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Beau voyage que ce récit ! La plume de Richard Cowper, habilement traduite par Claude Saunier et Pierre-Paul Durastanti, nous transporte dans l'Angleterre des années 80/90 avec conviction pour y suivre les aventures d'une humanité bouleversée par l'explosion d'une supernova située à 132 années-lumières de la Terre.

Bien qu'atypique, la narration m'a beaucoup plu et je dirais même qu'elle donne à ce roman une touche unique, même si certains passages m'ont fait penser à Ravage dans la forme utilisée.

Une très sympathique lecture dans l'ensemble, d'un roman ancien qui reste toutefois très actuel par les thèmes abordés et la façon dont ils sont traités.
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Le crépuscule de Briareus / Richard Cowper
Calvin le narrateur et Margaret sa compagne errent parmi les congères dans la campagne anglaise enneigée comme jamais. Dans cette région du nord de l'Angleterre le climat a subi comme dans beaucoup de régions du monde un bouleversement qui a entrainé la fuite des rescapés le plus au sud possible du pays et ainsi que vers d'autres cieux, en Australie et Nouvelle Zélande. Pourchassés par les chiens errants affamés, ils parviennent à Moyne Hall près d'une habitation isolée où ils font la connaissance d'une très jeune femme, Élizabeth, née de la Génération du Crépuscule qui fait partie d'une communauté de trois personnes avec Tony parti faire des courses et Spencer parti vers d'autres cieux pour un temps.
Dès le second chapitre on apprend la cause de ce bouleversement météorologique avec typhons et tornades suivis d'un grand refroidissement : le rayonnement fantastique visible en plein jour même, suite à l'explosion de l'étoile Briareus Delta située à 132 années lumières de la Terre, vient de parvenir dans le système solaire. Une véritable catastrophe cosmique qui va perturber de façon gravissime la ionosphère, les télécommunications, la couche d'ozone et le climat de la Terre. Pour Calvin et sa femme Laura, la découverte se produit alors qu'ils sont en promenade sur le bord de mer. Tout deux sont professeurs au collège moderne de la ville.
Plus tard, se rendant pour observer la supernova chez son ami Phil qui possède un télescope, Cal rencontre l'une de ses élèves, Margaret, intéressée elle aussi par le phénomène. La séance terminée, il la raccompagne chez elle et c'est alors que des phénomènes bizarres leur arrivent, comme s'ils se retrouvaient dans une autre dimension, dans un autre temps. La sensation est fugitive mais inquiétante et inoubliable. Pour éclaircir cet événement, Margaret décide de revoir Cal et lui fixe un rendez-vous sur le front de mer. C'est là qu'une tornade inouïe survient qui les emporte comme des fétus et les plonge par instant dans un état second.
Dans les jours qui suivent, on apprend que le cataclysme a touché le monde entier et que plus de 50 millions de morts sont à déplorer. Au collège, de nombreuses jeunes filles ont ressenti des symptômes bizarres avec de forts maux de tête et ont dû aller à l'infirmerie au moment des cours. Calvin enquête sur cette affaire qui ressemble un peu à ce qu'il a connu avec Margaret. Il remarque une élève à l'attitude étrange, Marcelle qui semble planer dans un ailleurs qui rappelle également quelque chose à Cal. Après un entretien avec elle, il a confirmation d'une part que Marcelle subit une influence qui la rend totalement soumise et consentante tandis que lui se trouve sous une emprise qui porte sa libido à des niveaux qui justifient une consultation auprès de son ami le docteur Rosen.
« Elle baissa timidement les yeux sur son corps, et ses cheveux auburn ruisselèrent sur son visage. Puis avec un geste d'innocence éternelle, elle fit doucement de ses mains des coupes pour ses seins et me les offrit… Elle se pencha alors, prit ma main toujours sur son poignet, la leva vers son sein nu, les yeux pleins d'une supplication muette. Prenez-moi, priaient-ils, laissez-moi aller avec vous partout où vous irez, être avec vous, être vous.»
Dans un entretien avec Rosen, Cal explique qu'il lui est impossible de dominer la pulsion telle une force magnétique qui le pousse vers les mutantes Zêta que sont Margaret et Marcelle, une force exclusive, primitive où tout le reste est écarté, comme si l'on se servait d'eux. Une sorte de mainmise étrangère sur les personnes. Les mutants Zêta sont les humains qui à la suite du rayonnement de Briareus montrent une anomalie de leur voltage encéphalique En plus du rythme Alpha bien connu se superpose en contrepoint une onde que l'on a appelée Zêta et ce de façon inexplicable scientifiquement. Ces ondes provoquent des troubles du sommeil, l'apparition de rêves étranges et confèrent d'étranges pouvoirs psychiques.
