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Commençons tout de suite par dire que ce livre est un faux polar et un vrai récit d'aventure déjanté. Il n'y aura pas d'énigme à résoudre, pas de coupable dévoilé à la fin, mais en revanche une histoire « punchy » et roborative, reposant toute entière sur son narrateur et protagoniste principal, Vincent - « Vince » - Arnaud. Les autres témoins de son parcours n'ont pas voix au chapitre, pour autant qu'ils soient encore en état de parler après eu le malheur de croiser les zigzags du héros.

Vince n'est pas exactement un premier rôle à l'eau de rose : il est arrogant, fier comme un mâle alpha, brutal, et sans regret sur son passé d'ancien béret rouge. Tout à fait le genre de type à s'inviter en treillis, crâne rasé, à une réunion d'intellectuels et d'artistes efféminés, histoire de mettre un peu d'ambiance. Néanmoins, il reste éminemment sympathique par sa capacité à ne pas se prendre au sérieux, ce qui le distingue des autres casseurs d'intellectuels.

Le plus cocasse est qu'en dépit du danger qui le serre à longueur de récit, on sent que sa grande préoccupation est finalement moins de sortir la tête du pétrin que d'arriver, si on lui en laisse le temps, à faire publier le livre qu'il vient d'écrire. Eh oui, s'engager dans le métier de la guerre peut laisser un arrière-goût déplaisant, au point qu'on ait envie de se racheter – ou à tout le moins de se transfigurer – à travers la création littéraire. Car enfin, que seraient donc les exploits des guerriers légendaires sans les bardes pour les chanter ? Au moment où commence Triades sur Seine, Vince a donc mis le point final à un manuscrit : « Shrapnel », un héroïque récit d'aventure magnifiant son passé et qui, il en est certain, lui ouvrira les portes de la respectabilité et d'une vie un peu plus calme.

Hélas, impossible d'écrire tranquillement dans sa tour d'ivoire. L'auteur autoproclamé va avoir quelques soucis, essentiellement imputables à son fichu caractère : avec les femmes et les éditeurs au premier chef, avec la police et la mafia chinoise accessoirement. Son vrai roman, en fin de compte, n'est pas Shrapnel, le texte qu'il a produit après des mois d'efforts et de solitude monacale dans les sous-sols de son logement ; notre écrivain ne trouve d'authentique inspiration que sous adrénaline, et son grand oeuvre est la confession tapée à l'arrachée dans les dernières heures d'une nuit de cavale, celle que nous sommes supposés avoir dans les mains en lisant Triades sur Seine. Vincent Arnaud écrit à la manière dont il vit, on ne se refait pas.

Et il remplit son contrat : il nous fait tourner les pages. On peut regretter le côté un peu attendu de l'intrigue : des amours et des trahisons classiques, des parrains à la poursuite de leur fric et de leur honneur bafoué, un narrateur essayant de se prouver tant bien que mal qu'il maîtrise la situation... Mais tout ceci n'est qu'un arrière-plan. le plaisir du livre est dans une écriture nerveuse, qui colle particulièrement bien à la psychologie du personnage, à la fois classique – la brute au grand coeur - et drolatique : derrière les coups de poings et de revolvers qu'il est contraint de distribuer, Vince aimerait désespérément être reconnu pour l'art éthéré de la plume, et voir un peu plus qu'une grimace de haine, de douleur ou de concupiscence sur les visages qu'il croise quotidiennement. Qu'on lui dise enfin autre chose que : « Vince, t'as une belle queue », ou « Vince, t'es le roi de la castagne », mais plutôt « Monsieur Arnaud, votre créativité, votre intelligence et votre sensibilité esthétique sont bouleversantes. »

… Bien sûr, c'est précisément en s'acharnant, vaille que vaille, mener à bien cette reconversion, que notre éminent homme de lettres a déchaîné tout le contraire et s'est retrouvé une fois de plus à lutter dos au mur, pour se tirer d'une embrouille sordide et parfois horrifique. Comment ? Tout simplement par inattention. La distraction peut coûter cher, surtout quand elle est générée par l'obsession littéraire. Et aussi, évidemment, parce que le naturel ne s'éloigne jamais bien loin, si sincère que puisse être l'envie de raccrocher les gants.

