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4,14

sur 420 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je viens de terminer ce roman de Pat Conroy. Un pavé de plus de 900 pages.
Les deux personnages principaux sont Jack Mc Call et sa fille Leah.
Lorsque sa femme s'est suicidée en se jetant du haut d'un pont, Jack a décidé d'aller vivre à Rome avec sa fille et de ne plus revenir en Caroline-du-Sud d'où il est originaire. Il se pose des questions sur les raisons du suicide de Shyla, sa femme, sans pouvoir soupçonner quoique ce soit.
Un télégramme lui apprend que sa mère, atteinte de leucémie est au plus mal. Il décide de retourner en Amérique pour assister aux derniers instants de sa mère.
A mon sens, ce roman en comprend plusieurs, nous y retrouvons, sans aucune chronologie les différentes phases et époques de la vie de chaque personnage :
- La déchéance du Juge Mc Call, père de Jack, alcoolique notoire ;
- L'enfance tourmentée de Lucy, sa mère ;
- L'Holocauste vécu par les parents de Shyla ;
- La guerre du Viet Nâm ;
- La schizophrénie de son plus jeune frère ;
- La folie de Shyla ;
- L'amitié entre Jack, Mike, Capers, Ledare et Jordan, leurs souvenirs d'enfance.
Beaucoup de sujets y sont traités à commencer par l'amour paternel, l'amour maternel, l'amitié, la dispute, la guerre, les horreurs de l'holocauste, l'enfance maltraitée, le viol, la maladie, l'amour, la folie, la mort.
L'auteur a une très belle plume, je l'ai lu avec beaucoup de plaisir. Son livre est dense et très long à lire, il faut en digérer les différentes phases. Il est parfois difficile à suivre tant les sujets sont nombreux et traités pêle-mêle, sans aucune chronologie. J'ai mis plus de deux mois pour le lire, il faut le digérer tant sa lecture est intense.
Les chapitres sont longs, les paragraphes font parfois plus d'une page, ce qui ne rends pas la lecture facile.
J'ai aimé ce livre, je l'ai dégusté. Il est émouvant, à la fois triste et mouvementé, bouleversant par moment beaucoup d'adjectifs pourraient le qualifier, j'y ai cependant trouvé quelques longueurs.
Malgré tout je lui ai préféré « le Prince des Marées » (du même auteur) que je considère comme un chef d'oeuvre.
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le grand Santini était le seul roman de Pat Conroy que j'avais lu. Je l'avais aimé. Beach Music est un pavé de 700 pages qui emporte les suffrages. Truffé d'éléments autobiographiques ce livre explore les années soixante à l'est des Etats-Unis. Jack McCall, dont la femme Shyla s'est suicidée, quitte la Caroline du Sud pour l'Italie avec sa petite fille Leah. Et c'est toute l'histoire de sa famille, riche en péripéties, qui nous mène de l'Europe des années trente aux années Vietnam, en passant par les parties de pêche adolescentes et les amitiés trahies. Cette saga est un navire qui tangue bien un peu, Pat Conroy s'attardant par exemple sur l'holocauste et l'insoutenable mais il est vrai que le judaïsme joue un rôle important dans le roman. Nous sommes là dans une littérature classique américaine sans allusion péjorative.

Les McCall sont une fratrie, les quatre frères de Jack le retrouvant à l'occasion de la maladie de leur mère Lucy. Leur père aussi est de la partie, ancien juge alcoolique, ainsi que les amis d'adolescence, de ceux qui marchèrent contre la guerre en ces années peu nuancées. la musique, la plage, les fraternités étudiantes très fortes en Amérique, les relations avec les parents, les engagements, les addictions. L'air est connu et je suis d'une génération à peine plus jeune. J'ai bien souvenir des images télé de ces manifs sur fond de Joan Baez. Pat Conroy, je l'ai dit, s'attarde parfois un peu longtemps à mon sens. Et à force de vouloir relier passé et présent cela m'a donné une impression d'artifice un peu pesant.