Quoi qu'il en soit, neuf jours après le cataclysme, tout semble redevenir normal : l'éclat de Briareus à fortement décliné et la vie a repris son cours après que les plaies aient été pansées.
C'est alors que le docteur Rosen annonce à Cal avec preuves à l'appui que tous les humains sont devenus stériles depuis le jour du rayonnement de Briareus. Les tempêtes dues à la supernova ne sont plus que des jeux d'enfants à côté de cette découverte. Laura et Cal qui espéraient pour bientôt avoir un enfant se réfugient dans l'espoir que cette stérilité n'est que transitoire. Les recherches des savants du monde entier ne parviennent pas à découvrir ce qui empêche le sperme humain de fertiliser l'ovule. Des expériences de fécondation in vitro montrent que tout se passe après un certain stade de développement comme si la cellule avait perdu la volonté de survivre.
Sont alors tentées des expériences sur les dormeuses (jeunes femmes mutantes) et les hommes mutants. Des expériences d'insémination gérées par l'État qui conduisent à des catastrophes et la mort ou la folie pour un grand nombre. Une chasse aux mutants est organisée pour fournir les laboratoires. Cal va-t-il échapper aux griffes de la sécurité Nationale ?
le philosophe et chercheur McHarty, ami de Cal, lui explique que les mutants Zêta sont ce qu'il y a de plus précieux au monde et sont le seul espoir de salut pour l'humanité. On découvre alors que les enfants conçus peu avant l'apparition de la supernova ont quasiment tous hérité du rythme Zêta, en tout cas en beaucoup plus grand nombre que leurs aînés. C'est ce que l'on appelle la Génération du Crépuscule. On découvre également que de très rares mutants ont des propriétés particulières au niveau des rythmes Alpha et Zêta : on les appelle les diplomutants. Calvin en est un. Que lui réserve cette distinction ? Quel avenir attend les mutants Zêta survivant qui vont être regroupés à Genève dans un centre d'études spécialisé ? Jusqu'au jour où un appel étrange et silencieux invite Cal au départ. Il se pose la question de savoir s'il existe au moins une femme diplomutante dans le monde. Il en a la certitude.
Et si en fait le rayonnement de la supernova avait été utilisé par des entités, comme une sorte de vague et de ressac galactique, en en chevauchant la crête pour traverser la galaxie et prendre contact, tel des missionnaires, avec d'autres formes de vie intelligente ? Des entités pour qui le mort ne serait pas ce qu'elle est pour nous, pour qui le temps linéaire ne serait qu'une illusion ? Les diplomutants seraient - ils les seuls êtres capables d'apprécier les émotions des nouveaux venus ?
Pour une meilleure appréciation de cet excellent roman de fiction et que l'histoire prenne tout son sens, je conseillerais aux lecteurs d'ajouter 50 années aux dates citées au cours du récit, vu que le roman a été écrit en 1974 et que les événements se passent à partir de 1983, année qui était alors un futur proche et pour nous en 2023 déjà un passé éloigné.
Ce roman post - apocalyptique dans la réflexion, spiritualiste et poétique, très bien écrit et très bien traduit, pose grâce à une projection dans le futur un certain nombre de questions et montrent que notre présence sur Terre est aussi aléatoire que le fut celle des dinosaures. En qualité d'Homo sapiens l'humanité n'a que 200 000 ans, et près de 3000 000 d'années pour le genre Homo habilis. Les dinosaures vécurent 180 millions d'années et bien que parfaitement adaptés disparurent très certainement pour des raisons initialement extérieures à notre Terre. Alors quand Briareus delta explose en supernova, tout est possible lorsque le danger vient d'ailleurs. Bien sûr d'aucuns estiment que le plus grand danger pour l'Homme, c'est l'Homme lui-même. Mais cela est une autre histoire !
Pour la petite histoire, rappelons que Briareus appelé aussi Aegeon était dans la mythologie grecque le fils d'Uranus (ciel étoilé) et de Gaia (la Terre), un géant à 50 têtes et 100 mains, dieu des tempêtes.
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John Middleton Murray JR. écrivait ses romans de Science-Fiction sous pseudonyme. Démarrant sa carrière dans les années 50, il a d'abord écrit sous le nom de Colin Murry ( Colin en référence au surnom que lui donnait sa grand-mère), quatre romans, ne faisant pas partie de la littérature de genre. Ce n'est qu'à partir de 1967 et son roman « Les cavernes du sommeil » qu'il optera pour le nom de Richard Cowper et entrera ainsi dans le domaine qui nous intéresse ici, la science-fiction.

