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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce qui s'apparenterait à un roman d'aventure et de voyage à travers les yeux d'une Corneille, est en réalité un roman philosophique mêlant étrangeté morbide et humour.

Comme vous l'avez compris, le protagoniste est une Corneille, Dar du Chêne de l'herbe (Dar Duchesne). Mais loin d'être anthropomorphique, Dar Duchesne ne comprendra jamais le comportement des humains. C'est en observant ces derniers que l'oiseau apprendra à communiquer avec eux.

L'Oiseau de mort. Cet oiseau nécrophage qui se nourrit des cadavres deviendra aux yeux de l'Homme le symbole de la mortalité. Tandis que pour Dar Duchesne, cette association restera pour elle un mystère : « Pour ces animaux-là, il était difficile de comprendre ce que faisaient les Humains. Les Humains leur paraissaient aimer la mort : ils chérissaient les cadavres de leurs semblables et s'évertuaient à en augmenter le nombre, pour les traiter en bien ou en mal. » Tout au long de sa vie, Dar Duchesne les contemplera se massacrer, sacraliser les cadavres des alliés ou au contraire de proposer la pitance des ennemis morts aux Corneilles. Ils s'accrochent à cette Corneille capable de communiquer et espèrent d'elle l'éternité…

Il m'a été difficile de le commencer (deux tentatives) et certains passages m'ont semblé longs. Mais enfin lancée, je l'ai trouvé magistral ! Certains moments m'ont fait rire et d'autres m'ont énormément captivé. J'ai ressenti de l'effroi, j'ai ressenti de l'Amour, j'ai ressenti de la compassion, du chagrin et de l'amusement. Peu de romans parviendront à me transmettre autant de sentiments. Ma bibliothécaire crie au chef-d'oeuvre. Il faut d'abord que je me remette de cette immersion pour approuver ou pas. Car tandis qu'il a été difficile d'y rentrer, il est maintenant difficile d'en sortir.
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Les amitiés babéliotes (est-ce le bon suffixe ?) ont ce pouvoir remarquable de vous emporter vers un horizon littéraire que vous sentez totalement étranger. Sans le billet passionnant de JustAWorld, il est fort probable que je ne me serais pas aventurée dans l'univers de John Crowley, ni n'aurais envisagé la lecture de son dernier roman Kra qui s'est révélé fascinant pour son souffle mystique et ses strates narratives fécondes.

Entre conte épique et fantasy historique, tout est colossal : le thème, la construction, l'ampleur de la narration, chaque page tournée laisse le sentiment de visiter un édifice à l'architecture époustouflante. Un peu à la manière de William H. Gass, Crowley affectionne les fictions amples et complexes dont l'ambition est de considérer la condition humaine jusqu'aux interrogations métaphysiques.

Ici, l'auteur américain imagine une corneille devenue immortelle traverser les différents âges de l'humanité, des commencements à nos sociétés contemporaines malades de leur opulence où tente de survivre une humanité à bout de souffle.
On pourrait penser que cette longévité irradie avec le temps, qu'elle dote notre animal de pouvoirs extraordinaires. Mais l'auteur lui a réservé un destin plus propice à la réflexion cette immortalité permettant avant tout à cette corneille d'approfondir son rapport au monde et celui des autres, les humains. Ce groupe mystérieux qu'elle observe, guette et accompagne dans la vie comme dans la mort, que ce soit dans le cadre des rites chamaniques des sociétés primitives aux cadavres dont elle se repaît laissés sur les champs de guerre.

John Crowley déroule ainsi le récit à hauteur de corneille, toujours à la périphérie de la conscience, dans l'interstice entre l'intuition et l'oubli pour ne pas prêter à cet animal des attributs humains. On progresse à coup de réminiscences vagues, la perception se trouble parfois dans ce monde où réalité, mythes et croyances se télescopent et entrent en résonances les uns avec autres. Mais cette complexité ne nuit en rien à la fluidité du récit.
C'est l'émerveillement qui l'emporte parce que non seulement l'auteur nous offre une perspective originale de l'histoire de la civilisation humaine mais aussi les aventures de cette corneille deviennent le support d'une réflexion et d'une rêverie intensément poétiques.
Kra fut une lecture passionnante, vertigineuse, je dirai même un moment de grâce bien difficile à retranscrire dans ces lignes. Et John Crowley est assurément un écrivain remarquable, il compte parmi ceux capables à travers une vision hallucinée de donner à l'expérience du monde un sens.
Roman inoubliable.