L'auteur excelle encore une fois dans la peinture de la ville de Waterford, ce fameux Deep South qui n'est toutefois pas l'Alabama. Oui même chez les sudistes U.S. il existe des différences de tons. N'est pas redneck qui veut. Les prises de conscience politique sont à géométrie un peu variable. Il y a un père général plus général que père, ou père à la manière d'un général. On découvre sur le tard les talents de passionaria de Shyla. Pat Conroy prend un parti de théâtralisation des évènements du passé, presque au sens propre. C'est assez surprenant mais on se prend au jeu. Beach Music est donc un (très) long roman d'une Amérique aux prises avec ses démons, et les thèmes de l'engagement, de l'activisme, du pardon de la réconciliation, qui se lit assez facilement et qui a du souffle. de quoi donner envie de découvrir le prince des marées, autre roman célèbre de Pat Conroy.
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Jack Mc Call s'est promis, après le suicide de sa femme, après le procès immonde que lui intente alors sa belle famille pour lui enlever la garde de sa fille et la réaction délétère de sa propre famille, de ne plus jamais remettre les pieds dans ce milieu mortifère.
Il s'exile en Italie avec sa fille Leah.

Il finira par changer d'avis en apprenant que sa mère est malade et rentre auprès des siens.
Il retrouve d'abord ses liens forts avec ses trois frères, le plaisir de sa terre, puis finit par résoudre ses conflits familiaux et amicaux de jadis.


Récemment sortie emballée de la lecture du "Prince des marées", je me suis engagée avec enthousiasme dans l'écoute de cette "Beach Music" pour renouveler le plaisir, bien avertie qu'elle rechantait à peu près la même chanson :

- La Caroline du Sud,
- Les conflits âpres au sein d'une famille autant aimante que destructrice,
- Une narration portée par l'un des enfants lourdement abimé par ce contexte familial, qui en révèle peu à peu les secrets à l'origine de la douleur,
- La fratrie soudée, le père brutal et défaillant, la mère révérée et haïe, liant indestructible qui force à l'oubli ou au dépassement de la souffrance,
- Des tranches de vies sous forme de digressions plus ou moins intégrées au récit.

Tous ces couplets et refrains sont en effet bien là dans "Beach Music"... mais en beaucoup moins bien.

Passons sur l'Italie en carton pâte sur lequel s'ouvre le roman : plazzas ensoleillées et gorgées de fruits, pizzaiolo avenants, pasta al dente, tout y passe.
Passons aussi en ce début de roman sur l'enfant parfaite de Jack : jolie, gentille, toujours d'accord, incroyablement intelligente et mature. Question vraie vie, on repassera (que le premier parent qui n'a jamais crisé devant son enfant gueulard me jette la pierre).

Bref, un début gentiment ridicule.
Mais on reste à ce stade du récit alléché par l'envie de vivre avec Jack son retour au pays, de découvrir sa famille et d'en comprendre l'histoire et son impact sur lui.

Certes, on est servi : on a plaisir à le voir renouer ses liens truculents avec ses frères, régler en adulte le conflit avec le père, dépasser avec amour les écueils vécus auprès de sa mère mourante, accepter d'affronter la belle famille..

Et de découvrir des portraits admirables (le jeune frère dérangé, la belle-mère), dérangeants (le père), voire époustouflants (la mère, le beau-père).

L'empathie fonctionne.

Mais pas à plein :

Le récit pêche par manque de charpente, avec des scènes qui ne s'enchainent pas de manière naturelle.

Et pire, par manque de crédibilité :
Au mieux: notre Jack qui nous jure dans les cent premières pages de ne jamais revoir sa famille et change d'avis à la première injonction;
Au pire, la théâtralité grotesque de la scène qui rassemble les protagonistes de sa jeunesse.

Ces réserves ne m'ont pourtant pas empêché de lire "Beach Music" d'une traite.

J'en garde au final comme image la plus forte la même que celle retenue du "Prince des marées":

Celle de la mère, incroyablement forte, hors des normes, apte à rebondir face à la souffrance, solaire et conquérante, protectrice malhabile de sa progéniture.

Cette mère sur laquelle Pat Conroy, enfant maladroit battu par son père de son propre aveu, n'en finit pas d'écrire.