En France l‘auteur eut une première fois sa chance grâce au travail de la maison d'édition Denoël qui publia entre 1976 et 1985 cinq de ses romans (dont “Le crépuscule de Briareus”, ainsi que la trilogie de “L'oiseau blanc de la fraternité”) ainsi que trois recueils de nouvelles. En parallèle, d'autres maisons tentèrent leur chance ( Presse de la cité, Lattès et Opta), sans pour autant réussir à inscrire l'auteur dans le panthéon des incontournables de la science-fiction.

Ainsi, Richard Cowper était tombé dans l'oublie, jusqu'à l'arrivée de la maison Argyll. le Crépuscule de Briareus, bénéficie dans cette présente édition d'une révision prestigieuse de la traduction original ( Claude Saunier) par Pierre-Paul Durastanti, ainsi qu'une postface passionnante de Christopher Priest et une interview de l'auteur tout aussi intéressante.

Le crépuscule de Briareus, c'est l'histoire d'une supernovae, à 132 années-lumière, qui va bouleverser la vie sur Terre lorsque l'onde de choc va frapper notre planète. Outre les conséquences climatiques, un effet secondaire, et inattendu, va frapper l'espèce humaine. L'humain est devenu stérile, et nos sociétés s'écroulent suite à cette découverte. Entre dérive autoritaire, fatalisme et quête de sens, les conséquences sont tout autant désastreuse que l'air glaciaire provoqué par la mort de l'étoile Briareus. C'est dans ce contexte que nous découvrons et suivons, Margaret et Calvin, qui tentent de survivre dans une Angleterre dévastée. Un périple qui va les mener chez Elizabeth, une jeune femme née peu après les conséquences de la supernovae.

Comment décrire une société en déroute, c'est le pari ici mené avec intelligence par Richard Cowper, en déconstruisant ce qui fait de nos civilisations des civilisations, l'auteur recentre la catastrophe et ses conséquences à une échelle plus humaine, voir intime. Ici nous vivons la catastrophe et ses conséquences sur nos sociétés et notre environnement à échelle humaine.

Dans un style plutôt direct, privilégiant les moments de tensions et les dialogues pour rythmer son histoire, Richard Cowper parvient à plonger son lecteur dans un univers d'une vraisemblance glaçante, et ce, malgré quelques passages ou propos qui font grincer des dents en 2021. le roman est le produit de son époque, et au-delà d'une science-fiction totalement réussie, avec notre regard d'aujourd'hui, forcément ce qui n'allait pas à l'époque nous saute aux yeux aujourd'hui.

Malgré ces défauts qui attestent d'une période autre, le crépuscule de Briareus est un excellent roman de Science-Fiction, témoin d'une littérature de genre anglaise, des années 60/70 qui fut trop souvent reléguée au second plan par l'imposante abondance d'outre antlatique. Il est intéressant, amusant et intriguant même, de redécouvrir cet auteur aujourd'hui, d'un côté pour l'originalité de l'histoire, mais aussi pour son style, moderne et efficace qui n'a rien à envier aux auteurs actuels.

Enfin, saluons l'audace de la toute jeune maison d'édition Argyll, qui ose se lancer dans la redécouverte d'un auteur qui était tombé dans l'oubli en Hexagone. Ainsi avec la publication de ce titre puis de l'intégrale de « L'oiseau blanc de la fraternité », Argyll ose l'aventure et prend un grand risque en se lançant avec un titre de SF/New age d'un auteur anglais oublié chez nous.

