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3,73

sur 449 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ayant apprécié de pierre et d'os de Bérengère Cournut lors de sa sortie, je n'ai pas hésité à me lancer dans la lecture de Zizi Cabane lorsque l'occasion s'est présentée.
Ces deux romans qui, dans un premier temps paraissent très éloignés l'un de l'autre ont pourtant des points communs.
Une jeune fille, Uqsuralik, dans de pierre et d'os, voit s'ouvrir une faille sur la banquise entre elle et l'igloo où se trouve sa famille et n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer.
Loin de ce voyage arctique, ici, c'est Zizi Cabane dans ce roman éponyme qui, à la disparition de sa mère Odile, va devoir s'inventer un chemin de vie.
Là encore la nature personnifiée aura un rôle majeur et la principale composante, l'eau, se révélera tour à tour menaçante ou rassurante.
En entremêlant poésie et conte, en rebaptisant ses personnages en fonction de leur personnalité ou de la vision qu'en ont les autres, en donnant la parole aux éléments naturels, en faisant ruisseler des vers écrits par Odile la mère disparue, devenue O ou source d'eau…, en alternant les voix pour nous faire entendre les différents points de vue, Bérengère Cournut nous livre un conte, un récit féerique dans lequel il faut se laisser emporter pour l'apprécier à sa juste valeur.
L'auteure parvient à dire la douleur et les chagrins que doit affronter cette famille, le père et ses trois enfants, en réinventant le monde de manière éblouissante et en gardant le sourire.
J'ai, dès les premières pages, été émerveillée par cette faculté qu'avaient eu ces parents pour renommer leurs enfants, leurs deux garçons et leur fille. Ainsi l'aîné, par exemple, ils l'ont appelé Martin. Mais un matin, en regardant l'enfant dont ils ne se cachaient pas d'être amoureux, ont-ils décidé de le rebaptiser Béguin. Pour Zizi Cabane, la dernière, ce prénom lui a été donné dès sa naissance, suite à une réflexion de son frère, étonné par une différence...
J'ai surtout été éblouie par cette capacité du deuxième garçon appelé Chiffon, prénom particulièrement en adéquation avec son amour des chiffons et sa virtuosité à en faire des cartes fantastiques, de véritables trésors d'imagination et qui emmènera sa jeune soeur dans des explorations imaginaires mais salvatrices et constructives.
Zizi Cabane est à la fois un roman initiatique et un roman sur la reconstruction écrit sur un mode tout autant original qu'efficace.
Il faut cependant accepter de sortir du rationnel pour pouvoir apprécier pleinement toute la poésie imaginative de Bérengère Cournut et se laisser emporter par les flots de son écriture originale et créatrice.

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Si le titre interroge, l'énigme est rapidement levée, le surnom de la petite dernière est né de l'imagination fertile de son frère !


L'imagination, c'est un leitmotiv de ce roman aussi poétique que déjanté, avec ce paradoxe qu'il s'appuie sur une réalité tragique, la disparition de la mère qui laisse les trois enfants et le père démunis et obsédés par des questions récurrentes et sans réponse. D'autant que le vide créé par l'absence s'accompagne de phénomènes étranges dans la maison familiale, qui est un personnage à part entière, plutôt maléfique et impossible à contrôler.

Bientôt rejoints par un hypothétique grand-père surgi du néant, ils tenteront de survivre en construisant des fables autour d'une mère qui a créé le mystère.


Nous sommes bien loin des légendes du Grand Nord, et pourtant ce sont des mythes universels qui prennent corps dans ce roman très créatif où la force de l'amour sauve cette famille à la dérive, au coeur d'un décor qui peut d'un moment à l'autre les porter ou les trahir.

Ce roman est une confirmation des talents de conteuse de Bérengère Cournut, qui réussit à nous emporter dans des territoires qui explore les mythes fondateurs, avec une langue aussi poétique qu'émouvante.