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Comme beaucoup d'entre vous, j'ai été subjuguée par le Prince Des Marées.
Mais c'est toujours une erreur de lire LE chef d'oeuvre d'un auteur en premier, car ses autres romans, par comparaison sont forcément décevants...
Pourtant, avec Beach Music on retrouve les thèmes chers à Pat Conroy: les relations familiales très difficiles, la relation au père, ainsi qu'à la mère pathologiques et conflictuelles, son amour pour les paysages de la Caroline du Sud et de la belle ville de Charleston.
Il y ajoute l'histoire avec un grand H, avec l'évocation des souffrances vécues par les juifs polonais rescapés de l'holocauste et immigrés en Caroline du Sud, avec aussi les fractures que la guerre du Vietnam a apportées au sein de toute une génération de jeunes américains.
Tous les éléments sont réunis pour une saga passionnante, d'autant que Pat Conroy est un conteur né.
Cependant, beaucoup trop de longueurs, de digressions cassent le rythme du roman, le rendant parfois lourd et ennuyeux...
Je lui attribue 4 étoiles cependant car Pat Conroy demeure un écrivain majeur du sud des États Unis et le meilleur ambassadeur des marais de Caroline du Sud.
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Un récit sobre mais déchirant: Jack McCall est installé à Rome avec sa fille Léah. Il essaie de retrouver la paix après le suicide de sa femme Shylla. Il s'est juré de ne jamais revenir en Caroline du sud mais un télégramme lui annonçant l'agonie de sa mère suite à une leucémie, va le faire changer d'avis..Dès son retour, des souvenirs affluent: la guerre du Vietnam, l'Holocauste...

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J'ai commencé ce roman avec le même ravissement que m'avait procuré « Le prince des marées ». L'écriture poétique de Conroy quand il décrit le Sud, ses personnages intenses, ses dialogues percutants, ses multiples histoires qui s'emboîtent si bien, le charme opérait à nouveau jusqu'à ce qu'il soit rompu et me laisse finalement avec l'impression d'avoir parcouru une montagne russe littéraire...
Il y a tellement de points forts dans ce roman que cela aurait pu être un coup de coeur monumental. L'introspection de Jack m'a happé tout au long. Que ce soit quant au suicide de sa femme, de ses amitiés trahies, de sa relation avec ses parents et ses frères ou même la plaie vietnamienne. Sa façon d'assumer seul l'éducation de Leah, ne pensons ici qu'à Chippie-la-bonne-chienne en autre, donne lieu à des dialogues savoureux et fait chaud au coeur. À chaque fois que les frères McCall étaient réunis, un joyeux bordel s'installait à mon plus grand plaisir. L'enfance et la vie étudiante de Jack et ses amis est digne de biens des romans d'apprentissage. Les descriptions de Rome, Venise et le Sud profond font rêver. Tout ce qui concerne Lucy, de ses origines à ses mariages, de ses tortues à son attitude devant sa mort imminente m'a captivé, ému et fait réfléchir. J'ai aimé détester le père de Jordan, savourer les répliques assassines de la fratrie, rire des frasques du benjamin, suivre les états d'âme de Jack, découvrir tant de personnages tranchés au couteau. Et quelle histoire! Dense, complexe, louvoyant de thèmes en thèmes, chevauchant les époques et les pays avec en filigrane ces obsédantes questions: mais qu'a donc fait Jordan et quelle est ce drame qui a conduit à l'éclatement de ce groupe inséparable? Et le dénouement de l'intrigue, sous forme de simili procès, avec toutes ces confrontations m'a paru une pièce d'anthologie en soi.
Mais, et il est de taille, les longs retour sur le passé des parents de Shyla m'ont paru plaqués, n'apportent rien de substantiel à l'histoire et m'ont profondément ennuyé. L'Holocauste et ses ravages ont été écrits ad nauseam et je n'ai rien trouvé d'original ici. J'ai vu cela comme une énorme digression qui casse le rythme et l'atmosphère du roman. Mon autre réserve, très personnelle, concerne le pardon qu'accorde Jack à ses beaux-parents qui ont tenté de lui ravir sa fille sous de fallacieux prétextes et à son « ami » Capers qui l'a sciemment et profondément trahi à l'université; je ne crois pas que dans la vie on doive tout accepter et la déception a été vive face à ce personnage qui m'était si sympathique. En somme une très bonne lecture qui ne m'a pas laissé indifférent!
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Le personnage de la mère nous offre la plus belle leçon de vie qui soit quand elle nous amène voir ses précieuses tortues...
La naissance des tortues, comment elles savent, seules, dès la naissance, ce qu'elles doivent faire. Sans modèle. Seule. Tout dans le code génétique, tout dans l'inné, déjà acquis avant que d'être expérimenté. Exactement le contraire de nous, pauvres humains qui pataugeons dans la boue de nos vaines tentatives d'essais-erreurs, tantôt mauvaise, tantôt bonne éducation, valse hésitation sans fin de l'humain ardoise quasi-vierge où toute expérience de vie reste sans cesse à refaire. On ne naît pas avec "l'expérience", elle ne figure dans aucun code génétique, ne se transmet qu'au compte-goutte, voire homéopathiquement. Je veux renaître tortue!
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Un très beau livre. Belles descriptions de la Caroline du Sud. Un roman écrit tout en douceur. Quelques passages qui m'ont toutefois parus longs.
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Il y a un certain temps que Pat Conroy me faisait de l'oeil mais il faut être dans les dispositions littéraires adéquates pour s'attaquer à un roman-fleuve. Comme, selon une idée largement répandue, l'été est propice à la lecture de pavés, j'ai choisi Beach Music. 949 pages.