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L'imaginaire en France reprendrait-il des couleurs ?
L'année dernière a en effet été marquée par la sortie de plusieurs ouvrages (très) ambitieux et particulièrement exigeants sur le plan littéraire.
On pense notamment à Trop Semblable à l'éclair d'Ada Palmer au Bélial' ou à Vorhh de Brian Catling chez Outre Fleuve mais aussi, et surtout, au sublime Vita Nostra de Marina & Sergueï Diatchenko, roman de fantasy subtil et brillant paru aux éditions L'Atalante.
Fort de ces succès critique et public, les éditions L'Atalante ont décidé de tenter un second coup de poker en confiant à Patrick Couton la traduction d'un ouvrage aussi érudit qu'ambitieux : Kra, Dar Duchesne dans les ruines de l'Ymr.

John Crowley, le retour d'un géant
La traduction française de Kra marque surtout le retour dans l'Hexagone d'un fabuleux auteur américain : John Crowley.
On se souvient tout particulièrement de L'Été Machine, son roman post-apocalyptique joyeux ou encore de son chef d'oeuvre fantastique, le Parlement des Fées.
Pourtant, depuis 1997 et le second volet de sa tétralogie Ægypt (qui n'a jamais été intégralement traduit en français…), aucune nouvelle fraîche de l'écrivain à l'exception de quelques rééditions ici ou là.
Le public français serait-il réfractaire au style de l'américain ?
Ce n'est pas l'avis de L'Atalante qui nous offre son dernier roman en date, Kra, petit pavé de 500 pages paru en 2017 et lauréat du Mythopoeic Fantasy Award l'année suivante.
Il était grand temps de retrouver la plume unique de John Crowley et son talent de conteur à nul autre pareil.

Des hommes et des corneilles
Tout commence par le sauvetage d'une corneille malade par un homme endeuillé. Dans un futur sinistre où l'humanité a quasiment réussi à s'autodétruire, notre narrateur existe encore, hantée par la mort de sa femme, Debra, qui le suit en clair-obscur comme un rappel de sa fin prochaine et inéluctable.
En recueillant cette corneille balafrée d'une étrange marque blanche, l'homme ne sait pas qu'il vient de venir en aide à Dar Duchesne, un immortel qui a vu le début du monde…et qui en verra certainement sa fin !
Dar Duchesne, qui connaît la langue des hommes, se met alors à raconter à son bienfaiteur des histoires tirées de ses multiples vies, des histoires incroyables et terribles, belles à en mourir, vieilles à en pâlir.
John Crowley utilise sa langue poétique et sensible pour se pencher sur l'existence d'un animal. Mais pas n'importe lequel : la Corneille. Cet oiseau tout de noir que l'on dit messager de la mort, un oiseau de mauvaise augure, un mauvais présage, un charognard.
Seulement voilà, John Crowley a une autre idée en tête. Il imagine un royaume, celui du Kra, celui des Corneilles, et un autre, l'Ymr, celui des humains. Il imagine des mondes, des époques, des histoires, des épopées.
Le roman égraine les siècles et offre par le détail la vie des Corneilles, ou, plutôt, de LA corneille.
LA Corneille, un jour, rencontre des êtres étranges, des deux-pattes qui manipulent des bâtons. Bien vite, il apprend que les deux-pattes se nomment eux-mêmes humains grâce à Toque de Renard, chaman en devenir, ni homme, ni femme, indompté et indomptable. Avec Toque de Renard, la corneille comprend l'importance du nom, l'importance de nommer ce qui l'entoure…de se nommer. C'est avec le nom que l'on devient immortel, c'est avec le nom que l'on donne une existence aux choses, qu'on se les approprie.
Alors, la Corneille devient Dar Duchesne et nous parle de ses aventures de Corneille. Il nous explique les dangers de son existence, les règles qui régissent le monde des corneilles, leur immortalité et leurs royaumes, leur accouplement et leur dortoir.
John Crowley déroule le monde de Dar Duchesne comme une fabuleuse aventure épique, où l'amour, la mort, la chasse, la communion s'entremêlent.
Tout est en place pour l'exploit.

