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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chants d'amour à l'Algérie et à la France, les « Contes du lundi » publiés au lendemain de la guerre de 1870, sont universels et la plupart de ces contes pourraient décrire des faits vécus durant la seconde guerre mondiale ou l'actuel conflit en Ukraine.
Cette universalité leur offre une éternité qui en rend la lecture, ou la relecture, toujours plaisante.
« La dernière classe » qui introduit le recueil en est le conte le plus célèbre et décrit ce que fut l'abandon contraint de la langue française en Alsace-Lorraine au lendemain du traité de Versailles … comme ce fut de nouveau le cas après l'armistice de juin 1940.
Aussi bouleversant est « le mauvais Zouave » qui révèle un père s'engageant volontairement pour suppléer la désertion de son fils ou « le siège de Berlin » qui voit un grognard, survivant de l'empire foudroyé par l'entrée des prussiens dans la capitale.
« La défense de Tarascon » s'est rejouée à l'été 1944, quand des milliers de résistants auto proclamés valorisent leurs exploits militaires et essayent de les faire reconnaitre par l'état.
« le caravansérail » et « le décoré du 15 aout » nous mènent en Algérie où algériens, colons, communards exilés, partagent la même destinée et subissent les avanies infligées par une administration bornée.
La seconde partie, célèbre pour « Les trois Messes basses », offre « un teneur de livres » qui fait le bonheur de tout Babeliote et nous fait saliver avec des « Paysages gastronomiques » qui vantent les cuisines méditerranéennes.
L'ensemble écrit d'une plume savoureuse est un régal que je recommande sans modération.
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La dernière classe est le récit qui ouvre les contes du lundi et nous plonge directement dans l'ambiance et le contexte du livre d'Alphonse Daudet.
L'auteur plante le décor dès le départ ; la guerre franco-prussienne est évoquée avec l'annexion de l'Alsace et la Lorraine.
C'est à cette époque que le petit écolier qui fait régulièrement l'école buissonnière, pas toujours attentif en classe arrive en retard avec la peur d'être sermonné par son professeur. Mais ce qu'il voit dans sa classe ce jour-là est inhabituel et incompréhensible, non il ne sera pas grondé, il est question de tout autre chose, de quelque chose qui dépasse l'individu au détriment des intérêts de la nation, c'est la guerre mais aussi la fin du service du bon professeur "après 40 ans de bons et loyaux services".
Dans ce conte les deux événements sont recoupés pour lui donner plus de force.
Le professeur annonce son départ devant l'assemblée des élèves et des villageois tristes, qui sont là pour écouter son dernier discours. Puisque l'Alsace et la Lorraine sont annexées, ce sera la langue allemande qui sera enseignée, la langue française disparait. Alors l'élève qui n'avait pas été assez assidu et attentif regrette sa grammaire et même sa bible, tout ce qui le ramenait à sa langue maternelle qui faisait l'identité de son pays. Il en est de même pour les villageois qui écoutent avec les élèves la dernière leçon du maître ainsi que son discours pour lui rendre hommage.
A la fin du récit, lorsque les mots manquent puisque la langue n'est plus première et que l'émotion prend le dessus, ce sont les gestes du professeur qui prennent le relais pour un dernier adieu à son assemblée.
Pour un temps, le chant des cigales s'est tu.
La lecture de ce conte fut très émouvante, des écrivains et poètes ont pris leur plume comme Daudet pour dénoncer cette guerre franco-prussienne et ses violences. Dans un autre genre littéraire, entre autre, c'est Rimbaud qui prendra la sienne pour dénoncer à son tour dans l'inoubliable poème -Le dormeur du Val- qui en est une des illustrations.

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Alphonse Daudet a publié plusieurs recueils de contes, parmi lesquels les deux premiers ont établi sa célébrité, au point d'éclipser quelque peu le reste de l'oeuvre. "Les lettres de mon moulin" datent de 1869; "Les contes du lundi" de 1873. Entre les deux, deux évènements terribles, qui bouleversent le déroulement de l'Histoire, et entraînent inéluctablement un profond changement de mentalités : la Guerre de 1870 contre les Prussiens, et la Commune de Paris.
