L'histoire du famille qui de prime abord est classique, banale, de jeunes gens qui se côtoient dans leur tendre enfance, se promettent amour toujours, se marient, achètent une maison dans laquelle ils s'installent puis développent une famille composée de trois enfants et d'un chat.
La petite dernière,
Zizi Cabane a 5 ans quand sa mère disparaît. Avec l'aide de tante Jeanne, de pépé Marcel et de leur papa, les enfants tentent de survivre au deuil et de se reconstruire.
La maison, le jardin, l'environnement proche de la famille sont également des personnages à part entière du roman.
En effet, peu après la mystérieuse disparition d'Odile, une source commence à sourdre dans la cave de l'habitation, et l'eau s'écoule, inexorablement, à tel point qu'ils sont obligés de la quitter, elle devient totalement insalubre. La famille migre alors vers un petit cabanon dans le fond du jardin, puis, plus tard, s'installera dans une maison louée, située au centre du village.
Là vont devoir apprendre à faire face à la douleur de l'absence, les enfants vont devoir vivre et grandir, développer leurs sensibilités, continuer à rêver sans savoir, en continuant à espérer. Chaque personnage est extrêmement attachant, touchant par sa faculté à réussir à se projeter dans le futur malgré la disparition.
C'est un texte plein de fantaisie, d'émotion, de sensibilité, de poésie. Une narration originale, parfois un peu confuse, faite d'échanges épistolaires, de prises de parole de la source et de l'eau par le biais de poèmes, d'introspection des différents protagonistes.
O, eau, Odile, fluidité … larmes qui coulent sur les joues, les petits rus font des grandes rivières, l'eau qui nettoie en profondeur, qui balaie tout sur son passage. Qui est cette eau ?
Un conte de fées mais contemporain, avec des héros du quotidien, le papa travaille durant la journée et s'occupe de la maison le soir, les enfants vont à l'école et s'ennuient parfois, se chamaillent … comme dans n'importe quelle autre famille.
L'objet livre est splendide, la couverture est en double triptyque, une oeuvre d'Astrid Jourdain. Elle y rassemble tous les symboles si présents dans le texte, un corps de femme encore jeune, une maison, beaucoup de végétation et de l'eau, des poissons …
Une fresque haute en couleur pour illustrer une histoire qui aurait pu être traitée comme un polar glauque alors qu'un sujet aussi dur que la disparition d'une maman est ici traitée avec beaucoup de tendresse, d'amour, de respect de la tristesse de chacun par les autres membres de la famille.
Un véritable coup de coeur pour un style qui ne m'est pas familier, que je recommande chaleureusement.