AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,04

sur 41 notes
5
1 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman policier de l'Argentin Pablo de Santis (2007) est brillant. Mais est-ce vraiment un roman policier ? Oui mais pas seulement. Les lecteurs qui attendraient un récit policier historique bien réaliste et bien ficelé se déroulant à Paris à la veille de l'inauguration de L'Exposition universelle de 1889 seront déçus. Ce roman aux allures de policier à énigme est purement artificiel et parodique. Il rend un dernier hommage avec malice et subtilité aux Mystères de Paris et plus largement aux conventions du roman d'aventures policières du XIXè siècle. Pendant que le modernisme et le scientisme étincellent, le meurtre considéré comme un des beaux- arts vit ses derniers feux et les aristocrates décadents de la déduction s'éclipsent.

Le narrateur Sigmundo Salvatrio est le fils d'un humble cordonnier de Buenos Aires. Il a passé son enfance à reconstituer des puzzles et à dévorer La Clé du Crime, un illustré qui relate les exploits légendaires des douze plus grands détectives du monde. Ces histoires extraordinaires sont relatées par leurs assistants. Et justement en février 1888, le fameux Renato Craig, l'Argentin solitaire, fait paraître une annonce dans les journaux. Il se propose d'exposer pour la première fois son immense savoir à un groupe de jeunes gens. Ils sont très nombreux à postuler. Salvatrio est retenu pour des raisons qu'il ignore mais que le lecteur devinera facilement. A l'issue d' une première aventure, celle de l'infâme mage Kalidan, aussi trépidante que macabre dont il n'est pas du tout le héros, Sigmundo Salvatrio se retrouve seul à demeurer auprès du maître, honteusement diffamé et malade du cerveau. Or en mai 1889 doit avoir lieu l'inauguration de l'Exposition universelle de Paris et le Cercle des Douze a été invité à y participer. Salvatrio s'y rend non pas pour remplacer son maître mais pour transmettre un message secret et servir d'assistant à Arsaky le célèbre détective parisien d'origine polonaise et co-fondateur du Cercle. Mais bientôt le cadavre de l'un des Douze est retrouvé au pied de la Tour Eiffel…


Ce roman se déguste plus qu'il ne se dévore. L'atmosphère "Fin de siècle" est délectable. On est baladé entre de grands pavillons lumineux et des ruelles obscures. Dans l'arrière salle d'un café étroit, un garçon de petite taille, presque un nain, transforme un liquide vert en absinthe. Une maison labyrinthique ressemble à un livre ouvert. Des pièces imprévues surgissent et sur les murs blancs s'étalent des écritures, des phrases énigmatiques et un mur entier est dédié au très ésotérique Desdichado de Nerval. D'excentriques personnages y circulent, s'intoxiquent en humant de vieux grimoires, une Sirène apparaît. Ce sont les derniers magiciens, alchimistes ou occultistes qui abhorrent l'infâme Tour Eiffel. On suit l'intrigue policière au premier degré dans les pas de Salvatrio, jeune homme naïf et dilettante et, dans le même temps, on joue au détective en remarquant des artifices bien connus du roman à énigme. Les lettres volées, les chambres closes, les phrases à décrypter. A l'intrigue principale se greffent d'autres récits enchâssés et on s'y perd avec délectation. Les récits extraordinaires sont racontés avec emphase par des assistants pittoresques et ne correspondent en rien avec la -fausse-réalité de l'enquête. Dans l'enquête, les policiers officiels locaux sont tous stupides, bien entendu. Les détectives n'en savent pas plus long mais se donnent de grands airs. Par exemple Renato Craig le mentor de Salvatrio réputé pour harceler les suspects jusqu'à leur faire commettre l'erreur fatale, se révèle bien incapable de confondre le Mage Kalidan et se laisse convaincre par un piteux mensonge. Les Détectives adorent s'embarquer dans des théories fumeuses et polémiquer. Ils trimballent des loupes gigantesques, des microscopes énormes, de grosses fioles et d'épais dossiers enrubannés avec eux qui impressionnent beaucoup. Mais ils ne voient pas ce qui est sous leurs yeux d'énormes phrases qui donnent la solution aux énigmes. Les clichés nationaux sont détournés. Les assistants viennent souvent des colonies. On y trouve un Hindou pour le Détective anglais, un Sioux pour l'Américain etc. Ils sont vêtus en costumes traditionnels qui passent bien entendu inaperçus dans l'Exposition. D'autres proviennent de « petits » pays et font semblant de ne pas comprendre quand on leur adresse la parole. Salvatrio le dilettante prend souvent un air affairé pour donner le change et faire croire à son maître qu'il a compris. Les femmes n'ont pas le droit d'être assistante et les assistants ne peuvent pas devenir détectives à moins que...

C'est sûr je lirai la suite : Crimes et Jardins
Commenter  J’apprécie          602


Lecteurs (88) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}