Le crépuscule de Briareus est une belle redécouverte et espérons-le un pari gagnant pour Argyll, en tout cas nous leur souhaitons.
Lien : https://www.undernierlivre.n..
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Difficile de croire que ce texte date des années 70 tant il semble actuel dans ses propos…
132 ans après l'explosion de l'étoile Briareus Delta, la Terre reçoit l'onde de choc : les radiations sont si intenses que le climat est complètement perturbé, que des mutations mystérieuses apparaissent et que toute l'humanité devient d'un seul coup stérile.
Calvin, ancien prof d'anglais, est hanté par des visions de neige. Pourquoi ? Où mènent-elles ? Quand se passent-elles ?

Je me suis laissée embarquée par cette quête, par cette ambiance délétère et froide, par cette fin du monde qui est à la fois une condamnation et une libération. Une condamnation à mort pour les individus, mais aussi une libération pour celleux qui ne supportaient plus cette vie moderne insensée. Je ne résiste pas au plaisir de vous retranscrire une conversation entre Calvin et Margaret, son élève :
« — […] L'école. Les bonnes notes. L'université. Un diplôme. Un travail quelconque. le mariage, je suppose. Des enfants. La vieillesse. La mort.
— Ah ! La vie, quoi ?
— C'est ça, la vie ?
— Pour ceux qui ont de la chance, oui.
— Vous êtes sincère ?
— Je l'ignore. Sans doute. Ça me paraît sensé.
— Pour moi ça n'a aucun sens.
— Il y a une autre solution ?
— Je ne l'ai pas encore trouvée.
— Mais à part la vieillesse et la mort, rien ne vous oblige à faire tout ce que vous venez de dire. Personne ne vous y force.
— Tout le monde m'y force, répliqua-t-elle. En admettant simplement qu'il est normal, naturel de le faire. En rendant la chose si facile. Vous ne voyez pas ?
— Si vous entendez par-là que vous voulez échapper à vous-même, sans vous suicider, je ne pense pas que ce soit possible.
— Je veux être moi-même, voilà tout. »
Je me suis tellement reconnue dans cette jeune lycéenne qui sent sa vie lui échapper et les options disparaître. Qui n'a pas confiance dans sa vie d'adulte, qui ne voit l'avenir que d'un oeil désabusé. Ce passage m'a énormément fait penser à Donnie Darko : un film bouleversant dans lequel un lycéen lui aussi désabusé, trop intelligent pour ses proches, dénonce les limites de l'american way of life. Un film fantastique dans lequel le surnaturel touche à la science, mais aussi à la fatalité... Un peu comme le Crépuscule de Briareus.

Quoiqu'il en soit, j'ai été ravie de découvrir un roman de SF onirique et mystérieux, à la frontière du fantastique, qui laisse la part belle à une forme d'ésotérisme et réfute la froideur de la science pure.
Calvin est un narrateur touchant, loin d'un cliché machiste qu'on pourrait attendre d'un roman qui date d'une cinquantaine d'années (cf. Tau Zéro...). Sa relation aux femmes est pleine de douceur et d'empathie, raisonnable, chaleureuse. Au cours de l'histoire, il fait preuve d'une grande sensibilité : c'est cela qui fait de lui quelqu'un d'exceptionnel. C'est, en quelque sorte, un héros masculin doté de caractéristiques traditionnellement associées à la féminité, et c'est ce qui me l'a rendu sympathique.

