on célèbre cette année le centième anniversaire de la mort de l'auteur et que cela correspondait à un item d'un de mes challenges de lecture ! 

J'ai découvert une très belle écriture fluide et précise, qui lors des descriptions visuelles et auditives des quartiers du navire, me donnait l'impression de me trouver au milieu des marins dans la promiscuité des couchettes ou la tranquillité du pont. 

La description de la tempête, au large du Cap m'a secouée tout autant que les marins, ballotés en tous sens par des vagues dix fois plus hautes que le grand mat, que le capitaine refusa d'abattre ...

Quant au nègre du titre, ce James Wait, arrivé le dernier à l'embarquement et qui s'est fait porter pâle dès le navire en route était ce un vrai malade, un gros fainéant, un profiteur, embobineur de ses camarades se faisant servir comme un prince sans lever le petit doigt ! 

Un roman qui donne à voir la dure vie des marins de la fin du XIXème siècle (le roman est paru en 1895), convoyant vivres et marchandises aux quatre coins de l'Empire britannique.

Un auteur que je découvre et dont je lirai très probablement d'autres romans.  
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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A bord du Narcisse, joli voilier au départ de Bombay, les hommes se sont réunis, quasi au complet, dans le poste d'équipage. Des hommes rudes, de tout âge et de tout horizon. Deux scandinaves aux allures de géants enfantins, un gamin tout droit sorti des rues de Londres, un petit bonhomme teigneux, en haillons, qui connait bien mieux ses droits que ses devoirs et en tirera toujours le meilleur prétexte pour tirer au flanc, le vieux Singleton, avec son corps couvert de tatouages et sa vénérable barbe blanche, impassible au-dessus du vacarme des hommes. Et puis, au tout dernier moment, l'ultime retardataire arrive : Jim Wait, un Noir étrange au regard méprisant et à la toux caverneuse, qui ne tarde pas à affirmer ouvertement qu'il va bientôt mourir, n'a embarqué que dans l'espoir de rejoindre à temps l'Angleterre.
Il n'a pas l'air si malade, pourtant, et le doute s'installe aussitôt dans l'équipage : n'est-il pas plutôt un imposteur, qui ne se prétend mourant que pour échapper, lui aussi, au travail ? Faut-il le plaindre et l'aider, ou bousculer ses mensonges ? Incapables de se décider, craignant à la fois de se faire manipuler et de manquer à la plus simple humanité, les hommes se retrouvent dans une pénible position d'entre-deux, réduits même, bientôt, à un véritable esclavage moral par ce type imbuvable qui accueille leurs mille attentions avec la plus capricieuse arrogance et qu'ils ne peuvent se décider, pourtant, à laisser tomber.
L'esprit de contradiction, la méfiance et la mort sont du voyage, et avec elles, évidemment, un dangereux élément de discorde que seuls pourront désamorcer, peut-être, les caprices de la mer et la poigne d'un très grand capitaine.

Oubliez les romans de mer aventureux, aux mille rebondissements : tout repose ici essentiellement sur l'ambiance, la splendeur imposante de l'océan, les ferments complexes de l'âme humaine, mis à macérer en vase clos jusqu'aux abords de l'explosion. Une tension se crée peu à peu, un malaise prenant, un suspense subtil autour du possible mensonge. Les caractères sont bien moins travaillés que dans Lord Jim, et ce texte n'en a pas la puissance tragique si captivante, mais la finesse psychologique est là, de même que le talent pour créer un personnage en quelques mots, lui donner corps et couleur, âme et voix. Nous sommes ici - et ce n'est pas si courant - dans les entreponts des marins et non sur le gaillard d'arrière, au coeur même de l'équipage dont le narrateur est un membre indistinct, ni plus cultivé ni plus perspicace que les autres au moment où se déroule le récit. Parfaitement placé pour saisir les contradictions, les complexités de ces hommes simples qui ne servent souvent, dans les autres romans, qu'à faire avancer le bateau ou introduire un vague élément de conflit social.

Un beau roman sur la solidarité et le sens du devoir, sur les failles et les forces de l'âme humaine confrontée à sa propre fin, relevé par une scène de tempête formidable, l'une des meilleures sans doute qu'il m'ait été donné de lire et qui mériterait presque, à elle seule, la découverte de ce petit livre.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Dense, imagé, empreint de tension dramatique. Cet équipage du Narcisse, tout un microcosme. Un monde en miniature, où les marins s'affrontent ou s'entraident.
Les moments forts de ce récit maritime : la présence à bord de Jimmy, personnage ambigu qui suscite tour à tour la suspicion et la commisération ; la violente tempête, suivie d'un début de mutinerie.

La terminologie décrivant la manoeuvre des voiles m'a demandé un certain effort. Nabokov disait que le lecteur devrait visualiser les détails, la cartographie, les repères. Par exemple, visualiser les compartiments du train d'époque dans Anna Karénin, ou alors la coiffure d'Emma Bovary. J'ai eu du mal à imaginer l'incessant affairement de ces marins âpres à la besogne !

Tout à la fin, « lorsque le navire aborde les flots de la Manche [ ] c'est la mort dans le mouillage à l'ombre des murs sans âme » [Source : le commentaire dans la Pléiade, p 1274]

Pour clore ce compte rendu, un bref portrait de Joseph Conrad, source https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/11/21/conrad-hors-sol/
« Suprêmement anglais en apparence, car grand voyageur de l'Empire à son apogée, mais voyageant comme une algue, déraciné permanent et d'une inquiétante étrangeté (malgré une fin de vie calme et bourgeoise dans le Kent où il meurt en 1924), et demeuré en réalité de nul pays, c'est-à-dire aussi profondément polonais qu'il est possible [ …] »
Conrad « endossera à la perfection le rôle de l'écrivain anglais absolu en atteignant, dans une oeuvre singulièrement maîtrisée, un statut de styliste aussi exigeant que son contemporain, et, à certains égards modèle, Stevenson ».
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Très bon livre à mon sens sur l'histoire de Jim Wait engagé sur le Narcisse, navire qui va se trouver en proie à une nature déchaînée.Le style est ici très fort.Une forme de poésie fort s'en dégage où le navire semble parfois plus animé que ses occupants. Les personnages sont très différents et ont une grande force de Singleton en passant par Donkin et j'en passe. Un très bon livre pour moi.
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