Tout ce que l'on sait de soi, tout ce que l'on voit dans le miroir n'est que mensonge, le dis-je. La vérité, ce sont les autres qui la détiennent et ils nous la cacheront toujours.
Pierino Porcospino le volume que j'avais pris dans la chambre 555, était un vieux livre pour enfants. Sur la couverture figurait un garçon revêtu d'une tunique rouge. Cet enfant semblait avoir tellement négligé son hygiène que ses pieds s'étaient changés en racines, ses doigts et sa tête en feuilles et branches. Ce monstre végétal n'était pas le seul à être puni pour ses mauvaises manières. Une fillette qui jouait avec des allumettes venait de s'enflammer et il ne restait d'elle qu'une poignée de cendre. Un anorexique maigrissait qu'il disparaissait et recevait sur sa tome, en guise d'épitaphe, l'assiette de soupe rejetée. Un enfant qui refusait de se couper les ongles était poursuivi par un tailleur qui brandissait de gigantesques ciseaux. Avec lesquels il lui coupait les ongles...et les doigts.
Je parcourus le livre à la recherche de quelque papier que son propriétaire aurait laissé entre les pages. Je ne trouvai qu'un ex-libris collé sur le faux titre, représentant une muraille crénelée. Si on regardait attentivement le dessin, on découvrait que le château n'était pas fait de pierres mais de livres. En dessous était écrit: Ex-Libris C.C.
Les livres d'une bibliothèque intimident, ils semblent appartenir à un ordre qu'il ne faut pas briser, alors que les gens sont enclins à prendre ceux qui s'entasse en désordre sur une table. La bibliothèque rappelle qu'il y a une infinité d'ouvrages que l'on n'a pas lus et qu'avant de lire Aristote, il faut lire Platon, et avant Platon, Homère. Mais les livres en désordre appartiennent au hasard.
Moi, j'avais envie qu'on me parle de ce que je ne voyais pas, de ce qui était loin. (Quand on est jeune, on confond l'étranger avec l'avenir.)