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J'ai été assommée et subjuguée par ce premier roman de Stéphanie Coste, sa plume habile et concise, nous immergeant en quelques paragraphes dans la vie de ses personnages aux parcours terribles. Un passeur en Libye, Seyoum, un être d'un cynisme absolu, drogué, dépourvu de toute morale, fait payer le prix fort aux migrants pour embarquer dans ses rafiots déglingués, et se soucie beaucoup plus de garder son statut de caïd sur la côte, que des naufrages qui emportent ses «clients», ces pauvres exilés qui ont tout risqué, tout misé sur cette émigration parsemée de tant d'obstacles et de voraces vautours... Seyoum se retrouve un jour brutalement ramené à son passé, et l'on découvre sa destinée tragique et déchirante. Je ne peux vous en dire plus, les retournements de ce bref roman sont une véritable claque, je vous le recommande sans réserves.
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En découvrant toute la sélection des livres que je dois lire dans le cadre de mon cours de français, ce n'est clairement pas ce livre qui m'a tapé dans l'oeil en premier. Parce que, il faut dire qu'avec ses seulement 140 pages, sa couverture discrète et son titre assez simple, il n'est pas des plus voyants. Pourtant, en lisant le résumé, mon intérêt pour cette histoire s'est peu à peu éveillé.

Parce que, oui, c'est une histoire sur des migrants prêts à tout pour traverser la Méditerranée, c'est touchant et impactant mais, surtout, ce n'est pas l'histoire du point de vu d'un migrant mais de celui du Passeur. de la personne qui s'occupe de les faire traverser la mer. Cette personne dont les gens ne parlent jamais, qui est généralement froide et dure, qui obtient parfois un nom dans quelques romans mais qui est le plus souvent juste une silhouette demandant de l'argent en traitant les gens plus ou moins bien. Alors, en comprenant que c'était une histoire entière du point de vu d'un passeur, je me suis dit que ce livre allait être très interessant car c'est tellement rare un roman comme ça !

Au début de ma lecture, j'ai été assez déroutée : trop de noms de personnages, de lieux que je ne connaissais pas, un vocabulaire familier et une plume particulière. Il m'a fallu un ou deux chapitres pour comprendre la situation de Seyoum (le personnage principal), assimiler leur manière de parler et m'habituer à la plume.

Car oui, la narration est assez particulière et c'est la principale raison pour laquelle j'ai aimé ce livre. le roman est à la première personne, on est donc plongé dans la tête de Seyoum, et c'est extrêmement bien écrit. Les émotions sont vraiment bien retranscrites, très brutes et impactantes.
Je ne sais pas du tout comment l'autrice a fait, mais elle réussi à instaurer une atmosphère particulière, elle nous emporte sous la chaleur écrasante de la Lybie, dans l'esprit et les souvenirs tumultueux de Seyoum. On est vraiment plongé dans l'histoire ; les odeurs, les gestes, les sensations, tout est décrit de manière à être complètement immergé et c'est vraiment réussi (j'aurais juste aimé quelques descriptions de certains lieux plus développées pour complètement les visualiser, comme l'endroit où sont parqués les migrants par exemple).
La plume est par ailleurs très belle.

Quant à l'histoire en elle-même, je l'ai apprécié, c'est toujours important de lire des livres traitant de ce sujet là, et avoir le point de vu du Passeur est vraiment très interessant car ça nous fait voir toute l'histoire sous un oeil nouveau.

Grâce aux nombreux flash-backs, le personnage de Seyoum se développe au fur et à mesure de l'intrigue et en devient très complexe (et c'est pourtant compliqué de bien développer un personnage en même pas 150 pages), on peut comprendre les décisions qu'il prend et se rendre véritablement compte de sa vie semée d'embuches.

Le seul défaut que j'ai trouvé (et ce n'est pas vraiment un défaut en soi car c'est la manière dont l'autrice a voulu écrire l'histoire), c'est le fait que le roman soi aussi court. On n'a pas réellement le temps de s'attacher aux protagonistes et d'avoir un meilleur développement des personnages secondaires (j'aurais par exemple aimé en savoir davantage sur Madiha), et on n'a à peine le temps de rentrer dans le roman que la fin arrive brutalement.
Je comprends que le livre ait pour but de relater uniquement ce monceau d'histoire et de s'arrêter là, mais c'est assez frustrant.

J'ai, par contre, beaucoup aimé la fin, surprenante et qui nous laisse dans l'obligation de repenser à toute l'histoire pour revoir certains détails d'une manière différente.

