C'est à Angoulême que j'ai découvert cet album qui semble être passé complètement inaperçu à sa sortie en 2022. Pour autant, la couverture m'a tapée dans l'oeil et j'ai pu acheter le dernier album dédicacé du stand. Ça ne se refusait pas !
Et grand bien m'en a pris, puisque j'ai pu découvrir une scénariste que je ne connaissais pas ainsi qu'un dessinateur ma foi talentueux.
L'histoire est un mélange assez assumé de références culturelles qu'on peut facilement deviner, avec un soupçon de considération sur le climat ainsi qu'une pointe de fantastique dans un style victorien proche du steampunk (même si ça ne rentre clairement pas dans cette catégorie). Disons que ça rejoint ces BD qui mélangent agréablement tout dans un pot-pourri culturel mais qui n'est pas pour autant ultra-référencé. Si vous ne voyez pas les clins d'oeil ou inspiration, la lecture n'en sera pas gâchée.
D'ailleurs, cette histoire est étrange et je dois dire qu'elle n'est pas très claire à la première lecture. Ça commence dans le fantastique, ça bascule dans le victorien et ça continue dans le fantastique nordique. Mais pour autant, j'aime bien les idées de l'autrice. On sent que le fil directeur est la question des femmes dans la société et qu'elle mêle ça à des légendes à leurs propos. Personnellement j'aime bien la fin, qui nuance le propos qui semble tenu tout du long et propose une forme de réconciliation des sexes que je ne peux qu'approuver.
Pour le reste, le récit est une quête linéaire qui commence dans une Angleterre sous la neige et se poursuit par l'expédition vers Novgorod, avec un personnage féminin central qui poursuit sa quête d'enrayer cet hiver qui envahit le monde. Ce n'est jamais follement original dans son déroulé, mais c'est efficace. Notamment la question de Dmitri, personnage trouble qui l'accompagne et dont je ne m'attendais pas à l'évolution finale.
Je n'ai pas été spécialement surpris, mais j'aime que l'auteure joue sur quelques détails pour maintenir le suspense : le monde qu'on découvre en proie à l'hiver perpétuel, endormi sous le fameux "voile blanc", les incursions du fantastique, la dualité de genre qui s'affiche progressivement, le double récit entre les enfers et le monde réel ... le final propose une lecture plus nuancé de son récit et propose l'amour comme résolution du conflit. C'est mon côté fleur bleue qui parle, mais j'aime bien.
Sous des aspects de quête classique, le récit nous parle du conflit entretenu depuis des siècles entre les hommes et les femmes mais aussi la question du changement climatique, ici inversée dans une exagération du "petit âge glaciaire", une métaphore assez bien trouvée à mon sens. C'est plaisant de lire un récit bien mené mais qui propose quelques idées pas bête.
Le dessin est ce qui me fait remonter ma note : il est franchement bon, avec un trait maitrisé d'un bout à l'autre, autant dans les visages que dans les décors. L'auteur exerce le métier depuis presque trente ans (même s'il n'a fait que peu de BD) et ça se sent. Il y a une vraie recherche de contraste, notamment dans la colorisation en opposant les tons blancs et froids au couleurs chaudes de l'enfer. C'est plaisant à lire, on sent que l'auteur s'est fait plaisir notamment dans la fin.
Bref, une lecture plaisante, pas dénuée de réflexion et qui reste assez grand public. Une BD divertissement, donc, mais qui se lit agréablement. Disons que je mets un 3.5 arrondi au supérieur !
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Revisite du mythe de Persephone, enlevée par Hadés aux Enfers, que sa mère Demeter chercha pendant des années, refusant que les champs soient ensemencés durant toute cette période. Nous sommes au XIXeme siecle en Angleterre où une famille de biologistes veulent monter une expédition pour aller au coeur de la Russie, à Novgorod, là où il y a 3 siécles, une jeune fille fut enlevée alors qu'elle participait à un rituel pour la fertilité. Enfermé par un démon fou amoureux, elle apprit qu'elle est morte et que lui l'a recueillit. Dans le même temps; le froid s'est invité sur les plaines aux alentours ainsi que la famine. Trois siècles plus tard, le printemps et l'été ont disparu. C'est pour cela que nos aventuriers veulent découvrir ce qu'il s'est passé afin d'inverser ce cycle. Trois frères et soeurs très différents, Blodwen, indépendante et fière, obnibulée par cette légende, Dylan et Rhian jeunes gens calmes et pondérés. Accompagné d'un ex fiancé de Blodwen, d'un prisonnier mutilé, racheté par Blodwen et qui vient de Novgorod, ils partent vers ce qui pourrait être le renouveau. Uchronie teinté de légendes mélant animisme, diable et mythologie grecque, féminisme et secte religieuse, c'est un peu particulier. les personnages sont un peu rudes d'aspect, Blodwen est apre, difficile à aimer et Dmitri, est ambigu, macho dans l'âme, les autres paraissent bien pales à coté. L'intrigue est intéressant e mais un peu touffue, étrange...Avis un peu partagé.
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Le dessin de Valentino Forlini, sur un registre graphique semi-réaliste, confère vie et sentiments à ses différents personnages. Les traits sont campés avec détermination et les décors, comme la mise en couleur, viennent, sans surjouer, parfaitement appuyer le scénario.
Lire la critique sur le site : BDGest
Il fut un temps ou les vents et le bruissement des feuilles chantaient mon nom. Je suis la Déesse-Mère... Vénérée par toutes les créatures avant même d'en prendre conscience.
Je n'appartiens à personne. Je suis libre ! Comme le vent !