Ce changement imprime de façon très nette sa marque entre les deux recueils : "Les Lettres de mon moulin" est une chronique du Sud (Provence, beaucoup, et Algérie, un peu), marquée par le soleil, la chaleur (physique et humaine), une certaine joie de vivre..."Les Contes du lundi" au contraire sont plus sombres, et pour cause, ce sont des anecdotes de guerre, d'occupation, de mort, ou alors de souvenirs, qui par contrepoint les rendent encore plus aigus, avec de façon insolite, pour garder peut-être le lieu avec le premier recueil, quelques contes provençaux.
Toute la première partie ("La fantaisie et l'histoire") est consacrée à la guerre. le terme "fantaisie" ne doit pas prêter à confusion, il n'est pas question de présenter ici la guerre comme une gaudriole, un prétexte à facéties. le ton reste réaliste d'un bout à l'autre, mais Alphonse Daudet (c'est sa nature) tient à montrer un côté populaire, affable, humain pour tout dire, et c'est de ce contraste entre la dureté, parfois cruauté des situations, et la façon dont elles sont rendues que naît l'émotion. Car Daudet, on le sait, on en a eu maintes fois la preuve, est un écrivain qui sait faire naître lés émotions, que ce soit le rire ou les pleurs, la joie partagée ou la compassion. de ce point de vue, le premier conte "La dernière classe", est un chef-d'oeuvre.
A côté de cette première partie saisissante, les deux autres ("Tableaux parisiens" et "Caprices et souvenirs", paraissent, il est vrai, un peu fades. le propos est sans doute d'offrir un contrepoint aux situations dramatiques qui font l'objet de la première partie. de valeur inégale, ces petites historiettes restent dans le domaine du superficiel, de l'anecdotique. J'ai un souvenir personnel avec "Le pape est mort". Ce conte m'avait frappé par sa naïveté et l'exquis talent de l'auteur pour la restituer. J'avais rendu un devoir de français bâti sur le même style, mais le prof, ne saisissant pas qu'il s'agissait là d'un "devoir de composition" (comme on dit un "rôle de composition") m'avait sèchement aligné...
Daudet, lui n'imitait personne, et c'est lui qui, au contraire, est inimitable. Je ne connais pas beaucoup d'auteurs, dans notre littérature (à part Pagnol, peut-être) qui allient dans leur oeuvre une si grande connaissance de l'âme humaine, une si grande compassion, une si grande tendresse pour "les gens", bref une si grande humanité, liée avec une écriture aussi fluide, aussi proche du lecteur.
"Les Contes du lundi" paraissent très différents, en apparence, des "Lettres de mon moulin", mais en fait, les deux recueils se complètent, et finalement reflètent assez parfaitement le profil de l'auteur : un homme particulièrement sensible et humain, et un grand écrivain.

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Ces contes du lundi, bien plus tragiques que Les Lettres de mon moulin du même auteur, décrivent la vie en France après la défaite de 1870. Impossible de résumer une quarantaine de contes. Impossible de ne pas penser à l'Ukraine bombardée. le premier de ces contes est le plus connu: "La Dernière classe", qui se passe en Alsace après la guerre et l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine. L'instituteur, M. Hamel, retenez son nom, explique que Berlin a décidé que l'enseignement se fera dorénavant en allemand. Demain, vous aurez un nouveau maitre. "Aujourd'hui, c'est votre dernière leçon de français. Je vous prie d'être bien attentifs... Il eut le courage de nous faire la classe jusqu'au bout. Après l'écriture, nous eûmes la leçon d'histoire... (et à la fin) c'est fini, allez-vous-en". Ces contes du lundi auront 150 ans l'an prochain, mais l'actualité m'incite à ne pas attendre. Ce livre rappellera sans doute aussi, à ceux qui l'ont vu, le film "Au-revoir les enfants", histoire vraie où le prêtre qui a caché un enfant juif dans son école est emmené par la Gestapo. C'était aussi son dernier jour. Et aujourd'hui, ce n'est pas le dernier jour d'une seule personne en Ukraine, mais de bien plus de héros courageux mourant sous les bombes et les gravats, et n'oublions pas non plus les soldats de l'agresseur qui meurent aussi dans une guerre sans avoir pu donner leur avis, tandis que leur dirigeant est assis dans son fauteuil, bien au chaud. L'histoire se répète, jamais tout à fait identique. Demain, certains enfants ukrainiens auront peut-être aussi un nouveau maitre.
