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Si de plus en plus de romans jeunesse traitent de la question du viol et du consentement, celui-ci a l'originalité de dérouler dans les années 70.
Le poids de la tradition est représenté à travers de nombreuses figures : celle des camarades de classe, des ami.e.s, de la société dans son ensemble, mais surtout celle des parents et grands-parents.
Si certaines scènes sont assez cruelles, montrant l'isolement et le désarroi de la jeune femme violée, cela permet aussi d'encourager d'éventuelles victimes d'aujourd'hui à prendre la parole, car si cela reste difficile, cela ne peut pas l'être plus que dans les années 70.
J'ai trouvé le rapport entre les deux amies, fluctuant, réussi.
Un récit fort, crédible, sensible.
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Dans ce roman social et déjà historique édifiant, Catherine CUENCA présente le journal d'une adolescente qui rend compte des événements qu'elle a vécus de mars 1978 à avril 1979.
Myriam, 17 ans, lycéenne modèle subit un viol et craint d'être enceinte. Silencieuse très longtemps par honte et culpabilité, elle se décide à parler quand l'angoisse la submerge et l'empêche de vivre. Elle ne reçoit ni soutien de sa famille, soucieuse de protéger sa réputation ni de son amie Liliane qui, enfermée dans une morale rétrograde, la trahit alors qu'elle veut porter plainte.
Quand apparaissent au lycée des affichettes pour défendre le droit des femmes et incitant à assister au procès du viol de deux victimes défendues par Gisèle Halimi à Lyon, Myriam va enfin trouver la force de se défendre. Soutenue par une élève militant au sein du mouvement de libération des femmes puis par sa soeur aînée en vacances chez ses parents, elle parvient enfin à porter plainte pour viol. le parcours judiciaire éprouvant et semé d'embûches peut démarrer.
L'autrice décrit parfaitement le contexte de l'époque en faisant de Myriam une héroïne admirable de courage, de détermination et de volonté, se débattant dans l'indifférence générale, la peur du "qu'en dira-t-on" et le sentiment d'impunité de son violeur.
Le texte est révélateur des combats menés par des femmes engagées dans les années 70 pour que l'on reconnaisse leur statut de victimes. L'écriture fluide permettra sans doute à beaucoup de jeunes lecteurs d'entrer dans ce récit marquant et très juste qu'on ne lâche pas. Sa lecture nécessitera, au regard de toutes les violences encore faites aux femmes, des échanges pour commenter, expliquer et les faire s'exprimer sur ce sujet grave.
A découvrir absolument !
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Myriam est une jeune fille de 17 ans dans la France de la fin des années 1970. Élève de terminale, elle a bien sûr le bac en tête mais il y a également les amis, les fêtes chez les uns les autres et l'espoir d'un jour connaître l'amour.
Lors d'une soirée, elle fait la connaissance d'un jeune homme un peu plus âgé qu'elle. L'un et l'autre ont envie de se revoir et se rendent au cinéma ensemble. Après la séance, il lui propose de prendre un verre chez lui. Myriam accepte mais, une fois dans son studio, elle comprend que le jeune homme aimerait plus. Elle refuse, lui dit clairement qu'elle ne se sent pas prête à coucher. Il insiste, lui dit que c'est trop facile de refuser maintenant. Et il la viole.

Rentrée chez elle, Myriam se sent mal, triste, douloureuse. Elle a honte et s'enferme dans le silence. Ayant peur d'être enceinte, elle trouve le courage d'en parler à sa mère quelques semaines plus tard. Celle-ci le prend très mal, rejete la faute sur Myriam, lui disant qu'elle n'avait que cela à gagner à fréquenter des garçons.

Si elle ne peut pas trouver de soutien auprès de ses parents, Myriam en cherchera ailleurs. Hélas, sa meilleure amie la laisse elle aussi tomber lorsqu'elle lui demande de l'aide. C'est le coup de massue ...
Et puis des tracts déposés par des militantes féministes feront prendre conscience à Myriam qu'elle n'est pas seule. Pas la seule victime de viol mais également pas la seule à être en colère.
C'est également via la mobilisation des militantes que l'attention de Myriam se portera sur le procès d'Aix où deux victimes de vi0l sont défendues par l'avocate Gisèle Halimi. Un procès qui allumera l'espoir dans le coeur de Myriam, qui lui donnera la force de parler et de trouver, enfin, des alliées.

