Magnifique réussite que cette adaptation du célèbre roman d'
Oscar Wilde: "
Le portrait de Dorian Gray". La surprise de cette bande dessinée ne réside bien évidemment pas dans l'histoire, connue de tous, mais dans sa représentation visuelle, maîtrisée et grandiose.
Décors et costumes nous plongent avec délice dans l'époque victorienne, à l'aube du 20ème siècle.
Dorian Gray, jeune éphèbe aux manières de dandy, séduit ses concitoyens par sa beauté et sa grâce. Conscient que celle-ci ne durera pas, il pactise avec le diable afin que les vicissitudes de la vie ne transparaissent pas sur lui, mais sur un substitut: un portrait de lui réalisé avec la plus grande ressemblance.
Dès lors, la vie hédoniste qu'il mène, faite de vices et de péchés, absorbe son âme et diabolise son portrait, jusqu'à le dévorer...
La bande dessinée est découpée en cinq actes, sur le mode de la tragédie. Dans le premier, où l'innocence et la candeur de
Dorian Gray sont apparentes, les aquarelles sont lumineuses, chatoyantes. Elles témoignent d'une période faste pour le jeune homme charismatique et envoûtant. Dans le second, les scènes se passent essentiellement de nuit et l'on glisse vers une ambiance plus pesante, plus noire qui nous emmène vers l'élément déclencheur du premier péché. Dans le troisième acte, on assiste à la métamorphose de
Dorian Gray en homme torturé, attiré par le mal, avec une transition au crayonné angoissante. Plus on avance, plus le dessin se fait sombre, psychédélique, dérangeant et pourtant d'une grande finesse.
Une oeuvre saisissante, qui captive par sa beauté et l'intelligence de sa composition, autant qu'elle effraye par sa mise en scène de l'horreur.