À part ça, ce fut une bonne lecture, je suis contente d'avoir découvert ce livre qui est très interessant, touchant, important, et avec une très belle narration.
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Ce premier roman de Stéphanie Coste est époustouflant. D'une force inouïe il vous percute de la première à la dernière page, vous laissant KO après l'épilogue. Il vous faudra quelque temps avant de reprendre votre souffle après avoir lu d'une traite et quasiment en apnée les 130 pages de ce court roman d'une rare densité.
Comment cette jeune romancière dont on ne sait pas grand-chose si ce n'est qu'elle a vécu jusqu'à son adolescence entre le Sénégal et Djibouti, est-elle parvenue à entrer dans la peau d'un homme aussi brutal, alcoolique et drogué, d'apparence si inhumaine, au passé douloureux l'ayant laissé désincarné. Comment est-elle arrivée à pénétrer son âme qu'il semble pourtant avoir perdue. Où est-elle allée chercher les attitudes, l'univers et les mots qui rendent ce récit fictif si authentique et poignant ? Les mots d'une crudité surprenante et l'univers cruel d'un passeur sans foi ni loi paraissent bien éloignés de ceux d'une jeune femme, romancière et civilisée.

Le difficile et dur sujet des migrants est traité ici d'un point de vue inhabituel, celui du passeur. le roman se développe de façon concomitante sur deux époques de la vie de Seyoum, le passeur. En 2015, où il s'apprête une énième fois à "fourguer" de la Lybie vers l'Italie "une cargaison de migrants", et parallèlement dans les années 2003-2005 en Érythrée où des événements déterminants et dramatiques sont survenus lors de sa jeunesse.

Seyoum, au passé terrifiant, semble avoir perdu toute humanité jusqu'au jour où… Je ne révélerai pas la suite pour laisser la surprise. Dans une vie, même la plus noire, il subsiste toujours une petite touche d'espérance, une petite étincelle.

Ce roman a obtenu le Prix de la Closerie des Lilas 2021, une récompense amplement méritée.
Que nous réserve Stéphanie Coste à l'avenir ? Je l'attends avec curiosité et impatience.

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Seyoum est devenu passeur, yeux clos, coeur sec, indifférent à la misère de ses pairs, eux qui pourtant viennent de pays proches, la même histoire en mémoire, les corps marqués, éperdus, survivants, accrochés à l'espoir d'un ultime sauvetage. Seyoum n'a plus d'âme, grillé par l'alcool et le khat, brisé par la violence de souvenirs que rien n'efface. Il sert les dents, compte les dollars, maltraite sans écouter les plaintes, sans vouloir regarder – chacun sa croix, lui a déjà donné.
Peut-on éprouver de l'empathie pour un bourreau quand lui-même fut victime ? Peut-on accepter sa cruauté ? La comprendre ?
Le texte est court – 130 pages, et pourtant suffisant pour éprouver la brutalité des faits. Pour s'imprégner de la crasse de l'Homme. Pour mesurer les séquelles. La misère et la peur que l'on exploite. L'auteure n'épargne pas, crachant une vérité douloureuse et réelle. La mort côtoie l'espoir, ricane et se gave.
Roman sur la guerre, les migrations, les trafics humains, cet écrit explore la perte d'humanité laissant en espérance la faible lueur de bienveillance qui pourrait demeurer en chacun.
Une lecture forte et perturbante de grande qualité.

Lien : https://aufildeslivresbloget..
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Stéphanie Coste écrit un premier livre d'une étonnante qualité . le style est efficace pour nous raconter l'histoire de migrants qui, ayant subi d'immenses souffrances, vont connaître le pire des humiliations. Ils ont décidé de fuir la guerre , la famine , la dictature . Ils se retrouvent prisonniers de passeurs dépourvus de toute humanité . Un migrant en partance représente argent et puanteur . Seyoum, le passeur a subi toutes les violences de la dictature qui ont inhibé en lui toute réflexion et sensibilité . Mais un jour une femme squelettique fait resurgir son passé .
Après avoir lu ce lire court et efficace , je comprends que la majorité des migrants que je rencontre en cours d'alphabétisation à la croix rouge se livrent peu sur leur parcours . Certaines douleurs sont trop fortes pour être divulguées.
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Seyoum est passeur en Lybie. C'est un homme animé par la violence et l'appât du gain, sans coeur pour les centaines de migrants dont il organise la traversée vers l'Italie. Il boit beaucoup et mâche du khat pour oublier sa vie. Mais un jour, parmi la marchandise, il reconnait quelqu'un de son passé.
Le récit alterne entre les moments présents où il prépare les différentes opérations avec ses hommes, et son passé. Car c'est en se tournant vers son histoire familiale et celle de son pays natal, l'Erythrée, que le lecteur comprend comment Seyoum, fils de journaliste, en est arrivé à ce commerce inhumain.
Je découvre tout un pan de l'histoire d'un pays, la dictature en Erythrée. Certaines scènes, notamment de torture, sont insoutenables. Ce roman raconte une partie des horreurs vécues par les migrants tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. Les passeurs achètent sans scrupules des vieux bateaux qu'ils savent voués à couler avec toutes les personnes à bord.
Un premier roman court, prenant et fort en émotions, d'une réalité implacable.
Il a reçu le Prix de la Closerie des Lilas 2021.
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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Roman lu dans le cadre du Prix des Lecteurs du Var 2022

Lybie 2015. Seyoum est un passeur. Il dirige l'un des plus gros réseaux de passeur de la côte libyenne. Particulièrement cynique, il considère les migrants qui remettent leurs vies entre ses mains comme des troupeaux de bétail. La seule chose qui l'intéresse, c'est leur argent.

