Un roman lisible à partir de 15 ans, qui m'a rappelé la belle époque de Buffy contre les vampires ! Démon, vampires, monstres en tout genre se liguent pour prendre le pouvoir. Heureusement, le Cercle, une mystérieuse organisation, veille pour que rien ne se passe aux yeux de l'humanité. Leur arme secrète ? une bande d'enfants aux pouvoirs surnaturels, qu'ils entraînent dans des lieux cachés.
J'ai adoré suivre Thibault, vivre ses doutes et ses peines, mais aussi ses joies face à cette nouvelle (mais terrifiante) vie qui s'offre à lui ! vivement le tome 2 !
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— Ah, inspecteur, vous êtes là ?
— Non, répondit Vallandier, sans sourire.
Devant la tête ébahie de son collègue, il crut bon de reprendre :
— Oui, Pérétin, je viens d'arriver. Quoi de neuf ce matin ?
— Oh, rien, lui balança Pérétin en haussant les épaules.
— Eh ben, on commence bien la journée !
Il baissa la tête avant de reprendre :
— Ah mais, si. Dis-moi, je viens de croiser les époux Plantin, qui sortaient d'ici. Martine m'a dit qu'elle te les avait envoyés ?
— Ah oui, oui.
— Bah alors ?
— M'en souvenais plus.
— Ils viennent de partir. Faut consulter, Pérétin, ça s'arrange pas !
— Ils voulaient vous voir.
— Oui, je sais. Je leur avais dit que ce n'était pas la peine de se déplacer, qu'on les appellerait si on avait du nouveau dans l'enquête. Je comprends leur inquiétude, mais ce n'est pas en venant nous voir tous les jours qu'on va leur pondre des informations !
— Ah non, mais ils ne venaient pas pour ça.
— Ils sont venus pour quoi, alors ? demanda l'inspecteur, interdit.
— Ils veulent qu'on arrête l'enquête, dit simplement Pérétin sans s'émouvoir.
— Quoi ?
— Oui, ils ont dit que ce n'était plus la peine.
— Comment ça, plus la peine ?
— Oui, c'est fini.
— Ce sera fini quand on aura le fin mot de l'histoire, mais pas avant ! Leur fils est rentré ?
— Oui, apparemment.
— Apparemment ? Tu ne les as pas reçus dans ton bureau ?
— Si si.
— Bah alors ? Ils ne sont quand même pas juste venus pour te dire d'arrêter les recherches ?
L'inspecteur montait le ton, et la pression dans le bureau faisait de même.
— Oui, enfin... ils ont dit que leur fils avait fait une fugue mais que c'était fini. Il était à la maison.
— Depuis quand ?
— Hier, je crois.
— Tu crois ? Dis donc, j'adore quand tu fais dans la précision comme ça ! C'est avec des affirmations de ce genre qu'on va bientôt conclure cette affaire. Il est rentré hier, alors ?
— Oui. C'est ce qu'ils ont affirmé.
— Et il va bien ?
— Oui, d'après ce qu'ils disent.
L'inspecteur n'en revenait pas. Il ne savait pas ce qui le surprenait le plus. Que cette disparition ne soit en réalité qu'une fugue, ou que son adjoint n'ait pas l'air plus informé que cela de la situation, alors qu'il venait juste d'en discuter avec les principaux intéressés. Il baissa les yeux, se prit la tête entre les mains et respira une grande goulée d'air frais. Il sentait que la journée allait être longue. Pérétin, de son côté, attendait patiemment que son supérieur reprenne la conversation, sûrement conscient que ses réponses évasives étaient à l'origine de l'énervement de son patron. Vallandier demanda :
— Mais... ils avaient l'air soulagés ?
— Oui, je dirais que oui.
— Ah bon, ça n'a pas l'air d'être aussi certain que cela.
— Non, c'est juste mon ressenti.
— Leur gamin est bien rentré ?
— Oui, enfin, ils n'ont pas l'air d'en être sûrs à cent pour cent.
— De quoi ?
— Que leur gamin soit là.
Vallandier se prit de nouveau la tête entre les mains. Il souffla un grand coup, et reprit :
— Ils ne sont pas sûrs à cent pour cent que le gamin soit rentré, ou alors ils ne sont pas sûrs que le gamin soit rentré à cent pour cent ?
L'incompréhension se lisait sur le visage de Pérétin. Tout du moins si l'on pouvait lire quelque chose sur ce visage, qui affichait fièrement un quotient intellectuel relativement bas.
— Euh... je vois pas la différence, patron, ajouta-t-il, comme pour confirmer les pensées de Vallandier.
Celui-ci soupira avant d'enchaîner :
— Est-ce qu'ils disent qu'il est rentré parce qu'il y a des signes dans la maison ? Son sac à dos dans sa chambre ? Des affaires qui ont bougé ? Mais ils ne l'ont pas vu personnellement. Donc pas sûrs à cent pour cent ?
— Bah...
