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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Si la mort est un vêtement que tout le monde doit un jour porter, il y en a qui doivent s'en vêtir avant les autres. » (p. 161)

Nafissatou Diallo, qui se désigne sous le nom de Kalamity Djane à la femme de Vitou à laquelle elle se présente d'abord, est de retour à Natingou City, après trois ans d'absence, pour venger la terrible injustice dont elle a été victime aux mains de son conjoint de l'époque, Chérif Boni Tauré, un inspecteur de police de la Brigade criminelle, alors aidé de ses deux amis d'enfance, Alassane Gounou, bouvier de son état et Ernest Vitou, le propriétaire du Saloon du Desperado. Qu'ont fait subir à la jeune femme ces trois têtes de granite (une expression qui signifie têtes fortes en béninois) des figures archétypales du western traditionnel – le Shérif, le Cow-boy et le Desperado -, et est-elle véritablement de retour d'entre les morts ? Florent Couao-Zotti, un auteur que je découvre avec ce roman qui a gagné le Prix Roland de Jouvenel de l'Académie française en 2019, réussit de façon fort amusante à maintenir le suspense jusqu'à la toute fin, dans ce pastiche de western américain aux expressions finement trouvées. Une lecture que j'ai trouvé fort divertissante.
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Un western revisité façon à la mode africaine, version Tchoukoutou (alcool local).

Nafissatou revient à Natingou City pour se venger de trois fripouilles l'ayant laissée pour morte trois ans plus tôt.

Les personnages sont bien campés, digne de caricatures de western. le shérif Boni Touré, bel homme multipliant les conquêtes, le patron de saloon et sa femme chinoise, le vacher ayant tendance à se comporter comme ses bêtes (il fonce dans le tas à la moindre occasion), la belle revancharde, le joueur de guitare amoureux. Tout ce petit monde réuni pour notre plus grand plaisir.

L'intrigue est classique, mais bien menée, la fin digne d'un western. « Le western, fût-il tropical ou dilué dans du tchoukoutou, n'échapperait pas à la règle du dernier rendez-vous, celui qui oppose les deux personnages antagoniques de l'histoire ». Florent Couao-Zotti

Peut-être manque-t-il juste un peu de matière, quelques pages de plus auraient sans doute permis au suspense de se mettre en place.

J'ai beaucoup aimé cette façon de revisiter le western, cela apporte modernité et fraicheur au genre.
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C'est un roman reprenant le thème du western avec ses grands classiques et ses personnages de légende. Mais l'auteur y pose un peu de piquant : un univers burlesque et rocambolesque à souhait . Il faut aimer le genre un peu lourd et potache mais c'est plein d'humour.
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Un petit bonbon qui m'a surprise positivement ! Un western dans l'Afrique Sub-Saharienne, quelle bonne idée ! Une écriture légère, sans compromission, des personnages bien définis, l'âme de l'Afrique et ses légendes souffle sur ce roman. Même si l'histoire a une structure un peu convenue, elle est très bien faite, et bref on est pris dans le tourbillon assez facilement. Je recommande vraiment !
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Le western fait son entrée dans la littérature populaire africaine avec Western Tchoukoutou de Florent Couzo-Zotti, un roman qui a bien sûr sa place dans cet espace dédié au polar puisque le thème, la vengeance, est aussi présent dans le western, en particulier cinématographique (Winchester 73 d'Anthony Mann, Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone, L'homme des hautes plaines de Clint Eastwood…) que dans le roman noir africain (Fruit amer d'Achmat Dangor, La mort du lendemain de Jérôme Nouhouaï, Kouty, mémoire de sang d'Aïda Mady Diallo…).

Donc, Kalamity Djane (féminin de Djo, « ami » en français du Benin ?) débarque sur sa puissante moto à Natingou City où elle a quelques vieux comptes à régler. Comment en effet oublier ce que les trois affreux de la ville, un flic pourri, un bouvier violent et le patron du saloon local, lui ont fait subir quand elle était Nafissatou Diallo ?