Mais même si j'ai suivi avec un certain intérêt cette histoire post-apocalyptique, je ne m'y suis pas complètement plongée. Quelques longueurs m'ont refroidie, j'étais parfois confuse avec la chronologie : plusieurs timelines s'imbriquent et les personnages secondaires m'ont peu marquée.
J'ai aussi refermé ce livre avec une certaine frustration : toutes les réponses ne nous sont pas données (on ne saura jamais pourquoi la mutation entraîne une certaine frénésie sexuelle), et il nous faut accepter ce qu'on sait (qui est parfois déroutant), mais également ce qu'on ne sait pas.
Une bonne découverte, mais pas impérissable.
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C'est à un périple initiatique sur fond apocalyptique que nous convie Richard Cowper : en 1983, les radiations engendrées par l'explosion de l'étoile Briareus, devenue supernova, atteignent la Terre. D'impressionnants bouleversements climatiques s'ensuivent et les États font le gros dos, jusqu'à la découverte de la véritable catastrophe, beaucoup plus insidieuse et dévastatrice : l'humanité est devenue stérile. Parallèlement, on découvre chez certains individus, dénommés "Zêtas", de nouvelles capacités mentales, peut-être un don de vision. D'abord considérés avec incrédulité, les Zêtas cristallisent bientôt les espoirs de gouvernements en déroute : ne porteraient-ils pas en eux une dernière chance contre le déclin qui s'annonce ? L'Homme étant ce qu'il est, l'espoir ne tarde pas à dériver vers bien autre chose...
"Le crépuscule de Briareus" est une SF intimiste, où l'on partage les états d'âmes et interrogations de Calvin, l'un de ces supposés "Zêtas", au long de son périple semé de visions oniriques et des panoramas enneigés d'une Angleterre soumise à un nouvel âge glaciaire. C'est aussi l'un de ces livres qui font réfléchir, posant des questions sur ce que c'est que l'Homme, sur le destin, la conscience collective... Questions auxquelles je suis sensible, même si je le suis un peu moins au mysticisme qui pare la fin du roman.
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Auteur au succès discret par delà l'Angleterre, Richard Cowper voit son travail récemment réédité chez Argylle offrant ainsi, nous l'espérons, un spectre d'auditeur plus large à son travail somme toute unique.

Unique, car Cowper développe ,au travers de son récit post-apocalyptique, une histoire de fin du monde pleine d'émotions et intimiste, où le rôle d'une humanité devenue stérile est remis en cause sur le plan mondial. Des dérives sectaires émergent, des tentatives de sauver le genre humain échouent, mais que reste-il alors, quand tout paraît au bord du gouffre ? Si l'histoire reste entièrement cloisonné sur le point de vue du professeur Calvin, on sent l'envie de l'auteur d'explorer des thématiques alors très en vogue dans les années 70, tel que le transfert de conscience et l'apparition d'entités supérieures existant sur un plan différent du nôtre.

La lecture de ce genre d'oeuvre donne une impression complexe à déchiffrer, car si le style de l'auteur est poétique et agréable, il n'en demeure pas moins difficilement à la portée de tout le monde, tant il explore une approche humaine et spirituelle de la SF.

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Globalement déçu par ce roman. Si sa lecture ne fut pas particulièrement pénible, le moins que je puisse dire est qu'elle ne m'en laissera pas un souvenir indélébile.

Tout commençait pourtant sous de bons auspices avec un premier chapitre que j'ai jugé convaincant. On rentre dans le vif de l'action et même du sujet, avec un style énergique et visuel, tout en faisant connaissance avec les principaux personnages. Et déjà, des touches de mystère qui éveillent la curiosité.

Seulement voilà : le chapitre suivant nous propulse quelque quinze années en arrière pour nous conter l'origine des évènements tragiques survenus au cours de cette période. Rien d'étonnant : après tout, le résumé annonce assez clairement cette séparation chronologique dans la narration. Ce qui m'a surpris est qu'on ne reprend la suite de la trame du premier chapitre qu'au … dernier chapitre ! Frustration, car je m'étais imaginé (à tort) que cette partie était la plus intéressante et serait la plus développée. Pour couronner le tout, l'auteur a cru bon modifier complètement la forme de narration pour ce dernier chapitre. Si ce choix se justifie aisément par l'intrigue, le résultat produit m'a paru au mieux raté, au pire bâclé, avec des informations disparates livrées de façon hachée.

Ce roman se concentre donc sur la description chronologique des évènements qui font suite aux premières conséquences sur la vie terrienne de l'explosion de la lointaine étoile, et ce jusqu'au dénouement imaginé par l'auteur.

Sur le plan stylistique, Christopher Priest décrit dans sa postface « une prose élégante, précise et somptueuse ». Dans le doute, je concède l'aspect « somptueux ». Quant à l'élégance et la précision, ce n'est pas vraiment mon ressenti. À l'exception notable du premier chapitre, le texte m'a davantage marqué par sa lourdeur, et je ne compte pas les innombrables tournures et images qui m'ont paru, au mieux, alambiquées. Peut-être un problème de traduction ? de manière anecdotique, je pourrais aussi relever une douzaine de coquilles, ce qui est tout de même surprenant pour le premier roman publié par une nouvelle maison d'édition, qui plus est dans le cadre d'une réédition augmentée. Une lecture qui reste fluide, et au moins l'auteur prend-il des risques, ce que j'apprécie toujours.