Jack McCall s'est exilé en Italie en compagnie de sa fillette après la mort de Shyla, son épouse vive et drôle qui avait pourtant en elle une part sombre, sinon pourquoi aurait-elle sauté du haut d'un pont pour abréger son existence, lasse de se sentir défectueuse et éphémère. Depuis ce saut de l'ange qui l'a rendu veuf, Jack est moralement exsangue, vaincu, et subit une tristesse permanente. Il cherche l'amnésie, Rome lui permet d'y accéder. Il a fui aussi son passé familial, sa belle-famille qui lui a intenté un procès pour la garde de sa fille, et la Caroline du Sud, cet Etat obscurantiste où une grande partie de la population vit dans des maisons vulgaires inspirées de Tara, en feignant d'ignorer que Lincoln a libéré les esclaves.


Dès les premières pages, bien que craignant un côté étouffe-chrétien de l'intrigue qui fait un tour d'horizon englobant rien de moins que la ségrégation, la guerre du Vietnam, l'Holocauste, les familles dysfonctionnelles, j'ai été séduite par le style de l'auteur. Il faut dire qu'il commence en douceur en décrivant une Rome digne de la Dolce Vita, des placettes où chantent des fontaines, des terrasses où sont servies les meilleures pâtes et pizzas du monde et des environs ; avec très peu d'imagination, j'ai eu vite fait d'assimiler Jack McCall à Marceeellôôôô... J'ai également été très sensible à la qualité des dialogues, qui fusent et éclairent l'histoire de leur humour et intelligence.