— Ou est-ce que le gamin est bien rentré, qu'il est à la maison, mais pas rentré à cent pour cent ?
Devant la tête ahurie de Pérétin, Vallandier soupira de nouveau.
— Ça veut dire qu'il serait rentré mais avec... des morceaux en moins ?
— Mais c'est ce que je te demande, Pérétin ! Pourquoi tu me dis qu'ils n'ont pas l'air d'être sûrs à cent pour cent que leur fils soit revenu ?
Comme pour manifester son accord, une colonne de brume se répandit dans la pièce, sans toutefois qu’on puisse en distinguer la provenance. Il semblait qu'elle se fût matérialisée instantanément aux côtés de l'homme. La fumée se concentra pour finir par ressembler à une créature aux crocs acérés, tout à fait semblable à celle qui s'était chargée d'attaquer le musée.
— Eris, j'aimerais bien que tu prennes une autre forme, quand nous ne sommes que deux. Pas la peine de tenter de m'impressionner, tu sais que cela ne fonctionne pas avec moi.
La colonne se dissipa et une superbe créature de sexe féminin se tint à la place de l'immonde monstre qui se trouvait là quelques instants auparavant.
— Crois-tu vraiment que je cherche à t'impressionner, Ethans ? Oublies-tu qui je suis ?
— Je sais très bien qui tu es, Eris. Et même ton statut de déesse de la discorde ne t'accorde pas la suprématie sur moi.
— Méfie-toi, Ethans. Tout Lord que tu sois, méfie-toi qu'un jour la chance ne tourne.
— Seraient-ce des menaces ?
— Aucunement. Je te préviens, c'est tout. D'autres que moi, moins dévoués à la cause de l'Ombre, pourraient te jalouser et envier la place qui t'a été donnée.
— Si vous aviez été capables de récupérer ce qui fut vôtre un jour, je n'aurais jamais été nommé pour révéler l'Aube de l'Ombre. Et retrouver les pouvoirs et la place qui nous ont été pris autrefois.
— Ne t'en fais pas. Je suis de ton côté.
— Je l'espère bien.
La déesse tourna la tête et regarda la table, sur laquelle brillaient toujours trois symboles dorés.
— Tu as apporté la rune ? Qui comptes-tu réveiller ? Irmin ? Loki ?
— Ramener un dieu à la vie ? Non merci. Même si je dispose des pleins pouvoirs donnés par l'Ombre, je préfère me préserver des caractères belliqueux des dieux anciens. Je dis cela sans vouloir t'offusquer, bien sûr.
— Ne t'en fais pas, je ne le suis en aucun cas. Et je sais le caractère difficile de Loki.
— Pourtant ce serait parfait pour toi. Loki, dieu de la sournoiserie... et de la discorde. Tout comme toi. Vous êtes faits pour vous entendre.
— Ne crois pas cela. Mets en concurrence deux personnalités aux pouvoirs identiques, et tu risques d'obtenir des étincelles.
— Les sortes d'étincelles qui ont mené à votre perte il y a des siècles. L'arrogance des dieux et de certaines créatures surpuissantes ont poussé le royaume de l'Ombre vers sa déchéance, ne laissant que quelques miettes du mal sur terre, disséminées au creux de cerveaux malades d'humains psychopathes. Oh, bien sûr, ces dégénérés ont tenté de faire revivre l'Ombre... Hitler, Raspoutine, Pol Pot... De petits méprisables qui n'ont pas su exploiter les forces invincibles qui se cachaient ici.
— Tous n'ont pas été bercés dans les arcanes de l'Ombre.
— Exactement. C'est pourquoi je prends le relais. Si vous voulez revenir, retrouver le pouvoir et la force qui étaient vôtres, il va vous falloir m'obéir et collaborer. Pour cela je vais avoir besoin d'un peu d'aide très prochainement.
— C'est dans ce but que tu vas connecter la rune ?
— Oui. Je veux réveiller Jörmungand.
— Jörmungand ? On peut rêver plus discret.
— Ce n'est pas de la discrétion dont je vais avoir besoin, au contraire. C'est d'une force de frappe. Quelque chose qui fasse diversion. Et vite.
— Tu penses pouvoir le contrôler ?
— Tu mets mes capacités en doute ?
— Non, du tout. Mais une telle créature... ce n'est qu'une bête !
— Oui, et c'est justement ce qu'il me faut. Une bête irréfléchie, qui va piller, massacrer, sans aucun remords ni pensées. La force brute.
— Je souhaite que ton plan soit couronné de succès.
— Il le sera. Il ne nous manque plus que le triskell. C'est à cela que va me servir le serpent géant. Semer la panique auprès des personnes qui le détiennent.
— Il n'est plus au musée ?
— Non. Quand tu as failli à ta mission, en ne rapportant que l'Ankh, le triskell a été escamoté. Mais je sais par qui. Et je sais où il se trouve. Il sera ici, très bientôt. Je te le promets...