Le personnage principal – le narrateur pour l'essentiel – m'a fortement déçu : pas de personnalité apparente, pas de consistance, pas de crédibilité, pas d'attachement. Il est de ces personnages neutres et centraux que l'on rencontre parfois et dont l'unique objet semble être de porter la narration et de se plier docilement aux nombreux cheminements de l'intrigue imaginés par l'auteur. Ici, le personnage principal bénéficie d'un rôle bien particulier dans l'intrigue, ce qui est un plus mais ne suffit pas à gommer ses défauts. Son talent pour subir les évènements est criant m'a agacé plus d'une fois. Et lorsqu'il est acteur, c'est trop souvent sous le coup de l'intuition… comme c'est facile !

J'ai également eu beaucoup de mal avec le personnage de Margaret jeune, archétype de l'ado héroïne des romans faciles ciblant le public "young adult" : une jeune fille plutôt réservée, plutôt mystérieuse, plutôt intelligente, et dont la caractéristique la plus agaçante est sa propension à tenir la conversation avec des adultes cultivés tout en donnant l'impression de dominer sur le plan intellectuel, émotionnel ou de la maturité, quand ce n'est pas les trois en même temps. Dans ce roman, cette impression est renforcée par le contexte scolaire, le métier du narrateur, et même le thème apocalyptique si présent dans cette littérature. Par la suite, heureusement, Margaret grandit et cet aspect disparaît.

De très nombreux thèmes sont présents dans ce roman : l'avenir de l'humanité et sa possible extinction à court terme, les thèmes apocalyptique et post-apocalyptique, les rêves (éveillés ou non), l'âme, l'intelligence extra-humaine, l'hétérodoxie dans le milieu scientifique, les jeux de pouvoir au sommet en temps de crise, l'autoritarisme et le conditionnement des masses, le thème du génocide organisé et institutionnalisé. Ces thèmes sont plus ou moins bien traités, et certains font étrangement écho dans notre société actuelle.
Un chapitre entier est consacré au thème du massacre, et fait référence explicitement à l'holocauste. Si cet épisode m'a plu (c'est le seul offrant une réelle tension, et, loin d'être artificiel, il s'intègre très bien à l'intrigue), j'ai trouvé la dénonciation de l'auteur contradictoire avec la suite des évènements relatés, qui tendent à gommer ou atténuer ce massacre. À moins que cette atténuation par la société face aussi partie de ce que dénonce l'auteur, mais je ne pense pas, en atteste par exemple la deuxième confrontation du narrateur avec le capitaine Norton, dans une atmosphère légère, empunte d'humour.

À mon sens, le plus gros défaut de ce roman est qu'il ne dégage rien de fort, en dépit des évènements extrêmes relatés. le dénouement de l'histoire est pratiquement connu dès la fin du premier chapitre, et l'intrigue principale souffre d'un manque de dynamisme et de rebondissements. Enfin, de nombreux aspects m'ont paru peu crédibles.


Cette lecture m'a remémoré la trilogie « À la croisée des mondes ». Dans un genre complètement différent mais partageant cette culture britanique, ce classique de Philip Pullman reprend de nombreux thèmes présents dans le roman de Richard Cowper. À mon humble avis, les développements de Pullman sont bien plus riches, aboutis et convaincants, servis par son savoir-faire créatif pour concrétiser les concepts liés à l'âme (par nature difficiles à définir et à décrire), par exemple à travers ses « demons ». Il serait également intéressant de comparer dans ces deux oeuvres l'expression de la poésie ou de la critique de la société.


