C'est un de ces romans qui nous apparaissent accomplis, quelque chose de rond auquel il n'y a rien à ajouter.
Le but n'est pas d'aboutir à l'explication de ce qui s'est passé. Mais c'est arrivé : plus d'électricité nulle part à New York. Les écrans sont noirs. Les ascenseurs ne fonctionnent plus. Pénombre, froid et paralysie. Évidemment, du monde dans les rues.
Dans l'attente du match du Super Bowl, plus d'image : Martin, devant la télé entre Max et Diane, débite des mots qui n'ont pas beaucoup de sens. Comme s'ils avaient pris la place du
bruit de fond à quoi ressemble le brouhaha médiatique. Diane, son ancien professeur de physique l'écoute comme magnétisée, binôme maître-élève inversé. Relation troublante, les mots du jeune homme l'inquiètent : "Elle ferma les yeux et le prononça dans sa tête. Ajoutant : Martin Dekker, vas-tu vivre tout seul pour le restant de tes jours ? L'écran noir semblait représenter une réponse possible."
Max, lui, attend le match devant l'écran désespérément muet. Dépassant sa frustration, il débite lui-même le commentaire attendu, incluant même les pubs : "Apaise et hydrate. Deux fois plus pour un prix dérisoire." Soûlerie de mots, Max fait lui-même la soirée foot, ça s'invente tout seul.
Le couple qui doit les rejoindre à Manhattan échappe à un accident d'avion dû aux défaillances électriques. Tessa et Jim s'enferment aux toilettes et font l'amour. On dirait que c'est pour ça qu'ils ont survécu au crash, on dirait le 11 septembre. Ont-ils eu peur ? le titre du chapitre : "La vie devient parfois si intéressante qu'on en oublie d'avoir peur".
[...]
Une panne technologique pour une courte dystopie aux inflexions paranoïaques. L'intranquillité existentielle habite le récit.
Pour aller plus loin avec
Don DeLillo, j'ai emprunté trois romans (dont "
Libra", le seul best-seller de l'auteur) et un recueil de nouvelles ("
L'ange Esmeralda").
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