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Il faut je crois une âme d'enfant active pour saisir celle de ce roman déroutant et délicieusement sensoriel qui parle à mots couverts et délicats de perte, de deuil et de chemins à construire dans l'absence.
En l'absence de connexion directe à la mienne d'âme d'enfant, présente mais trop bien rangée depuis trop longtemps, il m'a fallu changer de stratégie à mi lecture pour parvenir à me couler dans les eaux et les vents qui entourent l'univers de la petite Zizi Cabane.
D'abord, en m'appuyant sur deux très belles images du roman: celle des cartes dessinées par son frère sur de vieux chiffons comme autant de cartes aux trésors appelant à découvrir le monde; ensuite celle du père creusant jusqu'à la folie la terre sous la maison familiale pour y retrouver son épouse disparue et pouvoir l'absorber.
Ensuite, en prenant le temps de plonger dans la splendie couverture du roman, extérieure et intérieure, et d'y relire cette première partie. Etonnamment, ma lecture y a pris du sens et du poids.
Nul étonnement alors et beaucoup de plaisir et de tendresse à suivre l'essor de cette famille amputée de son membre le plus essentiel, fortifiée d'apports humains extérieurs, rassemblée autour d'explorations et de constructions naturelles, avec le personnage central et solaire de Zizi Cabane capable en grandissant de se délivrer de la part d'elle-même pour prendre son envol.
Très belle histoire que "cette histoire de veines et de chagrins qu'on mêle,
de nappes, de mares et de sel
de charbon aussi...
d'eaux profondes et de gemmes".
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Voilà un roman à nul autre pareil.
Fort déboussolée par le côté onirique, voir fantastique des premières pages, j'ai eu la riche idée de poursuivre ma lecture . Ma persévérance a été récompensée parce qu'il aurait été dommage de ne pas faire plus ample connaissance avec Ferment, Béguin, Chiffon et bien sur Zizi Cabane. Odile, leur mère, a disparu un matin. le temps a passé, l'eau s'est infiltrée dans la maison et chacun essaye de survivre comme il peut. Les trois enfants forment un trio soudé, Ferment le père essaye de ne pas se noyer dans le chagrin.
La tonalité de ce roman m'a surprise, rêve ou réalité, mémoire ou transmission, espoir ou désespoir, envie de partir ou de rester? A chacun de faire le long chemin crée par l'absence, par le manque et de tracer sa route.
Ce roman un brin déjanté, très élégamment écrit mérite le détour.


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De Bérangère Cornut , je n'avais lu que de pierre et d'os , très beau roman, à la limite du conte au pays des Inuits .

Lorsque l'on s'introduit dans la famille de Zizi Cabane entourée de ses frères Béguin et Chiffon et des parents Ferment et Odile, on peut s'imaginer dans un pays exotique ... L'exotisme ,en fait, est dans le mode de fonctionnement de cette famille avant la disparition d'Odile .
Et d'originale , cette vie familiale devient bancale, même la maison participe à la confusion, l'eau se met à couler à l'intérieur alors que la source du jardin coule doucement . Cela devient une idée fixe pour Ferment qui pose drains et canalisations, creuse et détourne , il en oublie les enfants .

Un faux grand-père débarque et devient un membre indispensable au bien-être familial , alors que Tante Jeanne s'installe chez eux délaissant son fiancé . Les enfants découvrent une autre maison, un cercle de famille qui se réinvente mais où le vide laissé par l'absence de la mère ne se comble pas dans les coeurs blessés .

L'enfance et ses découvertes malgré le bouleversement familial se poursuivent , Zizi et son frère Chiffon explorent des pays imaginaires avec les cartes en tissu de Chiffon, vivant des aventures dans leur monde imaginaire et fertile .

L'esprit d'Odile vient comme une onde ou un souffle de vent fureter autour des siens dans des envolées poétiques . L'eau et le vent s'enlacent dans les rêves et guettent , plus inquisiteurs que gardiens .

Un roman sur le deuil, sur l'absence de réponse à la disparition de la mère et Zizi Cabane, trop jeune au moment du drame , doit composer avec les non dits jusqu'au refus qui marque la fin de l'enfance.
C'est parfois déroutant mais la magie de l'enfance opère au delà des dysfonctionnements et je me suis laissée entrainer dans leurs rêves .

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Devant de jeunes frères qui se demandent pourquoi le zizi de leur nouvelle petite soeur est cassé, une maman explique que le leur est un « zizi totem » qui « peut viser, se dresser ou s'affaisser » alors que le sien est un, « zizi cabane » s'écrie le plus jeune.

Cette maman c'est Odile, la mère de Béguin, Chiffon et Zizi. Cette maman va disparaître sans que l'on n'en sache vraiment plus, laissant ses enfants et son mari vivre à leur façon cette absence.

C'est un roman plein de tendresse et de poésie notamment à travers la personnification des éléments (l'eau et le vent) mais aussi des perceptions et des rêves de Zizi, la plus petite.

C'est une histoire de fratrie, de deuil, de rêves et de résilience. Chaque personnage vit séparément et différemment l'absence de cette mère tant aimée mais ils forment néanmoins un tout plutôt équilibré, chacun apportant sa pierre à la (re)construction familiale commune.

Ils sont tous très attachants, chacun avec leur fragilité qu'il ne laisse apercevoir aux autres mais que nous lecteur, privilégié, touchons du doigt.

Je me rends compte, à l'écriture de ce billet, que j'ai du mal à poser des mots cohérents sur mes ressentis à la suite de cette lecture. Cela réside essentiellement dans le fait que les émotions vécues ne sont pas nécessairement palpables, elles étaient là sans que je ne puisse l'expliquer à l'instar de l'eau présente dans la maison de la famille.

J'ai passé un bon moment et je renouvellerai très probablement l'expérience Bérangère Cournut.
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Émotions et fantaisie sont au rendez-vous pour une lecture tout en poésie et tendresse.

La mort, le deuil et la reconstruction avec l'absence quoique in fine, la disparue n'est pas tout à fait absente. Car ce livre est un conte où les songes, les rêves, la douce folie des choses et des êtres se matérialisent et ainsi apaisent, allègent les âmes.

