... tandis que je n'aurai vu rien de tout cela,
ni les prisonniers que l'on a ramenés ce jour-là...
ni la tête que firent mes deux meilleurs copains...
ni le fond de bidon qu'ils donnèrent à un viet blessé...
parce que moi j'étais mort.
La guerre, c'est comme ça, on perd des heures et des jours à ne rien faire
et puis soudain tout va très vite
on meurt, on survit, c'est Jean qui pleure et Jean qui rit
on a besoin de ne plus être craint, on a besoin d'être aimé.
Il y eut des nuits et des nuits.
Environnés d'une foule d'étoiles et d'ennemis nous vivions avec le ciel.
Des hommes de très loin y venaient vers nous.
Ils nous faisaient des transfusions de lumière.
Nous voilà avec les camarades
les bien vivants, les blessés et les autres.
Et c'est fini de boire frais.
Comme dernières douceurs nous eûmes la messe à l'aube...
...et nos souvenirs. Les femmes, c'est tellement bien, dans le souvenir.