Notes sur cette édition :
- J'ai particulièrement apprécié la postface de Christopher Priest. On y apprend quelques anecdotes assez amusantes sur le petit monde des auteurs de SF…
- La jolie illustration de la couverture résume admirablement bien le roman !
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Le Crépuscule de Briareus est un roman de science-fiction postapocalyptique écrit par Richard Cowper et tout récemment réédité par les éditions Argyll.
L'auteur met en scène, à travers le manuscrit inachevé de Calvin Johnson, un personnage écrivain, une Terre en proie à un changement climatique intense et une espèce humaine frappée par la stérilité à cause des radiations émises par l'explosion de l'étoile Briareus Delta. le parcours de Cal montre comment la société se reconfigure, pour le meilleur comme pour le pire, puisque les autorités tuent de manière systématique les individus Zêtas, des êtres humains dotés de pouvoirs psychiques, qui s'avèrent pourtant la clé de la survie de l'espèce humaine.
J'ai beaucoup aimé ce roman, et si vous vous intéressez au genre postapocalyptique, aux pouvoirs psychiques et aux personnages écrivains, je vous le recommande !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Dès le départ, nous sommes plongés dans ce qu'est devenu le monde et plus particulièrement l'Angleterre. On ne sait pas bien si l'être humain va survivre à l'explosion d'une étoile que personne ne connaissait auparavant. Cette étoile sera donc la cause de l'apocalypse. Tout va être perturbé : le climat sur Terre typhons, tornades et engendrer un refroidissement sans précèdent.

Dans ce roman, j'ai été immédiatement dans un cadre post apocalyptique assez marqué. Sujet sociétal actuel, on ne peut donc que se plonger dans cette histoire que l'auteur Richard Cowper nous livre ici. Il s'agit d'une réédition retraduite par les éditions Argyll, mais je le découvre ainsi et ne suis pas déçu. Il n'a pas été écrit récemment mais ce roman questionne et comme je le disait il est très actuel de part les thèmes et réflexions qu'il suscite notamment sur le devenir de l'humanité.

Voici donc une dystopie assez glaçante, flippante que je vous invite vivement à découvrir.

Lien : https://radiodeclic.fr/shows..
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Publié en 1974 (traduit et publié pour la première fois en France en 1976), ce roman se montre étonnamment moderne par certains thèmes qui trouvent des échos avec notre société actuelle : perturbations climatiques, retour à la nature, faillibilité de la science, recherche d'une nouvelle voie spirituelle. Un bon choix pour lancer une nouvelle maison d'édition. Bienvenue à Argyll !

Une catastrophe climatique
Quand Briareus meurt, la Terre subit l'onde de choc de l'explosion de la supernova. Fascinés par ce spectacle tellement proche que tous les habitants de notre planète peuvent en profiter, les Terriens observent sans inquiétude, jour après jour, les effets de cette perturbation. Mais des voix se font entendre sur les dangers potentiels d'un tel phénomène. Et même si elles sont minoritaires, elles ont bien raison. Première alerte, de terribles tempêtes, voire des ouragans dévastent certains coins du globe. Dont un port anglais où habite le narrateur. Il en réchappe de justesse. Mais cela ne va pas s'arrêter là et le nord de l'Angleterre (l'auteur est anglais et situe donc l'action dans ce pays qu'il connaît parfaitement et aimer énormément), suite à la défaillance du Gulf Stream, va ressembler progressivement à la Sibérie : froid glacial et neige une bonne moitié de l'année. Écho évident avec notre réchauffement climatique et l'incertitude qu'il véhicule quant à notre avenir.

Des mutants
Suite au passage des radiations, le climat n'est pas le seul à être transformé : toute une partie de la population va être modifiée. On découvre bientôt l'existence d'une mutation Zêta. de jeunes femmes et des hommes sont affectés. Ils vont connaître des expériences communes et avoir des visions. Certains vont avoir des relations sexuelles comme s'ils y étaient obligés, sans désir préexistant. Et eux, comme le reste de la population, vont être frappés de stérilité. du jour au lendemain, plus aucune conception du moindre bébé sur Terre. La fin de l'humanité ?

Une société bien décevante
Face à ce danger exceptionnel, les autorités réagiront. Mais pas nécessairement de la meilleure des manières. Richard Cowper évoque ouvertement le spectre du traitement inhumain réservé aux juifs pendant la Deuxième guerre mondiale. Il montre comment on peut rester bloqués sur de vieilles habitudes, sur des façons de réfléchir datées et inefficaces devant de nouvelles situations, sans être capables de réagir, de s'apercevoir de ses erreurs pour essayer autre chose. Bien sûr, ce n'est pas le cas de toute la population. On trouve aussi des « lanceurs d'alerte » (terme anachronique, pas utilisé dans le roman bien sûr) qui proposent aux autorités d'autres hypothèses, peut-être plus proches de la réalité. Mais il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Cet aveuglement entre en résonance avec notre monde actuel. Cinquante ans plus tard, on peut retrouver les mêmes problématiques.