Catherine Cuenca arrive toujours à faire passer le message tout en offrant des romans très agréables à lire. J'avais déjà beaucoup aimé "Celle qui voulait conduire le tram" dans lequel elle racontait la politisation d'une jeune femme qui rencontrait la cause féministe à travers sa vie personnelle.
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Ce roman féministe nous plonge dans une histoire pas si lointaine et toujours d'actualité. Quel chemin parcouru en 70 ans, quel sur place par certains aspects.
Comment avouer que l'on a été violée ? Comment supporter le regarder le regard des autres, la honte de soi-même (même si on n'a rien fait), la peur de rentrer dans un commissariat, le face à face avec son agresseur, la crainte de ne pas être crue, la peur d'être enceinte, l'isolement ?
Ces questions se posent toujours, avec heureusement davantage de soutien public.
Je crois que ce qui m'a le plus marqué dans le traitement de cette histoire, c'est l'isolement de Myriam, le positionnement des hommes et leur violence.
J'ai apprécié l'évolution de mentalité des jeunes qui l'entourent, qui se sensibilisent petit à petit.
La scène du procès m'a semblé rendre justice à la difficulté de "prouver" le viol, l'importance de la subjectivité de "l'intime conviction" du juge.
Quant aux peines encourues, elles font pleurer aujourd'hui.


Bref, un roman très intéressant. Mais je ne sais pas ce que j'en ai pensé d'un point de vue littéraire. J'ai trouvé la lecture facile et addictive. J'ai été perturbée par la chronologie et le cauchemar.
J'ai l'impression que des indications comme "une semaine plus tard", "un mois plus tard", etc. auraient plus percutantes.
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J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous trace le parcours difficile de Myriam, victime d'un viol, rendue responsable par sa famille, dans une époque où il est difficile de protester ou d'exprimer son opinion quand on défend le droit des femmes à disposer de leur corps. On en apprend sur Gisèle Halimi et sur la qualification du viol en crime. Pour cela le livre est bien fait. J'ai toutefois une réserve : les discours tenus en 1978 sont exactement les mêmes qu'aujourd'hui et je ne les ai jamais entendus, en tout cas pas aussi clairement avec ces mots là, dans mon enfance ou adolescence 10-15 ans plus tard. D'où mes questionnements : est-ce que, même si le viol est bien jugé comme un crime, les choses en sont restées au même point ou est-ce un côté trop didactique du roman qui veut ça ?
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Nos corps jugés, de Catherine CUENCA, est un livre engagé pour la reconnaissance du statut de victimes des femmes ayant subis un viol, tant par la justice que par la société française de 1978.

La vie de Myriam, 17 ans, bascule, un soir de février 1978. Elle sortait avec un garçon, de quelques années plus âgé qu'elle. Malgré son refus clair et net d'avoir une relation sexuelle, Frank insiste, et la force.
Craignant d'être enceinte, elle se confie à sa mère. Sa propre famille, terrifiée par une possible exposition publique de "ce scandale", souhaite faire taire Myriam, plutôt que de courir le risque de voir la réputation de la famille salie.
Au lycée, Myriam découvre les affiches militantes de l'association Choisir. A la télé, elle suit "le procès d'Aix-en Provence", qui fait grand bruit et suscite le soutien de nombreux mouvements féministes.

Le lecteur suit le chemin parcouru par Myriam, de la souffrance aux traumatismes, du rejet de sa famille à la rencontre de soutiens, du silence à la plainte pénale, de l'attente au procès.

Catherine CUENCA indique, " à travers le parcours de Myriam", avoir "voulu évoquer cette période porteuse d'espoir pour toutes les victimes de violences sexuelles". Ces années 70-80 représentent, en effet, un tournant à la fois juridique et moral. Juridique, par la loi du 23 décembre 1980 qui reconnait le viol comme un crime, et non plus un délit. Moral, par l'évolution des moeurs, la libération de la parole, portée par les associations de défense du droit des femmes.
Ce double objectif de l'autrice est rempli avec sa fiction Nos corps jugés.

