N'y a-t-il pas d'amour heureux ?

L'intimité a besoin du partage des visions respectives de chacun pour pouvoir se nourrir. Si on arrive à les ajuster, le couple rencontre moins d'obstacles insurmontables dans son développement. De toute façon, tout évolue à partir de l'idéal que nous portons en nous. Alors, pourquoi ne pas le mettre franchement sur la table puisque c'est lui qui servira d'arbitre conscient ou inconscient ?

... la seule véritable motivation pour être à deux est à la recherche d'harmonie dans la joie.

Nous devons opposer à l'idée d'une joie statique et tiède celle d'une joie vibrante qui utilise toutes les ressources de l'être humain.

J'ai l'impression qu'aussitôt que nous sommes sortis de l'enfance la plupart d'entre nous oublions que nous sommes sur la terre pour nous amuser et célébrer la vie. C'est comme si nous trouvions que "ça va mieux quand ça va mal". Peut-être tout simplement parce que dans le malheur nous avons la sensation d'exister. Le malheur est palpitant, intense ! Lorsqu'il s'agit de réparer une situation difficile, de reconquérir notre partenaire ou de jouer les héros en surmontant une crise, c'est excitant. Lorsque nous sommes malheureux, nous sommes centrés sur nous-mêmes, sur notre vie, nous existons.

Le bonheur est intolérable. Nous avons appris à le rêver, nous n'avons pas appris à le vivre. Il s'agit donc de s'habituer à évoluer dans des énergies positives. Il s'agit de les cultiver en comprenant peu à peu par quelle attitude on peut les stimuler. Cela peut nous entraîner à rompre avec certaines habitudes qui nous conduisent trop souvent à la lourdeur et à la morosité.

Combien de couples peuvent vraiment dire qu'ils s'aiment d'amitié ? La fusion des identités dans le couple fait en sorte que nous ne pouvons pas entendre de notre partenaire le quart de ce qu'un ami ou une amie pourrait nous raconter. Nous ne jugeons pas nos amis, mais nous jugeons nos partenaires parce que nous nous identifions à eux. Ils sont "nous". Pourtant, un des facteurs qui contribuent le plus à la création de l'intimité véritable s'appelle l'amitié. Elle nous permet d'accueillir l'autre et de le comprendre dans son vécu individuel, avec une histoire et des enjeux qui ne sont pas les nôtres.

... pour pouvoir vivre en couple, il faut savoir également que l'on peut vivre sans couple. Le célibat doit être accepté comme une option valable et sérieuse. Il ne représente pas nécessairement une diminution ou un choix égocentrique. Il peut être envisagé comme une occasion de retraite ou une pause dans le but de refaire ses forces. Il peut même se prolonger pendant toute une vie si l'on a décidé de consacrer ses énergies à autre chose qu'un couple ou une famille. Dieu merci, l'état amoureux échappe à la vie à deux. C'est même dans des périodes de solitude extrême que nous l'éprouvons parfois avec le plus d'intensité.

... l'amour fait trembler l'égocentrisme de façon insoutenable. Cet égocentrisme se vêt de mesquinerie, de susceptibilité, de jalousie et d'intolérance. Autant d'expressions qui disent les résistances à l'amour véritable. La fierté se trouve attaquée de toutes parts par l'amour, comme un diable jeté dans l'eau bénite. Tout en voulant bénéficier des grands effluves passionnés et des ouvertures illuminées, le petit moi égocentrique ne veut pas céder de terrain et se transformer. Il luttera contre l'amour jusqu'à ce que la relation soit en ruine et se plaindra ensuite amèrement de son infortune, ignorant le fait qu'il l'a lui-même provoquée.

... il faut bien reconnaître que la vie est parfaite. Pas dans le sens qu'elle est toujours douce et bonne, nous accordant ce que nous voulons, mais plutôt dans celui qu'elle nous donne toujours ce dont nous avons besoin pour évoluer. Elle éveille ainsi tous nos complexes et nous oblige à passer à travers plutôt qu'à les éviter. Elle ne nous laisse pas tranquilles, nous poussant toujours en avant, nous forçant à découvrir les parties sombres et claires de nous-mêmes, nous amenant à réaliser que chacun est le premier artisan de sa joie.

Mais en raison de l'atrocité des violences commises par des hommes, parler de la violence des femmes est un sujet tabou dans notre société. Ce qui fait dire à la psychanalyste jungienne Jan Bauer que les femmes d'aujourd'hui sont devenues intouchables et qu'elles rejettent toute la faute sur le patriarcat. Fatiguées de porter l'ombre collective et de servir de boucs émissaires aux hommes, elles se débarrassent à juste titre de cet aspect, mais elles oublient la dimension de l'ombre individuelle, la part de mal qui afflige tout être qu'il le veuille ou non. C'est ainsi, continue-t-elle, qu'apparaissent de nouvelles hypocrisies et de nouveaux tabous [...].