Suite à de nombreux avis, qu'ils soient bons comme celui des Fantasy d'Amanda, Stelphique et Lena Bubi ou plus mitigés comme pour Malecturothèque, j'ai eu envie de découvrir Vox ! le contexte et les thématiques abordées étaient ce qui m'intriguait le plus, car ils me paraissaient à la fois intéressants et révoltants. Imaginez : un monde où les Femmes n'ont plus le droit de s'exprimer et sont limitées à cent mots par jour… Écrire, lire, signer, travailler, voyager est désormais prohibé et réservé à la gent masculine. Pire : une Femme est obligée de subvenir aux besoins de son mari ainsi que de sa famille. Ses droits les plus fondamentaux ont été anéantis progressivement. Esclave, utérus sur pattes, presque un objet « jetable » devant aller faire les courses et entretenir le foyer, leur rôle est limité. Cette régression m'a personnellement écœurée, d'autant que les moyens décrits sont plutôt perturbants ! Je souhaitais que ce livre aux messages féministes me remue et c'est réussi ! Ces pages ne m'ont pas laissée insensible… D'ailleurs, la place des Femmes n'est pas la seule chose à m'avoir abattue, puisque l'ouvrage va aller plus loin, notamment avec la place des homosexuels ou des infidélités que l'on punit d'une simple balle dans la tête. C'est une véritable dictature religieuse asphyxiante où le patriarcat sème la peur, le silence et l'obéissance…
Jean, ou Gianna avant qu'elle ne quitte son pays d'origine (l'Italie), est une héroïne intelligente, révoltée, stratège et assez attachante. Elle a vécu cette véritable descente aux enfers et n'accepte pas cette muselière électronique que les enfants de la nouvelle génération acceptent aveuglément. Son mari Patrick semble aussi pourri et lâche que les autres Hommes, son aîné Steven est corrompu, les jumeaux Sam et Léo suivent le mouvement, tandis que la petite Sonia seulement âgée de cinq ans n'a connu que ce système. Jean se sent donc seule et désemparée face à cette injustice de masse. Elle voudrait que les choses changent, au moins pour sa benjamine, ce que l'on peut aisément comprendre. J'ai été émue par les personnages féminins de cette famille, que ce soit l'héroïne pour son dévouement ou Sonia qui, jeune et ingénue, ne comprend pas le danger. La scène où elle annonce fièrement qu'elle a été la première de sa classe à avoir le moins parler, si bien qu'elle en a été récompensée, m'a remué l'estomac. du côté des Hommes, Steven est celui qui m'a le plus marqué. Il représente cette jeunesse masculine manipulable qui se fait endoctriner. Ses études vont le pousser à intégrer les Hommes Purs, un groupe radical. Son cas n'est pas sans rappeler le fascisme ou la seconde guerre mondiale avec la Shoah, puisque l'adolescent va être incité à dénoncer son entourage ou à prôner haut et fort la nouvelle idéologie. Cette délation terrible va souvent de paire avec la dictature, mais j'ai été ravie de voir la façon dont Christina Dalcher l'a développée, car elle montre toutes les retombées qu'il peut y avoir, qu'elles soient psychologiques ou non.
L'intrigue est prenante. Certes, il n'y a pas de rythme et il ne faut pas s'attendre à de l'action, car l'auteure s'attarde surtout sur le contexte et le développement des différentes thématiques toutefois, cela ne m'a pas ennuyée. J'ai tourné les pages avec intérêt, assistant avec la même impuissance que l'héroïne aux nouveautés de ce monde. En revanche, je n'ai pas spécialement adhéré à l'histoire d'amour avec Lorenzo, trouvant ce dernier trop « parfait » et lisse. Bien que son comportement soit inacceptable, j'ai préféré le personnage de Patrick qui est plus creusé, complexe et avec ses défauts. Par ailleurs, j'ai ressenti plusieurs facilités scénaristiques, notamment dans le dénouement que j'ai jugé trop rapide. Éviter un choix pour l'héroïne par la mort d'un personnage, limiter les dégâts, faire dans l'expéditif et conclure aussi aisément ne m'a pas forcément convaincue. J'ai donc passé un très bon moment et j'étais tenue en haleine durant les cinquante dernière pages, néanmoins je m'attendais à un peu plus ! Malgré ces petites fausses notes, il n'en demeure pas moins que « Vox » est un bon roman d'anticipation féministe qui pousse à la réflexion. Il m'a d'ailleurs donné envie de reprendre le visionnage de la série « La servante écarlate » qui propose un univers similaire.
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