Des histoires qui font le monde
Au gré des pages, Dar Duchesne traverse le temps. Il rencontre les premiers Hommes et mêle le destin des corneilles et celui des êtres humains. Il donne aux hommes décédés une possibilité de rejoindre l'autre Royaume, apprend aux autres qu'ils peuvent échanger avec les deux-pattes, qu'ils peuvent coopérer, coexister.
John Crowley ne se contente pourtant pas d'une seule histoire, il nous en raconte une myriade. Revisitant les légendes et mythes de l'humanité, de Virgile à Prométhée en passant par la Genèse, Dar Duchesne semble tout vivre. Il vole la chose la plus précieuse avant de se brûler les ailes, il part aux Enfers pour ramener son aimée, il se sacrifie pour les siens tel un martyr de plumes noirs.
Pourtant, c'est définitivement lors de sa visite de la Vallée du Bonheur avec Toque de Renard que Dar Duchesne commet l'irréparable.
Par accident, il égare l'immortalité et celle-ci devient son fardeau.
Quel est la chose la plus précieuse pour le vivant ?
Si certains répondront la vie éternelle, John Crowley, avec malice et subtilité, répond l'inverse. C'est la mort qui devient un cadeau, une finitude qui permet d'apprécier son existence et surtout, qui évite de voir les autres mourir, de perdre les siens, de se perdre soi avec le temps.
Alors que se passe-t-il pour Dar Duchesne ? La vie, voilà ce qu'il se passe. Malgré des morts tragiques, la corneille revient toujours au monde des hommes et poursuit son existence. Il communique avec d'autres oiseaux, noue des amitiés avec des Saints et avec des Indiens, contemple la boucherie de la guerre de Sécession, renverse un tueur de corneilles…et surtout, Dar Duchesne aime et aime encore, malgré ses réticences et ses doutes.
De Renardeaux à Na Cerise, la corneille éternelle devient de plus en plus humaine avec le temps. Ses émotions, sa compréhension des autres, son empathie, tout concourt à faire de Dar Duchesne un homme ET une corneille d'exception.
Mais surtout, surtout, Dar Duchesne raconte.
Encore, encore. Et encore !
John Crowley, à travers son masque de plumes noires, réfléchit sur le pouvoir de l'histoire elle-même et, derrière elle, sur celui du conteur. Qu'est-ce que l'humanité si ce n'est un ensemble de noms et d'histoires, des mots puissants qui vivent pour toujours ? Dans cette oeuvre somme, l'américain semble regarder son propre travail de conteur pour se mesurer aux plus grands mythes, aux plus vibrantes légendes. Il se les réapproprient, les modifient, les modernisent. Il les fait tout simplement revivre encore et encore, cycle après cycle, itération après itération.
Le pouvoir de Kra est là, celui d'analyser le rôle des histoires sur le monde et d'en tirer une conclusion époustouflante : « Nous sommes faits d'histoires » et sans elles, le monde meurt. le monde s'arrête. Grâce à nos imaginaires, à nos aventures fantasmées ou réelles, sanguinaires ou bienveillantes, héroïques ou égoïstes, nous sommes et le monde est.
Ainsi tourne l'univers, sous la plume de John Crowley et de milliers d'autres, de chacun et de chacune d'entre nous, sorciers et magiciennes de notre propre existence.
En filigrane, avec une intelligence époustouflante, Kra devient également un livre de deuil, une façon d'accepter la mort de l'autre et de survivre pour raconter son histoire, sa vérité, ses émotions, ses larmes, ses cris.
Et tout part d'une rencontre, celle d'un homme qui pense être prêt à mourir et celle d'une corneille qui n'en peut plus de vivre.
Mais peu importe ce qu'il se passe, on ne revient jamais sur ce qui fut, on avance, toujours, tout simplement, jusqu'au bout.

