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Lu il y a longtemps, puis oublié dans un coin (ce qui n'est déjà pas un bon signe en soi), je retrouve ce livre du copain Cyrulnik récemment. Cinq ans plus tôt, je m'enthousiasmais pour son livre « Mémoire de singe et paroles d'hommes » et j'enchaînai presque aussitôt avec « de chair et d'âme ». Dans cet élan plein de bonne volonté, je gardais un souvenir plutôt positif de cette lecture. Mais les années passent et laissent la possibilité de prendre ces distances avec un auteur bien dragueur. Alors, quand on le retrouve, faire les beaux yeux ne sert plus à rien si on se rend compte que le contenu est inconsistant.


Boris Cyrulnik profite de la mode du tout-biologique pour nous expliquer comment notre caractère et nos émotions peuvent être expliqués par les observations neurologiques récentes. Il ajoute que ces observations biologiques, qui découlent d'une grande part de génétique, ne peuvent se justifier à elle seule, et il nous baratine sur l'importance du facteur environnemental. Je me souviens qu'au collège, en classe de quatrième ou de troisième peut-être, on nous enseignait déjà à peu près la même chose : le terrain génétique n'explique pas tout et l'environnement peut venir foutre un grand coup de pied là-dedans pour redistribuer toutes les cartes.


Pas de révélation folle dans ce livre, rien que du bon sens : les introvertis préfèrent les situations de vie sécurisantes, les extravertis préfèrent prendre un peu de risque, entre les deux, chacun se démerde pour comprendre sa situation. Pas de révélation folle, mais des semi-conclusions qui sentent le raccourci à plein nez. On apprend par exemple que les vieux se réfugient de plus en plus auprès de Dieu à mesure que les derniers copains passent l'arme à gauche (le clivage générationnel serait donc si profond que les vieux ne peuvent plus communiquer avec leurs descendants). On apprend également que la mère est une sacrée garce qui conditionne presque absolument le cerveau de son enfant lors des premiers mois de son existence. Il ne suffirait plus que le père en vienne à crever à ce moment-là, et la vie de l’enfant semble vouée à un triste destin (« Quand la mère endeuillée est isolée comme dans notre culture individualiste, elle devient une base d'insécurité pour ses enfants »). En revanche, si la mère meurt très tôt, l'enfant souffrira moins car il restera avec son père qui, lui, en bon mâle dominant, saura à nouveau très vite s'entourer parce qu'il mène toujours une vie active et riche en relations. On peut en rire ou s'en foutre.


Le meilleur de la réflexion de Boris Cyrulnik semble emprunter de nombreux éléments à la pensée de Donald Winnicott. Comme lui, il reconnaît le droit à la mère de n'être pas suffisamment bonne et de laisser à l'enfant les possibilités d'être livré à lui-même, en certaines courtes occasions de son existence. Comme lui, il souligne l'importance du jeu. Mais à la différence de Winnicott, le livre de Cyrulnik semble construit comme un ouvrage de moralisation joyeuse. le sens de la vie, c'était cela : tisser du lien social entre copains et dans la famille parce que ça permet la résilience, vivre en couple parce que ça augmente l'espérance de vie, faire l'amour parce que ça améliore la mémoire, et d'autres conneries du genre, variation à peine athée des dix commandements de Moïse.


