![]() | genou 18 juin 2015
«Il ne parle guère, ce petit», dit le Douanier par une soirée claire ou le parfum des fleurs du sureau et des églantines envahissait tout. «C'est vraiment un bon petit, répondit sa mère. - Il te ressemble. - Oui. Tout le monde le dit. Per tient de son père. » Alors le Douanier soupira et Tom vit que sa mère prenait sa main, comme pour le consoler. « Je ne sais pas ce qu'on devrait faire, dit sa mère. - Je ne peux pas me résoudre a la quitter. - Non. Bien sûr. - Il faut que tu essaies de me comprendre. - C'est ce que je fais. Seulement, je ne sais pas ce que, moi, je dois faire. - Elle ne doit rien savoir. Elle ne le supporterait pas. - Non. Bien sûr. » Tom s'étira sur le transat et il ouvrit les yeux tout grands. Le Douanier retira sa main d'un air déroute. Le lendemain soir, il donna de l'argent a Tom pour qu'il aille au kiosque a glaces s'acheter un énorme eskimo et regarder la télévision avec les enfants des touristes allemands. Il y avait un film de cow-boys a la télé. Il n'y en avait presque jamais, et il avait la permission de rester jusqu'à la fin parce que c'étaient les grandes vacances et que la nuit ne tombait pas. Tom ne comprenait pas pourquoi ils n'allaient pas ensemble chez le Douanier pour regarder la télé chez lui, mais, bref, les grandes personnes se comportaient souvent si curieusement. Les Allemands, les enfants comme les grandes personnes, parlaient de manière bizarre. Mais c'étaient des gens pacifiques, pas du tout la race guerrière que disait son père. Tom ne comprenait pas un mot de ce qu'ils disaient, mais il aimait bien les drôles de sons étrangers qui leur sortaient de la bouche quand ils parlaient. C'était tout a fait différent du danois et différent aussi de la langue que parlaient les indiens et les cow-boys a la télé. Cette langue-la s'appelait l'anglais, disait Per qui n'arrêtait pas de dire allright a tout bout de champ. (p28) + Lire la suite |