Roman exigeant mais d'une infinie beauté, Kra revisite nos légendes et nos croyances, notre passé et notre futur, construit des royaumes et des histoires pour porter le monde et les hommes.
C'est immensément beau, incroyablement dense, extraordinairement rare.
John Crowley parvient au sommet, là-bas, très haut, sur le mont Olympe, parmi les Dieux conteurs de notre temps…et pour longtemps !
Lien : https://justaword.fr/kra-dar..
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Passé, présent, futur, "Dar Duchesne", corneille immortelle mais tout de même mortelle, va nous conter par le biais du narrateur, tous ses voyages et toutes ses découvertes, ce qu'il se souvient et ce dont il ne se souvient pas, toutes ses vies et toutes ses morts, ses rencontres, le passage du "Kra" à "L'Ymr", son passage de la vie sur Terre à l'ailleurs, d'avant l'humain, jusqu'à notre futur proche.


"KRA" est un ovni littéraire, singulier, puissant, fort de réflexion, beau et noir à la fois, onirique à souhait, un vrai conte universel.


La plume de John Crowley (ainsi que la traduction de Patrick Couton), est exigeante et en même temps raffinée, attirante, elle aimante le lecteur malgré de longs passages de contemplation et de philosophie, on prend son temps, mais on y revient tous les jours avec cette obsession "d'écouter" "Dar Duchesne", oui j'ai bien dis écouter car cette lecture donne cette sensation.


Les amoureux d'imaginaire, de contes, d'onirisme et de beauté doivent absolument lire ce roman qui deviendra très certainement culte si le lecteur est au rendez-vous, mais qui de toute façon sera pour ma part une référence.


Je regrette une toute petite chose, le titre en lettres dorées s'efface au passage répété des doigts, je m'en suis aperçu trop tard, j'ai donc abîmé mon livre qui a pourtant une si belle couverture signée Sonia Chaghatzbanian.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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En Résumé : Ce roman m'a offert un excellent moment de lecture, se révélant à la fois onirique, captivant et ne me laissant pas indifférent. L'auteur ne construit ainsi pas son récit de façon classique, mais plus dans une sorte de mélange d'histoire avec en personnage principal un corbeau qui, en plus de vivre sa vie, va voir évoluer l'humanité. Il s'agit clairement d'un récit qui ne plaira pas à tout le monde, mais pour ma part il m'a happé rapidement pour ne plus me lâcher. On plonge ainsi dans un univers que j'ai trouvé d'une certaine façon flamboyant, riche le tout porté par une ambiance étrange, captivante qui vient développer de façon réussie et magnifiques des mythes et légendes. L'auteur remet ainsi le corbeau dans sa position mythique, de l'animal qui fait voyager les morts. John Crowley évite avec Dar Oakley l'anthropomorphisme facile, tout en offrant un protagoniste riche et complexe. le récit offre aussi de nombreuses réflexions intéressantes qui m'ont fait réfléchir, tournant autour de deux axes principaux : les histoires et la mort. La plume de l'auteur est vraiment magnifique, soignée et poétique. Alors après le dernier quart essouffle peut-être légèrement, mais franchement rien de bien bloquant. Au final ce roman m'a fait voyager, m'a fasciné et m'a fait réfléchir, tout en demandant un investissement su lecteur. Il ne plaira pas à tout le monde, mais si vous vous y retrouvez dans ma chronique laissez-lui une chance surtout que normalement il devrait être traduit en VF.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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_ L'Auteur et son oeuvre : (selon la préface de Patrick Gayger.
" Riches de niveaux de lectures et interpretations multiples, les romans de John Crowley peuvent désorienter par leurs approches obliques et des imersions dans des espaces paralleles, imbriqués ou intersticiels."
... Bon... .

Belles illustrations noir et blanc _dessins ou photomontages ? _ de Sonia Chaghatzbanian _ dont je n'ai retrouvé aucune biographie ou site, sur la toile.... Dommage. (Si vous détenez des informations, je suis preneur) .

Lecteur qui abordez ce Roman , abandonnez tout espoir de facilité littéraire ou intellectuelle. Car vous abordez un Roman épique, dense, difficile à lire d'une traite, m' ayant obligé a de fréquents retours en arrière.

