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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai déjà eu l'occasion de lire deux des textes que contient cette "pentalogie des violences faites aux femmes", tel que sous-titré en première page du livre : La ville féminicide d'une part et Nous sommes des violeurs d'autre part. le premier dans l'anthologie 2010 des Utopiales, le second dans le Bifrost 62. Ces deux textes forts m'avaient marquée et c'est donc tout naturellement que je me suis procuré Women in chains aux dernières Imaginales.

Mêlant fiction et réalité, Thomas Day brosse au travers de ces cinq textes un tableau multiculturel de la violence faite aux femmes.

Ce qui lie ces 5 nouvelles, outre leur thématique, est d'une part qu'elles se passent dans 5 pays différents ; d'autre part qu'elles mêlent la réalité des violences subies par les femmes à la fiction soit fantastique soit science-fictive.

Regardons de plus près ...

La ville féminicide. Se passe au Mexique, à Juarez. L'élément de réalité est l'assassinat et la disparition de centaines de femmes dans cette ville depuis des années sans que personne ne sache qui ni pourquoi. Thomas Day nous donne une explication dans le registre du surnaturel qui loin de nous permettre de prendre des distances avec la réalité, nous plonge dans l'horreur absolue, brute, gratuite.

Eros-center. Se passe en Allemagne mais c'est l'Afrique qui est au centre de l'attention. L'élément de réalité est l'usage de la sorcellerie dans la prostitutions africaine : il est courant de faire subir aux femmes envoyées ensuite en Europe pour se prostituer une cérémonie destinée à les lier à leur employeur qui conserve des ongles ou des cheveux de la jeune femme. Evidemment tout ceci n'est que manipulation et lavage de cerveau. Voir ici pour la source (mentionnée par l'auteur dans la postface). Dans la nouvelle, on ne sait jamais trop si la sorcellerie est "réelle" ou de la manipulation. Cette nouvelle a ceci de particulier que l'histoire de ne déroule pas de façon chronologique : sa structure est éclaté et on commence ainsi la lecture au chapitre 21. A voir ce que ça donne en lisant les chapitres dans l'ordre. Je n'ai pas essayé.

Tu ne laisseras point vivre. Se passe au Groenland. On pourrait dire que l'élément de réalité ici est la nymphomanie. L'auteur va transformer la maladie en une sorte de malédiction transgénérationnelle portée par une jeune femme qui s'est exilée au Groenland pour tenter de contrôler la malédiction.

Nous sommes les violeurs. Se passe en Afghanistan. L'élément de réalité est l'usage du viol comme arme de guerre. Pour se débarrasser du trafic de drogue, pour préciser le cas particulier de la nouvelle. La nouvelle se passe dans un futur proche, dans un contexte politique on ne peut plus d'actualité. Cela la rend d'autant plus effrayante.

Poings de suture. Se passe en France. Ici on parle de la violence conjugale "banale". La jeune femme de l'histoire se sert de la boxe comme exutoire. A ceci près que cette boxe là est légèrement améliorée : se situant quelque part entre le jeu vidéo et Real Steel (vous savez ce film ou des types font se combattre des robots en les dirigeant avec une télécommande ?)

Après lecture, je crois que je peux dire que les textes que j'avais lu précédemment restent les plus marquants : ils sont fort proches d'une réalité, d'une actualité dont on parle et que je connais (un peu du moins). de ce fait ils me paraissent les plus réalistes et du coup les plus poignants. Rajoutons à cela que l'on est loin de la happy end. Eros- center suit pas loin derrière. Sans doute parce qu'en lisant la nouvelle, je découvrais totalement cette histoire de sorcellerie utilisée pour prostituer les femmes, je n'avais aucune idée si cela se passait réellement, je ne l'ai appris qu'en lisant les notes de l'auteur en fin de volume. Tu ne laisseras point vivre m'a parue être la nouvelle la plus éloignée de la réalité, même si les difficultés rencontrées par cette femme et surtout le regard que l'on porte sur elle, la haine même, face à sa sexualité débridée est assez poignant. Poings de suture m'a semblé être le texte le plus faible, le moins percutant mais a le mérite de se terminer de façon, non pas optimiste, mais libératrice et constitue de ce fait une très bonne conclusion.

