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Victime du contexte géopolitique de l'Erythrée, Seymoun est un passeur important du trafic de l'espoir qui est désormais son fonds de commerce. Sur la côte lybienne qu'il a rejointe, dans son paradis artificiel créé par le khat et l'alcool, il achète des rafiots craquants de la coque au pont pour y faire s'entasser des familles qui, à n'importe quel prix, tentent de traverser les eaux bleues vers l'Europe, espérant poser les pieds à Lampedusa pour marcher vers un enfer différent.
Stéphanie Coste n'accorde aucun répit au lecteur qui se trouve très vite aux côtés du passeur. Il faut dire que son roman est court, et qu'il n'est pas nécessaire de tergiverser pour raconter l'histoire d'un homme brisé par son passé : les sévices, l'emprisonnement, séparé de la femme qu'il aimait… et, dépouillé de toute humanité ?
L'approche factuelle de ce roman assène une violence qui dérange forcément. Je me suis souvenue de « Encore » de Hakan Günday, écrivain turc, sur les mêmes sujets brûlants et dans lequel la cruauté était insoutenable.

Il est essentiel que les écrivains s'emparent de cette actualité.
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Dans ce court roman, on se prend en pleine figure la noirceur la plus profonde de l'humanité. Les passeurs qui, depuis la côte libyenne, envoient à une mort presque certaine les milliers de migrants essayant de rejoindre l'Italie.

Le roman est centré sur Seyoum, Érythréen chef d'un réseau, et on découvre petit à petit comment il a pu en arriver là, profitant à ce point de la misère humaine.
Est-il toujours un être humain, reste-t-il une once de lumière dans cet homme que la vie s'est appliquée à détruire ?

Ce qui fait l'originalité de ce roman, et aussi sa force, est d'être « à la place » du passeur, on est véritablement dans sa tête. L'auteure ne porte aucun jugement, ce que j'ai apprécié.
À nous de décider si on lui octroie un peu de compassion.

Je ne m'y attendais pas vu le propos mais ce livre est un coup de coeur. C'est un vrai tour de force de la part de l'auteure d'arriver à nous faire aimer une histoire aussi noire.
C'est aussi un livre qui pousse à la réflexion et sitôt refermé, je me suis renseignée sur les guerres entre l'Érythrée et l'Éthiopie, pays oubliés où « Dieu marche dans les chaussures du Diable ». Et envie d'en savoir plus est toujours pour moi un signe de qualité.

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Quelle histoire !

Le passeur, c est un court roman qui laisse sans voix. En à peine plus de 100 pages, l autrice parvient à dépeindre une triste réalité.
Seyoum est un passeur, contre de l argent, il fait traverser des gens dans des bateaux de misère de la côte lybienne à l Italie.

Ce livre met une claque. En nous montrant la vie du passeur, l écrivaine parvient à nous plonger dans l envers du décor.
Comment Seyoum en est-il arrivé à jouer la vie de centaines de personnes contre leur argent ? Comment peut-on être si indifférent au sort d êtres humains ? C est un récit poignant, qui montre l horreur traversée par les migrants, en quête d une terre qui ils l espèrent tiendra ses promesses. C est une traversée vers l espoir. l'espoir d un avenir meilleur.

Je ne vous dévoile rien de plus mais n hésitez pas à lire ce court récit, qui ne vous laissera pas de marbre .

Un coup au coeur !
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Une plongée quasi immersive dans le monde sordide des passeurs, qui font de la détresse humaine leur fond de commerce... Violence, drogue, exploitation, tout un cortège qui accompagne celui de la migration. Une oeuvre nécessaire que je salue, car elle donne une vision réelle de ce monde que nous avons tendance à voir à travers nos lunettes un peu aseptisées. Un magistral premier roman, une auteure à suivre !
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Seyoum n'en a rien à foutre de ses « cargaisons » de Soudanais et d'Erythréens faméliques qu'il trimbale de camions en bateaux pourris et envoie à la mort en leur soutirant leurs espoirs et leurs millions. Tout ça, c'est du business, il s'en fout pas mal qu'ils arrivent sains et saufs en Europe, l'essentiel reste la liasse de billets qu'il dépose dans son coffre à chaque nouveau départ. Jusqu'au jour où son passé le rattrape en s'incrustant par surprise sur un bateau en partance. Forcé de confronté ses pires cauchemars, le passeur cynique choisira-t-il de sacrifier son juteux commerce, ou ce qu'il lui reste d'humanité ?