Trop édulcoré pour être absorbé sans dommage, ce livre n'a de vraiment bon que son introduction. Boris Cyrulnik y apparaît sous ses meilleurs aspects, affirmant son souhait de voir la fin du clivage entre les disciplines et répondant aux académiciens, fermement campés sur leur titre de psychiatre, de neurobiologiste ou d'autre toubib : « Si vous croyez que je marche droit, c'est parce que je boite des deux pieds ».
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Quels sont les liens entre l'âme et le corps ? C'est un classique des sujets de philosophie auquel les neurosciences apportent désormais un éclairage tout à fait nouveau. Dans de Chair et d'âme, Boris Cyrulnik, se propose de nous montrer les domaines de la psyché où les connexions cerveau/esprit sont très claires. le bonheur, l'empathie, le stress, l'euphorie ne sont pas que des sentiments ou des émotions, ce sont aussi des « autoroutes neuronales », des neurotransmetteurs (entendez des messagers) spécifiques, des arborescences qui « circuitent » notre cerveau. Toutes les transactions quotidiennes ont une influence sur le fonctionnement du cerveau. Les relations mère-enfant lors des premières années, si elles sont bonnes, provoquent d'intenses productions de circuits neuronaux. Les échanges positifs induisent des productions de sérotonine, d'ocytocine et autres bons fluides qui donnent la pêche, l'envie de faire, la joie à l'inverse, stress, maltraitance, déprivation sensorielle… induisent des altérations des lobes frontaux qui peuvent avoir des conséquences désastreuses sur l'être humain.
Si le contenu de l'ouvrage est intéressant en revanche on a du mal à s'y retrouver. On dirait que Cyrulnik a compilé l'ensemble de ses réflexions sur le sujet à partir d'un cahier de notes pas toujours approfondies. Pas facile de le suivre tant il saute d'un sujet à un autre passant de la psychanalyse à l'éthologie, des théories sur le genre, au rêve en passant par la résilience et les traumas infantiles sans oublier le deuil et le handicap ! J'ai eu aussi un peu de mal avec le long chapitre sur l'amour de Dieu chez les personnes âgées. Posé comme un postulat , Cyrulnik avance comme une presque généralité que la peur de la perte de son environnement (plus que la peur de la mort) entraîne chez les vieux un retour vers Dieu. Soit !
En dehors de ces deux points faibles – qui peuvent d'ailleurs constituer un frein à la lecture – on prend plaisir à retrouver les thèses – confortées par la science - de Cyrulnik sur l'influence du plaisir, de la bonté, du partage et des liens sociaux pour sortir des difficultés et être résilient. le souci de l'autre et l'empathie qui constituent des valeurs humaines indéniables sont aussi de merveilleux moyens d'avoir un cerveau efficace et en bonne santé. La découverte des neurones-miroirs chez les singes tant à prouver qu'animaux et humains peuvent ressentir de la joie ou de la souffrance à la vue d'un congénère malheureux ou heureux. L'analyse des circuits du cerveau montre que la parole a un effet réparateur ou... désastreux selon la façon dont elle est utilisée. Psychothérapie, lecture ou films peuvent être apaisants sur le stress (baisse de la production de cortisol qui est une hormone du stress).
Il est désormais prouvé que l'âme et le corps sont si étroitement imbriqués qu'une dépression provoque de vraies douleurs physiques repérables dans les IRM et que l'inverse est vrai ; une douleur persistante peut à terme provoquer une dépression. Ainsi les émotions (joie peine) et les sensations physiques (douleur, plaisir) passent par les mêmes autoroutes neuronales. Nous sommes des êtres de chair et d'âme, l'un étant indissociable de l'autre.
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Un bel ouvrage pour une très belle pensée; qui explicite et développe une théorie (dans une pratique) de la condition humaine: entre chair ou matière et âme ou émotions (quand celles-ci portent la raison, font pont à l'autre, et tissent ou retissent une continuité biographique et individuelle (ou identitaire) - à lire!
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J'ai souvent tendance à avoir un esprit très critique face aux personnes qu'on surmédiatise ou qui se plaisent dans les médias, principalement en tant que thérapeutes, philosophes ou autres penseurs et savants et humanistes, etc.
Mais, force est pour moi de reconnaître que Boris Cyrulnik, dans ce livre-ci, montre et démontre qu'il n'est pas un imposteur.

Le livre est bien écrit, il y a quelques plaisirs de lecture (et d'écriture probablement), dans les formules, la formulation des idées, ça fait du bien. Juste ça.

Ensuite de quelles idées parle-t-on ?
Certes il s'agit une fois encore de casser l'idée d'un esprit séparé d'un corps. Ou d'un cerveau séparé d'une âme... L'être humain se constitue des deux, et marche avec les deux ensemble. Ou alors ne marche pas bien.
Cyrulnik fort de ses différentes approches : éthologie, neurologie, psychothérapie, biologie, sociologie, musicologie même, aborde tout un tas d'aspects de façon nette, claire et parfois passionnante.
Du bébé et son attachement, à la personne âge et son attachement. de la croyance en Dieu. de la musique qui façonne. du langage. de ce que voient les aveugles. Des empathies. Des autistes, schizophrènes, psychopathes. du deuil. du rire. Des émotions contradictoires (oxymore émotionnel)... Tellement de choses que j'en oublie plus de la moitié.

Un peu de propos qui est fort étayé dans cet ouvrage :
Un malheur peut provoquer l'attachement, la recherche et création de liens, trop de bonheur, trop de sécurité peut provoquer un désintérêt, un détachement dangereux, tout n'est pas joué. le bon et le mal, la souffrance et la jouissance sont aussi proches l'une de l'autre qu'il n'est pas rare de passer, pour un rien, de l'une à l'autre...

Cyrulnik veut aussi casser les dogmes unilatéraux et casser l'idée que la surspécialisation et l'expertise tellement profonde d'un aspect soit forcément synonyme de connaissance et de justesse. Les uns n'empêchent pas les autres, les uns peuvent être vrais tout autant que les autres, rien ne s'exclut, tout se combine, tout peut s'articuler dans une réflexion dont on peut-doit percevoir la cohérence. La pluridisciplinarité et le dialogue entre des méthodologies différentes étant une garantie de créativité, d'inspiration et de plaisir, et d'augmentation des chances de mieux comprendre (le réel) et de bien traiter (ce réel).

Ce livre constitue une très bonne approche de morceaux de ces connaissances variées qu'on peut choisir ou pas ensuite d'approfondir. Cyrulnik est rigoureux dans ce qu'il présente, et très lisible.
Bref, je recommande ce livre-ci. J'en ai lu d'autres de Boris et franchement celui-ci me semble à prioriser.

Ah oui, évidemment, il y parle de résilience, ce concept transperce, transporte et traverse toute la réflexion de Cyrulnik.


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Le langage est beaucoup plus qu'un moyen de communication. Il façonne la structure de notre cerveau et notre rapport intime au monde. B.Cyrulnik se met au carrefour des neurosciences, de la psychanalyse et de l'éthologie, dans un langage clair illustré d'exemples.
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J'ai particulièrement apprécié "De chair et d'âme" qui associe la psychologie et la neurologie. Comme il l'exprime la biologie/neurologie est souvent séparée de la psychologie/psychothérapie et il réuni les deux dans ce livre. Peut être un peu difficile à lire parfois.
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.../.... le fait que la mémoire amorcée révèle qu'on peut apprendre à son insu explique peut être le pouvoir thérapeutique des jeux de mots..../...
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