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Contes du Lundi /Alphonse Daudet /(Intégrale)
Qui ne se souvient de l'histoire de M. Hamel, l'instituteur de la dernière classe en français, racontée par Frantz le petit alsacien alors que les Prussiens occupent l'Alsace et la Lorraine ? Ici Daudet exalte la tristesse de la perte de l'Alsace et de la Lorraine.
Je ne vais pas citer tous les contes de ce recueil qui sont en nombre, mais le premier ne pouvait être passé sous silence tant le souvenir m'est resté de ce jour où notre instituteur en classe de cours moyen deuxième année nous lut ce texte chargé d'émotion.
Ce recueil de nouvelles ou contes se divise en trois parties et fut publié en 1873. Il dresse des tableaux réalistes de la vie de l'époque.
À la suite sont proposés plusieurs contes dont l'histoire se passe lors du siège de Paris par les Prussiens en septembre 1870 et jusqu'en janvier 1871, une époque de privations. Ces impressions de guerre voient l'honneur et l'amour de la patrie revenir souvent comme thème, notamment dans l'histoire du forgeron alsacien Lory.
Et puis c'est aussi le détour par Tarascon, l'exaltation de cette bonne ville et l'humeur belliqueuse de ses habitants malgré le bon soleil plein les rues, le muscat plein les caves et le Rhône qui baigne cette aimable localité aux jardins bien ratissés, aux maisons aux persiennes vertes et aux miliciens en tuniques neuves faisant l'exercice le long du quai.
D'autres contes sont inspirés par les événements de la Commune et la répression des Versaillais. Un conte évoque brièvement la déportation des communards vers l'Ile des Pins en Nouvelle-Calédonie, où ils seront rejoints par les déportés kabyles plus tard.
L'honneur du drapeau du lieutenant Hornus, la résistance héroïque des moblots et des lignards, l'aveuglement et la folie d'orgueil de Chauvin chez qui on sentait « une force vive et tenace, comme une flamme intérieure qui vous réchauffait le coeur », Chauvin sorte de jocrisse héroïque qui nous émeut ; alors que Gambetta envoyait une de ses éloquentes tarasconnades, c'est lui qui de sa voix retentissante la déclamait à la porte des mairies, autant de personnages bien campés par l'auteur.
Les souvenirs d'Algérie avec l'histoire du caravansérail évoquant l'immigration des Alsaciens en Algérie, le café maure de l'agha - Sliman, la Légion d'honneur avec l'histoire d'un agha qui monte à Paris pour tenter d'obtenir la Légion d'Honneur qui lui a été promise, La bataille du Père Lachaise, les petits pâtés de Monsieur Bonnicar, autant de contes qui vous émeuvent ; et puis l'histoire de cet homme, le teneur de livre, qui mène une vie normale et dont la fonction est d'identifier les noyers de la Seine est particulièrement émouvante.
Extrait de la Bataille du Père-Lachaise: « J'évoquais cette nuit de mai, traversée d'obus, rouge de sang et de flammes, ce grand cimetière désert éclairé comme une ville en fête, les canons abandonnés au milieu du carrefour, tout autour les caveaux ouverts, l'orgie dans les tombes, et près de là, dans ce fouillis de dômes, de colonnes, d'images de pierre que les soubresauts de la flamme faisaient vivre, le buste au large front, aux grands yeux, De Balzac qui regardait. »
On retiendra aussi la légende de dom Balaguère comme on la raconte au pays des olives, avec ses trois messes basses entachées d'un péché de gourmandise.
Et puis on rencontre dans ces pages de Daudet tout un art de vivre, un hédonisme latent lorsqu'il évoque la gastronomie provençale : « Je n'ai jamais rien mangé de meilleur que cette bouillabaisse de langoustes. Et quelle bonne sieste ensuite sur le sable ! un sommeil tout plein du bercement de la mer, où les mille écailles luisantes des petites vagues papillotaient encore aux yeux fermés. »
Dans « Les émotions d'un perdreau rouge », un conte parmi les plus émouvants, l'auteur donne la parole à un jeune perdreau effrayé avec ses congénères par l'ouverture de la chasse.
Simplicité, humour, finesse, émotion et poésie sont les mots qui qualifient le mieux ce recueil qui avec les Lettres de mon moulin font de Daudet un des plus célèbres écrivains du XIXe siècle.


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