Dans ce premier roman, Stéphanie Coste choisit de nous raconter une histoire incroyablement difficile, celle du malheur de toutes ces populations fuyant leurs pays devenus inhospitaliers, au premier rang desquels l'Erythrée, gangrené par la guerre civile contre l'Ethiopie pendant trente ans, puis par la dictature totalitaire imposée par le président Afwerki depuis 1993. Cette « prison à ciel ouvert« , Seyoum l'a fui lui aussi, ce qui ne l'empêche pas de traiter les autres migrants comme du bétail, leur refusant de l'eau et de la nourriture pendant des jours. Comment un homme peut-il en arriver à traiter ses semblables ainsi ? Qu'est-ce qui le hante derrière les planches mal assemblées de sa cabane sur la plage, quand il se noie dans l'alcool et la drogue ?

Malgré l'énorme claque que j'ai prise en lisant les premières pages de ce livre, révulsée par le traitement infligé aux migrants, ces gens que je côtoie au quotidien dans mon travail, et que j'aide du mieux que je peux, je dois dire que j'ai aimé cette lecture. J'ai été totalement happée par le style d'écriture de Stéphanie Coste, incroyablement juste et percutant pour raconter l'injustice, mais aussi tremblant de sincérité pour parler des hommes et de leurs faiblesses. Elle décrit l'horreur avec énormément de doigté, mais arrive tout aussi bien à raconter la rédemption, l'éveil des sentiments enfouis, et cette part d'humanité qui vit en chacun de nous, même ceux qui semblent être les plus pourris. Bravo !
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Le Passeur, c'est Seyoum Ephrem, le narrateur, un érythréen de 30 ans qui vit du trafic d'êtres humains depuis 10 ans. C'est un des plus importants passeurs de la côte libyenne.
Nous sommes le 15 octobre 2015 sur une plage de Zouara, et il s'apprête à effectuer la dernière traversée de la saison, soit entasser 115 migrants dans une embarcation de fortune, vétuste, rafistolée avec les moyens du bord, au mépris total de la vie des passagers.
Il faut dire qu'il ne s'attendait pas à ce que les Somaliens et les Soudanais soient aussi nombreux à survivre à la traversée du Sahara...
Parqués dans un entrepôt désaffecté fait de tôle dans lequel ils cuisent depuis des jours, ils attendent une cargaison d'Erythréens qui vont embarquer avec eux. Alors qu'ils n'ont plus de nourriture mais seulement de l'eau, s'ils tentent le moindre mouvement de révolte ou de protestation, ils se font tabasser.
Une tempête est annoncée, mais Seyoum n'envisage pas de repousser la traversée. « A cause des prévisions météo cette fois, j'estime à 2 chances sur 10 le succès de l'expédition. »
Ni Seyoum ni même un de ses hommes ne compte effectuer le voyage.
Il va comme à son habitude confier la manoeuvre de l'embarcation à un des migrants, qui comme ses prédécesseurs n'a aucune notion de navigation, avec seulement pour aide un GPS et une indication: « c'est tout droit. » Son choix a été dicté par la ruse et sans le savoir, s'est porté sur un Érythréen, qui tente de faire appel à sa fraternité.
Vous l'aurez compris, la voix de Seyoum, c'est celle d'un homme cynique dont le désespoir humain est le fond de commerce, celle d'un homme qui apparaît cupide, sans pitié et sans états d'âme, s'autorisant une seule émotion: la cruauté, indispensable dans ce commerce juteux, celle d'un homme au cerveau anesthésié qui mâche du khat à longueur de journée tout en s'imbibant de gin.
Un tel homme est-il encore capable d'humanité?
Si le roman se déroule sur moins de 2 jours, grâce à ses souvenirs, nous avons accès à son passé, nous ramenant à des périodes clés de sa vie, un passé qui va s'inviter lors de cette dernière traversée (de façon inattendue).
Ce premier roman remarquable nous plonge dans la réalité insoutenable des conditions dans lesquelles les candidats africains à l'exil tentent de rejoindre les côtes européennes mais dénoncent aussi les conditions de vie des pays qu'ils fuient, pays où règnent le chaos, la violence, pays plongés dans des guerres civiles sanglantes et des dictatures abominables.
Ces désespérés n'ont que 2 options: arrivés au péril de leur vie dans un « pseudo-paradis » ou être « coincés du mauvais côté du monde pour toujours. »
Un roman court qui se révèle puissant, poignant, haletant et dont on ne peut ressortir que bouleverser. Il évite tous les écueils, le pathos, la simplicité, le manichéisme, le jugement, l'absolution. La plume, fluide est au diapason de la voix de son protagoniste. Des phrases souvent courtes donnent un rythme effréné au récit qui se lit d'une traite.
Une lecture indispensable à plus d'un titre car elle nous invite à déconstruire les discours simplistes et à nous interroger sur notre propre humanité et sur la responsabilité de nos Etats qui privilégient un traitement sécuritaire à une approche humaniste.
Il est bon de rappeler que ces passeurs ne sont que le symptôme et non la cause de ces catastrophes humanitaires, que s'il ne s'agit pas de pardonner, il faut essayer de comprendre et éviter de les diaboliser car cette diabolisation pourrait nous détourner d'une réflexion nécessaire sur les causes de l'exil et sur les effets de la politique migratoire de l'Europe.
« Toutes les choses vraiment atroces démarrent dans l'innocence. » (Ernest Hemingway)
Un exergue qui éclaire parfaitement le roman.
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Récit éprouvant sur le quotidien d'un passeur de candidats à l'exil. le récit fait des allers-retours entre le présent où Seyoum prépare la traversée de sa nouvelle cargaison de migrants, et le passé de cet homme, dont les épisodes viennent éclairer ce qu'il est devenu, et donnent à voir la transformation d'un enfant en un bourreau cynique détruit par les épreuves, l'alcool et le khat. La plume de l'autrice est aiguisée, ses phrases claquent et n'épargnent pas le lecteur.
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Un livre choc qui ne laissera aucun lecteur indifférent.
Percutant
Sans tremolos, ni jugement, il aborde la question des migrants sous un angle inédit, nous interrogeant aussi quant à nos propres responsabilités - via nos gouvernements aveugles
Notre place d'Occidentaux nantis soucieux de notre confort, au mepri de notre humanité.