Et puis, et puis, Jack retourne chez lui aux Etats-Unis, sa mère est mourante, et à partir de ce moment-là, mon intérêt s'est émoussé. Un manque de structuration, de cohésion a perturbé ma boussole littéraire, l'ensemble des thématiques se fondant dans un récit embrouillé et redondant. La famille de Jack bien que particulièrement cinglée n'a pas réussi à accrocher mon attention, et j'ai fini - pour des motifs personnels de deuil très récent – par caler sur la leucémie de la mère de Jack hospitalisée en chimio. Au final, j'ai lu plus ou moins un tiers de ce pavé, je n'ai pas l'intention d'y revenir ultérieurement pour l'achever.
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Enfin fini mon pavé de 900 pages.
Je ne connaissais pas ce Pat Conroy, mort récemment. Ce fut un chouette voyage.
Le gars aurait écrit un chef d'oeuvre, le Prince des Marées. Ce Beach Music n'arrive pas à égaler son grand aîné, dit-on, ach, dur dur d'être écrivain. Néanmoins, prenons la barque du bayou et arrivons... à Rome.
Le héros, Jack, s'y est installé avec sa fifille, Leah, après la mort de sa femme (et mère de la petite) Shyla par suicide. Là-bas, en Caroline du Sud.
Il ne veut plus entendre parler, ni de ce deep south de sa jeunesse, ni de sa famille, ni des parents de Shyla qui lui ont fait un procès pour obtenir la garde de la gamine. Il a gagné le procès, et s'est barré loin, très loin. Dans un pays aimable, d'autant plus avec sa profession de guide et critique culinaire.
C'est là que ça pêche un peu : il ne veut plus jamais entendre parler de son père qu'il hait, de sa mère qu'il rejette en masse... mais en un claquement de doigt elle devient sa mère adorée, et son père, un alcoolique certes, mais finalement fréquentable. Quant à ses beaux-parents, en écoutant leur histoire, il comprend tout et évidemment, ne peut plus leur en vouloir...
Outre ces "trop" et "jamais plus" et "pour toujours" déplacés,
la galerie de personnages est riche.
En Caroline du Sud, ils étaient une bande de copains, quatre gars, et deux filles, dont Shyla l'ardente. Deux des gars avaient des pères extrêmement violents avec leur progéniture. Lui et ses quatre frères (aux noms rigolos : Tee, Dupree, Dallas, John Hardin), battus au gré des saoulographies du père. Et le père de Jordan, militaire intransigeant et sectaire, tabassant son fils unique à la moindre contrariété.
Ca pêche à la mer entre les bayous, ça se gorge de crevettes et poissons au barbecue, ça crapahute dans des cabanes. Ca milite contre la guerre du Viet-Nam. Ca se perd en mer et rencontre des marsouins, ou même une raie géante très très géante. Les deux copains chanceux veulent devenir qui député, qui producteur hollywoodien. Les deux ex-enfants battus font ce qu'ils peuvent, fuyant en Italie pour l'un, dans la religion pour l'autre. Shyla s'enflamme, se passionne, aime énormément, danse, entraine, exalte - et se jette du pont en laissant une lettre d'adieu. Ledare, l'autre fille de la bande, est plus sérieuse, posée, amoureuse, observatrice, douce, et finalement craquante.
En morceaux séparés, en short stories dans le gros roman, on se régale. On découvre le destin de la mamma, si dur. Les humeurs du dernier frère, John Hardin, chiantissime, parfois dangereux, tendre, sincère, allumé... bref, un schizophrène que sa famille supporte, et protège malgré tout le soucis qu'il leur cause à tous. Et puis Jordan, le fils du militaire, qu'on aime aimer, génie du base ball, du surf, de la rébellion, de l'amitié et en quelque sorte, d'un beau catholiscisme. le militantisme de Shyla, et de Casper le futur politique, contre cette guerre du Viet Nam dont on ne savait pourtant pas grand chose dans les facs de Caroline, ce deep south attachant.
Et puis soudain, on file en Europe de l'Est avec les parents de Shyla. La mère, fuyant la Pologne envahie par les nazis, repêchée par le gentil Max le Grand Juif, qui la "rachète" sans la connaître. Parce qu'il se sent impuissant depuis sa Caroline du Sud à sauver la vie de chaque membre de sa famille restée là-bas et qui sera engloutie, lui le juif russe ayant par miracle - et courage - échappé aux Cosaques, les nazis russes des pogroms. Et puis le père de Shyla se raconte, et soudain, depuis un bouquin si américain - du Sud - mâtiné d'Italie, un bouquin si plein de vie, d'amitié, de gourmandise, de soleil, et ses petites tortues qui courent par centaines vers la mer lors de l'éclosion des nids... on atterrit au pire de la shoah, depuis le ghetto de Varsovie jusqu'aux camps. Evidemment c'est un cauchemar, évidemment ceux qui ont survécu sont quand même des morts-vivants. J'ai dû sauter quelques pages tellement c'était hard, voilà, le père a raconté, en détail... On en sort délabré, on revient sur la plage des tortues que la Mamma essaie de sauver, on reprend la vie des quatre copains, des cinq frères...

Un peu le bintz ce livre, avec ces morceaux de bravoure, mais les rapports humains un peu ratés, comme si l'auteur voulait tout dire et bâclait les liens entre toutes ces histoires pour balancer ce pavé. N'empêche, à la fin du livre on n'a plus envie de les quitter, ces gens avec qui on vient de passer des semaines. C'est marrant un livre, un gros livre comme ça. Il se crée un attachement. Il n'y a pas d'images, mais les images se créent, avec une brume onirique.
Avec sa bonne tête de bon gars qui ne ferait pas de mal à une mouche, l'écrivain a sombré dans une profonde dépression après ce Beach Music, sa première femme était juive comme Shyla, peut-être a-t-il réellement recueilli ces histoires venues de l'Est...

Faut voir, le Prince des Marées, histoire de retourner en Caroline, surtout si c'est un chef d'oeuvre. Surtout après avoir appris que l'écrivain et ses frères ont carrément été martyrisés par le père, battus à mort parfois, que plusieurs fils ont voulu se suicider, que l'un d'eux a réussi...
J'ai noté dans le récit du père juif, grand pianiste, qui n'avait pas vu venir le tsunami destructeur nazi, que "après tout on se disait que les Allemands étaient des êtres humains comme tout le monde, impossible de croire à ces horreurs qu'on nous rapportait sur eux". J'avais jamais vu ça sous cet angle. Evidemment, ils étaient des humains comme tout le monde. Puis sont sortis de l'humanité. Comme les terroristes de maintenant. Comment peut-on à ce point balancer son humanité à la poubelle comme ça, et faire subir l'insupportable à d'autres humains... Dans le Choix de Sophie, William Styron tente une réponse. Mais ça reste quand même un mystère...
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