Néanmoins, je regrette un état des lieux incomplet des obstacles auxquels les victimes de viol doivent faire face. L'accent est mis sur la loi du silence et la peur du scandale : l'isolement de Myriam, rejetée par tous. Il n'est en revanche pas question des doutes et cheminement intérieurs, a fortiori dans ce contexte, du difficile dépassement de la honte, et du chemin vers la résilience - comme si les seuls obstacles étaient extrinsèques à la victime.

Je regrette également un manque de nuance, notamment dans la conclusion, à la fois positive et fermée, du roman. Comme si le combat sociétal et juridique contre les violences sexuelles était fini, et occultant de nombreuses thématiques associées (correctionnalisation judiciaire, cas des femmes qui ne portent pas plainte, question difficile de la preuve a fortiori lorsque la personne ne porte pas plainte immédiatement, résilience...).

Toutefois, je comprends ce choix de l'autrice, qui lui permet d'alléger son roman, et de le dédier pleinement à un public jeunesse.

En conclusion, nos corps jugés est un roman dont la vocation première est de rendre hommage aux combats menés dans les années 70-80 pour la reconnaissance des femmes victimes de viol - qui par son contenu et sa forme, convient à un public adolescent.
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Coup de coeur, livre coup de poing sur la culture du viol dans les années fin 70-80 alors que le viol devient tout juste un crime et non un fait divers.Pour l'héroïne, ce viol changera sa vie. Elle se battra pour sortir du silence, de la honte, d'accepter de nouveau son corps. Seule sa soeur la soutiendra dans cette épreuve. C'est révoltant, l'attitude des parents, qui la renient, l'accusent d'être responsable, ne la soutiennent pas, vont même, pour le père, jusqu'à la virer de la maison. C'est révoltant la manière de penser de certains personnages, qui pensent que les filles si elles acceptent un verre doivent aller jusqu'au bout, car elle l'ont bien cherché, c'est révoltant de croire que la réputation doit être sauve à tout prix, surtout au prix du silence, du mépris et de l'abandon.J'ai vraiment aimé ce titre, je le recommande à tous.
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Gros coup de coeur pour ma part.

Un roman poignant et touchant sur une histoire de viol, mais qui s'élargit à un véritable combat féministe.

La condition des femmes dans les années 70, et comment on subit tout ça, lorsqu'on n'a ni le soutien de ses parents, ni celui de notre soit disant meilleure amie, tous ancrées dans des valeurs rétrogrades et culpabilisantes.

Comme si les victimes de viol étaient responsables de ce qui leur est arrivé.

L'auteur arrive à décrire avec brio une situation plutôt réaliste tout en montrant l'injustice et tout un panel d'émotions qui nous relie à Myriam.

Bref, un très bon roman, au message fort, très bonne découverte.
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Myriam est victime d'un viol, nous sommes en 1978., elle ne sait vers qui se tourner, sa famille ne la comprend pas et lui demande d'oublier, de ne pas faire d'histoire. Comment faire reconnaitre son statut de victime ?

Catherine Cuenca nous plonge dans le passé et dans le "procès du viol" défendu par Gisele Halimi. Elle arrive à entremêler son histoire de fiction avec la vraie pour donner vie à ces femmes, meurtries, qui réclament justice. Un texte fort sur le consentement, et la liberté des femmes.
Lien : http://lespapotisdesophie.ha..
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Que dire, une fois de plus j'ai été emporté par l'écriture forte de Catherine Cuenca déjà rencontrée dans Celle qui voulait conduire le tram et Soeurs de guerre, publiés dans cette merveilleuse maison d'éditions qu'est Talents Hauts.
Ce nouveau titre dans la collection Les Héroïques, nous présente Myriam, jeune lycéenne de 17 ans dans les années 70. Elevée dans un carcan familial, elle ne sait à qui s'adresser lorsqu'un jour quelque chose de très grave lui arrive.
Nous allons vivre avec elle tous ses traumatismes, sa quête pour avouer l'inavouable et sa renaissance;
Nos corps jugés c'est un plaidoyer féministe, un coup de poing pour faire réagir hommes et femmes sur le consentement. C'est aussi en parallèle l'histoire du combat de Gisèle Halimi.
Bref, c'est un livre indispensable, fort, aux personnages très attachants et dont on ne ressort pas indemne.
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