L'écriture, nerveuse, simple, sans fioriture , ne laisse aucun répit. Les phrases sont cinglantes, dans un récit bref, couvrant quatre jours d'un drame devenu aujourd hui quotidien..permanent.
Il depeint à merveille, sans larmoyer la terrible détresse des migrants, dessinant un tableau sans fard et sans manichéisme des violences et de l'inhumanité que leur réservent tous les protagonistes de ce malheur :
passeurs, autorités complices prétendument aveugles.
Océan de noirceur brutale et insoutenable, ou luit faiblement une lueur d'espoir, qui permet de croire que, peut-être, l'âme humaine reste toujours capable d'un minimum de rédemption.

Premier roman remarquable
Un nouvel auteur à suivre.
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Au coeur des trafics où les passeurs gagnent beaucoup d'argent en organisant les traversées des migrants jusqu'en Italie, Stéphanie Coste écrit un court roman en forme d'uppercut, rythmé. Dans une langue économe et sans détour, l'autrice dresse un portrait réaliste d'un commerce où l'humanité a déserté. En arrière plan on y distingue des pays abimés notamment par les guerres (entre l'Éthiopie et l'Érythrée par exemple) qui favorisent ces passages.

Seymoun est passeur sur la côte Libyenne et son commerce fonctionne jusqu'au jour où un passé inattendu refait surface lors de l'organisation d'un énième passage. Un évènement le ramène dans le passé et sa carapace face aux émotions vacillent. Les souvenirs le submergent et font volet en éclat le sinistre quotidien qu'il a construit. On comprend petit à petit lors de plusieurs flash back dans le roman que Seymoun a perdu sa famille à cause de la dictature en Érythrée, qu'il a séjourné dans l'ancienne base militaire de Sawa avant de devenir passeur ou encore qu'il a eu une relation à l'époque qu'il peine à oublier. Stéphanie Coste livre une réflexion en sous texte sur les différents acteurs qui participent aux passages et parfois il suffit d'un rien pour faire ressurgir un semblant d'humanité ou un passé meurtri. Un récit important, toujours d'actualité.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Un petit livre très impressionnant. On y découvre Seymoun qui fait passer des réfugiés de toutes nationalités vers l'Italie. Les embarcations sont en de moins en moins bonne qualité et les accidents se multiplient mais peu lui importe... ou pas. A travers l'organisation compliquée de la dernière expédition de la saison, on découvre la jeunesse de Seymoun dans son Erythrée natal - fils de bonne famille - son père est journaliste et connait des membres du gouvernement, il aime la belle Madiha. C'est sans compter la violence du pouvoir, du service militaire. Cette violence est permanente. Aucune dignité pour les hommes de ces pays qui souhaitent trouver la paix ailleurs même s'il faut risquer de mourir.
Un livre témoignage, un livre fort qui se lit d'une traite
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