    Une corneille raconte ses contacts avec la nature, les hommes, à travers l'histoire de l'humanité, sa propre vie, multiple,  ainsi qu'au travers de son groupe,et des générations successives.
Sa perception du monde l'environnant ainsi que ses raisonnements et intuitions constituent la trame de cette histoire des relations hommes-corvidés.
   Est -ce la même ? Les réminiscences en font un être immortel, passeur entre la vie et la mort des hommes . Craint, car necrophage à l'égard  d'êtres négligés, méprisé voir honni, donc chassé des cadavres humains avant leur enterrement, et paradoxalement invité lors de cérémonies funéraires de personnalités de ce même groupe .
Les Croyances, les enchaînements de mythes : _ des origines , antiques, grecs , médiévaux , amerindiens _ concernant l'acces au monde d'après _ se succèdent, et sont constitutifs de la trame du récit .
Car les récits  épiques de sa propre aventure, ses expériences , déformés et magnifiés par les transmissions orales successives, fonction des cultures et civilisations fréquentées , se transforment en mythes .
La quête de l'immortalité nous entraine dans des mondes souterrains ,ou devant des portes fermees.
       Ce monde est il accessible de notre vivant ? sans passage mortuaire obligé ? Une discussion, récurrente s'engage. J'avoue ne pas avoir bien saisi le sens de ce questionnement interprété par un corvidé.
Ce Roman est divisé en quatre livres.
Livre 1 : Monde au début de l'humanité :animiste et mythologique.
Livre 2 : perception moyenâgeuse : religieuse et découverte du monde : les fleuves se transforment en ocean, la terre devient ronde pour notre corneille... qui garde confusement la mémoire des acquis de ses ancêtres. L'accompagnement de l'humain vers le monde souterrain rappelle Dante-Alighieri et les tableaux du très chrétien Jérôme Bosch.
La traversée de l'océan lui permet d'acceder au "pays du Futur " rendu possible grace à l'aide technique des sternes migrateurs passés maitre en navigation  et gestion des courants aeriens. .
Livre 3 : elle épouse un castor et sa perception (du nouveau monde) évolue en conséquence : fusionnant avec les recits mythiques des amérindiens. Apparait une tortue Pythie.... aux propos obscurs  ...
Le premier débarquement et contact entre natifs et visiteurs est relaté, pouvoyeur de nouvelles espèces végétales , animales... et de mort généralisée .... Et les âmes accompagnaient les survivants dans leurs migrations.... Premiere des grandes hécatombes rencontrées par notre corneille.
Le livre 4 nous ramène à notre civilisation tres expensive, et l'auteur, transcripteur des propos de Dar Duchene, prend la main.
      "Avec les humains, on n'est jamais sûr de rien. On ne sait jamais jusqu'où ils peuvent aller ni quand ils vont s'arrêter."
    Et les amours de Dar Duchesne restent toujours un temps de poésie rejouissant !
      Existe-t-il un royaume des corneilles apres leur mort ? : Évidemment :  où aurait il pu aller lorsqu'il ne séjournait pas parmi les vivants ? Il pouvait donc s'y rendre et en revenir de son vivant !
Animisme et spiritisme convergent, la corneille sert de passeur et découvre la notion de compassion en devenant pour un temps "berger des âmes".
Rappelons que dans la religion catholique, entre Paradis et Enfer siège le Purgatoire, domaine des âmes en souffrance, déshérence , en attente d'un Jugement definitif. Fantômes et morts non reconnus, non sanctifiés errent en l'attente de bénédiction des vivants, parents ou alliés.
Tous les mythes ou légendes, évoqués dans ce roman, y font référence.
La grande tolérance interespeces et raciales, est aussi évoquée.
Coyote et Corneille revendiquent la creation de l'humanité.
"Tu as créé les humains, dit Dar Duchesne, et maintenant ils te chassent.
C'est comme ça commenta le Coyote.
Moi, dit Dar Duchesne, j'ai été marié une fois à un Castor.
Pas possible ?
Ce qu'ont aussi dit les humains."