Mais en dépit de son imprévoyance, Vince obtient gain de cause au-delà de ses espoirs : le livre que nous tenons entre les mains en est la preuve, bien meilleur que les mémoires laborieux qu'il croyait devoir écrire, un roman qu'il a involontairement chorégraphié par sa propre vie, tracé en actes avec l'aide de seconds rôles émérites, avant d'en jeter pêle-mêle l'exact compte-rendu sur ordinateur.

… Exact, vraiment ? de toute façon, il n'y a plus guère de contradicteurs qui s'aventureraient à crier au canular, tout cela reste donc à l'appréciation du lecteur. Probablement Vince écrit-il davantage pour se remettre les idées en place et se justifier à ses propres yeux, que pour impressionner un hypothétique lecteur, qu'il fait semblant de prendre à témoin avec force bravades tout au long de sa confession, mais à la manière dont on défie le vide avec des moulinets menaçants. Cela justifie bien de prendre quelques libertés avec le réel. Et pour la bonne cause : le vrai lecteur, lui, ne s'ennuie pas. Au final, on peut tirer son chapeau à Monsieur Arnaud pour être devenu écrivain par mégarde certes, mais assurément en restant lui-même !
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Un roman très différent du précédent de son auteur « Les fantômes du Panassa ». J'ai été surprise et un peu déroutée au départ par le style de narration. le récit est en effet rédigé à la première personne et ressemble à un journal. le journal d'un type violent et pas très net. Difficile au départ d'avoir de la sympathie pour cette brute. Et puis au fur et à mesure qu'on progresse dans le récit on se laisse prendre par ce type pas très futé que rien n'arrête et que tout le monde essaye de manipuler. C'est violent, outrancier, caricatural, comme un film de Tarentino. A lire comme on regarde un film d'aventures : sans se prendre la tête !
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"Du rififi dans le XIIe