Notons que Women in chains ne nous épargne pas la violence et les scènes de torture et le sexe y est décrit crûment, précisément.
Lien : http://ledragongalactique.bl..
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Extrait de la chronique :

« Women in chains » est une pentalogie traitant le thème des violences faites aux femmes. Abordant différents points de vue avec différents styles narratifs, différents pays, chaque texte se révèle unique, avec un ton propre ; même si c'est toujours la violence subie par les femmes qui est dénoncée vigoureusement, que celle-ci soit mafieuse ou institutionnalisée. Les hommes possèdent en moyenne 7% de masse musculaire en plus que les femmes, et une excroissance parfois gonflée, souvent gonflante, qui ne cherche qu'à s'introduire dans les espaces que la nature a prévus pour, même sans s'y être invitée. Des faits qui ont de tout temps, à travers les âges et les civilisations, placé les femmes en bien mauvaise posture, surtout en temps de guerre ou de cataclysme, lorsque l'animal reprend le dessus sur l'être civilisé. Des états de fait qui éclatent à la lecture de ce recueil, des évidences qui soulignent la fragilité des femmes, sans toutefois nier leur capacité à résister, à tenir tête, à se révolter. Un bel hommage, en somme, oui, mais pas que. « Women in chains » est aussi une dénonciation brutale de la mafia, de la marchandisation du sexe, de l'usage du viol en temps de guerre. Une belle gifle en plein dans la gueule des machos, une qui sonne bien, qui claque comme il faut. La réalité n'est pas niée, elle est livrée telle qu'elle est, dans toute son immondice dégueulasse et brutale.

« Women in chains » s'ouvre sur une pépite, un chef-d'oeuvre, un coup de boule monumental qui m'a mis dans les vapes, le genre de texte dont on se souvient toute sa vie. « La ville féminicide », la pérégrination d'un Vor V Zakonie (mafia russe) à Ciudad Juarez, ou quand une ordure ultime rencontre d'autres salauds hors catégorie, dont l'un vient des abîmes mêmes de l'humanité. Cette nouvelle justifie à elle seule l'achat du bouquin, cauchemars inclus… Les cinq textes ne sont pas égaux, il faut bien le dire, et si j'ai moins aimé « Tu ne laisseras point vivre », malgré son exotisme polaire et son langage cru, l'excellent « Nous sommes les violeurs » est saisissant dans son approche futuriste d'évènements présents (les distributions de viagra dans les conflits asymétriques…), « Eros center », le plus long du lot, souffre de quelques longueurs mais est intéressant dans son approche documentaire et sa construction, et « Poings de suture » clôt l'ensemble d'une manière élégante et plus légère. Un ouvrage bien équilibré, à la qualité éditoriale certaine. On ne peut que saluer une fois de plus le bon travail des éditions Actu SF, qui font l'effort une fois de plus de proposer à leurs lecteurs quelques bonus trop courts mais passionnants. (des notes de Thomas Day concernant chacun des textes, et une très belle préface de Catherine Dufour)
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C'est la première fois que je lis une oeuvre de Thomas DAY. A la fin de ma lecture, je ne suis ni déçue ni franchement emballée. Malgré sa réputation de livre violent et terrible où l'on ne ressort pas indemne ou indifférent, je dois dire que je ne partage pas ce sentiment. Il s'agit assurément d'un livre violent mais les ambiances malsaines ou glauques de façon insidieuse me touchent plus que la violence directe ou le gore.

Commençons par le commencement : la préface de Catherine DUFOUR.

Pour lire la suite, venez sur mon blog ! ;)
Lien : http://terressciencefictives..
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