Pour ce grandiose et magnifique roman fleuve, : 5/5.
... Mais les propos ne sont pas toujours facile à comprendre.
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Je sais que certaines et certains d'entre vous sont très intéressé(e)s par ce livre mais qu'il vous effraie un peu. Je le sais car bien que très impatiente de le découvrir, l'aspect exigeant associé à son auteur me faisait craindre une oeuvre trop ardue à parcourir. Ses plus de 500 pages en une police assez serrée pouvaient autant être promesse de bonheur absolue que d'obstacle infranchissable. Aussi je vous rassure tout de suite: oui, sur certains aspects (réflexions philosophiques, références, etc.), Kra est un roman exigeant mais il reste très accessible dans le style ou dans le propos. Il ne convaincra sans doute pas tout le monde, à cause de son parti pris narratif aussi génial que déroutant ainsi que de quelques longueurs, mais il risque aussi de vous envoûter pleinement. Ce fut le cas pour moi. J'ai été happée par la plume, envoûtée par l'histoire et j'ai dévoré ce roman avec plaisir, tout en essayant de prendre le temps d'intégrer la richesse de ses enseignements. Inclassable, [...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Venez écouter l'histoire des nombreuses vies de la corneille Dar Duchesne. Retrouvez en Kra, un récit multiforme avec différents niveaux de lecture, d'une richesse et d'une finesse époustouflante. Soyez touché par la précision de la plume de l'auteur à retranscrire la sensibilité d'une corneille en langage humain et à évoquer le sujet de la mort tant dans sa banalité quotidienne que dans sa conception philosophique. Mais il parle avant tout des histoires qui traversent le temps. Pensez corneille, vivez corneille, mourez corneille et renaissez grandi par cette lecture.
Lien : https://dragongalactique.com..
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Description


Comment décrire Kra que je termine à l'instant ? J'ai l'impression que ma lecture est plutôt indescriptible et que rien de ce que je dirais ne pourrait rendre justice à la plume de l'auteur. En essayant de faire simple, nous suivon ici Dar Duchesne, corneille de son état. Elle est la première corneille à avoir un nom, elle traverse le temps et les âges en côtoyant et en assurant la passerelle entre le monde des corneilles, le Kra et le monde des humains, l'Ymr. Toute une réflexion est menée sur la vie, la mort, l'humanité, la relation des hommes entre eux, avec les animaux, la Terre.. C'est 500 pages de réflexions, de poésie de questions existentielles le tout vu par une Corneille.


Mon avis

Cette lecture au style indescriptible était un régal et pourtant elle n'a pas été facile. Je me suis perdue entre le réel et l'imaginaire. le début était pour ma part un peu laborieux mais c'était de mon fait, j'essayé trop de me situer dans le temps et l'espace. J'ai fini par me laissé porter par le récit de Dar Duchesne et c'est là que j'ai vraiment apprécié le roman avant d'aborder ce livre il faut accepter que l'histoire est racontée par une corneille, de son poit de vue de corneille. Je me suis alors prêtée au jeu et j'ai vraiment adoré cet ouvrage d'une poésie absolue et merveilleusement écrit. Une lecture aux frontières des styles littéraires que je recommanderai les yeux fermé sans toutefois pouvoir réellement expliquer ce qui m'a autant plu.

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Avec mélancolie et érudition, John Crowley nous fait cadeau d'un roman riche, qui oscille entre revisite de quelques mythologies de l'humanité et méditation sur la mort, l'immortalité et l'activité centrale de ce roman : raconter, le tout articulé autour de l'histoire bien particulière d'une Corneille : Dar Duchesne... Je ne peux que recommander la lecture de ce riche et complexe pavé, toutefois avec une réserve : si on peut sans problème apprécier l'histoire et le style d'écriture élégamment traduit par par Patrick Couton, la dimension intellectuelle de l'histoire qui réfléchit sur elle même, de la méditation sur la mort, etc., est certainement passionnante, mais demande une bonne concentration. John Crowley conjugue tout un ensemble de thématiques autour de sa figure de Dar Duchesne et nous conforte - sans pour autant nous consoler - face à l'imminence de la mort, qu'elle soit la nôtre, celle des autres, ou celle, plus métaphorique, du monde qu'on a connu. Dans le même temps, il en profite pour revisiter tout un pan de notre histoire - réelle ou mythique - traversé par Dar Duchesne qui s'imposera, peut-être, comme un nouveau héros, perché sur les épaules des plus anciens...
Lien : https://lemondedurevelecteur..
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