Il fut un temps, pas meilleur, juste différent, où le polar était encore un mauvais genre non récupéré relégué aux halls de gare (et, accessoirement, avait des chiffres de vente à faire rêver les usineurs de thrillers industriels), une littérature populaire où régnaient les Peter Randa, Mickey Spillane et autres Frédéric Dard. D'où ce texte qui eut fait les beaux jours de la collection "Spécial Police", arrivant juste à temps pour le grand retour du style dur-à-cuire. le décor des mafias chinoises a été peu utilisé dans le genre (On pense au également très série B — dans le bon sens du terme — Scooter triades de Patrick Mercado), et donne un certain cachet à l'histoire.
Selon une tradition bien établie, notre narrateur nous raconte son histoire tant bien que mal sur un banc de parc où doit se clôturer son histoire. Et Vincent "Vince" Arnaud n'a pas eu la vie facile : vétéran d'Afghanistan devenu convoyeur de fonds, il découvre que son épouse Mei, avec qui il vient d'avoir un fils, le trompe : la rixe qui s'ensuit l'envoie en prison où il s'adonne à son rêve d'écriture. À sa sortie, contre toute attente, son manuscrit trouve preneur... chez un éditeur à qui il ne l'a pas envoyé ! Il découvre que c'est la jeune Lin-Yao, la soeur de Mei qu'ils hébergent, qui l'a fait à sa place. Une Lin-Yao qui ne lui est pas indifférente... Puis il apprend par hasard que, durant son séjour en prison, Mei est devenue une mère maquerelle pour ses "cousines" de passage, mais également qu'elle est la maîtresse de Shang-Ti, un puissant caïd régissant le trafic de chair humaine. Il ne reste plus à Vince qu'à voiler le magot du truand afin de s'enfuir loin de Mei, la traîtresse, avec Lin-Yao et son fils. Ce qui, bien sûr, n'ira pas sans mal...
On aurait presque envie de dire "N'en jetez plus !" tant notre narrateur empile les mésaventures, les rebondissements et les trahisons de tout poil si Yves-Daniel Crouzet, témoignant d'un sens certain de la narration, ne tenait pas fermement les rênes de son intrigue, quitte à faire quelques clins d'oeil au lecteur. de plus, le passé de notre apprenti braqueur rend crédible sa maîtrise du combat et des armes. Car certaines fusillades sont dignes d'un John Woo de la grande époque ! On peut juste regretter une écriture simple, mais manquant un tout petit peu de mordant et qui, parfois, gagnerait à être plus synthétique. Reste l'évidente sincérité qui explose à toutes les pages, qui rend ce roman très attachant, tout imparfait qu'il soit. Manifestement, l'auteur ne vise qu'un seul but, ô combien ambitieux, celui de distraire dans un décor que l'on croit connaître. Pari gagné, et il serait dommage de passer à côté..."
Chronique de Thomas Bauduret pour K-Libre
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J'ai adoré ce bouquin! Je ne l'ai pas lu d'une traite, mais de deux traites!!
Ce n'est pas le premier livre de cet auteur que je lis, et son style agit toujours aussi bien sur moi! Mais où va-t-il chercher toutes ces idées?
Vraiment, il faut le lire!
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Génial !!!
Adrénaline garantie, l'action avec un grand A est omniprésente.
Pas une page ne se déroule sans action et le tout sans fioritures particulières, brut de fonderie. Quelques 'appartés' utiles à la respiration pour des moments de culture ou information. le tout est mené avec une finesse qui contraste avec une débauche d'énergie.
On ne peut pas lâcher le bouquin, le lecteur est obligé de le lire d'un trait.
A recommander d'urgence. Courrez vite l'acheter.
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C'est un très bon livre. J'ai eu beaucoup de plaisir à suivre les aventures du héros. C'est un personnage très attachant, désemparé, complètement décalés, brisés par la vie.
Il tente de se faire une place dans ce monde qui ne veut pas vraiment de lui. Ce monde d'argent sale, de réseaux de prostitution, rien ne lui échappe.
Il se mesure à la mafia chinoise pour mener la vie qu'il souhaite, et faire ce qu'il aime, écrire en menant une vie paisible.
Bravo à l'auteur. Je recommande son livre sans aucune retenue.
Les descriptions de certaines scènes nous paraissent authentiques et tellement réelle L'atmosphère du livre est bien rendue, du moins selon l'idée que l'on s'en fait.
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Voilà un auteur que j'apprécie particulièrement et j'ai pris grand plaisir à lire son nouveau roman. Ce récit par son côté nihiliste m'a fait penser à des romans comme la moisson rouge de Dashiell Hammett ou la vie est dégueulasse de Léo Malet. Des personnages qui s'enfoncent dans l'ultra-violence et pour qui, au final, les femmes, l'amour, le pognon, tout ça c'est des prétextes à exprimer cette violence, cette barbarie qu'ils ont en eux.
On pourrait croire que ce roman ne concerne que les bas-fonds parisiens, mais Yves-Daniel Crouzet aborde aussi celui de l'édition... car le personnage principal a écrit un roman qui a tapé dans l'oeil d'un éditeur apparemment peu scrupuleux.
Enfin, le style, particulièrement incisif, se rapproche plus de certaines nouvelles de Mortelles Attractions que de Les fantômes de Panassa.

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Décevant ! J'ai eu la chance de rencontrer son auteur lors d'un salon du livre et il m'a vraiment donné envie de lire son livre. A croire que Mr Crouzet est bien meilleur commercial qu'écrivain.
Fan de polar, j'ai trouvé que l'intrigue mettait beaucoup trop de temps à se mettre en place.
J'ai trouvé dérangeante voir malsaine l'histoire d'amour entre Vince et sa jeune "belle soeur" de 16 ans. La pédophilie n'est pas loin....
Quand a la fin... En est ce vraiment une ? Je ne peux rien dévoiler pour ceux qui auront tout de même l'envie de lire ce polar mais je trouve que notre cher romancier nous prend un peu pour le dindon de la farce !!!
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