Mais Nafissatou est morte. Alors, qui est vraiment Djane, un être vivant ou un sceptre ? Peu importe en fait ; nous sommes au Bénin, pays du Vaudou, où réalité et imaginaire se mêlent en permanence. Il n'est donc pas surprenant de voir certains, face à ce retour aussi mystérieux qu'inattendu, solliciter aide et protection auprès d'un féticheur adepte du fâ, le savoir ésotérique des Yoroubas, et se voir doter d'un Tchakatou, un fusil de chasse doté d'un deuxième canon invisible permettant d'atteindre des gens à des milliers de kilomètres ! Ce qui n'est pas sans danger car l'arme peut se retourner contre celui qui l'utilise…

Le reste du roman est dans la logique du genre, le but pour le lecteur étant de savoir qui va y passer, de quelle manière et dans quel ordre. Certes prévisible dans sa conclusion, Western Tchoukatou est néanmoins un roman enlevé et brillant, souvent drôle, féroce dans sa dénonciation du machisme et des mauvais traitements infligés aux femmes, ou la corruption au niveau de la police et des autorités. Outre les trois personnages principaux, stéréotypes de « méchants » du western – un shérif pervers, un cow-boy primaire et le tenancier louche d'un débit de boisson-cabaret qui n'attire que des « artistes en herbe ou en déclin » – il propose les portraits enlevés de personnages secondaires parmi lesquels on retiendra un poète se lamentant bruyamment sur la disparition de sa bien-aimée, un gendarme obtus et tenace, et des gardiens de la foi mettant fin de façon spectaculaire à la prestation d'une chanteuse sulfureuse « aux courbes voluptueuses » répondant au doux nom de Pélagie Lalumeuz

Lien : http://www.polars-africains...
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Un endiablé règlement de comptes parodique à Natitingou, devenue logiquement Natingou City, dans l'extrême-nord du Bénin. Sous le signe de la bière de sorgho, des revenants et des kalachnikovs.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/01/02/note-de-lecture-western-tchoukoutou-florent-couao-zotti/

Natitingou, extrême nord-ouest du Bénin, au pied du massif de l'Atakora, aux confins du Togo et du Burkina Faso, à plus de cinq cents kilomètres de Cotonou sur la côte du golfe de Guinée, et à neuf heures de route par les RN2 et RN3 souvent défoncées ou en travaux… le cadre parfait pour y installer un mystérieux aubergiste homme d'affaires, un gardien de troupeaux au coup de boule célébrissime et un policier municipal volontiers surarmé, et les confronter à une vengeance apparemment venue d'outre-tombe pour une somptueuse parodie de western, dans laquelle tant les spaghetti réputés chers (une fois passés les contenus initiaux sarcastiques) à Sergio Leone, Tonino Valerii ou Ferdinando Baldi que la bière glacée qui rendit célèbre le juge Roy Bean (davantage que sa justice de paix, si l'on en croit le Lucky Luke de Morris) seront remplacés par le tchoukoutou, la boisson locale, fermentée à base de mil ou de sorgho, et omniprésente pour soulager les soifs souvent inextinguibles des travailleurs et des autres.

Le Béninois Florent Couao-Zotti, que l'on a connu en romancier poétique et politique particulièrement incisif de la transition démocratique au Bénin (« le cantique des cannibales », 2004), ou en nouvelliste attentif et inspiré du choc complexe de la tradition et de la modernité entre Ouidah, Cotonou et Porto-Novo (« L'homme dit fou et la mauvaise foi des hommes » en 2000 comme « Poulet-bicyclette & Cie » en 2008), cultive aussi depuis quelques années une veine de roman noir urbain et contemporain toujours inscrite dans la zone côtière et urbanisée qui concentre au sud du pays 75 % de la population béninoise, comme « Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le dire » (2010) ou « La traque de la musaraigne » (2014).

Avec ce « Western tchoukoutou », publié en 2018 dans la belle collection éclectique Continents noirs, animée chez Gallimard par Jean-Noël Schifano, l'auteur a clairement souhaité, tout en gardant une trame de roman noir joliment mâtiné de fantastique hystérique, avancer gaillardement sur le chemin de la parodie débridée. Là où le Libérien Vamba Sherif avait conçu son « Borderland » de 2007 tout en métaphores subtiles et en renvois implicites aux mythes de l'Ouest américain et de la Frontière, Florent Couao-Zotti s'est lancé joyeusement dans une transposition directe particulièrement haute en couleurs, en folklore et en grossissement épique, mêlant la caricature relativement attendue (tant au niveau western qu'au niveau béninois) à la franche hilarité des effets comiques à contre-pied (l'épouse de l'aubergiste, Chinoise volontaire et naturellement douée en arts martiaux, valant par exemple le détour à elle seule, comme la mise en scène de la rivalité locale entre Police et Gendarmerie), pour composer un pastiche sombre, violent et rieur qui demeure surprenant jusqu'au bout.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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