Que ces hommes, femmes et enfants risquent leurs vies ne lui fait ni chaud ni froid.

L'alcool et le khat dont il mâche les feuilles à longueur de journée embrument profondément son cerveau. C'est sans aucun doute l'effet recherché par Seyoum : s'abrutir pour ne plus penser, ne plus se souvenir, ne plus souffrir.

Car on découvre qu'il y a quelques années, il a dû fuir avec ses parents la dictature en Erythrée, qu'il a emprunté les mêmes chemins de migration, connu la faim, la soif, la peur, subi les emprisonnements crapuleux et la torture. Il y a non seulement perdu sa famille, celle qu'il aimait mais aussi toute son humanité.

Or, parmi ce dernier convoi avant l'hiver, se trouve une personne de son passé. Seyoum, dans un dernier sursaut pour sortir de l'enfer de sa vie actuelle et redevenir un être humain, va décider de faire la traversée avec eux.

Stéphanie Coste a écrit un roman très fort, bouleversant sur les tragédies vécues par ceux qui fuient leur pays, les trafics organisés autour de toute cette détresse humaine par des charognards avides d'argent.

J'avoue avoir eu la nausée en lisant certains passages et en découvrant les horreurs infligées à ces êtres humains en quête d'une vie meilleure. Surtout quand on sait que pour ceux qui réussissent à atteindre l'Europe, ils n'y seront pas vraiment mieux traités.

" le bateau penche plus sur un côté, prêt à chavirer. Ses hurlements sont couverts par ceux de la tempête, plus efficaces. Je devine qu'il donne des instructions pour essayer d'équilibrer la cargaison. Les coups qu'il distribue pour se faire entendre sont improductifs. le magma de formes entassées les unes sur les autres geint d'une seule voix épuisée, moquée par les rafales. (...) L'asphyxie ne fait que commencer, et avec elle, une fois en mer, viendront la panique, les piétinements, les affrontements, la loi du plus fort, les premiers morts balancés par-dessus bord. A ce stade, la notion d'être humain aura aussi été balancée dans les tréfonds marins.

Un roman à lire pour ne pas dire : on ne savait pas. Même si on se sent bien impuissant face à cette situation terrible.
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Comment un jeune garçon, ayant eu une enfance heureuse en Erythrée, entouré de sa famille aimante et de son amour de jeunesse peut-il devenir un homme froid, violent et impitoyable, à la tête d'un trafic juteux de passage de migrants des côtes africaines sur les côtes italiennes? Comment parvient-il à perdre une part de son humanité en résistant à la violence et aux tortures subies dans des camps de détention au milieu de la guerre de son pays contre l'Ethiopie? Comment un beau jour , lors d'un passage d'Erythréens, sa vie va finalement basculer en le ramenant à son passé d'une manière si soudaine?
Ce roman nous plonge littéralement dans l'univers impitoyable de l'existence d'hommes et femmes, n'hésitant pas , au péril de leurs vies, à affronter les pires humiliations afin d'espérer migrer vers un avenir meilleur. le style intense et cru nous happe littéralement, bref un livre absolument nécessaire!
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Un pays, l' Érythrée, qui sort d'une énième guerre
Un dictateur fou furieux
Arrestations, guerre. Encore.
Évasion, kidnapping, torture
Prison
Évasion à nouveau
Un passeur vidé de toute humanité.

Ça envoie grave comme on dit
Pour une fois on est du coté du passeur et pour Seyoum un être humain ou un tas de cailloux c'est du pareil au même.
Lui son truc : faire passer des migrants, qu'ils arrivent à bon port ou qu'ils se noient n'est pas son problème.

Un livre ou la détresse du monde explose.
Malheureusement.

dans la lignée du livre : Les échoués de Pascal Manoukian
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J'ai pris une claque en lisant le passeur.

Ce court roman nous fait plonger dans la tête de Seyoum, chef d'un gang de passeurs de migrants sur une plage Libyenne. La dernière traversée de la saison est imminente et les candidats à l'éxil attendent dans un hangar. Il organise les opérations, la tension monte mais un événement inattendu va faire remonter des sentiments enfouis depuis des années et changera sa vie.

J'ai trouvé ce livre dur, il m'a bousculé et je n'ai pas pu le lâcher une fois commencé. Avec un style intense et percutant, Stéphanie Coste, m'a fait descendre dans les bas-fonds de l'âme humaine. Elle m'a fait entrevoir comment la guerre, la violence et le désespoir peuvent faire ressortir ce qu'il y a de plus sombre en nous et transformer n'importe qui en ordure cynique. Et tout au long du roman, j'ai ressenti l'atmosphère d'une région dévastée par les conflits où règne la loi du plus fort, où la corruption est la règle et où les migrants sont des marchandises comme les autres.

Bref, c'est glaçant, c'est brut et c'est ce qui m'a plu. Pas de métaphore, on va au coeur de l'humain, de ce qu'il a de pire et parfois de meilleur.

A lire vite et sans hésitation.
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