Zizi Cabane - à la lecture vous découvrirez la chouette explication de ce titre, de même que des prénoms farfelus des enfants, si attachants, notamment "Chiffon" qui rend de vieux chiffons plus beaux que des cartes - est un beau moment suspendu de lecture, une charmante, onirique et réjouissante lecture.

Une lecture qui met du baume au coeur.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Il y a des romans que l'on ne peut pas vraiment décrire. Ici, il faut juste glisser dedans, se laisser porter par sa tendresse, ses rires d'enfants, sa lumière. Poétique, zigzagant joyeusement entre le conte initiatique, l'épopée familiale et le roman intimiste, cette histoire roule dans le coeur comme dans le lit d'une rivière.
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Un roman tout en délicatesse douce-amère d'une autrice que je lis pour la première fois : Bérengère Cournut. C'est une histoire brodée comme un conte où rêves et réalités s'entre-mêlent et au lecteur de démêler patiemment les fils. Odile a disparu. Elle s'est fondue puis répandue en eau jusqu'à ne laisser plus qu'un O aux intitulés des chapitres où sa voix vient mêler son chant à celui des êtres aimés qu'elle a laissés : Frement son mari et ses trois enfants, Martin Béguin, Chiffon et Zizi cabane, le petite dernière, 4 ans. Volontairement insaisissable, ce début de roman nous échappe, on peine à comprendre qui parle, il faut un peu de temps pour identifier les enfants possédant un prénom mais appelés d'un surnom, on « nage » dans l'absence d'Organisation, de tout ce vide laissé par cette Odile qui gérait tendrement sa maisonnée, on se « noierait » pour un peu - comme les personnages abandonnés - dans cette source dont toute l'EAU inonde peu à peu la maison familiale. Mais cette ambiance lourde de tristesse, cette désespérance que l'on sent poindre dans les actes de chacun pour faire face à cette absence, nous touche et nous pousse tout doucement en avant de l'histoire, en dérivant doucement le long de son flux. Ferment refuse d'accepter l'absence d'Odile et se bat pour faire naître et renaître la vie dans cette maison inondée, quitte à en saper les bases, quitte à les faire s'effondrer ou à les engloutir dans des sables mouvants. Martin le presque adolescent fuit et cherche d'autres bras où se consoler quant à Chiffon, le taiseux, il emporte dans ses pérégrinations campagnardes et artistiques, la jeune Zizi cabane qui a son âge, dénuée de mots, cherche son chemin au milieu de ses propres maux.
Une écriture intéressante qui joue avec le lecteur avec subtilité et brode tout au long du roman cette dissolution de la mère comme métaphore de la mort. Les sentiments des enfants en proie au manque, aux souvenirs, à la recherche incessante de la figure maternelle dans le clapotis de l'eau ou tapie dans un creux de roche, est émouvante et parlera sans nul doute à ceux et celles qui ont inscrit ce creux de la perte de l'être cher au fond d'eux. C'est un texte tout en petites touches d'émotions, sans envolées dramatiques au lyrisme un peu convenu et cela fonctionne merveilleusement. C'est atypique, discret, ciselé. J'ai pensé évidemment à « L'Ecume des jours » de Vian ou à « En attendant Bojangles » de Bourdeaut. C'est écrit dans cette poésie délicate et intime du récit de la survivance de ceux qui restent. Cela raconte les batailles, les défaites, les prix à payer, la victoire de la vie qui continue malgré tout à se frayer un chemin, dans nos profondeurs souterraines puis jaillissant au grand jour, telle la petite source ténue creusant la montagne pour rejoindre les pentes galopantes vers la mer.
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Odile a disparu laissant une famille totalement perdue.
Et ce n'est pas Ferment son mari qui ne cesse de la chercher dans chaque fleur, dans chaque arbre, dans chaque goutte d'eau qui va pouvoir aider ses trois jeunes enfants Beguin, Chiffon et surtout la petite Zizi cabane.
Mais cette famille est unie par un immense lien d'amour, un lien que rien ne pourra détruire.
Et s'ils doivent quitter leur maison inondée par une source qui y est apparue, à aucun moment ils n'envisagent d'aller ailleurs que cet endroit qui est le synonyme de leur bonheur et ils vont s'installer dans le cabanon du jardin, pour que Odile sache où les trouver quand elle reviendra…
Les liens de ces quatre là ne vont pas les empêcher d'inclure dans leur vie Jeanne la soeur d'Odile venue à la rescousse de Ferment pour s'occuper des enfants surtout Zizi qui n'a que quatre ans, et puis voilà qu'un nouveau grand-père va leur tomber du ciel.
Des enfants qui devront se construire avec une mère absente et un père perdu dans sa douleur et ses souvenirs.
Un joli livre qui donne la parole à tous les membres de la famille et qui nous content une magnifique histoire tout en poésie, en amour, en ode au bonheur.
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