La venue d'un messie
Le Crépuscule de Briareus véhicule, comme solution, un bagage religieux sous-jacent évident. Dans ce roman, suite à la catastrophe, les populations abandonnent leurs anciennes idoles (technologie, science) au profit des croyances (retour aux religions traditionnelles, émergence de sectes). Et l'on sent bien que l'auteur ne les regrette pas, ces produits du progrès. D'ailleurs, à lire son interview à la fin du livre, on découvre un auteur proche de la nature, du spirituel, très opposé aux villes qu'il semble détester. Quelqu'un qui ne souffrirait pas nécessairement dans le monde tel qu'il est devenu dans son roman.

Un style souple, mais riche
Richard Cowper, de son vrai nom John Middleton Murry Jr, était le fils d'un critique anglais et a exercé le métier de professeur de littérature anglaise. Et il possédait un amour de la littérature qui ressort par tous les pores de son roman. Il cite régulièrement, et à juste titre, des phrases tirées des classiques de a littérature de son pays. Lui-même use d'images parfois singulières, mais toujours parlantes. Son style est riche, mais fluide : pas de longs passages descriptifs, même si l'auteur aime croquer la nature qui entoure ses personnages (il était peintre, également, et cela se ressent dans l'efficacité de ses paysages) ; des dialogues peut-être pas enlevés, mais bien équilibrés et sans superflu. En plus, il sait utiliser les différents genres pour nous raconter son histoire jusqu'au bout : la dernière partie se démarque du reste du roman (mais je n'en dis pas plus). La traduction revisité par Pierre-Paul Durastanti y est peut-être pour beaucoup, mais je pense aussi que la prose de Richard Cowper a su rester moderne et facilement lisible, même en 2021. Je n'ai pas peiné sur ce roman comme cela peut arriver sur des lectures de la même période.

Des suppléments de qualité
À la suite du roman, l'éditeur a eu la bonne idée d'ajouter de quoi remettre cet ouvrage dans le contexte de son époque. Et, surtout, de faire découvrir l'auteur. Tout d'abord, des extraits du blog de Christopher Priest, ami de l'auteur, dont on connaît les avis tranchés, surtout à l'encontre des autres auteurs de science-fiction. Et ces passages ne déçoivent pas tant il est mordant. Mais aussi une assez longue et complète interview de Richard Cowper, qui date de 1979, et permet de bien mieux comprendre qui était l'auteur du Crépuscule de Briareus. Enfin, une courte biographie de l'auteur par l'éditeur. Des « bonus » qui sont tout sauf un gadget. Une très bonne initiative.

Une nouvelle maison d'édition
Mais pas de petits nouveaux, car le quatuor à la tête des éditions Argyll connaît bien le milieu littéraire, pour la plupart. Xavier Dollo, Simon Pinel, Xavier Collette et Frédéric Hugot se sont donc lancés eux aussi dans l'aventure, avec des idées bien arrêtées en terme de solidarité, d'éthique. Un beau projet, de beaux sentiments. Quelques citations tirées d'un article de Ouest-France (Agnès le Morvan, 23/11/2020) : « On souhaite travailler à une rémunération plus juste des auteurs avec des droits d'auteur versés dès le premier livre vendu, signer avec eux un contrat collaboratif et participatif, être le plus égalitaire possible en publiant autant d'autrices que d'auteurs », a dit Xavier Dollo. Tandis que Simon Pinel ajoute : « L'idée est aussi de ne pas surproduire. Avec six titres, cette première année, pour mieux les défendre. Aujourd'hui, trop de livres paraissent et les ventes se concentrent sur quelques best-sellers. » Et : « Avec une volonté que ces essais et romans divertissent mais réfléchissent aussi à demain, en proposant des solutions pour agir. » On espère qu'ils pourront respecter ces principes et que le succès sera au rendez-vous. Longue vie à Argyll !
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